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jeudi, 14 juin 2007

Revue de détail n° 8

(Ces chroniques sont parues dans La Presse Littéraire n° 9.)

 

LA SŒUR DE L’ANGE n° 4

b0293fa0ff60a956a3834ba9b67cd819.jpgLes éditions Le Grand Souffle ont eu l’heureuse initiative de faire renaître la revue semestrielle de philosophie et de littérature La Sœur de l’Ange, prématurément disparue suite au dépôt de bilan de son précédent éditeur « A Contrario ». On se souvient de ces belles et imposantes livraisons, la qualité le disputant à la quantité, et qui s'articulaient sur un thème : A quoi bon l'art ? A quoi bon la nation ? A quoi bon mourir ?

Le 4ème numéro a pour thème : « A quoi bon Dieu ? », et l'ambition est toujours la même : poursuivre une aventure intellectuelle et humaine indispensable à la vie culturelle menacée de notre temps. « En philosophie comme en littérature, contre la culture du consensus et l’idéologie molle du spectre démocratique, La Sœur de l’Ange allume le feu de la vie ascendante en rappelant la vertu de la confrontation créatrice. « Que chacun sache en quoi il n’est pas d’accord avec l’autre » est l’une des conditions pour qu’un parlement textuel se rende capable d’ouvrir de nouveaux horizons. »

L'introduction de Debord donne le ton : « Les personnes qui n'agissent jamais veulent croire que l'on pourrait choisir en toute liberté l'excellence de ceux qui viendront figurer dans un combat, de même que le lieu et l'heure où l'on porterait un coup imparable et définitif. Mais non : avec ce que l'on a sous la main, et selon les quelques positions effectivement attaquables, on se jette sur l'une ou l'autre dès que l'on aperçoit un moment favorable ; sinon, on disparaît sans avoir rien fait. » Frédéric Houdaer présente un texte savoureux d'Alexandre Vialatte, « La religion veut entrer dans un cercle carré », dans lequel le sage auvergnat nous explique par un humour des plus convaincants pourquoi la religion est fondée sur un dogme immuable : « On voudrait un cercle carré. « Tout change, pourquoi pas la religion ? » Parce qu'une circonférence est forcée de rester ronde. Parce qu'elle y est tenue par sa définition. »

Au sommaire encore : Didier Bazy, Andrée Chédid, Alain Jugnon, Falk van Gaver, André Chouraqui, Philippe Corcuff, Yannis Constantinidès, Ludwig Feuerbach, Michel Crépu, Jean Luc Moreau parmi bien d’autres contributions et des lettres inédites d’André Rolland de Renéville, René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte.

La Soeur de l'Ange matérialise un espace où s'expriment philosophes, théologiens, écrivains, où l'on convoque Abellio, Bernanos, Nietzsche. Confrontées, juxtaposées, sans guerre ni concession, les paroles des athées et celles des croyants se rencontrent dans ce chantier ouvert, d'une réelle démocratie. Un espace unique où chaque pensée est libre d'exister, en relation avec l'altérité. Voilà qui nous change heureusement du militantisme excommunicateur.

La Sœur de l’Ange, Le Grand Souffle éditions, 24 rue Truffaut, 75017 Paris. 252 pages, 18,50 €. http://revuelasoeurdelange.hautetfort.com

 

 

MERCURE LIQUIDE n° 4

Cette revue littéraire et graphique semble revenir de loin. On peut lire en effet dans le dernier numéro paru : « Vous tenez entre vos mains Mercure liquide n° 4, dernier numéro de la revue à se produire sur papier. »  Mais l’aventure, assurent les responsables, continuera sur le web, une revue en ligne enrichie de musique, de vidéo, de portraits des artistes publiés, d’un espace de résidences online… Fidèle au principe même du mercure, matière inaltérable symbole de transformation, la revue espère se prolonger sous d’autres formes. Mais ce n'était qu'une fausse alerte. Mercure liquide annonce désormais sur son site que le numéro 5 paraîtra en février 2007, grâce à une subvention accordée par la région Rhône Alpes, la première depuis le début de cette aventure éditoriale. Le numéro 4 est un superbe objet, dont la conception graphique est due à Safran. L'ensemble vaut par ses textes (trois des auteurs présents, Samuel Gallet, Silvère Valtot, Thibaut Fayner sont passés par les classes d'écriture dramatique de l'ENSATT) mais surtout par ses collaborations artistiques, dont les photos réalisées par Franck Boutonnet dans les bidonvilles de la banlieue lyonnaise, conciliant art et humanité. La revue, moins littéraire qu'artistique, a une réelle unité, probablement due à la complicité et à la communauté d'esprit des contributeurs.  

Mercure liquide, 21 rue Duhamel, 69002 Lyon. 84 pages, 7€. www.mercureliquide.com

 

 

PASSAGE D’ENCRES n° 26

 8231c52b3064917549f88452957009b6.jpgSous titrée art / littérature, cette revue de prestige, d'un grand format original quasi carré, faisant la part belle au dessin et à la photographie, est éditée par l’association Passage d’encres, dont le but est la promotion, le développement et la diffusion des arts graphiques. Animée par Christiane Tricoit, et forte d’un solide comité de rédaction, elle sort 3 numéros par an. « Nulles parts » est le thème de ce dernier numéro, coordonné par Yves Boudier et Jean-Claude Montel. Dans l'introduction, « Sur le carnet de l'arpenteur », Boudier présente l'axe de réflexion : « S'il est un domaine de notre présence au monde qui conjugue au plus étroit politique et ressenti naturel, c'est bien celui que l'on nomme paysage. Lié à notre histoire commune, indéfectiblement uni à nos vies, il est avant tout culture. Il se constitue et se révèle à travers l'ensemble des actes par lesquels notre volonté l'impose, le construit, le détourne, l'altère, le transforme, souvent même le détruit. » Suivent de superbes photos noir et blanc d'Andoche Praudel, des paysages naturels corréziens qui « semblent vibrer d'une attente de l'impossible » selon la juste formule de Didier Laroque. Robert Groborne est l'artiste invité et livre un ensemble intitulé « L'ordre minéral », une série de lithographies alternées avec des poèmes de Joseph Guglielmi. Précisons que des petits livres sont également édités par l’association, dans les collections Traces, Trait court, Tiré à part, toutes dans l'alliance ou le dialogue de l'art et de la littérature.

Passage d’encres, 16 rue de Paris, 93230 Romainville. 104 pages, 19 €  www.passagedencres.org      

                                  

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