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jeudi, 19 janvier 2017

Passage d'encres, dernières parutions

Les éditions Passage d'encres, animées par Christiane Tricoit, ont eu une intense production en 2016. Pas moins de 7 ouvrages sont parus, 6 d'entre eux dans la collection Trait Court.

Deux plaquettes ont particulièrement retenu mon attention.

 

9 h 50 à l'Hôtel-Dieu, de Guillaume Decourt

passage d'encres,stolowicki,decourtPianiste classique, l'auteur partage son temps entre Paris et Athènes, après avoir passé son enfance en Israël, en Allemagne et en Belgique, son adolescence dans les monts du Forez, puis séjourné longuement à Mayotte et en Nouvelle Calédonie. Cette errance, ces éléments biographiques se retrouvent dans sa poésie, qui en reprend le récit désordonné. Mais Decourt n'est pas l'un de ces poètes actuels qui racontent leur vie prosaïquement en allant à la ligne, sans rythme et sans musicalité, en mauvais disciples de Bukowski. Il emprunte la forme classique du dizain (la forme privilégiée d'antiques poètes comme Maurice Scève), rimé avec souplesse. Les nombreux enjambements donnent du rythme au poème.

L'ensemble de 35 dizains forme une suite subtile évoquant surtout la vie sentimentale de l'auteur, le cœur partagé entre la Grecque aimée et la Brésilienne amante, hésitant à « troquer l'Attique pour l'Amazonie ».

Mais qui se soucie du pauvre Decourt

Qui a rompu malgré lui ses amours

En deux donne ses baisers par à-coups

 

 

Rhizome, de Christophe Stolowicki

passage d'encres,stolowicki,decourtRhizome : « tige souterraine des plantes vivaces qui porte des racines adventives et des tiges feuillées aériennes », précise le dictionnaire. Ce terme définit les brèves de Stolowicki, ni aphorismes, ni maximes. Ces phrases, ces paragraphes d'une écriture dense, « brèves sans humour à l'encontre du genre » partent dans tous les sens, s'enrichissant de plusieurs sens. Des saillies, un bouquet d'éclairs d'intelligence et de lucidité. Stolowicki possède une vaste culture qui n'est pas celle d'un cuistre, mais d'un vrai amoureux du jazz, de la peinture et de la littérature. Il admire les grands aînés (Baudelaire, Celan, Flaubert, Gombrowicz...), critique certains égarements : « René Char n’a aucune idée de la saleté de Hei­deg­ger », dénonce les fausses gloires et les faiseurs. « N'est pas Pascal qui veut. » « Il se survit comme Rimbaud qui aurait réussi dans la vie. »

Brillants, parfois énigmatiques, ces fragments sont décapants et nous incitent à remettre en question bien des vérités établies.

 

Citons les autres ouvrages reçus :

Fiction : la portée non mesurée de la parole, 7 essais par Pierre Drogi ;

Grand Stade, de Hélios Sabaté Beriain ;

Ka ninda, l'écho, de Marc Tamet ;

Somniloquie, de Piero Salzarulo ;

Écrire malgré nous, de Geneviève Huttin.

 

Passage d'encres, Moulin de Quilio, 56310 Guern

http://www.inks-passagedencres.fr/

 

mercredi, 13 juillet 2016

Écrit parlé, de Philippe Jaffeux

jaffeux,écrit parlé,passage d'encresJ’ai évoqué plusieurs fois sur ce blog l’œuvre originale et extrême de Philippe Jaffeux. Cette dernière petite plaquette, publiée par l’éditrice du massif Alphabet, est un entretien avec Béatrice Machet. Est-ce une suite, un prolongement de l’œuvre, ou un simple dialogue où un auteur explicite sa recherche ? Jaffeux veut le classer à part, en témoignent les dernières lignes : « je te remercie pour la qualité de tes questions mais, d’une certaine façon, je réprouve cet entretien dans la crainte que mon discours sur mes livres risquerait de prévaloir sur leur contenu ».

Les critiques ont beaucoup parlé des instruments de Jaffeux (l’ordinateur, le dictaphone, le logiciel de reconnaissance vocale) qui ont bouleversé son rapport à l’écriture. De sa volonté de réunir l’écrit et l’oral, comme de dépasser ou de réconcilier les contraires. De son formalisme créateur. Ils ont moins parlé des liens entre son œuvre et la spiritualité, sur lesquels Béatrice Machet lui pose une série de questions.

Bien qu’il s’en défende en partie (« ma méthode se rapproche peut-être furtivement d’une expérience mystique »), la démarche de Jaffeux m’a toujours paru relever d’une démarche spirituelle et mystique. Ses références, d’abord : « Les écrits taoïstes m’ont permis de retrouver mon électricité intérieure », la kabbale, l’hindouisme, etc. L’effacement de son ego dans l’immensité des possibles : « Les mots trouvent leur place suite à une dissolution de ma personne, qui est alors en connexion avec le chaos autant qu’avec le cosmos, entendus l’un et l’autre comme les deux seules mesures de toute chose. Dans le meilleur des cas, la disparition du sujet révèle enfin un vide divin, indéterminé et impersonnel à l’image de la forme utilisée pour l’approcher ».

« Dans l’idéal, il serait préférable que je n’entende pas ni ne comprenne ce que j’écris afin de rejoindre la dimension universelle d’une vacuité extatique, d’un style abstrait, d’un épanouissement dans une absurdité tragique et presque naturelle. Il ne s’agirait alors plus seulement de questionner l’écriture au moyen de l’écriture mais d’essayer de dépasser le mental, la compréhension ou la pensée pour créer dans une joie ineffable ».

L’artiste idéal selon Jaffeux ne ressemblerait-il pas à Jean-Sébastien Bach ?

 

Écrit parlé, de Philippe Jaffeux, aux éditions Passage d’encres (collection Trait court).

http://www.inks-passagedencres.fr/

 

dimanche, 01 mars 2015

Nouveautés "Trait court"

Christiane Tricoit, éditrice de Passage d’encres, nous propose une très bonne cuvée 2015 de sa collection Trait court.

Exils de mon exil, par Sanda Voïca.

voica.jpg« J’écris après plusieurs heures de contemplation de l’inframince de l’inframince du désir ». Au fil des pages, en vers ou en prose, Sanda Voïca tente de décrire son « art poétique ». Une écriture tendue, exigeante, en quête de vérité, qui veut traquer la poésie. Le poème est une lame de lumière, une hache aigüe. « Etre là où mon cœur bat – même arrivée en retard. » Elle cherche à se situer en un point qu’elle définit en « exil de l’exil » : « dedans et dehors sumultanément, et avec une intensité qui me fait muer et me mouvoir ». Sanda Voïca est née en 1962 en Roumanie. Arrivée en France en 1999, elle écrit directement en français et collabore à de nombreuses revues littéraires. Elle est responsable éditrice de la revue numérique Paysages écrits.

 

Frontière/partage, petite anthologie de l’épopée albanaise, par Alexandre Zotos.

passage d'encres,trait court,sandra voica,alexandre zotosAlexandre Zotos, agrégé et diplômé en langue et littérature grecques et albanaises, a enseigné à l’université de Saint-Étienne. Il propose sur une quarantaine de pages une brève anthologie qui est pour le lecteur français une véritable révélation. L’Albanie, souligne l’auteur, est surtout connue comme un exemple de désastre écolo-économique largement préparé par 40 ans de stalinisme sous Enver Hodja. Mais c’est aussi un miracle culturel, par une tradition orale qui a survécu à tous les envahisseurs. La langue est restée à travers les siècles, ainsi que ses légendes. Zotos nous donne des aperçus de la richesse de ce patrimoine poétique, longtemps transmis oralement. D’abord, le cycle épique de l’Albanie du Nord, monument que Kadaré n’hésite pas à comparer à La Chanson de Roland ou aux Nibelungen. Puis, dans la ligne de cette littérature héroïque, des contes, des chroniques familiales, des lamentations. Le récit des prouesses des héros ou de faits prodigieux s’accompagne de merveilleux et d’une grande émotion qui nous rend ces textes plus proches et poignants que la littérature épique habituelle, comme dans la légende du preux Gjergj Elez Ali soigné par sa sœur, dans celle du pont où est emmurée vive une femme, ou dans celle de Doruntine et de Constantin, qui se relève d’entre les morts pour aller chercher sa sœur.

Signalons deux autres publications dans cette même collection :

- Alpe du Grand-Serre, par Christophe Lamiot Enos, une poésie d’une grande musicalité.

- En attendant Hypnos, de Piero Salzarulo, professeur de psychologie générale et spécialiste du sommeil : une brève étude sur l’attente du sommeil, riche de citations et de références littéraires.

Chaque recueil, 5 €. Le site de Passage d’encres.

inks-passagedencres.fr

 

mercredi, 10 décembre 2014

Le Mouton noir (critiques)

Une nouvelle critique (signée Christophe Stolowicki) vient de paraître sur "Le Mouton noir" dans le Cahier critique de poésie.

Une précédente critique dans Salon littéraire, par Jean-Paul Gavard-Perret.

Un article de Jean-Pierre Longre sur son blog Notes et chroniques.

Une note de Frédérick Houdaer sur son blog Branloire pérenne.

Une note sur ce recueil, à la fin de mon entretien sur Le monde en nous.

 

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Descriptif du recueil "Le Mouton noir"

 

mercredi, 25 juin 2014

L'Alphabet de Jaffeux

On a récemment chroniqué sur ce blog deux ouvrages précédents de Philippe Jaffeux, dont l’écriture relève selon maints critiques d’une poésie expérimentale, écriture que je qualifierais plutôt d’expérience radicale. N et O sont déjà parus (chez Passage d’encres et chez L’Atelier de l’Agneau). Ce copieux volume de 394 pages au format 21 x 29, 7 cm regroupe toutes les lettres du début de l’alphabet, de A à M.

philippe jaffeux,alphabet,passage d'encresL’ampleur du travail (des années de labeur) impressionne et force le respect. Comme Ponge prenait le parti pris des choses, Jaffeux prend le parti pris de la lettre comme élément de base constitutif de la langue. Chaque lettre de l’alphabet fait l’objet d’un traitement et d’un exercice différents. Pour chacune d’entre elles, une contrainte fixe le cadre. En voici quelques exemples.

La lettre B, intitulée « Suite . », présente 26 lignes sur chacune des 26 pages, soit 676 lignes ou 338 phrases disposées sur 2 lignes et encadrées par deux points finaux. Chaque page débute de plus en plus bas : aucun espace sur la première page jusqu’à 26 espaces sur la dernière.

La lettre D s’intitule « Entretien ? » car elle contient 676 questions classées dans l’ordre alphabétique. Les 26 réponses de chaque page sont disposées sur deux lignes soit 52 lignes et 51 interlignes.

La lettre F, intitulée « Lettre ! », présente 26 lignes sur chacune des 26 pages. La page A compte exactement 26 lettres A et ainsi de suite jusqu’à la page Z qui contient 26 lettres Z.

La lettre I, intitulée « Théâtre – », présente 52 lignes et 51 interlignes introduites par 26 tirets dans chacune des 26 pages, ainsi qu’un nouveau nom d’acteur, en italique, qui est toujours une anagramme du mot « alphabet ». La pagination se déroule en haut à droite et en bas à gauche afin de suggérer un jeu de cartes.

On le voit dans ces indications données par l’auteur, autant que la lettre, le nombre est essentiel : il structure et engendre à la fois le texte. Le procédé n’est pas nouveau, de grandes œuvres du passé obéissent à des compositions mathématiques. La Divine Comédie de Dante est entièrement régie par les nombres (le 3 et le 1, les tercets, les 33 chants du Purgatoire et du Paradis, les 33 + 1 chants de l’Enfer…). Mais Jaffeux, se situant en deçà des histoires, en fait une méthode et une machine productrice, il invente en continu et se renouvelant constamment.

Lancé sur l’aire de jeu du papier blanc 21 x 29, 7 cm, Jaffeux joue non seulement sur les mots mais aussi sur tous les autres éléments du langage écrit : les signes de ponctuation, la typographie, la justification, l’envers et l’endroit, le blanc de la page ou de la ligne, les distorsions visuelles, graphiques ou orthographiques. Le langage n’est plus utilitaire, au service d’une histoire ou docile au sens que lui imprime un auteur tout puissant : il raconte ses propres histoires selon des lois mécaniques.

Alphabet – de A à M, de Philippe Jaffeux, Passage d’encres, 30 € (+ 6 € de frais d’envoi).

Passage d’encres, Moulin de Quilio, 56310 Guern.

Passagedencre@orange.fr

 

Soleils levants

soleilslevants.jpgLa revue Passage d’encres a cessé sa parution régulière mais continue de produire des « hors séries ». Le dernier en date, intitulé « soleils levants », traite bien evidemment du Japon.

Andoche Praudel, céramiste, photographe, écrivain et grand connaisseur du pays, en est l’artiste invité. Il assure la coordination de cet ensemble, avec Atsuko Nagai et Martine Monteau. Cette dernière présente ainsi le Japon : « Ce pays de retenues et de décharge soudaine, de pudeurs et d’exaltation des sens, d’îlots séparés et de solidarités, où les énergies contraires défont périodiquement des cités entières, des milliers de vies ensemble, nous fascine et nous fait peur. »

L’archipel du soleil levant est vu aussi bien sous l’angle de ses traditions que sous celui de sa récente et tragique actualité : Fukushima. On y parle du nucléaire, du tremblement de terre, mais aussi des temples traditionnels, des missionnaires angevins au Japon depuis le 19e siècle, de cinéma, de théâtre et de poésie. De belles photos et illustrations complètent ce superbe numéro.

Soleils levants, Passage d’encres, 20 €.

Passage d’encres, Moulin de Quilio, 56310 Guern.

Passagedencre@orange.fr

 

lundi, 02 juin 2014

Une signature au Marché de la poésie

Nuel-moutonnoir-2.jpgJe signerai mon recueil "Le Mouton Noir",

samedi 14 juin, de 14 h à 15 h,

sur le stand des éditions Passage d'encres (stand 504), place Saint-Sulpice, lors du prochain Marché de la poésie de Paris.

Le site du Marché de la poésie