samedi, 07 juin 2008
Revue de détail n° 12
(Ces chroniques sont parues dans La Presse Littéraire n° 14.)
MERCURE n° 1
« En ces temps proliférants de l’information, tantôt anarchique tantôt concentrique, et des réseaux de communication, il y a besoin d’une revue qui soit en retrait, retranchée. Une revue qui joue sur tous les registres de la pensée – pour observer. Car Mercure est ainsi conçue : comme un observatoire. » Ainsi s’exprime l’édito « Lignes directrices », de cette nouvelle publication, sous-titrée « Les médias autrement », conçue et dirigée par le journaliste et critique littéraire Anthony Dufraisse. D’emblée, le projet, mûrement pensé, apparaît original et cohérent. « Il ne s’agit pas d’être pour ou contre les médias : ce manichéisme réflexe et pavlovien ne mène à rien. Les médias sont à la fois le meilleur et le pire. » Mercure invite donc à penser aussi bien la positivité que la nocivité des médias, objet de réflexion et sujet d’inquiétude.
Quatre parties (Positions, Situations, Radiographies, Figures libres) regroupent des textes pour la plupart inédits ou parfois reproduits quand ils valent la peine d’être relus, signés Daniel Sibony, Christian Ruby, Manuel de Dieguez, Gil Jouanard, Claude Regy, Vangelis Athanassopoulos, Didier Nordon : « Jamais, vous dira-t-on, on n’a été aussi bien informé qu’aujourd’hui. La désinformation commence avec cette affirmation. Que nous recevions plus d’informations que par le passé, sans doute. Mais plus ne signifie pas mieux. », ou Jacques Attali : « Quiconque entre dans Internet sait qu’il ne faut pas parler d’autoroutes de l’information mais plutôt de labyrinthes : gigantesque enchevêtrement de ruelles, de bibliothèques et de cafés, le réseau se compose de mille chemins qui souvent se terminent en impasses. » En contrepoint de ces contributions théoriques, on découvre avec plaisir les souvenirs de Jacques Rigaud, ancien PDG de RTL, ou un texte savoureux de Christian Cottet-Emard, Souvenirs d’un localier, qui clôt ce numéro et nous entraîne dans les tribulations et mésaventures d’un pauvre chroniqueur de la presse régionale.
Mercure, 14 avenue Foch, 95100 Argenteuil. 110 pages, 10 €.
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IL PARTICOLARE n° 15 & 16.
Françoise Santon est la co-directrice et la secrétaire de rédaction de cette imposante et superbe revue (beau papier ivoire, couverture à rabats), publiée avec le concours du Centre national du livre, du Conseil régional PACA et de la Ville de Marseille, et consacrée aux thèmes « Art. Littérature. Théorie critique ». Les numéros paraissent en juin et décembre.
Il particolare accorde une très large place à la philosophie et à la critique : outre les questions de Serge Cottet à Philippe Mengue sur l’œuvre de Deleuze, on note les contributions de Jean-Luc Nancy, Jean-Pierre Cometti, Bernard Heidsieck, David Christoffel, Jean Arrouye. Cette continuité théorique est rompue par la note d’humour de Christian Tarting, qui dans une suite d’aphorismes « Plus haut que son luth » nous réjouit : « Dès qu’on commence à crever, les gens sont si polis que ça vous achève. » ou « A court de frites, Parmentier inventa la pomme de terre. » La poésie est également et heureusement présente avec un hommage à Jean Todrani, un extrait d’une suite de Pierre Le Pillouer « Ajouts contre jour » : « comme tout ce qui bouge ou tremble/ le mot/ cassera/ un jour fatalement/ cessera » et par des extraits de poèmes de Julia Darling, traduits de l’anglais par Christine Godbille. La dernière partie de la livraison est un cahier d’une centaine de pages consacré à Mathias Perez, peintre, fondateur de la maison d’édition Carte blanche et de la revue Fusées, qui a collaboré avec de nombreux écrivains. Le dossier contient des textes d’hommage (Jean-Pierre Verheggen, Michel Butor, Prigent…), d’abondantes reproductions de ses œuvres obsessionnelles, et un entretien avec Fabrice Thumerel : « L’éphémère est notre lot, notre visée. La fulgurance aussi. »Les dernières pages reprennent les sommaires de tous les numéros précédents parus, pour rappeler que la revue est une continuité et un ensemble.
Il particolare, 1 rue de Lorraine, 13008 Marseille. 256 pages, 26 €.
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LE CANARD EN PLASTIC n° 3
Nous avons déjà eu l’occasion de signaler cette publication semestrielle originale et très aboutie, cette « petite revue de littératures et d’images » dirigée par Yves Leclere. Signe particulier : des notices bio-biblio décalées et humoristiques, inaugurant comme un nouveau genre littéraire. Tout au long du troisième numéro, sous couverture rose et verte, courent les magnifiques illustrations de Grégoire Dalle, qui nous livre aussi un carnet de croquis. Les textes en prose qui se succèdent ont une tonalité commune, marqués d’humour et d’absurde, dont ceux de Nicolas Barbatruc, « Une pluie de neige et tes seins verts » ou de Matthias Gredain, livrant des fragments de « Les aboiements d’un chien de faïence » : « Je suis né sous une étoile définitivement humide. Aussi loin que je m’en souvienne, je n’ai jamais mis le pied dehors sans que la pluie ne commence à tomber. », sans oublier Stéphane Mariesté, Pierre Cendors, Gemme Terroni, Laurent Dupont et Antoine Sacques.
Un jeu pour finir : une citation de Molloy de Samuel Beckett s’est glissée dans ce numéro 3. Si vous êtes le premier à trouver la bonne réponse, vous gagnerez un abonnement à 2 numéros du Canard en Plastic !
Le Canard en Plastic, 91 rue de la Fraternité, 93100 Montreuil-sous-Bois. 128 pages. 12 €. www.lecanardenplastic.net
16:42 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, culture, revue
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