jeudi, 16 janvier 2020
Les moments littéraires n° 43
Amiel & Co.
La revue Les moments littéraires, animée par Gilbert Moreau, présente un copieux numéro 43 consacré aux diaristes suisses, intitulé Amiel & Co.
La Suisse semble être une terre d’élection pour l’introspection.
Jean-Jacques Rousseau avait ouvert la voie avec ses Confessions. Amiel lui a emboîté le pas avec son monumental Journal, et, à sa suite, sont venus Jaccottet et ses semaisons, Georges Haldas et ses carnets ainsi que Maurice Chappaz, Alexandre Voisard, Gustave Roud, Alice Rivaz, Ramuz...
Après une introduction de Jean-François Duval, ce numéro rassemble des extraits de journaux intimes d'écrivains suisses de langue française. Au sommaire du n°43 : Henri-Frédéric Amiel, Anne Brécart, Corinne Desarzens, Jean-François Duval, Alexandre Friederich, René Groebli, Roland Jaccard, Jean-Louis Kuffer, Douna Loup, Jérôme Meizoz, Jacques Mercanton, C. F. Ramuz, Noëlle Revaz, Jean-Pierre Rochat, Gustave Roud, Daniel de Roulet, Catherine Safonoff, Monique Saint-Hélier, Marina Salzmann, François Vassali, Alexandre Voisard, Jean-Bernard Vuillème, Luc Weibel.
Tous les textes sont inédits, hormis ceux de Amiel, Ramuz et Saint-Hélier.
Simultanément, la revue sort un numéro hors-série de 350 pages consacré à la correspondance entre Henri-Frédéric Amiel et Élisa Guédin. Une édition établie et annotée par Gilbert Moreau et Luc Weibel.
Dans la dernière partie de sa vie, Amiel a engagé un échange de lettres avec une jeune femme rencontrée chez l'un de ses collègues universitaires, Élisa Guédin. L'éternel candidat au mariage qu'il était a-t-il songé à l'épouser ? D'entrée de jeu, elle le prévient qu'il n'en est pas question, en recourant à cette formule : « Homme ne puis, femme ne daigne, âme suis. »
Une double et très riche livraison, qui fait des Moments littéraires la revue incontournable de l'écriture intime.
Les Moments littéraires n°43 avec un cahier de 8 photographies de René Groebli
16 € pour la France, 26 € pour l'étranger (frais de port inclus)
Le hors-série 21 €.
10:22 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amiel, les moments littéraires, diaristes suisses
dimanche, 30 juin 2019
Les moments littéraires n° 42
La revue de littérature Les moments littéraires animée par Gilbert Moreau vient de sortir son 42e numéro consacré à Claudie Hunzinger.
Artiste plasticienne et romancière, Claudie Hunzinger habite en montagne depuis 1965 avec son compagnon. « Nous n'avons jamais eu de projet ni de plan de vie. Nous avons été menés par un rêve qui faisait la loi. Francis cherchait une ferme ; je l'ai accompagné. Sans penser plus loin. J'étais entièrement là, et seulement là. » Elle ne bouge guère de son coin des Vosges, faisant de l’immobilité un concept d’aventure. Elle dit qu’on peut explorer le monde sur place, déchiffrer un minuscule territoire et que celui-ci devient alors un champ de découvertes, d’expérimentations et de rêve aussi passionnant qu'un continent inconnu. « Je pourrais y passer encore 300 ans sans bouger. En 50 ans le monde s'est ramassé ici, condensé ici tout en se déployant sur place. Comme un monde dans le monde dont l'énergie avalerait tout. »
Claudie Hunzinger va ainsi d’expositions sur le thème du végétal où elle présente des Pages d’herbe géantes, à des romans liés à la nature.
Elle a publié Bambois, la vie verte (Stock) ; Elles vivaient d'espoir ; La Survivance ; La langue des oiseaux ; L'incandescente ; Les grands cerfs (Grasset).
Le dossier Claudie Hunzinger
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Pierre Schoentjes, L’architecture des branches : Claudie Hunzinger, de la vie verte aux grands cerfs
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Entretien avec Claudie Hunzinger
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Claudie Hunzinger, Office des morts et des vivants
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Béatrice Commengé, Utopie
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Yoshiko Watanabe, Ecrivez !
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Emma Pitoizet, Cahier des enfants
On retrouve également dans ce numéro Isabelle Mège (avec entretien et photos), Stéphane Lambert, Jean-Pierre Georges et Anne Coudreuse.
Les Moments littéraires, BP 90986, 75829 Paris Cedex 17, 12 €.
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mardi, 29 janvier 2019
Les moments littéraires n° 41
Après avoir fêté ses 20 ans d'existence dans le numéro précédent, la revue de littérature Les moments littéraires animée par Gilbert Moreau livre son 41e numéro consacré à Fabienne Jacob.
Née à Créhanges en 1959, Fabienne Jacob a grandi en Moselle jusqu'à ses 17 ans. Après un an d'enseignement à Mayotte, elle rentre à Paris pour exercer diverses professions avant de se consacrer à la littérature. Ses romans qui explorent l'enfance, le corps, le désir sont publiés aux éditions Gallimard et Buchet-Chastel.
Dans son texte "L'humanité" confié à la revue, elle évoque avec lucidité les séances de signature.
« On m'invite dans des librairies, des salons du livre. (…) Je sais qu'il ne faut pas y aller. Chaque fois je me dis Plus jamais. Chaque fois j'y retourne. Je fais le job. Ça m'abîme, ça m'humilie. Je suis propulsée au milieu de mes congénères. Des humains qui grouillent sous les chapiteaux des salons et qui vont voir des auteurs comme on allait voir des Noirs en cage ou des femmes à barbe il n'y a pas si longtemps. Je suis assise derrière ma pile de livres, seule, attendant le chaland. Une pute. Un Noir en cage, une femme à barbe. Les gens s'approchent, me dévisagent. D'abord moi, puis mes livres. Les livres aussi ont un visage. Alors, on va faire affaire, oui ou non ? »
Si deux de ses livres n'intéressent strictement personne, en revanche, « Les passants sont comme aimantés par Corps, Mon âge et Un homme aborde une femme. On ne dira jamais assez l'importance d'un titre. Les gens veulent qu'on leur parle d'eux, il n'y a que ça qui les intéresse. Leur corps, leur âge, leurs amours, leur famille, en un mot, eux, leur vie. »
Le dossier Jacob comprend des contributions de Marie-Hélène Lafon, Claudie Hunzinger, Julien Thèves. On trouve également dans ce numéro des photographies d'Elina Brotherus (avec un entretien), des extraits de journaux de Françoise Ascal, Gilles Ortlieb et Madeleine Denis. Cette dernière, fille du peintre nabi Maurice Denis et épouse du poète Jean Follain, a signé ses premiers tableaux sous le nom de Dinès.
Les Moments littéraires, BP 90986, 75829 Paris Cedex 17, 12 €.
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dimanche, 20 mai 2018
Les Moments littéraires n° 40
La revue de littérature portée par Gilbert Moreau fête ses 20 ans et son quarantième numéro. Depuis l'origine, elle publie récits autobiographiques, carnets de notes, journaux intimes, correspondances. Plus de 180 auteurs ont été publiés et 33 dossiers consacrés à des écrivains dont l'œuvre fait une part importante à l'écrit intime.
Pour l'occasion, Les Moments littéraires ont choisi de mettre le journal intime à l'honneur. En mars 2017, la revue a proposé à des écrivains de publier les pages de leur journal qu'ils tiendraient entre le 23 et le 29 octobre 2017. La même semaine pour tous. Vingt-cinq auteurs ont accepté de jouer le jeu des « feuilles d'automne ».
Cette contrainte de date risque toutefois de modifier le journal, non dans sa sincérité, mais dans sa spontanéité. « Je me demande ce que peut être un journal dont on sait à l'avance qu'il sera publié. », se demande Marcelin Pleynet.
Dominique Noguez va plus loin : « Tout en acceptant son offre, j'avais fait à Gilbert Moreau, directeur de cette revue, l'objection que le fait, pour un journalier, de savoir à l'avance que telle partie de son journal non encore écrite sera publiée risque d'en perturber la spontanéité, de même qu'on ne fait pas la même tête si l'on parle dans la pénombre ou sous la clarté d'un projecteur. »
Mais à lire tous ces extraits de journaux, la plupart tenus par des diaristes ou romanciers connus (Juliet, Bergougnioux, Ernaux... ), ou par des auteurs plus secrets (Hervé Ferrage, qui est une vraie découverte), on s'aperçoit que la contrainte n'a pas trop altéré l'exercice. Chaque auteur a ses préoccupations, ses manies, son style d'écriture, se livre avec ses qualités et ses défauts dans ce numéro témoin de la richesse et de la grande variété du journal intime.
Michel Braud livre une étude introductive, « Lire les journaux intimes », dans laquelle il montre la spécificité et l'intérêt de ce genre littéraire.
Au sommaire du numéro 40 :
Pierre Bergounioux, René de Ceccatty, Anne Coudreuse, Colette Fellous, Claire Dumay, Roland Jaccard, Lambert Schlechter, Charles Juliet, Belinda Cannone, Annie Ernaux, Lydia Flem, Marcelin Pleynet, Béatrice Commengé, Michel Braud, Emmanuelle Pagano, Hervé Ferrage, Jocelyne François, Dominique Noguez, Patrick Combes, Denis Grozdanovitch, Christian Garcin, Camille Laurens, Anne Serre, Régine Detambel, Fabienne Jacob, Jeanne Hyvrard.
Les Moments littéraires, BP 90986, 75829 Paris Cedex 17
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mardi, 13 février 2018
Les Moments littéraires n° 39
Avec une grande régularité, Gilbert Moreau nous propose chaque semestre un nouveau numéro de sa revue Les Moments littéraires et un nouveau dossier. Le n° 39 est consacré à Boris Cyrulnik.
L'homme étant largement médiatisé, on connaît bien aujourd'hui son histoire. Arrêté à l'âge de 6 ans lors d'une rafle à Bordeaux, il parvient à s'enfuir, évitant de mourir à Auschwitz comme ses parents. Enfant caché, persécuté, privé d'école, il en réchappe grâce à une indéfectible volonté de s'en sortir.
Devenu psychiatre, il découvre les travaux d'Emmy Werner sur la notion de résilience, qui correspond à son parcours personnel. De livre en livre, il popularise dès lors ce concept de résilience, qui est un espoir pour toutes les personnes victimes d'un traumatisme.
Son autobiographie est parue en 2 volumes, « Sauve-toi, la vie t'appelle » et « Les âmes blessées ».
De l'entretien mené par Gilbert Moreau, on apprend beaucoup de choses. D'abord sur la mémoire, en perpétuelle évolution.
« La mémoire saine se remanie constamment au gré des rencontres, de la vie quotidienne. Seule la mémoire traumatique reste figée, prisonnière du passé. Ainsi nous changeons de mémoire, sans jamais mentir. »
Sur l'autobiographie, fausse par définition bien que sincère :
« Ne croyez surtout pas ce que vous allez lire, il ne s'agit que de souvenirs autobiographiques. »
« L'autobiographie la plus authentique qui soit est toujours une interprétation et une trahison du réel. »
La célébrité n'a rien changé à la vie de Cyrulnik. Il en tire une remarque amusante : « Beaucoup de journalistes me demandent si la célébrité rend fou. Je leur réponds que oui, la célébrité rend fous ceux qui ne sont pas célèbres ! »
J'apprécie beaucoup que chaque entretien se termine par des questions sur les « rites d'écriture ». On découvre les petites manies de l'écrivain, qui le rendent plus proche. À la question « Écrivez-vous à la main ? », Cyrulnik répond : « Mon courrier, je le fais à l'ordinateur. Cela va plus vite mais on y perd l'érotisme du geste. Pour le reste, j'écris à la main parce que nous pensons avec la main. Une fois rédigé, je tape le texte à l'ordinateur ; j'ai alors l'impression de me trouver face à un texte écrit par quelqu'un d'autre, ce qui me permet de le corriger sans complaisance. »
Même si je me retrouve dans ces propos, ils sont d'une génération ancienne à laquelle j'appartiens ; de plus jeunes auteurs nous objecteraient que l'on pense aussi avec le clavier. Mais on pense différemment.
Les Moments littéraires, BP 90986 75829 Paris Cedex 17
http://www.lesmomentslitteraires.fr/index.html
10:31 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les moments littéraires, boris cyrulnik
mercredi, 18 janvier 2017
Les moments littéraires n° 37
Le dernier numéro de la revue de l'écrit intime Les moments littéraires est consacré à Marie-Hélène Lafon.
Depuis son premier roman Le soir du chien jusqu'à Histoires, Marie-Hélène Lafon, née en 1962 dans le Cantal (un de « ces départements de la diagonale du vide que constitue le Massif Central ») inscrit son œuvre dans le thème de la ruralité et des figures silencieuses qui la peuplent. Dans un entretien avec Gilbert Moreau, elle se présente comme une transfuge sociale, d'abord par le professorat (l'agrégation de grammaire, un doctorat de lettres) puis par l'écriture et la carrière littéraire qui lui permettent de s'extraire du milieu paysan. C'est ce déplacement, à la fois géographique, social, culturel (et même généalogique, en se choisissant comme pères d'écriture Pierre Michon, Pierre Bergougnoux et Richard Millet) qu'analyse Mathieu Riboulet dans son article introducteur.
Marie-Hélène Lafon fait sortir du silence ces gens du Cantal qu'elle a connus, ces « vies minuscules » : « Il s'agirait d'inscrire une trace de ces vies qui semblent sans relief particulier, qui ne paraissent en rien notoires ou notables et qui en même temps sont inépuisables. Le texte leur fait écrin, leur fait royaume, leur fait honneur sans les livrer en pâture à la condescendance du lectorat, sans les humilier encore davantage. Je tente de donner à ces Minuscules une place au royaume du verbe. » Suivent quelques inédits de l'auteur, « Moments d'été ».
Signalons aussi au sommaire de la revue un texte nostalgique de Georges-Olivier Chateaureynaud, qui évoque sa jeunesse au Quartier Latin. Une jeunesse passionnée, obsédée de littérature, éclairée de rencontres. Vivre dans le quartier si littéraire de Saint-Germain des Prés est le rêve de bien des auteurs.
Les moments littéraires, BP 90986, 75829 Paris cedex 17. 12 €. Abonnement 22 €.
http://www.lesmomentslitteraires.fr/
07:46 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : les moments littéraires, marie-hélène lafon
vendredi, 19 février 2016
Les Moments littéraires n° 35
Régulière dans la périodicité comme dans la qualité de ses dossiers, la revue Les Moments littéraires consacre son dernier numéro à Lionel Duroy. Un numéro dédié à la mémoire de Fred Deux, auquel la revue avait consacré un dossier spécial.
Après avoir été livreur, coursier, ouvrier puis journaliste à Libération et à L’Evénement du jeudi, Lionel Duroy publie son premier roman à l’âge de 41 ans. Il se consacre depuis entièrement à l’écriture, alternant des romans à caractère autobiographique et des réécritures de biographies de célébrités (Ingrid Betancourt, Sylvie Vartan, Gérard Depardieu…).
Son premier livre, Priez pour nous, revient sur son enfance terrible. Misère des parents, dettes, huissiers, expulsion des logements, folie de la mère… « Mon père et nous, les dix enfants, rampions devant une femme très profondément neurasthénique qui hurlait toute la journée et nous glaçait d’effroi dès qu’elle apparaissait. Notre grande préoccupation, pour nous protéger de la honte, était que personne n’entende les hurlements de notre mère. Que nous soyons restés sous le joug de cette idiote inculte qui n’avait pas lu quatre livres, complètement terrorisés, est pour moi un sujet constant de réflexion. » Mais publier le livre l’opposera durablement à toute sa famille. Comme les livres suivants, également autobiographiques, l’opposeront à ses femmes et à son fils : on ne peut tout dire en littérature sans blesser ceux que l’on met en scène. « Cette immense liberté que je m’accorde, aussi bien à l’égard des autres que de ma propre vie, a un prix. Je paie, et ça peut être douloureux. Je ne vois plus mes frères et sœurs et j’ai perdu beaucoup d’amis ».
Le dossier comprend une introduction d’Alice Ferney, un long entretien passionnant avec Gilbert Moreau, le responsable de la revue, et un texte de Lionel Duroy : « Le seul endroit sur la terre dont ils pouvaient être sûrs ».
Les Moments littéraires, BP 30175, 92186 Antony Cedex. 12 €.
http://pagesperso-orange.fr/lml.info
17:34 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les moments littéraires, lionel duroy