lundi, 11 juillet 2016
Pardon my French, de Frédérick Houdaer
Dans son œuvre poétique, Frédérick Houdaer semble procéder par trilogies. Après Angiomes, Engelures, Engeances, sont parus Fire Notice, No Parking No Business, et le petit dernier Pardon my French.
Est-ce parce qu’il vient du roman noir ? Il file une poésie narrative, directe, qui raconte et cristallise son quotidien. Mille situations du réel, des films vus ou des rêves l’inspirent, lui servant de point de départ. Bukowski a montré la voie, une voie d’autant plus difficile qu’elle semble simple et accessible. Mais chaque poème doit être un miracle d’équilibre, avoir la bonne longueur, le bon rythme, naître dans une fulgurance, exprimer une rupture. Cette rupture emprunte souvent le biais de l’humour. Mais l’humour n’est pas le seul mode pour tordre le cou de la réalité. Il y a aussi l’érotisme ou la logique absurde des rêves. Et aussi la magie, l’ésotérisme, domaines auxquels Houdaer est sensible, lui qui affirmait récemment dans une interview que certains sont coincés du spirituel comme d’autres sont coincés du cul.
Très critique (sans méchanceté mais avec lucidité) avec les autres poètes, quand ceux-ci sont institutionnalisés ou campés sur leurs maigres certitudes,
« ils ne convoiteront jamais la femme de leur prochain
ils ne tueront jamais leur prochain
pas plus qu’ils ne se sacrifieront pour lui
ils sont capables d’un certain goût
mais ne croient pas en l’existence du diable
je leur souhaite une belle carrière
à animer des ateliers d’écriture
avec un peu de chance
ils ne finiront pas complètement pauvres
et feront de vieux os »,
Houdaer poursuit sa route sans concession et parvient à un art original et parfaitement maîtrisé.
Pardon my French, de Frédérick Houdaer, Les Carnets du dessert de Lune.
http://dessert-de-lune.123website.be/354029099
10:59 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : houdaer, pardon my french, carnets du dessert de lune
Commentaires
Merci JJN. M'en vais partager cet article. Amicalement. JLM
Écrit par : massot | lundi, 11 juillet 2016
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