samedi, 03 octobre 2009
Le coeur des filles, de Pierre-Jean Blazy
Quand j'étais vieux
j'attendais la nuit
jusqu'aux escarmouches
du crépuscule
La vie
cette lune froide
était un désert de silence
je guettais
le sommeil des choses
jusqu'aux lisières de l'hiver
Aujourd'hui
ta chaude lande
est la source du ciel
le temps
me fait l'amour
Un feu blanc
dégèle les vagues
et révèle
les visages du vent
Voici
l'intérieur du cri
une lumière noire
détisse le temps
L'espace tombe.
Mon ami Pierre-Jean Blazy (il publia mes premiers poèmes en 1983 dans sa revue Janus) vient de publier un nouveau recueil de poésie, Le cœur des filles, aux éditions Manoirante. 47 nuitées qui nous entraînent dans un univers d'images fortes et puissantes, dans une quête inapaisée d'amour et d'accord avec le monde.
Le site des éditions Manoirante.
21:23 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, blazy, manoirante
jeudi, 17 septembre 2009
Roland Tixier au Carré 30
Dans le cadre des Cafés poétiques du Carré 30,
Mardi 22 septembre à 20 heures
Roland Tixier lira des extraits de son dernier recueil : Simples choses, un ensemble de 180 haïkus urbains, publié aux éditions Le Pont du Change.
La nouvelle maison d'édition sera également présentée par Jean-Jacques Nuel lors de cette rencontre.
Le Café poétique est animé par Lorraine Pobel et Jean Richy-Maury.
Carré 30 - 12 rue Pizay, 69001 Lyon - 04 78 39 74 61
Participation : 5 € - réduit 3 € - une boisson offerte
22:34 Publié dans Rencontres avec | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poesie, lecture, roland tixier, carré 30
mardi, 14 juillet 2009
La "couleur de la voix" de Gabriel Le Gal
En hommage à Gabriel Le Gal, décédé le 11 juillet dernier, je republie cette note écrite le 20 mars 2006.
Depuis son premier recueil publié en 1978, Gabriel Le Gal conduit une œuvre poétique d’une grande justesse. Ses textes sont des états de grâce, de précieux équilibres, aussi simples que magiques. Son dernier recueil, Pas la peine d’aller au Japon - dont sont extraits les quelques poèmes ici reproduits - vient de paraître à la Librairie-galerie Racine.
Signalons un dossier consacré à Gabriel Le Gal sur le site d’Orage-Lagune-Express, comprenant notamment une étude de Nicole Vidal-Chich.
*
Elle n'était
Que lèvres de couleur au centre
Du petit visage ovale
Lèvres de braise
Ou de géranium odorant
Dans octobre clair
Que lèvres de rouge frémissant
Que serait le moment venu
La couleur de sa voix ?
*
Les nuages glissant vers l’Est s’amincissent
Nous laissant à découvert
Le temps nous ronge
A petits feux
A petits bruits
Aussi ténu que dents de rat
On se figure être le même
On se croit toujours le jeune homme qu’on fut
Et pour un peu on dormirait
Au bruit du discret du temps
Comme le meunier au bruit de l’eau de son moulin
*
Bien qu’il ait sous le vent et le froid
Resserré ses eaux
Le fleuve emportait par la ville
Vert et bleu le ciel
Qui s’y était glissé
*
L'employé de la mairie
qui fait le tour des pelouses
pour remettre face à l'étang
les chaises de plastique
en rangs bien alignés
ne déplacera pas celle
où repose
le jeune fardeau d'une femme
dont la chair et les yeux
à demi sommeillant
prennent et filtrent
un soleil encore favorable
il passera son chemin
et s'il a quelque regret ce n'est pas
de ce rang qui boite un peu c'est
de ce fardeau de tendresse
qu'il n'a pas osé soulever
in Pas la peine d’aller au Japon
Librairie-galerie Racine, 23 rue Racine, 75006 Paris.12 euros.
11:04 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poésie, le gal
mercredi, 01 juillet 2009
Revues littéraires : table
Depuis son ouverture, le blog L'Annexe a publié, dans sa Catégorie Revues littéraires de nombreux articles sur les périodiques de création littéraire, constituant au fil des mois une base de ressources consacrée aux revues.
(pour que tout apparaisse, choisir au bas de la page « Toutes les notes »)
Ont été chroniquées les revues suivantes :
Amer, revue finissante n° 2
L'Anacoluthe n° 12
Archipel n° 25
L'Atelier du Roman n° 45, 55
La Barbacane n° 85/86
Brèves n° 76, 77
Le Canard en plastic n° 2, 3
Carbone n° 1 et 2
Casse
Codex Atlanticus n° 16
Comme en Poésie n° 35
Contrelittérature n° 19
Europe n° 921-922, 923
La Faute à Rousseau, n° 40, 42, 48
Fiction n° 2
Le Grognard n° 1, 5, 7, 8
Harfang n° 31
Hauteurs n° 17, 18
Iciélà n° 3
Il Particolare n° 15 & 16
impur n° 1
Inculte n° 9
Le Jeté du matin n° 9
Le Journal de la Culture n° 16
Le Journal des Lointains n° 2
Les Moments littéraires n° 15, 16, 20
La Petite Revue de l'Indiscipline n° 165
Mercure n° 1 & 2/3
Mercure Liquide n° 4
Passage d'encres n° 26
Poésie Première n° 33, 39
La Presse Littéraire
Salmigondis n° 21
Sarrazine n° 8 bis
Siècle 21 n° 13
La Soeur de l'ange n° 3, 4
Supérieur Inconnu n° 2
Tissage n° 4
Tsimtsoûm n° 1
Voix d'encre n° 34
Entretiens avec les responsables des revues :
Nouvelle Donne (Christian Cougiu)
La Nouvelle Tour de Feu (Michel Héroult)
Passage d'encres (Christiane Tricoit)
Divers :
ARPO
Brèves et la CPPAP
De la dangerosité de la fonction de critique
La protection du titre d'une revue
Publier en revues au Québec
12:51 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, revues litttéraires
lundi, 16 mars 2009
Avec le temps, de Roland Tixier
j’ouvre la fenêtre
l’encens a tôt fait
de rejoindre le ciel
*
deux vieillards deux verres
au fond du café
où l’après-midi n’a pas prise
*
ce jour le ciel s’est mis en quatre
nul n’a levé les yeux
de l’ordinateur
*
j’avance dans l’âge
les caissières picorent
les centimes dans ma main
*
feuilles mortes de septembre
le cantonnier et le poète
devisent en connaisseurs
*
Un nouveau recueil de Roland Tixier, Avec le temps, vient de paraître aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune. Les cinq haïkus qui précèdent en sont extraits.
126 pages, 16 €. Les Carnets du Dessert de Lune, 67 rue de Venise, 1050 Bruxelles – B- www.dessertdelune.be
11:19 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, haikus, tixier
samedi, 10 janvier 2009
Pour saluer l'hiver
Publiée par Littéra éditeur voici près de douze ans, cette carte-poème me revient en mémoire chaque hiver...
18:56 Publié dans Annexes et dépendances, Anthologie de poètes lyonnais | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie, soulary
mercredi, 29 octobre 2008
Maurice Scève (vers 1500 - vers 1560)
Maurice Scève, représentant le plus illustre de l’école poétique lyonnaise (regroupant aussi Louise Labé et Pernette du Guillet), est né à Lyon, entre 1500 et 1505, dans une famille bourgeoise fixée dans le quartier Saint-Paul depuis le début du 15e siècle. Le père du poète a exercé de hautes charges municipales, étant échevin et juge mage.
Son existence reste mal connue. Après une solide formation intellectuelle, il se retrouve vers 1530 en Avignon, attaché au vicaire de l’archevêque. En 1533, il participe aux recherches du tombeau de la mythique Laure de Noves, épouse d’Hugues de Sade, la dame que Pétrarque avait aimée et chantée dans son Canzoniere, morte en Avignon lors de la peste de 1348. Il croit trouver cette sépulture dans laquelle est gardée un sonnet qu’il attribue à Pétrarque. Cette découverte lui vaut une certaine célébrité, et les félicitations du roi François Ier, lui-même grand amateur de poésie pétrarquiste.
De retour à Lyon, Scève fréquente les cercles cultivés, écrit et participe en 1536 à un concours de blasons lancé par Marot. Il remporte, pour son Blason du Sourcil, la palme décernée par la duchesse de Ferrare, Renée de France.
Cette même année semble celle de sa rencontre avec Pernette du Guillet, poétesse lyonnaise, en qui on s’accorde à reconnaître l’inspiratrice du long poème Délie, objet de plus haute vertu, paru en 1544.
Figure de premier plan dans la vie culturelle locale, mais aussi membre d’une des riches familles qui se partagent les charges officielles de la ville, Maurice Scève est le principal organisateur des fêtes données en 1539 et 1540 lors du passage de François Ier à Lyon. Il est également chargé de régler les festivités somptueuses de l’entrée royale de Henri II et de Catherine de Médicis à Lyon en 1548.
La fin de sa vie reste mystérieuse. Il élabore un dernier texte, grand poème cosmologique, Microcosme, paru chez Jean de Tournes à Lyon en 1562.
Au silence ou au dénigrement qui marquèrent près de trois siècles et demi de relatif oubli, ont succédé un grand nombre d’études, de publications, et une curiosité fascinée pour cette obscurité même qui fut tant reprochée à Délie. On n’en finit plus de redécouvrir Maurice Scève, ce Mallarmé du 16e siècle.
*
Œuvres
Délie, objet de plus haute vertu, Lyon, Sulpice Sabon, 1544
Saulsaye, églogue de la vie solitaire, Lyon, Jean de Tournes, 1547
Microcosme, Lyon, Jean de Tournes, 1562
*
Plus tôt seront Rhône et Saône disjoints,
Que d'avec toi mon coeur se désassemble :
Plus tôt seront l'un et l'autre mont joints,
Qu'avecques nous aucun discord s'assemble ;
Plus tôt verrons et toi et moi ensemble
Le Rhône aller contremont lentement,
Saône monter très violentement,
Que ce mien feu, tant soit peu, diminue,
Ni que ma foi décroisse aucunement.
Car ferme amour sans eux est plus que nue.
*
Si tu t'enquiers pourquoi sur mon tombeau
L’on aurait mis deux éléments contraires,
Comme tu vois être le feu et l'eau
Entre éléments les deux plus adversaires :
Je t'avertis qu'ils sont très nécessaires
Pour te montrer par signes évidents
Que si en moi ont été résidents
Larmes et feu, bataille âprement rude :
Qu'après ma mort encore ci dedans
Je pleure et ars pour ton ingratitude.
*
Tout le repos, ô nuit, que tu me dois,
Avec le temps mon penser le dévore :
Et l'horloge est compter sur mes doigts
Depuis le soir jusqu'à la blanche Aurore.
Et sans du jour m'apercevoir encore,
Je me perds tout en si douce pensée,
Que du veiller l'âme non offensée
Ne souffre au corps sentir cette douleur
De vain espoir toujours récompensée
Tant que ce monde aura forme et couleur.
In Délie
13:48 Publié dans Anthologie de poètes lyonnais | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, poésie, scève, lyon