vendredi, 04 juillet 2008
Le livre numérique (suite)
J'ai relevé dans le "rapport sur le livre numérique", de Bruno Patino, cette information intéressante sur une nouvelle forme de diffusion de la littérature :
« Le marché japonais des livres numériques est aujourd'hui le plus développé au monde : il représente 3 % du marché national de l'édition (environ 250 millions d'euros) et poursuit une forte croissance depuis 2003. Certaines prévisions estiment que les livres numériques atteindraient 10 % de part de marché au Japon en 2011.
Le développement d'usages radicalement nouveaux est au coeur de ce développement numérique. Des formats spécifiques ont connu un vif engouement auprès d'une clientèle jeune, habituée au numérique. En deux ans, le roman pour téléphone portable, visant un public d'adolescentes, est devenu un segment majeur du marché du livre : la moitié des dix best-sellers sur papier de l'année 2007 sont sortis à l'origine en feuilleton numérique pour téléphones mobiles. Le plus connu, Koisora (Lien d'amour), s'est vendu à 1,5 million d'exemplaires. Le manga numérique est au coeur de ce développement : 40 % des lecteurs de livres électroniques en lisent.
L'offre de contenus s'est considérablement étoffée, grâce à des distributeurs de livres numériques, comme eBookJapan avec 120 000 titres ou Papyless, avec un catalogue de 80 000 ouvrages, et grâce à des fabricants de contenus proposant des offres intégrées de terminaux et de contenus, comme Sony avec TimeBook Town ou Panasonic avec Words Gear. Au total, ce sont donc des usages nouveaux, notamment de lecture sur des écrans de petite taille, qui ont fait évoluer le marché. Bien sûr, l'idéogramme et la lecture verticale sont plus à l'aise que l'alphabet et la lecture horizontale sur un petit écran : la question de l'usage renvoie à celle du support : un nouvel outil a-t-il fait naître un nouvel usage ? »
Mais, poursuit le rapport, le livre papier a encore de beaux jours devant lui :
« La version papier est il est vrai un modèle assez époustouflant : mobilité, présence d'un moteur de recherche sous forme d'index, système en partie ouvert (on peut écrire dessus, corner les pages, voire, in fine, les déchirer), autonomie parfaite (aucune source d'énergie n'est nécessaire), possibilité d'usage en tous lieux, et chargement instantané et définitif lors de l'acte d'achat. »
Drôle d'idée que d'écrire sur les livres, de les corner et les déchirer ! Seul un esprit qui aurait déjà basculé dans le numérique (ou un sauvage) peut tenir de tels raisonnements...
Le rapport :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/0...
*
A noter, par ailleurs, une autre réflexion sur le même thème, "Accueillir le numérique, une mutation pour la librairie et le commerce du livre", menée par l'Alire (Association des librairies informatisées et utilisatrices de réseaux électroniques) et le SLF (Syndicat de la librairie française) :
http://www.accueillirlenumerique.com/
18:25 Publié dans Annexes et dépendances | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : livre numérique, livre, édition, droit d'auteur
Commentaires
À la question « le livre numérique va-t-il tuer le livre papier ? », je trouve intéressant et porteur d'espoir cet extrait de la réponse d'Alain Beuve-Méry dans Le Monde des livres daté vendredi 4 juillet : « On peut miser sur un nouvel essor des éditions rares et luxueuses... »
Écrit par : Christian Cottet-Emard | samedi, 05 juillet 2008
Je le crois aussi. Les nouveaux médias se sont toujours surajoutés aux précédents sans les détruire. Et même pour la musique, on voit resurgir la nostalgie du vynile...
Il devrait donc y avoir à la fois de nouvelles formes et de nouveaux supports et des livres papier recentrés sur la belle édition. Le livre de poche (qui pourra être remplacé par un lecteur nomade aux textes téléchargés) a certainement plus à perdre que l'édition soignée.
Écrit par : Nuel | samedi, 05 juillet 2008
En ce qui concerne le livre de poche qui constitue tout de même l'essentiel de mes achats au rayon littérature, je n'aimerais pas être un jour contraint de m'en priver parce qu'il aura été remplacé par un de ces nouveaux supports dont tu parles. Je tiens à ce sentiment de liberté que j'éprouve par exemple à me retrouver seul dans une clairière secrète à lire un livre papier. Être lié à un quelconque appareillage électronique dans ces moments-là, je ne le conçois même pas ! (Je n'ai d'ailleurs pas de téléphone portable.)
Écrit par : Christian Cottet-Emard | samedi, 05 juillet 2008
Pas de problème : il est prévu que tous les arbres de ta clairière (et notamment les épicéas) soient prochainement équipés d'un écran tactile et rétro-éclairé où tu pourras télécharger tes poésies favorites.
Il est même envisagé par les scientifiques de remplacer le papier toilette par un support virtuel, mais les premiers essais ne sont guère concluants...
Écrit par : Nuel | samedi, 05 juillet 2008
Je parlais d'une clairière et non d'un édicule au fond du jardin.
Pour le reste, relisons Rabelais !
Écrit par : Christian Cottet-Emard | samedi, 05 juillet 2008
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