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jeudi, 30 mars 2006

La Revue mode d'emploi, 2e édition

Vient de paraître:

medium_revue_mode2.2.jpgLa revue, mode d’emploi, de Jean-Jacques Nuel
Guide à l’usage des auteurs, des créateurs de revues et des attachés de presse
(Comment publier en revue ; comment publier une revue)
Editions de L'Oie plate

Après une première édition de ce guide pratique parue au Calcre en 1999, une nouvelle version revue et augmentée de La Revue mode d’emploi vient de paraître aux éditions de L’Oie plate.

La revue, mode d’emploi est un guide pratique répondant aux préoccupations des auteurs, des créateurs de publications et des attachés de presse. Il rappelle aux auteurs l’intérêt de la publication en revues - traditionnelles ou sur le web - comme préalable à l’édition, et leur donne une méthode pour recenser les périodiques et leur proposer des œuvres ou des articles.
L’intérêt principal du guide est d’aborder de manière exhaustive tous les aspects de la création d’une revue, pour ceux qui veulent se lancer dans cette aventure. Depuis la décision de création, la définition du projet, les formalités légales à respecter, la réalisation page à page, de la maquette jusqu’à l’impression, la diffusion par les canaux classiques ou alternatifs, jusqu’aux aides financières possibles, toutes les étapes sont minutieusement décrites, comme les procédures assorties des adresses utiles.
Cette nouvelle édition tient compte de l’émergence des nouveaux médias que sont les webzines et les revues en ligne.
La revue, mode d’emploi est un guide concret et complet sur le phénomène de la revue, ce refuge de la liberté d’expression, de la création et du débat d’idées.

La Revue mode d’emploi, de Jean-Jacques Nuel, éditions de L’Oie plate (B.P. 17, 94404 Vitry Cedex ; www.loieplate.com), mars 2006, 220 pages, 21 €.

Pour commander, se rendre sur le site de L’Oie plate.

 

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Pour donner une idée de l’ouvrage, sont reproduits ci-dessous l’avertissement et un extrait du sommaire.

Avertissement

Cette deuxième édition de La Revue, mode d’emploi reprend pour l’essentiel le plan et le contenu de la première version parue en 1999. Les enquêtes et recherches ont été effectuées pour mettre à jour toutes les informations d’ordre réglementaire ; les adresses des organismes cités ont été actualisées et complétées par une donnée encore peu répandue en 1999 : les sites web ou parfois, des adresses de courriel.
L’évènement principal survenu depuis lors est bien le développement d’Internet, du nombre de sites et de blogs créés et répertoriés comme du nombre de personnes, de toutes générations, ayant un accès à la toile (en 2005, près d’une personne sur deux). Si la révolution annoncée de l’édition électronique n’a pas véritablement eu lieu, le livre étant resté indétrônable, en revanche, de nombreuses revues « en ligne » se sont créées, offrant de nouveaux espaces aux créateurs, et des revues papier ont compris tout l’intérêt qui s’attache à compléter leur support traditionnel par un site ou un blog, augmentant ainsi leur visibilité.
Cette nouvelle édition, même si elle continue de s’adresser en priorité aux lecteurs et « faiseurs » de revues papier, tient compte de cette nouvelle donne, aussi bien pour l’auteur qui voit se multiplier les lieux d’accueil de ses œuvres de critique ou de création, que pour le créateur de revues, qui a désormais à sa disposition de nouveaux moyens de toucher le public. La Revue mode d’emploi est ainsi augmentée de quelques nouveautés : la création d’un site, d’un webzine, d’un blog ou d’une newsletter, le dépôt numérique par empreinte d’une œuvre, l’impression et l’édition numériques, le référencement auprès du réseau Dilicom, de nombreux sites d’annuaires de la presse, la recherche d’antériorité d’un titre par Internet, comment intégrer un numéro ISSN dans un code-barres…
Longtemps les revues ont été, outre des creusets de création, des supports d’information. Cette dernière fonction est largement assurée désormais par le net, qui par sa réactivité, son immédiateté, son interactivité, sa gratuité, a supplanté la source papier. Un bulletin d’information imprimé coûte en effet du temps, de l’argent pour le tirage et les frais d’expédition, et les infos arrivent souvent après la bataille. Certaines fonctions traditionnelles de la revue sont ainsi largement remises en cause par Internet, et obligent les périodiques à se redéfinir. Il n’est pas sûr qu’un certain type de revue culturelle – que l’on a connue dans les années 70 à 90 - photocopiée, agrafée, à la réalisation médiocre, espace brouillon d’expression et d’information, puisse subsister très longtemps. La revue papier doit désormais résulter d’un choix entre deux supports - l’un virtuel, l’autre très ancien – et d’une réflexion sur son identité, son fond et sa forme ; elle doit, pour se démarquer de l’offre du net, offrir un contenu dense, cohérent, et retrouver sa dimension d’objet.
Enfin les temps deviennent durs pour les revues et magazines, et particulièrement pour les plus modestes. Incontestablement, la tendance est au renforcement du professionnalisme, les revues amateur voyant se réduire leurs opportunités : la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) n’octroie plus que des numéros provisoires (qui permettent de bénéficier de tarifs postaux réduits) et ses conditions d’attribution sont plus sévères ; le contrôle exercé par la Poste sur les revues inscrites à la CPPAP est accru ; les salons comme le Marché de la Poésie sont moins ouverts aux amateurs, car ils sont à la fois plus chers et plus sélectifs. La diffusion en kiosques, très coûteuse, a été fatale à bien des revues associatives. En même temps que s’ouvre l’espace supplémentaire d’Internet, la vie des revues papier devient plus complexe et plus difficile, augmentant une forme de sélection naturelle, et restreignant le champ ouvert à l’expression et à la création.

 

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Extrait du sommaire

1. L’auteur
Comment publier en revues ?

1.1. Connaître et recenser les revues
1.2. Que proposer aux revues ?
1.3. Normes de présentation
1.4. Protection des œuvres
1.4.1. Le dépôt auprès des sociétés d’auteurs
1.4.2. Le dépôt numérique : l’empreinte
1.4.3. Autres moyens
1.5. L’envoi aux revues
1.5.1. Les documents d’accompagnement
1.5.2. Le suivi
1.6. Le compte d’auteur
1.7. La pige
1.8. La publication en ligne, un nouveau support
1.8.1. Minitel
1.8.2. Internet et les revues en ligne
1.8.3. Site personnel, blog ou newsletter
1.9. Une stratégie de publication

2. L’attaché de presse
Comment contacter les revues pour faire la promotion des livres ?

2.1. Le travail de l’attaché de presse
2.2. La sélection des périodiques, revues et magazines
2.3. Contacter les revues
2.4. Suivre et mesurer les retombées

3. Le créateur de revue
Comment réaliser son projet ?

3.1. La décision de création
3.1.1. Une politique éditoriale
3.1.2. Un cadre légal
3.1.3. Constituer une équipe
3.1.4. L’aspect de la revue
3.1.5. Les choix économiques

3.2. Les formalités légales
3.2.1. La déclaration du titre
3.2.2. La protection du titre
3.2.3. Le directeur de publication
3.2.4. ISSN (International standard serial number)
3.2.5. Dépôts légaux
3.2.6. Le copyright
3.2.7. Le code-barres
3.2.8. La Cppap (Commission paritaire des publications et agences de presse)

3.3. La réalisation
3.3.1. Le planning
3.3.2. Le chemin de fer
3.3.3. La mise en pages
3.3.4. La PAO (publication assistée par ordinateur)
3.3.5. La maquette
3.3.6. L’impression

3.4. La diffusion
3.4.1. Le signalement
3.4.2. Le lancement
3.4.3. Le service de presse
3.4.4. Les abonnements
3.4.5. L’expédition
3.4.6. La présence en librairies
3.4.7. Le kiosque
3.4.8. Autres moyens de diffusion

3.5. Les aides aux revues
3.5.1. Le CNL (Centre national du Livre)
3.5.2. Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique)
3.5.3. Les collectivités locales
3.5.4. Le mécénat
3.6. Au service des revues

3.7. La fin de la revue

4. Le droit de la presse

samedi, 25 mars 2006

Revue de détail n° 1

Cette chronique est parue dans La presse Littéraire n° 2.

 

FICTION n° 2

La revue Fiction fut pendant 37 ans l’édition française de la revue littéraire nord-américaine Fantasy & Science-Fiction avant de disparaître du paysage éditorial en 1990. Elle a connu sa renaissance en 2005, grâce à un passionné, André-François Ruaud, fondateur de la maison d’édition Les moutons électriques, qui a décidé de se lancer dans cette aventure.

C’est moins une revue qu’une anthologie périodique (semestrielle) de fantasy et science-fiction. Un format original quasi carré, une mise en pages sobre mais élégante, bref un solide et bel objet de lecture, non thématique, et mêlant les genres. Pour cette deuxième livraison, sous une couverture à rabats couleur kraft illustrée par F’Murr (le dessinateur des BD du « Génie des Alpages » chez Dargaud), la revue propose des nouvelles de Léa Silhol, Paolo Bacigalupi, Carol Emshwiller, Jean-Jacques Régnier, James Sallis, Julien Bouvet, Zoran Zivkovic, Joël Champetier et Elisabeth Vonarburg, Jeffrey Ford, Ian R. MacLeod, David Langford, Lewis Shiner, Brian Stableford. On le voit, quelques écrivains français ou francophones se mêlent aux pointures anglo-saxonnes, au meilleur du choix de la revue nord-américaine, la sélection est donc difficile pour les jeunes auteurs de langue française qui veulent tenter leur chance. Quelques autres surprises venues d’horizons variés (Inde, Japon, Serbie, Danemark…) confirment son ouverture, sa curiosité, sa vocation internationale.

Un portfolio central d’illustrations du cartooniste américain d’humour noir Gahan Wilson, et des dessins ponctuant tout le volume, par des dessinateurs du New Yorker et de Fantsy & SF, des articles, des témoignages, la chronique littéraire de Francis Valéry complètent cette copieuse livraison de 330 pages.

Fiction réussit son pari - donner à lire une littérature populaire de qualité - et vient combler un vide dans le paysage de la SF et du fantastique en France.

Fiction, Les moutons électriques éditeur, 245 rue Paul Bert, 69003 Lyon.19 €. Diffusion Les Belles Lettres.

www.moutons-electriques.com


 

SALMIGONDIS n° 21

Si la revue ne respecte plus sa périodicité trimestrielle originelle, devenant à peu près annuelle, au gré de l’envie, des forces et des finances de l’équipe éditoriale, gagnant en volume et en densité, Salmigondis reste un magazine de référence, d’autant plus que nombre de ses concurrents ou plutôt confrères ont disparu (Nouvelle Donne, Encres Vagabondes) et qu’il reste un des rares espaces ouverts aux jeunes auteurs.

Animée par Gilles Bailly, Emmanuelle et Roland Fuentès, Salmigondis publie tous les genres (sauf le mauvais) : nouvelles, surtout des nouvelles, poésies, bandes dessinées, dessins, chroniques et s’enrichit de dossiers sur un auteur ou une maison d’édition. Avec le souci constant de mêler des voix reconnues (Chateaureynaud, Baroche, Bazot, Butor, Saumont…) et de nouveaux et jeunes auteurs, jouant ainsi un rôle essentiel de découvreur, elle ne fait aucun cas des genres ni des chapelles pour s’attacher uniquement à ce qui lui parait neuf, original, surprenant. Cette revue désormais connue et très sollicitée (les concours de nouvelles et de BD qu’elle organise connaissent un incontestable succès) s’impose dans le paysage littéraire.

Dans ce dernier numéro, Salmigondis confirme son statut de découvreur, en nous donnant à lire - à côté du reconnu Abdelkader Djemaï - des auteurs prometteurs : Isabelle Sojfer, ses histoires brèves et cruelles, et Nicolas Puzenat, qui signe une nouvelle magnifique, d’un absurde consommé, « Grandeur des corpuscules ». Didier Millotte, qui livre de nombreuses illustrations de ce numéro, répond aux questions de Fuentès : « Par un rejet des produits Disney, entre autres, certains produisent de la boue, sans se rendre compte que ce n’est pas mieux d’un poil. Pour vraiment faire de bons livres pour enfants, il faut avant d’avoir le désir de faire des albums, aimer les enfants. » Ce même jeune dessinateur, qui ne lit « pratiquement plus que la Bible », « le texte le plus fascinant et le plus enthousiasmant de l’humanité », nous sert quelques déclarations réjouissantes et roboratives, à contre-courant.

Salmigondis, qui a le souci de sa diffusion, participe à de nombreux salons du livre et étend chaque mois le réseau de libraires qui la distribuent sur toute la France, dont une vingtaine à Paris.

Salmigondis, 452 route d’Attignat, 01310 Polliat. 110 pages. 10 €.

www.salmigondis.com



SUPERIEUR INCONNU n° 2

Sous-titrée « Arts – Littérature – Critique », cette revue semestrielle est la nouvelle formule (après 3 ans d’interruption) d’un titre déjà ancien, fondé et toujours dirigé par Sarane Alexandrian. Marc Kober est le rédacteur en chef de cette nouvelle série, plus luxueuse et plus élaborée, car, dit-il : « sa beauté correspond à une exigence éthique de première importance ». De fait, cette belle revue annonce la couleur (verte), l’esprit et le contenu dès la couverture, illustrée de quatre cartes, figures du jeu complet que dessinèrent en 1940 les surréalistes à Marseille et qui fut édité par André Dimanche. Ces cartes illustrant les notions de rêve, amour, connaissance, révolution (et les personnages de Freud, Hegel, Sade, la Religieuse portugaise), dessinées par Oscar Dominguez, André Masson, Victor Bruner, Jacques Herold tiennent lieu de manifeste et annoncent les différentes parties de la revue. Participent à cette livraison Marie-Laure Missir qui évoque Jean Benoit, Hervé Delabarre, Tristan Ranx, Monique Ayoun et bien d’autres signatures.

Supérieur Inconnu prétend n’être pas une revue surréaliste de plus, mais une revue qui retient le meilleur de l’aventure surréaliste pour le rejouer au présent. Car nous aurions « besoin plus que jamais des grands secours du rêve et de la passion pour que le progrès de la connaissance soit utile au bonheur du genre humain. » La revue, abondamment illustrée, est une réussite éditoriale, le projet séduisant, mais le surréalisme est-il encore d’actualité ? Vaste débat qui remplirait un numéro entier de La presse Littéraire et que nous n’aurons pas la prétention de traiter ici.

Supérieur Inconnu, 9 rue Jean Moréas 75017 Paris. 104 pages. 14 €.



jeudi, 16 mars 2006

Tous au Salon !

J’espère avoir l’occasion de rencontrer quelques blogueurs impénitents et néanmoins amis lors de ma visite du Salon du livre de Paris. Je serai présent le samedi 18 mars de 15 à 19 heures et le dimanche 19 toute la journée. De temps à autre, j’irai faire un tour sur le stand de L’Oie plate (N 64), nouvelle maison d’édition qui publie la deuxième version revue et augmentée de mon guide pratique « La revue, mode d’emploi ».

vendredi, 10 mars 2006

Charles Fontaine (1514 - après 1588)

 

Je remets en ligne ce billet paru le 14 mai 2005, m’étant aperçu, grâce à ce site érudit, que la version retenue du beau poème de Charles Fontaine était fautive. Il convient de préciser qu’à l’époque à laquelle j’avais conçu mon anthologie de poètes lyonnais, voici bien plus de vingt ans, Internet n’existait pas ni Gallica qui donne l’accès à de très anciens textes numérisés, jadis quasi introuvables. Je crois me rappeler avoir déniché ce poème dans une anthologie de poésie composée par André Gide.

Je rétablis donc le poème dans sa version originelle, comme dans son intégrité de 7 strophes.

*

Né à Paris le 13 juillet 1514, Charles Fontaine s’attacha à Renée de France (fille cadette de Louis XII et d'Anne de Bretagne) et séjourna quelques années auprès d’elle à Ferrare. Il regagna ensuite la France pour se fixer à Lyon où il passa la plus grande partie de sa vie.



Chant sur la naissance de Jean, second fils de l'auteur

 

Mon petit fils qui n’as encor rien vu,

A ce matin ton père te salue :

Viens t’en, viens voir ce monde bien pourvu

D’honneurs et biens, qui sont de grand value :

Viens voir la paix en France descendue :

Viens voir François, notre Roi, et le tien,

Qui a la France ornée, et défendue :

Viens voir le monde où y a tant de bien.


Viens voir le monde, où y a tant de maux,

Viens voir ton père en procès, et en peine :

Viens voir ta mère en douleurs, et travaux,

Plus grands que quand elle était de toi pleine :

Viens voir ta mère, à qui n’as laissé veine

En bon repos : viens voir ton père aussi,

Qui a passé sa jeunesse soudaine,

Et à trente ans est en peine et souci.


Jean, petit Jean, viens voir ce tant beau monde,

Ce ciel d’azur, ces étoiles luisantes,

Ce Soleil d’or, cette grand terre ronde,

Cette ample mer, ces rivières bruyantes,

Ce bel air vague, et ces nues courantes,

Ces beaux oiseaux qui chantent à plaisir,

Ces poissons frais, et ces bêtes paissantes :

Viens voir le tout à souhait, et désir.


Viens voir le tout sans désir, et souhait,

Viens voir le monde en divers troublements,

Viens voir le ciel, qui jà la terre hait,

Viens voir combat entre les éléments,

Viens voir l’air plein de rudes soufflements,

De dure grêle et d’horribles tonnerres :

Viens voir la terre en peine et tremblements :

Viens voir la mer noyant villes, et terres.


Enfant petit, petit et bel enfant,

Mâle bien fait, chef-d’œuvre de ton père,

Enfant petit en beauté triomphant,

La grand liesse, et joye de ta mère,

Le ris, l’ébat de ma jeune commère,

Et de ton père aussi certainement

Le grand espoir, et l’attente prospère,

Tu sois venu au monde heureusement.


Petit enfant peux-tu le bienvenu

Etre sur terre, où tu n’apportes rien ?

Mais où tu viens comme un petit ver nu ?

Tu n’as ni drap, ni linge qu soit tien,

Or, ni argent, n’aucun bien terrien :

A père et mère apportes seulement

Peine et souci : et voilà tout ton bien.

Petit enfant tu viens bien pauvrement.


De ton honneur ne veuil plus être chiche,

Petit enfant de grand bien jouissant,

Tu viens au monde aussi grand, aussi riche

Comme le Roi, et aussi florissant.

Ton Trésorier c’est le Dieu tout puissant,

Grâce divine est ta mère nourrice :

Ton héritage est le ciel splendissant :

Tes serviteurs sont les Anges sans vice.


in S'ensuivent les ruisseaux de Fontaine, Lyon, chez Thibauld Payan, 1555

samedi, 04 mars 2006

Comment j'ai écrit Le nom

medium_lfar41.jpgLe numéro 41 de La faute à Rousseau, revue de l’APA (Association pour l’autobiographie), vient de sortir. Pour cette livraison, dont le thème est « le nom », Philippe Lejeune, spécialiste de l’autobiographie (Le Journal intime, histoire et anthologie est son dernier livre publié aux éditions Textuel) et vice-président de l’APA, m’a demandé un texte relatif à l’écriture et à la conception de mon roman Le nom. Tout le dossier de la revue illustre la complexité des rapports entre un être et son patronyme.

 

*

Comment j’ai écrit Le nom

Si Le nom (publié en 2005 aux éditions A contrario) est un court roman, donc une fiction, dont l’action se déroule en sept jours comme la création du monde avant un épilogue renversant, il rejoint bien des aspects de la recherche autobiographique par la mise en scène d’un narrateur – d’une grande proximité avec l’auteur – qui tourne avec vertige autour de son nom propre, autour de son moi réduit à son nom : un être qui se confond avec ses lettres.

Le nom, c’est d’abord un livre sur le livre, le roman d’un homme qui écrit un roman. Jusque-là, le thème peut apparaître peu novateur, il a été usé par des centaines ou des milliers d’écrivains. L’originalité, c’est la matière ou le matériau de l’œuvre : un seul nom, ou un seul mot, qui est le nom de l’auteur (jamais « prononcé » ou écrit explicitement dans le livre mais décrit de manière à ce qu’on le reconnaisse : rappel des caractéristiques phonétiques des quatre lettres utilisées, de leur place exacte sur un clavier « azerty » d’ordinateur) rétrogradé au statut de nom commun, élément brique de l’œuvre à venir.

En général, je reste longtemps sur un projet littéraire, roman ou recueil de nouvelles, parfois plusieurs années. Or, dans le cas du Nom, la conception et la rédaction ne m’ont guère pris plus de trois mois, certes d’une intensité inhabituelle. Ce projet a été véritablement dicté, il s’est imposé.

Il est né je crois à la fois de mon désir d’être reconnu (comme écrivain) et de mon échec littéraire. Or, être reconnu, c’est être connu, c’est donc la promotion de son nom propre. L’idée était la suivante : puisque l’on écrit des milliers de choses originales, dans la souffrance (l’écrivain accouche de son œuvre dans la douleur) pour devenir un homme célèbre, donc un homme dont la plupart des gens ne connaissent que le nom, pourquoi ne pas faire du nom le sujet même de l’œuvre ?

Au-delà de cette idée exploitée jusqu’à l’absurde, devenue trame romanesque jusqu’au retournement final qui est un retour à la réalité, je me suis rendu compte ensuite que cette œuvre était un hommage à mon père, qui m’a transmis le nom.

D’une certaine façon, faire œuvre autobiographique, c’est - dans l’espoir en général illusoire de le faire durer – parler d’un moi qui, s’il n’avait pas de nom, se dissoudrait dans la masse anonyme et n’existerait plus. L’autobiographie est bien, derrière l’anecdote de l’existence (souvent très commune, banale), l’affirmation et le développement du nom propre. Ce nom d’ailleurs ne nous est pas propre, il est celui d’une famille, d’une lignée (gros d’une histoire sédimentée, il redevient nom commun, celui d’une communauté), il a été essaimé au cours des siècles et des migrations en une multitude de foyers, dispersé et répandu. Mille fois mort, mille fois repris et continué, perpétué. L’alliance du nom et du prénom nous caractérise déjà mieux, réduisant le champ des porteurs du patronyme. Encore cela ne nous préserve pas des homonymes exacts ; rien n’empêche un Rousseau actuel d’appeler son fils Jean-Jacques.

Derrière l’ironie du propos, l’absurde de la situation, l’aspect autobiographique est très présent. Non seulement par le portrait de cet aspirant écrivain maniaque et plein de rites, dans un décor lyonnais qui est le mien, par des évocations de scènes de ma vie passée (la scène finale dans le cimetière est très réaliste), mais aussi par la relation de l’échec littéraire. Un échec aux dimensions extérieure (le héros du livre ne reçoit que des lettres de refus des éditeurs, des circulaires anonymes de surcroît) et intérieure : il n’a pas vraiment d’inspiration et passe plus de temps à rêver de sa gloire forcément future qu’à travailler sur son œuvre, il est plus obsédé par la réussite de sa carrière que par la réussite de son œuvre ; or, peut-on faire carrière sans le support et le moyen d’une œuvre ?

J’ai absolument conscience que ces idées ne peuvent être que celles d’un homme (au sens de masculin) et que cette œuvre n’aurait pu être écrite par une femme, car la continuité, la permanence du nom sont le privilège de l’homme, en une société fondée sur l’usage du patronyme. A partir de son nom de famille (ou selon l’expression consacrée, de jeune fille !), une femme aurait écrit une toute autre histoire, non que ce thème revête pour elle moins d’importance, mais elle le vit très différemment, pouvant changer au gré des alliances et des divorces plusieurs fois de nom dans sa vie. Je conçois également que l’usage du patronyme puisse être considéré comme le signe de la domination masculine à travers les siècles et qu’il soit aujourd’hui remis en cause. Pour autant, la récente loi sur le nom de famille, qui permet désormais aux couples de choisir librement le nom de la femme ou de l’homme pour la transmission aux enfants, méconnaît la dimension symbolique du nom dans la filiation, car si la femme porte l’enfant dans son corps établissant ainsi la plus absolue et irréfutable des origines, l’homme n’a d’autre ressource que de reconnaître l’enfant par le don du nom ; à cet égard, la nouvelle loi est moins le signe d’une égalité conquise des droits entre l’homme et la femme qu’un signe du processus continu d’affaiblissement de la place et du rôle du père dans la société – mais ceci mériterait d’autres développements et nous éloigne de notre sujet.

Bien évidemment, plongé dans le processus de création, aucune de ces idées ne m’a effleuré (et fort heureusement ne m’a freiné) ; on écrit dans une certaine opacité, dans une démarche non intellectuelle, à partir d’un certain point aveugle naît un texte dont la cohérence n’apparaît qu’après coup, celui-ci refroidi et distancé. Jusqu’à la dernière ligne, j’ai tenté de mener à terme une histoire absurde.