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dimanche, 09 septembre 2007

Revue de détail n° 9

(Ces chroniques sont parues dans La Presse Littéraire n° 10) 

 

e42aa35a344ec5b037d9e6ee13cedb53.jpgCARBONE n° 1 et n° 2

Les éditions Le Mort-Qui-Trompe, parallèlement à leurs ouvrages, publient Carbone, une revue pluridisciplinaire au petit format poche, agréablement mise en pages, et dirigée par Axelle Felgine. Carbone se définit comme une « revue d’histoire potentielle, pour animer le souffle des futurs possibles, pour sonder le réel à la lumière de ses récits ». Espace de réflexion et de création, elle réunit trois fois par an des artistes, des écrivains et des penseurs de tous horizons pour offrir un regard original sur de grandes problématiques contemporaines. Chaque numéro s’ouvre sur un entretien, puis rassemble récits et textes critiques sur un même thème, créant des passerelles entre les genres.

Le numéro 1, consacré au thème de l’Esclave, démarre très fort par une rencontre avec Juan Asensio, le créateur du site « Stalker, Dissection du cadavre de la littérature », que Laurent Schang présente ainsi : « Grand contempteur du cirque médiatico-littéraire devant l’Eternel, Juan étrille ou encense, vitupère ou porte aux nues, éreinte ou étreint. Au risque, assumé, de verser parfois dans l’outrance verbale, lorsque par exemple il s’en prend à la personne plutôt qu’à l’écrivain. Les livres sont sa religion et sa foi a l’ardeur des fanatiques. » Le tenancier de « Stalker» (http://stalker.hautetfort.com), site devenant au fil du temps une impressionnante base de connaissances et de critiques alimentée par Asensio et ses invités, nous entretient, avec sa passion érudite et éclairée, de ses auteurs de prédilection : Bernanos, Bloy, Gadenne, Conrad, Faulkner, Broch, Sabato… et redonne ses lettres de noblesse à la fonction critique : « Un critique est d’abord un filtre, c’est là son office, complétant la mission de vigie que Sainte-Beuve lui avait assignée. »

Le numéro 2 s’organise autour du thème de la fin (fin du monde, fin de civilisation, fin de vie, fin de partie, fin de l’histoire…) et s’ouvre par un entretien avec Jean-Pierre Andrevon, figure phare de la littérature de science-fiction française, mais aussi peintre, dessinateur et compositeur : « Peu importe que l’homme disparaisse, tant que la Terre demeure ». L’auteur de « Le Monde enfin » parle des espèces qui ont disparu, bientôt, sur cette fâcheuse lancée, d’autres disparaîtront. « Pourquoi pas l’Homme ? Nous sommes des animaux comme les autres, accrochés à la branche ultime. Elle est fragile, du fait même de notre propre poids. »

Lucien Suel, Jean-Claude Tardif, Marc Alpozzo, Hélèna de Angelis, entre autres participants, apportent leur concours à cette entreprise prometteuse.

 

Carbone, 1 chemin de la Pelouse, 54136 Bouxières-aux-Dames. 128 pages, 8 €. www.le-mort-qui-trompe.fr

 

 

LE CANARD EN PLASTIC n° 2

Semestrielle, cette « petite revue de littératures et d’images » a belle allure, sous sa couverture pimpante colorée ocre et bleu, et son logo rigolo de canard. Elle s’ouvre en fanfare par l’édito d’Edith (référence involontaire à feue la revue Casse dont l’intro était signée Edith O. ?) Elle met en scène des auteurs reconnus et publiés chez de grands éditeurs (Pierre Autin-Grenier, Jacques Gélat, Georges Picard) et de jeunes auteurs en devenir, « plus verts, ayant peu ou n’ayant jamais rien publié » (Allain Robert, Jean-Michel Binsse, Gustave Shadek, Thomas Leclere). Entre chacune de leurs contributions, on retrouve les élégants dessins de rues de Rozenn Brécard, ce qui donne une unité à l’ensemble. « Rozenn Brécard n’est pas née à Paris en 1972. Elle n’est ni tout à fait gauchère, ni tout à fait droitière. Elle n’est pas non plus tout à fait ambidextre et s’est mise à dessiner pour des raisons pratiques indépendantes de sa volonté. » Toutes les petites notices bio-biblio sont du même tonneau, privilégiant l’humour et le recul. Une revue qui ne se prend pas au sérieux, mais dont le projet éminemment sérieux, solide et à suivre, est ainsi défini sur son site internet : « Sans vouloir faire chapelle : une littérature généreuse et cultivant volontiers le décalage, une littérature un peu drôle, un peu noire, un peu bizarre, paradoxale ou fantastique. »

 

Le canard en plastic, 91 rue de la Fraternité, 93100 Montreuil-sous-Bois. 128 pages, 12 €. www.lecanardenplastic.net

 

 

LE GROGNARD n° 1

Cette nouvelle revue trimestrielle, publiée en partenariat avec le site Georges Palante et Le Grenier des Insoumis, illustre la crise que traverse actuellement la revue papier, que le web concurrence et fragilise sans la remplacer vraiment. Le Grognard (Littérature, Idées, Philosophie, Critique et Débats) est une revue disponible uniquement sur internet, mais sa présentation se veut « à l’ancienne ». Stéphane Beau, instigateur du projet, précise que son optique esthétique louche résolument vers les revues des années 1900 : Le Mercure de France, La Revue Blanche, La Plume, ainsi que vers les revues anarchistes et individualistes qu’ont été L’En Dehors, L’Unique, L’Ordre Naturel, La Mêlée… Dernier né de cette famille, Le Grognard s’adresse aux nostalgiques de ces volumes anciens que l’on coupe au couteau avant de les lire, aux amateurs de culs-de-lampes, de fleurons et de lettres ornées, et à tous les amoureux des vieux papiers, « des pages jaunies et cassantes que l’on manie avec délicatesse et tendresse. Bref, à tous ceux qui, bien que fermement convaincus des merveilleuses opportunités offertes par l’univers internet, continuent à vouer aux livres et au support papier une adulation sans réserves ». La déclaration est séduisante, comme l’aspect sur écran (où le texte s’encadre entre lettrines et vieilles illustrations), mais quand on imprime la revue pour avoir la « version papier », on se retrouve tout bêtement avec sa pile de feuilles de papier blanc A4 80 grammes, bien loin du support ancien, de la typographie sur papier bouffant, du format original, et de tous les charmes de l’objet revue. C’est la contradiction d’un tel projet.

Le contenu est intéressant, mêlant textes actuels (Christine Lartigue, Vincent Dubuc, Thierry Guérin, Olivier Brochiera) et textes oubliés, ainsi un article de Frantz Jourdain paru en 1901 dans La Plume. Ygor Yanka publie dans cette livraison un extrait de son roman inédit Eros cui-cui.

 

Le Grognard, Gratuit, 32 pages. http://perso.orange.fr/legrognard

 

Commentaires

Aujourd'hui Le Grognard n'est que partiellement consultable en ligne car existe en vrai papier...

Écrit par : Pascale | lundi, 10 septembre 2007

C'est vrai maintenant, mais à l'époque où j'avais rédigé cette chronique, Le Grognard n'existait qu'en ligne, et il y avait une vraie contradiction.

Écrit par : Nuel | lundi, 10 septembre 2007

Oui, et peut-être est-ce une des raisons qui a poussé Stéphane à changer. J'avais bien compris JJ, mais ma précision permet une mise au point heureuse, je trouve. Ceci dit, je n'ai jamais eu en main la version papier :-)!

Écrit par : Pascale | lundi, 10 septembre 2007

Les commentaires sont fermés.