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samedi, 31 décembre 2011

Vies et morts de Nouvelle Donne

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Christian Congiu est mort le 27 décembre dernier. Je remets en ligne cet entretien qu'il m'avait accordé en 2003. Il a mené une action riche et inlassable en faveur du genre de la nouvelle.


Le magazine Nouvelle Donne s’est arrêté avec le numéro 34 (début 2004). Il était le principal organe, avec Brèves, de diffusion de la nouvelle en France. Je mets en ligne, pour l’intérêt qu’ils présentent dans une histoire des revues, cet article et cet entretien avec Christian Congiu, parus dans Salmigondis n° 20 (2003).

 

  

Christian Congiu, l’âme de Nouvelle Donne

 

Né à Agadir, au Maroc, en 1954, Christian Congiu, que vous croiserez dans divers salons du livre, professeur dans un lycée de la région parisienne, animateur d’ateliers d’écriture, producteur d’émissions de radio, écrivain, est aussi et d’abord directeur de publication et rédacteur en chef du magazine Nouvelle Donne.

 

Ce magazine tiré à plus de 5 000 exemplaires et bien diffusé en kiosques représente le dernier avatar du projet tenace de Congiu de créer et piloter un vrai support de diffusion de la nouvelle. Car en 1990, à part Brèves, il n’y avait rien, et les quelques tentatives ambitieuses de magazines grand public (qui se souvient de Nouvelles nouvelles ?) ont toutes été des échecs. Congiu rejoint d’abord David Nahmias et sa petite revue, L’Entaille. De leur collaboration naît L’Entaille Nouvelles, dont le nombre d’abonnés chute à 75 (preuve, selon Congiu, que le lectorat était constitué d’auteurs qui cherchaient davantage une adresse pour être publiés qu’une revue à lire), puis une formule originale, Taille Réelle, journal mensuel à 10 francs, tiré à 15 000 exemplaires et distribué par les NMPP. L’enjeu était de toucher un large public, de sortir du ghetto des petites revues qui tournent en rond. Mais la formule se révéla déficitaire, et ne connut que 7 numéros. Congiu ne s’est pas découragé et est reparti en 1993 avec Nouvelle Donne, un magazine trimestriel. « ND, cela signifie à la fois la redistribution des cartes, le pari risqué et le geste d’offrir. » Il réunit une équipe motivée autour de lui. Un comité de lecture indépendant de la direction de publication et d’au moins 6 personnes lit et sélectionne les textes : c’est long mais démocratique et efficace.

 

Nouvelle Donne évite la dérive intellectuelle de la théorie (« La France est ravagée par cette tendance au discours critique »), et veut présenter tout le spectre de la nouvelle, et surtout, donner à lire, des auteurs reconnus mais aussi des inconnus, révéler de nouveaux auteurs.

 

Toujours en mouvement, jamais satisfait, Christian Congiu vient encore de modifier la formule : un magazine bimestriel, plus léger, une maquette aérée, avec des rubriques bien identifiées. Il espère atteindre les 10 000 exemplaires. Une activité éditoriale se greffe au magazine : Nouvelle Donne a ouvert chez Nestiveqnen une collection d’anthologies (Les chevaliers sans nom, Les Nouvelles nuits, Le dernier livre), et publié récemment deux recueils d’auteurs.

 

Incontestablement, la nouvelle se porte mieux en France depuis quelques années (même si l’on aimerait qu’elle soit encore plus présente), et Nouvelle Donne y est pour quelque chose. Les recueils de nouvelles, y compris d’auteurs peu connus, sont plus nombreux chez les grands éditeurs. Des éditeurs de livres à 2 ou 3 euros (Mille et une nuits, Librio…) n’hésitent pas à s’aventurer dans ce genre.

 

Il est facile de fonder une revue de plus, l’annuaire Arlit du Calcre en répertorie plus de 1 000. Mais à quoi bon s’autoéditer en groupe, ronronner dans son coin ? L’immense mérite de Congiu et de son équipe est de tout faire pour la diffusion. Plutôt que de geindre sur l’état du genre, se battre pour le rendre populaire. Ce militant éclairé de la littérature, qui se définit comme un initiateur et un défricheur, fait avancer les choses.

 

Toutes ces activités ne l’empêchent pas de mener une œuvre littéraire diversifiée : il a publié notamment un polar Le Poulpe, La Nantes religieuse, et plusieurs recueils chez Editinter, dont le dernier Pour l’amour dollar.

 

JJN

 

 *


   

Questions à Christian Congiu

 

 

medium_34.jpgPenses-tu que les revues littéraires qui publient des nouvelles se soucient suffisamment de leur diffusion ?

 

L’Entaille était une revue. Puis, Taille Réelle Mensuel a été un journal tabloïd. Enfin, Nouvelle donne est devenu LE magazine de la nouvelle. Je pense que, pour ce qui est du souci de diffusion, chacun a son histoire et la nôtre est inscrite dans l’idée que la nouvelle doit être publiée face au plus grand nombre..

 

 

Un auteur de nouvelles peut-il vivre de sa plume (ou de son ordinateur) ?

 

Oui, sans aucun doute. Mais ce n’est pas souhaitable car ce serait aller au-devant de ce qu’attend le public ou de ce que les rédacteurs-chefs des magazines qui paient pensent que le public attend, c’est à dire faire du « Loft Story » littéraire et non être créatif. Mais oui, on peut vendre son talent, tous azimuts, cela dure ce que cela dure (deux ans en général). Qu’on se souvienne de « L’Homme à la cervelle d’or » (Alphonse Daudet). Et puis, cela dépend de ce que l’on appelle « vivre ».

 

 

Quel dosage effectue le magazine entre auteurs reconnus, peu connus, voire inconnus ?

 

Nous avons une rubrique « Bonne Pioche » qui met en avant un auteur reconnu (Amélie Nothomb, Bernard Werber, Arnaud Cathrine…). Si cet auteur veut nous accorder une nouvelle, elle est la bienvenue. De même, dans les différentes rubriques, les personnes interrogées peuvent nous offrir une nouvelle. C’est surtout le cas de la rubrique « L’Un l’Autre » où un auteur reconnu présente un auteur en voie de reconnaissance. Là, nous demandons au second d’apporter un texte pour compléter la présentation qui est faite de lui, ou d’elle. Sinon, tout le reste est consacré par notre comité de lecture aux nouvelles qui nous sont parvenues par la poste. C’est aussi une question de longueur des nouvelles que nous recevons et que nous élisons…

 

 

Est-il important de donner à lire de nouveaux auteurs ?

 

Bien sûr. À condition qu’ils soient nouveaux dans le sens « créatifs » et pas seulement qu’ils arrivent parce qu’ils débutent.

 

 

Quel est à ton sens le seuil de ventes à partir duquel le magazine Nouvelle Donne ne reposerait plus sur le bénévolat, mais pourrait rétribuer les auteurs et les membres de l'équipe ? Souhaites-tu cette rémunération et cette professionnalisation ?

 

Oui, je souhaite cette rémunération, de toute la vigueur qui me reste. Nous avons pas mal progressé depuis trois ans. Il nous reste cette étape à franchir : professionnaliser le comité de rédaction et payer les nouvelles ou les enquêtes importantes. C’est important car cela signifierait que la nouvelle est devenue adulte et que, même symbolique, la rémunération est une marque de respect et non un coup de main que les grands prêtent aux petits ou que des bénévoles accordent à des inconnus. C’est sortir la nouvelle et la création de son statut de SOS-assistance littérature.

 

Répondre à la question du nombre d’exemplaires vendu est plutôt du ressort du trésorier, François Ryon, à qui je rends hommage ici car, sans lui et sans l’équipe forte et fidèle (Fabrice Bourland, Isabelle Chemin, Muriel Mahler, Brigitte Niquet, Myriam Chauvy, Leo Lamarche, Sophie Germain, Ronan Gohlen essentiellement), nous ne pourrions pas penser à l’avenir de Nouvelle donne.

 

Ce que je peux dire surtout c’est qu’il s’agit davantage d’un équilibre entre ce qui est produit et ce qui est vendu. Si nous vendions 30% de ce qui est distribué et que nous ayons trois publicités dans nos pages, nous pourrions envisager les choses autrement. Ce n’est pas encore le cas.

 
 

Penses-tu développer l'activité éditoriale, parallèle au magazine (poursuivre des collaborations, des collections comme celle avec Nestiveqnen) ?

 

C’est une évidence. Il est logique que, outre l’exposition, les conférences et les ateliers d’écriture que nous menons pour promouvoir la nouvelle, nous ayons notre émission-radio et notre pôle éditorial. Nous faisons une pause de réflexion avec Nestiveqnen et envisageons une surface plus grande pour nos anthologies et nos collectifs, voire « nos » auteurs (j’entends : ceux que nous avons découverts et encouragés). N’oublions pas non plus que nous sommes à la veille de la création d’un Festival de la nouvelle, dont Nouvelle Donne serait le maître d’œuvre…

 

 

Le dernier numéro fait appel à une « locomotive », peu connue pour être nouvelliste (Amélie Nothomb n'a pratiquement écrit que des romans). Sa présence est-elle autre chose qu'un argument publicitaire ?

 

Ce qui nous intéresse, avec cette nouvelle mouture de Nouvelle Donne est l’écriture ardente, brève, incisive. Qu’on l’appelle « nouvelle », « novela » ou « petit roman », ce sont des termes qui classifient, parfois faussement, qui sont des tiroirs qui parfois embarrassent les éditeurs.

 

Ce qui est sûr, c’est que Amélie Nothomb écrit bref et incisif. J’ai rencontré cette dame et j’ai été impressionné par elle. Loin des clichés, elle est une vraie personnalité « littéraire », romanesque. « Folle », de cette folie littéraire qu’on admirerait si elle était morte et que l’on rejette parce qu’elle a porté des chapeaux à la télé. Elle n’est pas calculatrice et elle a une réelle générosité de soi. Ce n’est pas comme d’autres qui ont fait scandale volontairement et se sont retirés la queue entre les jambes en prétendant qu’ils avaient été « saouls » au moment de l’entretien. Elle ne cherche pas le scandale, elle est. Quant à son écriture, elle est simple, simplissime, parfois même elle devrait être retravaillée. Mais elle a une vibration, une épaisseur, de l’authenticité et du besoin d’écrire. Pas comme certains auteurs qui ont eu aussi du succès mais avec des textes insipides, des textes à la mode… Quant Amélie dit qu’elle doit écrire, je la crois. Quant elle dit que lorsque cela ne marchera plus au niveau médiatique, elle continuera à écrire, je la crois. Voilà.

 

Sinon, que dire ? Son succès n’a pas été indifférent non plus : nous avons voulu montrer que la nouvelle, les nouvellistes n’étaient pas un ghetto et que nous pouvions parler à d’autres gens.

 

Contrairement à ce que tu sembles penser, je ne suis pas du tout gêné par cette question : nous avons fait un choix de visibilité et je suis très content d’avoir travaillé avec Amélie Nothomb. Pour des raisons médiatiques aussi, mais pas seulement.

  
 

(propos recueillis par Jean-Jacques Nuel)

  

Voir le site du magazine www.nouvelle-donne.net

lundi, 03 août 2009

Jean-Pierre Brisset (1837-1919)

LA SALOPERIE


Voici les salauds pris ; ils sont dans la sale eau pris, dans la salle aux pris, dans la salle aux prix. Les pris étaient les prisonniers que l'on devait égorger. En attendant le jour des pris qui était aussi celui des prix, on les enfermait dans une salle, une eau sale, où on leur jetait des saloperies. Là, on les insultait, on les appelait salauds. Le pris avait du prix. On le dévorait et, pour tendre un piège, on offrait du pris et du prix : c'est du prix. - C'est duperie, répondait le sage. N'accepte pas de prix, ô homme, c'est duperie.

in La science de Dieu

D'autres textes de ce "fou littéraire" sont à lire sur le blog de la revue Casse.

samedi, 06 décembre 2008

Lapin chevauchant un chien tenant au poing un escargot

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Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris, ms. 143 , fol. 165 (© Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris)

samedi, 22 novembre 2008

Le magazine des Livres n° 13

mdl13.jpgLe magazine des Livres n° 13 (décembre 2008 - janvier 2009) vient de paraître.

Ma chronique "Revue de détail" consacrée aux revues littéraires, que je publiais dans le trimestriel La Presse Littéraire (qui cesse sa parution), est désormais insérée dans Le magazine des Livres, à la fin du Cahier des livres.

www.magazinedeslivres.com

 

jeudi, 20 novembre 2008

Revue de détail n° 14

(Ces chroniques sont parues dans La Presse Littéraire n° 16.)

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LES MOMENTS LITTERAIRES n° 20

momentslitteraires20.jpgPour son numéro 20 et son dixième anniversaire,  la belle revue de Gilbert Moreau consacrée à l’écriture de l’intime s’offre des habits de fête : la couverture en rouge, noir et blanc est signée du grand couturier Christian Lacroix. (Notons qu’il aurait pu réaliser, pour opérer un rapprochement complet entre le vêtement et le livre, une « jaquette » !).  Au sommaire, des écrivains de l’intime dont la plupart ont déjà eu les honneurs de la revue ( Annie Ernaux, Serge Doubrovsky, Charles Juliet, Gabriel Matzneff, Anne Coudreuse, Jocelyne François) et un auteur trop peu connu (mais d’une discrétion volontaire, car il se tient loin de Paris et des milieux littéraires) : André Blanchard qui nous livre ses « Notes d’un dilettante » de 1986, extraites d’un livre à paraître « Un début loin de la vie ». Quelques citations de ce dernier : « Avoir devant une récolte maigrichonne de phrases le mot du jardinier quand son panier ne pèse pas lourd : - C’est l’année qui veut ça. » ; « Quand nous écrivons, plus rien n’existe. En somme, nous nous supprimons du monde sans avoir besoin de nous détruire. C’est un privilège qui classe la littérature. » ; « Longtemps je me suis vu mourir bien avant trente ans, imprégné que j’étais du romantisme de la jeunesse, pour qui durer est comme une faute de goût. Depuis, j’essaie, difficilement, de croire à l’inverse, que je suis parti pour une longue vie, et cela en invoquant ce double postulat : j’ai beaucoup à faire, et je suis lent. » Ses derniers livres sont parus aux éditions Le dilettante.

De la lecture de ces différents auteurs, d’où émerge Blanchard pour son humilité et sa véracité, on se dit que l’écrit intime ne vaut que lorsqu’il dépasse l’écriture du moi (ce moi haïssable dont parle Pascal, cette banalité boursouflée) pour nous livrer l’auteur dans sa vérité et lorsque l’écriture est au plus près de l’acte de création, épousant son jaillissement.

Les Moments littéraires, B.P. 175, 92186 Antony Cedex. 128 pages, 12 € http://pagesperso-orange.fr/lml.info/

 

AMER, revue finissante n° 2

amer2.jpgPour son deuxième numéro, appelé « seconde décharge », Amer livre un dossier sur la domesticité. Se plaçant dans la continuité de la littérature fin de siècle (19e, évidemment) et de l’anarchisme, la revue place en quatrième de couverture une citation d’Octave Mirbeau qui résume bien le numéro : « 1° l’homme est une bête méchante et stupide. 2° la justice est une infamie. 3° l’amour est une cochonnerie. 4° Dieu est une chimère. » Le sommaire est très riche, convoquant Nietzsche, Rémy de Gourmont, Rachilde, Jean Lorrain, Sacher Masoch, mais faisant aussi appel à des plumes contemporaines, comme Marie-Laure Dagoit ou Stéphane Beau. Ce numéro copieux, à la couverture illustrée de chiens dangereux, se consacre notamment au fétichisme et aux amours ancillaires, rappelant avec ironie la Première Epître de Saint Pierre : « Vous les domestiques, soyez soumis à vos maîtres avec une profonde crainte, non seulement aux bons et aux bienveillants, mais aussi aux difficiles. Car c’est une grâce que de supporter, par égard pour Dieu, des peines que l’on souffre injustement. » Bourrée de références, de citations, illustrée de dessins et de photos érotiques d’époque, Amer revue finissante est une revue contestataire et mal embouchée (ne remplace-t-elle pas l’avertissement légal par « Le Code de propriété intellectuelle nous emmerde. Conséquemment nous emmerdons le Code de la propriété intellectuelle. »), mais elle nous rappelle ou nous révèle un pan un peu oublié de notre histoire littéraire et du mouvement des idées.

Amer, Les Ames d’Attala, 190 pages. http://zamdatala.net/

 

LA FAUTE A ROUSSEAU n° 48

fautearousseau48.jpgGrâce aux efforts de l’APA (Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique) et de son dynamique président Philippe Lejeune, spécialiste réputé de ce genre littéraire, le projet de cette association est désormais bien connu : conserver des textes autobiographiques inédits rédigés par des personnes de tous milieux sociaux. 640 adhérents et 180 mètres linéaires de textes à ce jour ! Le lieu de cette conservation est la médiathèque municipale de la Grenette, dont une partie est mise à la disposition de l’APA par la municipalité d’Ambérieu-en-Bugey, près de Lyon.

La revue La Faute à Rousseau, paraissant trois fois par an, se veut à la fois le bloc-notes de l’association (activités, brèves, calendrier, assemblée générale…) et un espace de réflexion sur le thème autobiographique. Elle est présente au Salon de la Revue de Paris et commence à être diffusée en librairies. Ce dernier numéro s’intitule «  Lire la vie des autres » et met l’accent sur l’expérience originale que mènent les membres de l’APA : lire en sympathie les écrits inédits d’inconnus, pour en rédiger et publier des échos de lecture (et selon la règle des « quatre sans » que rappelle Lejeune : accueillir sans trier, lire sans étudier, apprécier sans évaluer, diffuser sans publier). Le tout en se souvenant de Jean-Jacques Rousseau, le génial auteur des Confessions qui, en déposant sa vie dans le Garde-mémoire de l’humanité, voulait nous tirer « de cette règle unique et fautive de juger toujours du cœur d’autrui par le sien, tandis qu’au contraire il faudrait souvent pour connaître le sien même commencer par lire dans celui d’autrui. »

La Faute à Rousseau, APA, La Grenette, 10 rue Amédée-Bonnet, 01500 Ambérieu-en-Bugey. 84 pages, 9 €. http://sitapa.free.fr/

 

 

dimanche, 05 octobre 2008

18e Salon de la Revue

SalonRevue2008.jpgles 10, 11 et 12 octobre 2008
à l'Espace d'animation des Blancs-Manteaux
48, rue Vieille-du-Temple, Paris IVe

Le Salon en bref :

plus de 700 revues de toutes disciplines (littérature, poésie, art, sciences humaines et sociales, psychanalyse, débats et idées)

200 revues étrangères (Belgique, Québec, Suisse, Espagne, Italie, Israël…)

15 nouveaux exposants, de l'École Française d’Extrême-orient aux Presses universitaires du Septentrion ; Le Visage vert, La Nouvelle revue théologique, les Périphériques vous parlent, Frictions, Sakamo, Utile, Geste, Papiers nickelés, Liselotte, Quatre, Fora, La Corne de Brume, Revue Giono…

10 nouvelles revues : Ananda, Criticat, Contraste, Journal de Quinzinzinzili, Résonance générale, Ricochets-poésie, La Roulette russe, TINA, Utile, Et donc à la fin…

30 animations, tables rondes et débats, dialogues et lectures.

mercredi, 01 octobre 2008

Roger-Arnould Rivière (1930 – 1959)

Né à Tarare (Rhône) le 21 mars 1930, Roger-Arnould Rivière suivit des études supérieures de lettres modernes, puis d’anglais à la faculté de Lyon. En 1955, il obtint le CAPES d’anglais, ce qui lui permit d’enseigner cette langue au collège de Tarare puis au lycée Ampère, à Lyon. Le 16 septembre 1959, il mit fin à ses jours en son domicile, 91 montée de l’Observance, dans le 9e arrondissement.
Rivière ne publia de son vivant qu’un seul recueil, Masques pour une ordalie (Millas-Martin, 1953). Ses Poésies complètes ont été rassemblées en 1963 par l’éditeur Guy Chambelland.
Le poète lyonnais Raymond Busquet lui a consacré une étude dans l’anthologie Poètes maudits d’aujourd’hui (Seghers).



Crâne de plomb lascif
lit-cage de mes années
sous tes linges croupis
ta mariole de vie
s’insurge ventre dru

J’ai soif de coucheries
sur les remblais de sel
où des scorpions odieux
se pourlèchent les moelles

Passions à l’étuvée
laits de gonfles fortuites
tes orgues et tes guis
crèvent sur l’ongle blanc

de cimes à peine taillées
replètes à mi-poursuite
entre l’épure et le large.

In Masques pour une ordalie

*

Orties cuisant pèlerinage
persistance verte d’ennui
vagues amères d’un orage
aux sourcils froncés d’un talus.

Ingrate lèvre d’un présage
fugitif ou lent circuit
veiné d’électrique mirage
l’amertume se sent nue.

Acre la lèvre où s’humecte
dans les mailles de l’ortie
le baiser de la suspecte.

Ame vol de sœur infirme
dentelée d’or ou d’abîme
sous une traîne de suie.

In Entre cri et silence

*

Tout épris qu’il fût des mailles
sac de soies et de sévices
mon amour a saveur d’âme
sous sa coque de silice

mais au geste oblong du crabe
ta méfiance se mesure
dans l’avide carapace
tombent les graviers d’usure

Ton boudoir à l’avenant
n’offre que paroi convexe
quand je n’ai plus deniers sonnants
pour la sébile de ton sexe.

In Poème de la cassure