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mardi, 03 mars 2015

La Queue, de Roland Thevenet

la queue,roland thevenet,éditions du bugL’idée de départ de ce roman, qui se présente comme le biopic du personnage imaginaire Félix Sy, est très originale : « l’idée lui vint de faire porter des queues aux gens dans le monde réel : l’histoire de la mode ne regorgeait-elle pas de ce genre de fantaisies, des braguettes médiévales aux perruques du Grand Siècle, sans parler des fraises et des faux-culs ? »

Dessinateur de talent, styliste, Félix Sy a amassé une fortune considérable et édifié un empire en faisant porter une queue à ses contemporains, aux petites lolitas de banlieue comme aux personnalités les plus en vue (Bill Clinton, Monica Lewinsky, Giscard d’Estaing, Mick Jagger, Didier Deschamps...), aux hommes et aux femmes des classes moyennes comme aux stars des élites mondialisées. Ce qui n’était qu’une plaisanterie de potache est devenu en quelques années un marché et un symbole planétaires. La queue portée au début par esprit de contestation a fini par être un signe d’appartenance et de conformisme.

Au soir de sa vie, Félix revient à ses origines, au bord de Loire où un prêtre le recueillit sur les routes de la débâcle alors qu’il était un nouveau-né orphelin, au Paris et au New York où il se lia d’amitié avec Corso et Kerouac, à la France des années 60/70 et à l’aventure journalistique vécue aux côtés de Pierre et d’Hélène Lazareff.

De juin 1940 à janvier 2015, le roman retrace la crise culturelle qu'a traversée le pays, et au-delà, le monde occidental  : déchristianisation, essor et déclin de la contre-culture américaine, triomphe de la société du spectacle, triomphe du matérialisme et de la consommation, au détriment des valeurs intellectuelles et surtout spirituelles.  Le récit est très documenté, en particulier sur la contre-culture américaine et la figure de Jack Kerouac dont il est dressé un portrait, entre mysticisme et amour filial, plus nuancé que celui du beatnick officiel. Le couple Lazareff, Pierre dirigeant France-Soir et l’émission télévisée Cinq colonnes à la une, Hélène créant le magazine Elle, est fort bien décrit dans sa toute puissance.

Le style et le vocabulaire employés appartiennent parfois plus au registre du chroniqueur qu’à celui du romancier (rappelons que Roland Thevenet tient l’excellent blog d’humeur et d’idées SOLKO) mais La Queue est un vrai roman, une fable forte, une satire caustique qui dénonce les travers de notre époque.

La Queue, de Roland Thevenet, éditions du Bug. 19, 30 €.

 

Commentaires

Merci, Jean-Jacques.
Je trouve aussi - et pour cause:)) - que Roland a signé là un roman de valeur, très - selon votre propre mot- "caustique".

Écrit par : Bertrand | mercredi, 11 mars 2015

"Le style et le vocabulaire employés appartiennent parfois plus au registre du chroniqueur qu’à celui du romancier..."

Voilà qui est , probablement , très juste...Solko a une vraie plume, un talent d'écrivain, une solide culture, tous les outils nécessaires...Cette plume s'épanouit quand il ne se mêle pas d'écrire mais agit en chroniqueur selon ses humeurs. Je crois qu'il s'encombre d'un "bashing" systématique et superflu sur la basse cour et ses coqs; Il a ses croyances que je respecte mais aussi des nostalgies qui lui sont , peut être, indispensables pour ne pas plonger dans un absolu désespoir . Pourtant ,c'est dans ce genre d’abîme que réside la matière d'un roman...Y plonger est vertigineux, j'en sais quelque chose , je ne le fais pas, d'autant plus facilement, que je n'ai , jamais, dépassé le stade du doute ni entrevu des perspectives de construction d'un "modus vivendi" acceptable...

Écrit par : patrick.verroustp | mercredi, 11 mars 2015

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