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samedi, 01 décembre 2007

A propos des services de presse

A la dernière page du catalogue 1987 des éditions Gérard Lebovici (Lebovici et Champ Libre furent les éditeurs, outre des principaux écrits du situationnisme, d’auteurs anciens comme Clausewitz et Gracian), figure une déclaration des éditions Champ Libre datée de mars 1979, définitive, lucide et toujours actuelle, dont je reproduis cet extrait :

« Les auteurs publiés par les éditions Champ Libre s’étonnent de constater que, parfois, un journaliste prétend encore « rendre compte » d’un de leurs livres ; ou même, ce qui est pire, ose lui décerner une sorte d’approbation arbitraire, comme pour afficher là un air glorieux de familiarité, qui pourtant n’aura pu être simulé que par la médiation d’une pseudo-lecture. Les auteurs actuels des éditions Champ Libre, bien évidemment, regardent les « travailleurs intellectuels » de la presse d’aujourd’hui, sans aucune exception, comme étant notoirement dépourvus de l’intelligence et de la présomption de véracité qui seraient requises pour donner un avis sur leurs écrits. Les professionnels de la falsification et de la jobardise semblent oublier qu’ils se sont, par leur fonction, privés du droit de faire, même sur un seul détail, l’éloge de quelque chose de vrai. De telles illusions devront cesser ; et donc ces gens-là devront se taire.
Les éditions Champ Libre déclarent qu’elles ne peuvent être tenues à aucun degré pour responsables de ces pratiques, dans les cas où il faut en déplorer la persistance. En effet, les éditions Champ Libre ont cessé d’adresser des « services de presse » à quelque journal ou journaliste que ce soit : considérant que cette tradition de l’information objective n’avait plus de raison d’être maintenue, survivant à toute signification, dans un temps où il n’existe même plus l’apparence d’une presse libre ; c’est-à-dire qui s’abstiendrait de se soumettre à une seule des impostures dominantes. »

 

Commentaires

Et aujourd'hui, qu'en est-il ? Est-ce toujours suivi ?

Je trouve la démarche audacieuse, elle ne manque pas d'intelligence mais elle manque de légèreté. Inverser la tendance aurait du bon s'il n'y avait cette arrogance à vouloir prendre la place de l'autre, à savoir se présenter comme le parangon des vertus ; ça laisse un mauvais goût sur la langue...

Écrit par : Pascale | lundi, 03 décembre 2007

Ces éditions n'existent plus. Cette déclaration est à relier à un mouvement historique : le situationnisme ; on reconnait d'ailleurs les idées et le style - classique et somptueux - de Guy Debord.
Ce qui est intéressant, au-delà de la rhétorique peut-être un peu datée, c'est la dénonciation des journalistes, en droite ligne de Karl Kraus, et toujours actuelle.

Écrit par : Nuel | lundi, 03 décembre 2007

Toujours actuelle, oui, de plus en plus, même. Existait un temps, pas si lointain, où les SP n'existaient pas et les critiques (forcément subjectives comme le dit le texte et je ne vois pas comment elles pourraient ne pas l'être) s'appliquaient à écrire...

Écrit par : Pascale | lundi, 03 décembre 2007

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