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lundi, 28 février 2005

Publier en revues au Québec

Je mets en ligne un article qui avait été rédigé pour le magazine Ecrire & Editer, mais qui est resté inédit, le numéro spécial sur l’édition au Québec n’ayant jamais vu le jour.

Ayant eu ces dernières années la chance de collaborer à deux grandes revues littéraires au Québec, j’ai pu constater des pratiques fort différentes de celles des revues françaises que je fréquente depuis si longtemps. Certes, les « travaux d’approche » prennent beaucoup de temps, nos amis canadiens mettent longtemps à lire, à répondre, puis à publier. Mais la littérature n’est-elle pas du domaine de l’intemporel ?

XYZ, la revue de la nouvelle, me répond le 17 juin 2001 à mon envoi de textes du 28 mars 2000 ! L’une de mes nouvelles est retenue, le texte demandé sur disquette, la parution prévue fin 2001 ou début 2002. Les épreuves me seront envoyées le 11 juillet 2002, et la nouvelle ne paraîtra finalement qu’en septembre 2002. Il se sera donc écoulé 27 mois entre le premier envoi et la publication ! Mais le résultat vaut l’attente : une belle mise en valeur du texte, dans une revue élégante et professionnelle, l’équivalent de Brèves au Canada. Entre-temps, un contrat d’édition intervient, signé entre l’auteur et l’éditeur, prévoyant la remise de 2 exemplaires gratuits du numéro à l’auteur et une remise de 40 % sur les exemplaires supplémentaires.
« L’auteur demeure propriétaire des droits sur son œuvre mais accorde à l’éditeur l’autorisation de :
- traduire et publier l’œuvre en toute langue sous toute forme et partout dans le monde ;
- adapter et publier l’œuvre pour la radio, la télévision, le théâtre, le cinéma, ou sous forme de bande dessinée, dessin animé, photo-roman ;
- reproduire ou vendre les droits de reproduction de l’œuvre par microfilm, reprographie, disques, ou tout dispositif sonore ou visuel.
L’éditeur versera à l’auteur 70 % de tous les montants reçus par lui en vertu de ces autorisations. »

La revue Art Le Sabord, un peu plus rapide mais pas trop non plus, répond le 19 juin 2002 à mon envoi de textes du 8 janvier 2002, annonçant que l’un d’entre eux paraîtra en septembre 2002. La publication intervient bien à la date prévue, mais mon justificatif expédié « par surface » le 27 septembre ne me parvient que le 5 novembre ! La poste n’a pas le rythme dans le sang… L’objet est magnifique, une publication de conception originale, mêlant l’art et la littérature. Par courrier séparé, je reçois une lettre de la directrice littéraire dont les mots me touchent et me surprennent : « L’équipe de Art Le Sabord se joint à moi pour vous remercier de votre collaboration au cours de l’année. Je tiens à souligner la qualité et la richesse de vos textes. Si, au fil des ans, Art Le Sabord s’est taillé une place de choix dans le milieu littéraire, c’est grâce à vous. » On n’est pas habitué en France à un tel discours. Elle m’offre enfin, comme elle l’avait annoncé dans sa première lettre d’acceptation, un abonnement d’un an (4 numéros) à la revue ou un abonnement cadeau à la personne de mon choix.

Les responsables de revues canadiennes (qui semblent bien subventionnées) ont une relation de qualité avec leurs collaborateurs. Du sérieux dans les échanges de courriers, du professionnalisme, une attention, une véritable considération pour les auteurs, avec une forme de rémunération (non pécuniaire) prévue, explicitée ou contractualisée. De telles pratiques pourraient servir d’exemple à bien des périodiques hexagonaux.

XYZ, la revue de la nouvelle, 1781, rue Saint-Hubert, Montréal, Québec, H2L 3Z1
Art Le Sabord, C.P. 1925, Trois-Rivières, Québec, Canada, G9A 5M6

10:05 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent

mardi, 22 février 2005

Lecture à Londres

J'ai découvert par hasard que l'Institut français de Londres organisait le 23 février une lecture sur le thème :

La Vie littéraire ou les affres de l'écrivain

READING GROUP
Discussion of the following books:
Une rentrée littéraire by Christine Arnothy, Fayard, 2004
Cher Editeur by Pierre Leroux, Albin Michel, 2004
Portraits d'écrivains by Jean-Jacques Nuel, Editinter, 2002
Sans songer à mal by Michel Rio, Fayard, 2004

23 Feb | 7.30pm | in French | in the library | free

MULTIMEDIA LIBRARY
17 Queensberry Place
LONDON sw7 2dt
T: 020 7073 1350

04:20 | Lien permanent

lundi, 21 février 2005

L'oeuvre cachée

Rendant compte, dans le dernier Figaro littéraire, de l’ouvrage L’affaire Paméla publié aux éditions Paris-Méditerranée, Jacques de Saint-Victor nous relate une bien étrange histoire. Un universitaire, André Magnan, a retrouvé un ouvrage perdu de Voltaire, livre que l’on avait coutume d’appeler le « Paméla », car le philosophe l’aurait écrit à la façon du Paméla de Richardson, une « histoire en lettres ». En fait, cet ouvrage se trouvait déjà publié dans la Correspondance de Voltaire ; il se composait d’une série de lettres éparses écrites à Mme Denis, sa nièce et amante, et relatives à son séjour à Berlin chez l’empereur Frédéric II. Une œuvre dispersée, éclatée, que M. Magnan a su retrouver, rassembler, recomposer comme un puzzle.

Cette idée d’une œuvre absente, perdue, que l’on cherche partout hors des œuvres complètes, qui se trouve cachée dans l’œuvre même, que l’on a sous les yeux sans pouvoir la reconnaître, est assez vertigineuse.

mercredi, 16 février 2005

Asensio, concrètement

medium_asensio.2.jpgTous ceux qui lisent – comme je le fais régulièrement et depuis de nombreux mois – Juan Asensio sur son blog Stalker – Dissection du cadavre de la littérature se réjouiront de la parution de son essai La littérature à contre-nuit aux éditions A contrario. Enfin un LIVRE, un objet de papier (pour distraire nos yeux de l’écran virtuel), juste retour des choses pour ce formidable lecteur qui aime tant les livres, à la seule condition qu’ils soient essentiels.

Extrait de l’avant-propos :
"Difficulté première de celui qui crée mais ensuite, difficulté de celui qui tente de comprendre la portée de l’œuvre étudiée. La «corne de taureau» chère au Leiris de L’Âge d’homme est donc, conformément à son modèle naturel, double. Autre chose cependant est d’affirmer que cette image d’une œuvre jaillissant de l’informe peut nous aider à comprendre que le langage, donc l’écriture, ne sont pas seulement menacés par le bavardage, la futilité, le jargon ou le mensonge, mais corrompus de l’intérieur par un cancer qui les vide de leur substance. Dans les pages qui suivent, nous verrons combien les voies souterraines empruntées par ce cancer sont nombreuses, combien variées sont ses métastases : chacun des auteurs étudiés offrira du Mal, ou, selon un terme moins vague, du démoniaque, sa propre vision, qui bien sûr a maille à partir avec son travail d’écriture et, plus largement, avec l’émergence de toute parole. Je reviens donc, une dernière fois dans cet avant-propos, sur la question du Mal, précisant ma pensée, tentant modestement, comme rêvait de le réaliser Gide avec le démon, une identification du démoniaque, même si les différentes études composant ce livre n’évoquent celui-ci que de façon indirecte et comme au travers d’un miroir

En attendant sa mise en place dans les bonnes librairies, signalons que l’ouvrage de Juan Asensio – comme ceux d’autres auteurs des éditions A contrario (Baumier, Fuentès, Kober…) et comme l’imposante revue La Sœur de l’ange – peuvent être commandés sur le site de la Fnac.

05:34 | Lien permanent

jeudi, 10 février 2005

Loup et moutons

medium_loupmoutons.jpg






Physiologus
XIIe siècle
Chalon-sur-Saône, ms. 14, fol. 85v.

20:55 Publié dans Bestiaire | Lien permanent

jeudi, 03 février 2005

Une plaine ponctuée de corbeaux

medium_lescheres2_036.jpg

Le texte Les corbeaux* a été mis en ligne hier sur le site littéraire Pleutil, beau réservoir anthologique dans lequel figurent déjà plusieurs de mes nouvelles.
Les corbeaux est le chapitre introducteur d’une suite inachevée de chroniques à peine romancées sur mes années d’enfance et d’adolescence (autour de 1968), le lieu principal de divagation du jeune Jacques étant la plaine des Chères – espace désolé et véritablement « déconstruit », auquel je consacre sur ce blog un album photos périodiquement augmenté.
Je me suis souvent demandé comment cette zone, qui dans ma prime enfance appartenait à la campagne pure (bois, haies, champs, rivière sinueuse et ombragée, chemins creux…) et que j’ai vue progressivement et méthodiquement ravagée par le « modernisme » (élargissement de la route nationale 6, abattage des platanes, percement de l’autoroute A6, remembrement rural, tracé de chemins et de fossés rectilignes, rectification du lit de la rivière L’Azergues, ouverture et exploitation de carrières de gravier, création d’un relais autoroutier, etc.), avait pu conserver une pulsation de vie, une sorte d’âme qui résiste.
Un paysage rayé de la carte, mais la surface de la carte, mise à nu, frémit encore. Le vent traverse la plaine des Chères, courbant les herbes folles et les arbrisseaux qui ont repoussé spontanément. Une nature violentée, terrassée (les engins mécaniques jaunes, géants, du terrassement), anéantie, garde une sorte de patience des siècles antérieurs, une mémoire minérale, végétale, et d’une ancienne humanité : elle attend le moment – hors peut-être du temps des hommes – de reprendre ses droits.

* Ce texte a été publié dans la revue L’instant du monde n° 2 (septembre 2002), animée par Raymond Alcovère.