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mercredi, 25 juin 2014

Soleils levants

soleilslevants.jpgLa revue Passage d’encres a cessé sa parution régulière mais continue de produire des « hors séries ». Le dernier en date, intitulé « soleils levants », traite bien evidemment du Japon.

Andoche Praudel, céramiste, photographe, écrivain et grand connaisseur du pays, en est l’artiste invité. Il assure la coordination de cet ensemble, avec Atsuko Nagai et Martine Monteau. Cette dernière présente ainsi le Japon : « Ce pays de retenues et de décharge soudaine, de pudeurs et d’exaltation des sens, d’îlots séparés et de solidarités, où les énergies contraires défont périodiquement des cités entières, des milliers de vies ensemble, nous fascine et nous fait peur. »

L’archipel du soleil levant est vu aussi bien sous l’angle de ses traditions que sous celui de sa récente et tragique actualité : Fukushima. On y parle du nucléaire, du tremblement de terre, mais aussi des temples traditionnels, des missionnaires angevins au Japon depuis le 19e siècle, de cinéma, de théâtre et de poésie. De belles photos et illustrations complètent ce superbe numéro.

Soleils levants, Passage d’encres, 20 €.

Passage d’encres, Moulin de Quilio, 56310 Guern.

Passagedencre@orange.fr

 

samedi, 23 novembre 2013

Andoche Praudel, la photographie comme art des trophées


praudel2.jpg

Les noms des champs de bataille sont inscrits dans nos mémoires. Mais que sont-ils devenus ? Andoche Praudel a entrepris de les photographier. Il choisit un champ de bataille et sa date, prend la photo sur le lieu même et si possible, à date anniversaire. Il en réalise des images panoramiques, qu’il tire sur un papier Japon aux fibres poreuses. Dans un beau livre au format à l’italienne, nous sont restitués ainsi, par ordre d’apparition chronologique sur la scène de l’Histoire, des lieux de lutte et de carnage aujourd’hui comme reposés bien que leurs entrailles aient été nourries de sang : Carthage, Gergovie, Poitiers, Roncevaux, Teranomari, Azincourt, Valmy, Austerlitz, Waterloo… parmi une série de 26 vues.

On devine que Praudel photographe attend le moment favorable, une levée partielle du brouillard, la survenue d’un rai de lumière, d’un banc de nuages, l’élément changeant qui va donner un sens, un mouvement au décor cadré, lui donner une réelle dimension. Le traitement de la lumière, comme échappée ou comme révélateur, est particulièrement admirable dans deux vues : Gergovie et Glencoe, en Ecosse.

Baldine Saint Girons accomplit un double travail sur cette série de photographies : elle les fait précéder d’une étude, puis elle accompagne chaque cliché d’un double commentaire, l’un en amont (historique), l’autre en aval de la photographie (artistique). Dans une brillante démonstration, elle nous montre que « la photographie se caractérise non seulement comme l’art de conserver des traces, mais comme l’art de fabriquer des trophées, c’est-à-dire d’exhiber des objets paradoxaux qui, tout en étant arborés par les vainqueurs, parlaient en faveur des vaincus »

Non seulement les images sont belles en elles-mêmes, se suffiraient à elles-mêmes, mais leur intensité se trouve comme renforcée par la référence historique qui introduit une dimension du passé et une dimension dramatique, naissant du contraste entre le calme actuel du lieu et ce que nous imaginons de violent et de mortel. « Praudel n’est ni un reporter de guerre, ni un historien, ni un muséologue. Son seul objectif est de conduire, voire de forcer les choses et les lieux à exprimer leur âme, à livrer un témoignage proprement esthétique, trop souvent négligé comme tel », nous expose Baldine Saint Girons. « La photographie réussit à rendre l’histoire vivante : elle nous force à réfléchir sur l’événement et sur les nouveaux partages qu’il instaure. »

 

Les champs de bataille d’Andoche Praudel, de Baldine Saint Girons, éditions Manucius

 

Le site d’Andoche Praudel