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mardi, 05 septembre 2006

Revue de détail n° 5

(Cette chronique est parue dans La presse Littéraire n° 6 )

 

BREVES n° 76 et 77

medium_breves.jpgDepuis la disparition du magazine Nouvelle Donne, Brèves reste en France la seule revue consacrée à la nouvelle qui bénéficie d’une véritable diffusion, puisqu’elle est distribuée en librairies par Dif’Pop. Elle se veut à la fois une anthologie permanente de la nouvelle et le reflet de son actualité. Son exceptionnelle longévité est le signe de sa qualité constante et du dynamisme de ses animateurs, Martine et Daniel Delort.

Le n° 76, entièrement consacré à la Norvège, à ses nouvellistes, fait partie de ces numéros spéciaux sur un seul pays (Chicanos d’origine mexicaine, Bulgarie..). On y découvre entre autres Laila Stien, Roy Jacobsen, Liv Koltzow et on apprend qu’il existe trois langues en Norvège : le bokmal, langue citadine fortement influencé par le danois, le nynorsk ou néo-norvégien fondé sur les dialectes locaux et parlé dans la plus grande partie du pays, le sami parlé par les Lapons. Sans compter l’anglais, présent quotidiennement dans la vie des Norvégiens. Cette livraison donne vraiment envie d’aller à la rencontre de ce pays indépendant depuis 1905 et dont la littérature reste dominée par la stature du dramaturge Henrik Ibsen.

Le n° 77 comprend un dossier spécial Sepulveda. Homme « engagé » qui écrit pour témoigner des périodes troubles de notre histoire, pour ne pas oublier, mais aussi parce que la langue est sa patrie, Luis Sepulveda ouvre ici « le plus infini des horizons : celui de la créativité littéraire ». Dans un entretien avec Boris Beyssi, il s’explique à l’occasion de la sortie de son dernier livre « Une sale histoire ». Sa déclaration sur l’engagement - même si on la comprend au regard des épreuves vécues par le Chili - peut être largement contestée : « On a d’abord des devoirs civils avant d’avoir des devoirs littéraires. C’est l’homme avant l’écrivain. Pour moi, ce qui est important, c’est que l’écrivain comprenne qu’il est d’abord un citoyen. » On pourrait lui opposer que l’écrivain, en guerre d’abord contre lui-même, mène un combat purement littéraire qui excède la politique.

Brèves comprend aussi une rubrique d’actualité critique « Pas de roman, bonne nouvelle ! », sur les derniers recueils de nouvelles parus, et des informations sur la vie littéraire. Un mini-dossier est consacré à l’aventure de Lekti-écriture et à une interview de son fondateur par Blandine Longre. Lekti-écriture, (www.lekti-ecriture.com) fondée en 2003 par Joël Faucilhon, propose des espaces aux éditeurs indépendants francophones : près d’une trentaine - dont l’Atelier du gué - sont aujourd’hui regroupés en collectif autour de Lekti, une démarche leur permettant de défendre leur travail de découvreurs et de passeurs, de mieux communiquer autour de leurs parutions et de leurs catalogues et de promouvoir ces derniers auprès du grand public (et pas seulement auprès de petits cercles de lecteurs déjà conquis). Lekti vient récemment de mettre en place sur son site un module commercial sécurisé qui devrait permettre aux lecteurs potentiels de commander les ouvrages proposés par les éditeurs membres (plus d’un millier de titres) auprès de la librairie indépendante Clair-Obscur à Albi ; Internet permet ainsi de contourner les difficultés actuelles de diffusion des petits éditeurs en librairies. L’expérience dira si ce n’est qu’un site marchand de plus, perdu dans la masse de l’Internet, ou si le bénéfice est réel en termes de visibilité pour les petits éditeurs.

Des auteurs français (Hélène Duffau, Philippe Saulle, Claire Julier, Jean Guiloineau, Jacques Bruyère) complètent cette livraison. Dommage que Brèves, ouverte sur l’international et le présent, n’explore pas aussi les auteurs méconnus de notre patrimoine (sauf une rubrique « Relire » assez rare et mince qui nous a fait redécouvrir Jean Richepin, par exemple) ; j’eus aimé découvrir ainsi par eux l’une des « histoires désobligeantes » de Léon Bloy.

Les éditions de l’Atelier publient depuis 1975 des recueils et des essais, dont un domaine important de littérature étrangère, notamment irakienne et mexicaine.

Brèves, Atelier du gué éditeur, 1 rue du Village, 11300 Villelongue d’Aude. 140 pages. 12 €. Diffusion en librairies Dif’Pop. www.atelierdugue.com

 

 

VOIX D’ENCRE n° 34

medium_voixencre.jpgSous une couverture originale bleu sombre et argent, cette revue semestrielle propose aux poètes français et étrangers un espace typographique ouvert à la création d’aujourd’hui, en vers ou en prose. Elle dépend de la maison d’édition Voix d’encre, animée par Alain Blanc, qui publie des recueils de poésie (notamment d’Alain Borne, une grande voix trop méconnue) et de nouvelles. Avec cette belle profession de foi : « Publiant, nous donnons à lire ce que nous aurions tant voulu écrire, ce qui se glisse jusqu’aux nappes profondes de notre être ; publiant, ce sont mille et mille miroirs que nous tendons. »

Denis Langlois nous livre ses aphorismes et pensées : « Il est heureux que Jésus soit mort jeune. Il aurait été capable de fonder une Eglise. » ; « Se demander ce qui aurait changé si l’on n’était pas né. Réfléchir longuement. Conclure que le supermarché du coin aurait eu un chiffre d’affaire légèrement inférieur. » On le voit, l’humour n’est pas absent, contrairement à d’autres revues poétiques qui cultivent l’austérité. Il voisine avec une poésie rigoureuse (Catherine Baptiste, Emmanuelle Rodrigues, Jean-François Perrin, Laurent Contamin, Pavie Zygas, Elaèle Monvalezan) que la mise en pages élégante et aérée met particulièrement en valeur. De belles photos de Philippe Thomassin occupent un cahier central « Le calcul, l’imprévu, l’irréel ». Au service de « l’utopie concrète », cette maison fondée en 1990 permet aux créateurs de dialoguer dans des livres à trois voix, celles de l’artiste et du poète, celle de l’éditeur.

 

Voix d’encre, B.P. 83, 26202 Montélimar Cedex. 64 pages, 10 €.

 

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