lundi, 07 juin 2010
Béraud de Lyon
Dans ce numéro 21 des Cahiers Henri Béraud, Roland Thévenet évoque sa découverte fortuite de l'auteur : « Il fallut donc le hasard de recherches en bibliothèque à propos d'un livre que j'écrivais en 1981 pour que me fut révélée l'existence d'un auteur lyonnais ayant reçu un Goncourt, ayant publié une soixantaine d'ouvrages, ayant parcouru l'Europe en étant le journaliste le mieux payé de France, et dont j'ignorais jusqu'au nom. Alors que j'avais fait mes études à Lyon. Des études de lettres ! »
Il ajoute : « Efficace, l'omerta des élites lyonnaises ! »
Comme Roland Thévenet, j'ai fait des études de lettres à Lyon, dans l'ignorance complète de Béraud, que j'ai lu encore plus tardivement.
Léon Bloy fut victime d'une conspiration du silence. L'auteur lyonnais Henri Béraud, en grande partie pour le mauvais rôle qu'il tint lors de la deuxième guerre mondiale (collaborateur de la revue Gringoire, il fut condamné à mort à la Libération avant d'être finalement gracié par de Gaulle) et en partie pour les solides inimitiés qu'il collectionna, fut victime, lui, d'une véritable tentative d'effacement de la mémoire collective. Auteur célèbre et populaire en son temps, journaliste aussi connu et apprécié qu'Albert Londres, il devint un sujet d'opprobre, un auteur maudit dont plus personne n'osait lire les livres et que sa ville renia. Aucune rue ne porte aujourd'hui son nom dans sa ville natale.
J'ai pris conscience de l'intérêt de son œuvre lors d'une conférence de Roland Thévenet aux Xanthines. La lecture du livre autobiographique Qu'as-tu fait de ta jeunesse ? a été plus qu'une découverte : une révélation et un enchantement. Béraud est de loin le plus grand écrivain que Lyon a vu passer au vingtième siècle (ville qui peut s'enorgueillir pourtant d'avoir connu de très bons auteurs, comme Calaferte ou Reverzy).
« Il y a dans la phrase d'Henri Béraud quelque chose d'asséné et de brutal, de juste et d'élégant, et même souvent de raffiné, qui fait sa fête à tout amoureux de la langue française. » nous dit Roland Thévenet. Ce cahier évoque essentiellement les années de jeunesse et de formation lyonnaises de Béraud, et on aimerait en savoir plus. On a hâte de voir enfin édité un livre qui nous donne à redécouvrir la totalité et la cohérence de cette œuvre.
Béraud de Lyon, par Roland Thévenet
(cahier Henri Béraud XXI - Hiver 2009-2010)
Edition ARAHB (Association rétaise des amis d'Henri Béraud) BP3 17111 Loix-en-Ré
20:52 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : henri béraud, roland thévenet
Commentaires
Henri Béraud supérieur à Calaferte ?
Difficile !
Calaferte est certainement l'un des plus grands écrivains de la fin du XXème siècle.
Écrit par : Rosa | dimanche, 13 juin 2010
En revanche je note avec intérêt l'ouvrage de Roland : peut-être une signature aux Xanthines à la rentrée...
Écrit par : Rosa | lundi, 14 juin 2010
Oui, Calaferte est grand. Béraud et lui ne sont pas du tout de la même génération, et il est difficile de comparer.
Pour l'ouvrage de Roland Thévenet, il faudrait lui proposer, bien que ce ne soit pas un livre à proprement parler, plutôt un numéro de revue...
Écrit par : Nuel | lundi, 14 juin 2010
Béraud est une crapule responsable, qui fit son "beurre" ou sa soupe journalistique avec un antisémitisme primaire et assassin.
Ce fils de boulanger, au jeune talent naissant, aurait pu garder la tête haute, et ne pas sombrer dans ses délires patriotiques haineux, sous prétexte que le thème faisait vendre du papier et allait dans le sens du poil d'une certaine fraction de la population française. Et selon moi, la rime avec Béraud coule de source... salaud! Le comparer à Calaferte...? Va pour une approche, un cousinage stylistique, et encore... ces deux-là sont aussi peu semblables que chat et chien. L'un est un gros chat de gouttière, ronronnant ou griffant tout sur son passage, surtout sa propre existence; le second est un affreux pitbull ( pardon amis chiens) dévorant surtout des êtres humains.
Écrit par : Emilienne Bric-à-brac | samedi, 07 août 2010
Séparer l'homme et ses erreurs de parcours de l'oeuvre n'est jamais facile, personnellement j'essaie de ne m'intéresser qu'aux créations, et il est vrai que Béraud de Lyon possède un style unique que j'ai eu la chance de découvrir il y a quelques années malgré son effacement quasi complet de la mémoire littéraire lyonnaise. Merci pour ce rappel tout en nuances.
Écrit par : location bureaux | mercredi, 25 août 2010
Le problème avec les gens qui entament la rengaine "Béraud facho", c'est qu'il ne l'ont généralement jamais vraiment lu. D'où l'inutilité du débat à mener avec eux.
Écrit par : solko | dimanche, 05 septembre 2010
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