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jeudi, 13 avril 2006

Revue de détail n° 2

Cette chronique est parue dans La presse Littéraire n° 3 (février 2006).

 

TSIMTSOUM n° 1

Sa parution aura été annoncée puis retardée pendant plusieurs mois, mais on a enfin pu découvrir avant la fin de l’année 2005 le numéro inaugural de la revue TsimTsoûm. Ce nouveau magazine semestriel succède à feu « Cancer ! », et est dirigé comme le précédent par Laurent James et Bruno Deniel-Laurent (le troisième comparse, Johann Cariou, ayant fait défection au passage). Avec son grand format, sa couverture décalée aux couleurs criardes qui jurent, Tsimtsoûm ne pèche pas par la discrétion. Il a belle et fière allure, et on ne regrettera qu’une mise en pages sommaire et le papier glacé un peu pénible à la lecture.

En guise d’édito, un extrait de Léon Bloy publié dans le pamphlet « Le Pal » en 1885. Au sommaire, un entretien passionnant de Laurent James avec Soheib Bencheikh sur l’Islam, dialogue entre deux croyants ouverts et savants se concluant par ces mots du recteur de la Mosquée de Marseille : « Le conflit entre chrétiens et musulmans peut être dépassé par une cohabitation qui respecte les différences, en attendant le retour de Jésus où nous verrons que nous avons le même Créateur. ». Même si tous les lecteurs ne pourront suivre les conclusions extrêmes de James, son analyse de la situation actuelle est marquée de lucidité.

Jourde nous régale d’une charge féroce et drôle contre Ubu Sollers, ses flagorneurs de la revue Ligne de risque, et ses réseaux désormais bien connus (Le Monde, Savigneau…). Un texte d’Arthur Cravan, écrit en 1914 à l’occasion du Salon des Indépendants, se révèle près d’un siècle après, d’une actualité, d’une vivacité et d’un punch (normal pour un boxeur !) incomparables, jeu de massacre par un homme « qui ne veut pas se civiliser » contre les « sales gueules d’artistes » : « Je m’étonne qu’un escroc d’esprit n’ait pas eu l’idée d’ouvrir une académie de littérature. » ; « Quand on a la chance d’être une brute, il faut savoir le rester. » ; « Dans la rue on ne verra bientôt plus que des artistes et l’on aura toutes les peines du monde à y découvrir un homme. » Costes délire sur Genet, déboulonnant cette idole des années 70, qu’il fallait en ce temps-là, suivant les conseils de Sartre, aimer et lire pour être à la page, car il était « anti-français » par excellence, sans famille, sans patrie, sans morale... bref précurseur des valeurs dominantes aujourd’hui.

On trouvera aussi dans cette livraison une belle réflexion de Sarah Vajda sur l’avortement, un manifeste hilarant pour un monument à la mémoire de François Mitterrand, fausse hagiographie brossant les travers du défunt monarque, des récits et nouvelles, dont un texte de Dominique Zardi « le Juif et le Corse » et un « Guevara dans la brume » devenant « la honte de la jungle » par Laurent Schang…

« Certains ont eu vingt ans dans les Aurès. Moi, j’ai eu vingt ans sous Jack Lang : je me demande sincèrement si ça n’est pas pire. » Laurent James, grand organisateur de ce numéro, ne cache pas son dégoût du gauchisme ambiant, qu’il contrebalance par un mépris de la droite, dans une indépendance d’esprit exemplaire. Diffusé par Internet et dans une centaine de librairies, TsimTsoûm apporte une voix neuve et revigorante dans le paysage éditorial, et s’affirme comme une revue de résistance.

TsimTsoûm n° 1, 49 rue Saint-Aubin, 49100 Angers. 9, 70 €. www.tsimtsoum.com

 

LE JOURNAL DES LOINTAINS n° 2

Deuxième numéro paru de ce semestriel dirigé par Marc Trillard, et qui a élu domicile aux éditions Buchet Chastel. Comme son nom l’indique, cette belle revue n’est ouverte que sur l’ailleurs et nous dépayse à chaque page. Bolivie, Maroc, Luxembourg, Abidjan, Tirana, Calcutta, Shanghaï, l’Inde, le Sri Lanka, le Bengale ou le Baïkal, Kaliningrad ou Charleroi… pages éparses du livre-monde tracées par Patrick Bard, Eric Faye, Christian Garcin, Jacques Jouet, Alain Leygonie, Jean-Pierre Campagne… Chaque texte de cette sorte d’anthologie est suivi d’une brève présentation de son auteur. Tantôt carnet de route, tantôt reportage littéraire, souvenirs entre l’imaginaire et la mémoire, ces textes renouent avec la littérature de voyage : à rebours du journalisme, on y découvre une vraie curiosité, une empathie, un investissement d’écriture. Une revue qui nous déplace et nous transporte.

Le Journal des Lointains, Buchet Chastel, 190 pages, diffusion Seuil, 17 €.

 

POESIE PREMIERE n° 33

C’est aux éditions Editinter, riches de plus d’une centaine de titres, que Robert Dadillon avait fondé la revue Poésie/première ; il a depuis deux ans passé le relais à Emmanuel Hiriart et cette solide et fidèle revue a depuis pris son indépendance par rapport à la maison d’édition originelle. L’aspect et l’esprit ont cependant peu changé : affichant dans ce dernier numéro Gabrielle Althen, Richard Rognet (18 recueils publiés, prix Charles Vildrac, Max Jacob, Apollinaire, SDDL…), Claude Vigée, dans un voisinage de valeurs reconnues et d’auteurs nouveaux à découvrir, la revue fondamentalement axée sur la poésie présente des extraits, des études, des interviews. Sur Gabrielle Althen, Monique Labidoire conclut : « Le poète est tout à tour – ou en même temps – pèlerin et sentinelle d’un « château » ou d’un « royaume » qui serait le lieu d’un absolu, d’une « maison suspendue » où se construirait la demeure de lumière, une demeure faite de la connaissance du monde associée à la connaissance de soi-même et qui abriteraient une présence qu’on peut ne pas nommer. » Seul un coin résiduel de la revue, dont on regrette qu’il soit aussi réduit, s’ouvre au genre différent de la nouvelle, illustré ici par Jean-Paul Schneck. Des « Libres propos » de Laurent Bayart, des notes de lecture attentives, complètent cette belle revue un peu austère mais exigeante.

Poésie/première, Maison Allegera, Lot. Ibai Ondoa, 64220 Ispoure. 112 pages, 10 €. http://poesiepremiere.free.fr

 

mardi, 04 avril 2006

Sur la route de Madison

Effectuant des recherches sur le magnifique film de Clint Eastwood, Sur la route de Madison, tiré du roman de Robert James Waller, The Bridges of Madison County (que je n’ai pas lu, mais tous les critiques s’accordent à reconnaître que le film lui est infiniment supérieur), je me suis retrouvé au gré de l’Internet sur le site du Comté de Madison.

medium_roseman.gifLe pont couvert que l’on voit dans le film est le pont de Roseman, construit en 1883 par Benton Jones, c’est celui que Robert Kincaid cherche pour le photographier lorsqu’il s’arrête devant la ferme de Francesca Johnson pour demander son chemin, c’est aussi celui sur lequel Francesca affiche son mot pour inviter Robert à déjeuner.

Mais dans le roman de Robert James Waller, c’est le pont de Cedar qui figure sur la couverture.

Or, ce pont de Cedar a été détruit par un incendie criminel le 3 septembre 2002, alors que la maison de Francesca – une ferme abandonnée depuis 35 ans et qui avait été entièrement restaurée pour les besoins du film – a elle aussi été incendiée en octobre 2003.

Une récompense de 41 000 $ est offerte à toute personne qui pourrait donner des informations permettant d’arrêter l’incendiaire du pont de Cedar, lequel a été reconstruit à l’identique et inauguré en 2004.

"If you have information regarding this incident, please contact the Madison County Sheriff’s Department at (515) 462-3575. Or you may call the Iowa Arson Hotline toll-free at (800) 532-1459."

medium_xmas_roseman.jpg