samedi, 15 octobre 2005
Jeanne Gaillarde
La postérité littéraire peut emprunter des voies détournées… ainsi le nom de Jeanne Gaillarde a traversé les siècles dans le sillage de Clément Marot. Lorsque ce dernier vint à Lyon, vers 1524, il noua amitié avec Jeanne Gaillarde, poète de bonne renommée dans la société lettrée de la ville. Ses poésies se sont malheureusement égarées dès le seizième siècle, à l’exception d’une courte pièce – une réponse à un rondeau que lui adressa Marot – qui fut toujours reproduite dans les œuvres du célèbre rhétoriqueur, assurant ainsi sa conservation.
V.L. Saulnier attribue par ailleurs à Jeanne Gaillarde six rondeaux qu’il nous donne à lire dans son article « Documents nouveaux sur Jeanne Gaillarde et ses amis : Clément Marot, Jacques Colin, Germain Colin » (in Bulletin de la Société historique de Lyon, tome 18, 1952)
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De Clément Marot :
A JEANNE GAILLARDE LYONNAISE
D’avoir le prix en science et doctrine
Bien mérita de Pisan la Christine
Durant ses jours ; mais ta plume dorée
D’elle serait à présent adorée,
S’elle vivait par volonté divine.
Car tout ainsi que le feu l’or affine,
Le temps a fait notre langue plus fine,
De qui tu as l’éloquence assurée
D’avoir le prix.
Donques ma main, rends-toi humble et bénigne,
En donnant lieu à la main féminine :
N’écris plus rien en rythme mesuré,
Fors que tu es une main bienheurée
D’avoir touché celle qui est tant digne
D’avoir le prix.
REPONSE DE LADITE GAILLARDE
De m’acquitter je me trouve surprise
D’un faible esprit, car à toi n’ai savoir
Correspondant : tu le peux bien savoir,
Vu qu’en cet art plus qu’autre l’on te prise.
Si fusse autant éloquente, et apprise,
Comme tu dis, je ferais mon devoir
De m’acquitter.
Si veux prier la grâce en toi comprise,
Et les vertus, qui tant te font valoir,
De prendre en gré l’affectueux vouloir
Dont ignorance a rompu l’entreprise
De m’acquitter.
23:55 Publié dans Anthologie de poètes lyonnais | Lien permanent