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jeudi, 23 avril 2015

Café Bräunerhof

Le café Bräunerhof à Vienne (Stallburggasse 2), dont l'écrivain Thomas Bernhard était un des habitués. Sa photo figure encore sur la vitrine de l'établissement.

 

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mercredi, 14 novembre 2007

Les Deux Magots

De tous les cafés littéraires de Paris, Les Deux Magots est probablement celui qui a vu défiler le plus grand nombre d’écrivains au cours du dernier siècle. Son nom étrange a pour origine l’enseigne d’un magasin de nouveautés, situé initialement 23 rue de Buci, et transféré en 1873 place Saint-Germain-des-Prés. De cette époque témoignent les deux statues qui ornent la salle de l’établissement. Vers 1885 le magasin de nouveautés est remplacé par un café liquoriste, à la même enseigne.

bbcd696350386359893734a59fc48f3d.jpgCe café a toujours joué un grand rôle dans la vie intellectuelle et littéraire parisienne. Dès la fin du 19e siècle, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé le fréquentent, ainsi qu’Oscar Wilde, alors exilé. Tandis que les grandes maisons d’édition (la NRF, Mercure de France, Grasset) s’installent dans le quartier, les écrivains envahissent progressivement le lieu. Ramuz, Milocz, Gustave Kahn constituent le premier cercle d’habitués, avant Alfred Jarry, Paul Léautaud. Puis les surréalistes l’adoptent,  notamment André Breton, Desnos, Crevel, Eluard, Louis Aragon qui raconte l’une des « expériences surréalistes » : « Au café, dans le bruit des voix, la pleine lumière, les coudoiements, Robert Desnos n’a qu’à fermer les yeux et il parle, et au milieu des bocks, des soucoupes, tout l’océan s’écroule avec ses fracas prophétiques et ses vapeurs ornées de longues oriflammes. »

A la fin des années 20, le café au summum de sa gloire attire auteurs et peintres. Devant sa terrasse, les artistes piétinent, attendant qu’une table se libère. Parmi eux, Roger Vitrac, Antonin Artaud, Jean Cocteau, Jean Tardieu, Jacques Chardonne, Roland Dorgelès, Jean Paulhan, Jacques Audiberti, Pierre Reverdy… et James Joyce, qui est une figure familière du café. Hemingway rencontre Joyce sur le boulevard Saint-Germain et raconte : « Il m’invita à prendre un verre et nous allâmes aux Deux Magots où nous commandâmes des sherry secs. »

Des auteurs de langue allemande en exil se retrouvent au café : Robert Musil, Max Brod, Bertolt Brecht, Anna Seghers, Stefan Zweig ; Heinrich Mann voisine avec Giraudoux, Michaux, Saint-Exupéry et Gide. On y voit aussi Aldous Huxley, Paul Nizan et les philosophes Julien Benda et Emmanuel Berl.

De nombreuses revues littéraires sont nées sur place de ces rencontres et de cette émulation : La Courte Paille, Bifur, comme auparavant Vers et Prose, Les Soirées de Paris.

Dans les années 30, le café est toujours au cœur de la vie intellectuelle de Paris. Thibaudet note : « il y a deux terrasses, celle du boulevard Saint-Germain et celle de la place Saint-Germain-des-Prés. Chacune des terrasses a son public, son école, son esprit. Elles sont séparées par la terrasse d’angle, mal commode et peu fréquentée, comme les Deux Magots et Lipp sont séparés par Diderot, comme les Deux Magots et le Flore sont séparés par la rue Saint-Benoit. Ceux qui fréquentent indifféremment et simplement selon le soleil l’une et l’autre terrasses sont des bilatéraux. On ne les prendra donc pas au sérieux. »

L’élite tient à être vue en ce lieu et les écrivains viennent s’y faire admirer : Giraudoux lit chaque matin les journaux en grignotant des brioches avant de se rendre à son bureau du ministère des Affaires étrangères, Paul Morand prend son « café-crème avec lait », Saint-Exupéry est accompagné de sa secrétaire Françoise Giroud.

Après la Libération, Les Deux Magots deviennent une annexe pour Jean-Paul Sartre et ses fidèles, comme le note Philippon : « A dix heures, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir viennent travailler aux Deux Magots. Ils s’installent à deux petites tables voisines et écrivent sans relâche, pendant deux heures en grillant cigarette sur cigarette. Les importuns les cherchent au Café de Flore, et ils peuvent travailler en paix. » Les surréalistes reviennent, comme d’anciens combattants d’une cause littéraire, le maître André Breton entouré de ses disciples âgés ; Sartre y rencontre Camus et Genet. Puis, tout comme le Flore, le café devient à partir des années 50 le rendez-vous du Tout-Paris, des gens à la mode, comédiens et célébrités.

Créé en 1933, le Prix des Deux Magots (doté de 7700 euros) marque sa vocation littéraire. Raymond Queneau, Antoine Blondin, Albert Simonin, Raymond Abellio, André Hardellet, Roland Topor, Pauline Réage, Christian Bobin, Jean-Claude Pirotte ont été notamment distingués.

 

Un livre, « Les Deux Magots », retraçant l’histoire du célèbre café est en vente sur place ou à commander par son site internet (29, 73 €).

 

(Article inspiré par l’ouvrage Les Cafés littéraires de Gérard-Georges Lemaire, éditions de La Différence)

 

Les Deux Magots, 6 place Saint Germain des Prés, 75006 Paris. Tél 01 45 48 55 25

www.lesdeuxmagots.fr

 

jeudi, 08 novembre 2007

Le Café de Flore

medium_flore13.jpgUne bonne façon de réviser son histoire littéraire, c’est de se rendre au Café de Flore. Sur quelques mètres carrés, vous y ressentirez la présence d’une très forte densité de fantômes littéraires : Apollinaire, Breton, Soupault, Tzara, Camus, Malraux, Léon-Paul Fargue, Mac Orlan, Queneau, Leiris, Bataille, Vitrac, Desnos, Sartre, Simone de Beauvoir, Artaud, Genet, Marguerite Duras, Hemingway, Capote, Durrell…
Situé sur l'emplacement de l'ancienne abbaye détruite pendant la Révolution, le Café de Flore fait son apparition au début de la IIIème République, sans doute en 1887. Il doit son nom à une sculpture de la petite divinité qui se dressait de l'autre côté du boulevard. Joris-Karl Huysmans et Remy de Gourmont y viennent après la fermeture du Café Caron si cher à leurs coeurs. A la fin du XIXème siècle, Charles Maurras, installé au premier étage, y rédige son livre "Sous le signe de Flore".
Vers 1913, Apollinaire investit les lieux, le Flore devient son bureau où il reçoit et met en relation : "Nous avions choisi le Café de Flore parce que nous étions sûrs d'y être moins dérangés qu'ailleurs." Les dadaïstes et les surréalistes s’y rassemblent et préparent leurs revues. Pendant l’Occupation, des écrivains viennent se réchauffer dans la salle et tenir leurs permanences. Jean-Paul Sartre en est l'un des habitués : " Nous nous y installâmes complètement : de neuf heures du matin à midi, nous y travaillions, nous allions déjeuner, à deux heures nous y revenions et nous causions alors avec des amis que nous rencontrions jusqu'à huit heures. Après dîner, nous recevions les gens à qui nous avions donné rendez-vous. Cela peut vous sembler bizarre, mais nous étions au Flore chez nous. ". Et le patron du lieu Paul Boubal de témoigner : "Sartre fut mon plus mauvais client ! Il demeurait des heures à gribouiller du papier devant une unique consommation..." A sa sortie de l'asile de Rodez, Antonin Artaud le hante peu de temps avant sa mort, il lui arrive de monter sur une table pour lire un poème devant les clients éberlués.
Situé 172, boulevard Saint-Germain, il fit partie, avec les établissements voisins Les Deux Magots et la Brasserie Lipp, du « triangle intellectuel » de Saint-Germain-des-Prés. Peintres, acteurs, cinéastes, ainsi que le psychanalyste Jacques Lacan l'ont fréquenté assidûment. 
Précisons que le Prix de Flore a été fondé en 1994 dans le but de couronner un auteur littéraire au talent prometteur. Les critères de sélection sont l'originalité, la modernité et la jeunesse. C'est au mois de novembre que le Prix, doté de 6100 euros, est remis lors d'une soirée au Café de Flore. Le prix 2007 vient d'être attribué à Amélie Nothomb pour son dernier roman "Ni d'Eve ni d'Adam".
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Café de Flore, 172 boulevard Saint-Germain, 75006 Paris. Tél 01 45 48 55 26.
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Plus de renseignements sur le site internet :
http://www.cafe-de-flore.com/index2.htm

mercredi, 10 octobre 2007

Le Procope

acd4fb132112faf621956cd470aa8709.jpgLe Procope, devenu aujourd’hui un restaurant, est le plus vieux café de Paris. Créé en 1686 par Francesco Procopio, cet établissement est un haut lieu de mémoire de la littérature et de l’histoire politique de notre pays. Une brochure, vendue sur place, retrace ses plus riches heures et ses clients illustres.

Francesco Procopio Dei Coltelli (qui obtiendra ensuite la nationalité française et pourra franciser son nom en François Procope Couteau), né en Sicile en 1650, ouvre à Paris, au 13 rue de l’Ancienne Comédie, un café-glacier où l’on peut déguster le café, nouvelle boisson très à la mode, ainsi que des alcools fins et des sorbets, dans un cadre agréable et raffiné alors que n’existaient dans la capitale que des tavernes.

L’installation de la Comédie-Française dans la même rue en 1689 attira la clientèle du monde du spectacle et les intellectuels. On se rendait au Procope pour voir et être vu, échanger des idées, lire les nouvelles (La Gazette, Le Mercure Galant) que le maïtre de maison affichait sur le tuyau de poêle.

Au cours des siècles, l’établissement vit défiler un nombre impressionnant de personnalités littéraires et politiques :

La Fontaine, puis Racine, Regnard, Le Sage, Crébillon père ;

Voltaire, qui affirma qu’au Procope, « seul l’esprit tenait lieu de carton d’invitation », Diderot, d’Alembert, Jean-Jacques Rousseau ;

Benjamin Franklin, dont on affirme qu’il y écrivit une grande partie de la Constitution américaine ;

Les révolutionnaires Danton, Marat, Fabre d’Eglantine, Camille Desmoulins, Robespierre, Hébert ;

Bonaparte ;

Alfred de Musset, George Sand, Victor Hugo, Théophile Gautier, Honoré de Balzac ;

Gambetta ;

Verlaine, Huysmans, Oscar Wilde, Anatole France.

Sur les murs de l’une des salles, se trouve reproduite la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Les portes des « commodités » portent les mentions « citoyens » et « citoyennes ». Le Procope est aujourd’hui un bon restaurant, à l’excellent accueil, où l’on peut déguster quelques spécialités (Tête de veau en cocotte comme en 1686, Coq au vin, Poule au pot, poissons...) dans un cadre superbe et chargé d’émotion.

 

Brochure « Le Procope – Si Procope m’était conté ou 3 siècles d’histoire », édition 2006, 5 euros.

Le Procope, 13 rue de l’Ancienne Comédie, 75006 Paris. Tél : 01 40 46 79 00 . www.procope.com