jeudi, 01 février 2018
Armaguédon Strip, de Frédérick Houdaer
Quand Isa demande à son frère Christophe :
« Mais qu'est-ce qui cloche chez toi ? On est bien sortis du même... merdier ? On en est bien sortis, non ? »
Christophe ne semble pas convaincu par ses arguments.
« C'était indiscutable, tous les efforts de notre mère pour convertir le reste du monde n'avaient pas porté leurs fruits de notre côté. De là à dire que nous nous en étions sortis. Je n'ai pas voulu polémiquer avec Isa. Nous n'avions pas tiré le même numéro dans la fratrie. »
Armaguédon Strip pose ce terrible constat : on n'échappe pas à son éducation, à ses parents. Une mère témoin de Yahweh, un père absent... Isa déploie le même zèle de prosélyte que sa mère en militant chez les extrémistes de la cause animale, Christophe essaie de se sauver par l'humour mais reste immature. Houdaer, en signant ce roman fort et cruel, nous rappelle que la littérature n'est pas un jardin d'agrément, mais une descente sans concession au cœur de nos ravages intérieurs.
10:35 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : houdaer, armaguedon strip, le dilettante
lundi, 11 juillet 2016
Pardon my French, de Frédérick Houdaer
Dans son œuvre poétique, Frédérick Houdaer semble procéder par trilogies. Après Angiomes, Engelures, Engeances, sont parus Fire Notice, No Parking No Business, et le petit dernier Pardon my French.
Est-ce parce qu’il vient du roman noir ? Il file une poésie narrative, directe, qui raconte et cristallise son quotidien. Mille situations du réel, des films vus ou des rêves l’inspirent, lui servant de point de départ. Bukowski a montré la voie, une voie d’autant plus difficile qu’elle semble simple et accessible. Mais chaque poème doit être un miracle d’équilibre, avoir la bonne longueur, le bon rythme, naître dans une fulgurance, exprimer une rupture. Cette rupture emprunte souvent le biais de l’humour. Mais l’humour n’est pas le seul mode pour tordre le cou de la réalité. Il y a aussi l’érotisme ou la logique absurde des rêves. Et aussi la magie, l’ésotérisme, domaines auxquels Houdaer est sensible, lui qui affirmait récemment dans une interview que certains sont coincés du spirituel comme d’autres sont coincés du cul.
Très critique (sans méchanceté mais avec lucidité) avec les autres poètes, quand ceux-ci sont institutionnalisés ou campés sur leurs maigres certitudes,
« ils ne convoiteront jamais la femme de leur prochain
ils ne tueront jamais leur prochain
pas plus qu’ils ne se sacrifieront pour lui
ils sont capables d’un certain goût
mais ne croient pas en l’existence du diable
je leur souhaite une belle carrière
à animer des ateliers d’écriture
avec un peu de chance
ils ne finiront pas complètement pauvres
et feront de vieux os »,
Houdaer poursuit sa route sans concession et parvient à un art original et parfaitement maîtrisé.
Pardon my French, de Frédérick Houdaer, Les Carnets du dessert de Lune.
http://dessert-de-lune.123website.be/354029099
10:59 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : houdaer, pardon my french, carnets du dessert de lune
jeudi, 13 février 2014
Un entretien avec Frédérick Houdaer
« Un auteur de textes courts n’a presque rien, quelques rares revues, quelques rares éditeurs (Gros Textes, par exemple, qui publie Dejaeger), peu de possibilités de se produire sur une scène, il est le « mouton noir » : les poètes ne le reconnaissent pas des leurs (alors qu’il suffirait qu’il aille à la ligne en appuyant fréquemment sur la touche ENTER de son clavier !) et les prosateurs le regardent de haut en trouvant qu’il ne pisse pas assez loin. Et pourtant, c’est un genre auquel on doit de sacrées réussites : Sternberg, Topor… »
Frédérick Houdaer me consacre un entretien sur son blog, où nous abordons essentiellement mon activité d’éditeur à l’enseigne du Pont du Change. Mais l’auteur n’est pas loin…
19:46 Publié dans Annexes et dépendances, Rencontres avec | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le pont du change, nuel, houdaer