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vendredi, 16 février 2024

Brice Noval, une série policière

Dans l'attente de la publication d'un 6e ouvrage, la série des enquêtes du détective Brice Noval est un ensemble de 5 romans policiers qui se déroulent à Lyon et en Bourgogne.

Deux polars bourguignons ont été publiés aux éditions Héraclite :

Avril à Cluny (2021) ;

Le puits des Pénitents (2022).

Trois polars lyonnais ont été publiés (ou republiés) en auto-édition sur Amazon :

La malédiction de l'Hôtel-Dieu, d'abord paru en 2018 chez Germes de barbarie, republié dans une nouvelle version revue et augmentée en 2023 ;

Terminus Perrache, d'abord paru en 2019 chez Germes de barbarie, republié dans une nouvelle version revue et augmentée en 2023 ;

Balade funéraire (2023).

 

Nuel-AvrilaCluny.jpg

PUITS-PENITENTS 1ere.jpgSans armes, sans aptitude au combat, mais efficace et non dénué d'humour, le détective privé Brice Noval résout des enquêtes difficiles avec la seule aide de ses cellules grises (comme Hercule Poirot) et de la chance. Au fil des romans, on retrouve une galerie de personnages pittoresques ou attachants, comme l'extravagant professeur Laurent Thimonnier, réac assumé, le bon commissaire Alexandre Schweitzer, le raide major de gendarmerie Louis Bruneau, la délicieuse Marianne (à Lyon) et la non moins séduisante Virginie de Lancharre (à Cluny).

L'intérêt de ces romans, outre de proposer une intrigue policière pleine de surprises et de rebondissements, est de rappeler de nombreux faits historiques ou légendaires, puisant dans l'histoire millénaire de l'abbaye de Cluny et dans l'histoire bimillénaire de Lyon.

Un enquêteur atypique, et un univers à découvrir.

 

Lien vers les éditions Héraclite

Lien vers Amazon

 

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samedi, 22 juillet 2023

Une saison avec Dieu (réédition)

USAD2023.jpgEn 2019 paraissait le récit « Une saison avec Dieu » aux éditions Le Pont du Change.

Au début des années 70, un étudiant dans une grande ville universitaire cherche un colocataire. Celui qui se présente s'appelle Dieu. Est-ce son véritable nom de famille ? Ce personnage étrange possède des pouvoirs extraordinaires.

La cohabitation va durer tout un hiver et marquer profondément l'étudiant qui se remémore cinquante ans plus tard cet épisode crucial de sa vie.

« Dieu existe, j'ai été son colocataire. L'espace de trois mois, durant l'hiver 1973, Dieu et moi avons logé dans le même appartement, au numéro 7 de la rue de l'Épée, au dernier étage sans ascenseur d'un immeuble vétuste et insalubre qui a été démoli quelques années plus tard. » Un récit qui mêle humour et spiritualité.

 

le colocataire,une saison avec dieu,jean-jacques nuel,récit,humour,spiritualité,théâtreJ'ai eu la chance de voir ce récit adapté au théâtre, sous le titre « Le colocataire », par le comédien et metteur en scène Philippe Borrini. Assisté de la violoncelliste Annabelle Rogelet, il a représenté cette pièce au théâtre de Cluny le 15 juin 2021. Puis une dizaine de séances ont été données dans les locaux du Théâtre 5 de Cluny. Plus de 300 spectateurs ont vu la pièce.

 

Les éditions Le Pont du Change ayant cessé leur activité, j'ai décidé de republier ce texte, sans en changer une ligne, et en gardant le titre originel, "Une saison avec Dieu".

Le titre retenu pour l'adaptation théâtrale est  Le colocataire. C'est celui de l'adaptation de Philippe Borrini, mais également celui de la pièce que je viens d'écrire à partir de ce récit.

Cette nouvelle édition est disponible sur internet, au prix de 12 euros. Il existe aussi une version e-book.

 

 

 

vendredi, 21 avril 2023

Le nom (réédition), par Jean-Jacques Nuel

En 2005 paraissait mon court récit, « Le nom », aux éditions A Contrario.

Le sujet en est aussi simple qu'original : un auteur en mal d'inspiration écrit les quatre lettres de son nom, transforme son nom propre en nom commun, et en fait la matière de son œuvre.

En sept jours il crée un monde.

 

21uXs6a7--L._SX303_BO1,204,203,200_.jpgLe récit a reçu un excellent accueil critique, obtenant une vingtaine d'articles, dont un dans le Magazine littéraire, un autre sur le site d'ARTE.

L'un des meilleurs échos fut sous la plume de Claude Mourthé, dans le Magazine littéraire :

"Le miracle, c'est que l'auteur arrive à maintenir l'attention durant 140 pages avec son seul patronyme, et avec une virtuosité que n'eut pas reniée Perec. (...) En se livrant, sur quatre lettres, à une multitude de variations, il parvient à créer une oeuvre véritable, avec à la fin une bonne petite morale s'inscrivant tout naturellement dans le seul décor où le nom subsiste, gravé : un cimetière. (...) C'est ce que l'on appelle un tour de force, et l'auteur va sûrement s'en faire un, de nom."

 

Malheureusement l'éditeur A Contrario fit faillite après un an d'existence, et le récit n'a pas bénéficié d'une correcte diffusion en librairies.

Ce livre n'étant plus disponible (sauf en occasion pour l'édition originale), j'ai décidé de procéder à une nouvelle publication, en auto-édition.

Il m'était difficile de modifier un texte écrit vingt ans plus tôt ; cette nouvelle édition est donc fidèle à l'originale, la seule modification étant le remplacement du mot « oculiste » (terme que l'on employait dans mon enfance) par « ophtalmologiste ».

L'ouvrage est disponible sur internet ou en me contactant.

 

 

dimanche, 06 novembre 2022

Mes polars : dossier critique

Un article de Frédéric Renaud dans le Journal de Saône-et-Loire :

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Un article de Frédéric Renaud dans l'Exploitant agricole de Saône-et-Loire.

 

 

Avril à Cluny :

un article de Christian Cottet-Emard.

Un article dans le Journal de Saône-et-Loire (24 juillet 2021)

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Un article dans Lyon People (septembre 2021) :

lyonpeopleAvrilacluny.jpg

 

Le puits des Pénitents :

un article de Christian Cottet-Emard.

Un article dans le Journal de Saône-et-Loire (28 juin 2022) :

polars,jean-jacques nuel,héraclite

 

Balade funéraire

Un article de Jean-Pierre Longre.

 

 

vendredi, 04 novembre 2022

Courts métrages (extraits)

Quelques textes brefs extraits de mes recueils "Courts métrages" et "Billets d'absence", parus en 2013 et 2015 aux éditions Le Pont du Change.

 

SÉPARATION DE CORPS

Un matin, Jean-Jacques se réveilla dans les deux lits jumeaux à la fois. Le trait d’union de son prénom avait glissé entre les deux matelas ; il devait se trouver sur le parquet, parmi les moutons de poussière, et sa taille minuscule comme sa couleur gris foncé ne faciliteraient pas les recherches. Profitant de cet incident, Jean et Jacques avaient pris leur indépendance et, après une petite virée nocturne, chacun de son côté, dans les quartiers malfamés de la ville, étaient revenus se coucher dans les deux lits séparés. Maintenant qu’ils avaient goûté à la liberté, ils auraient du mal à reprendre leur existence de frères siamois.

 

UN AUXILIAIRE DES SERVICES DE POLICE

Tout au long de l’enquête criminelle, l’assassin tenta désespérément d’aider l’inspecteur Colombin à démasquer le coupable. Depuis le début, il avait facilité la tâche des services de police en laissant sur la scène de crime ses empreintes digitales, son ADN et quelques objets personnels, dont sa propre carte d’identité infalsifiable ; il ne pouvait justifier du moindre alibi, et il avait de sérieux mobiles pour ce meurtre. Chaque jour, retrouvant le policier, il lui apportait un nouvel indice, une nouvelle preuve qu’il expliquait avec un vrai sens de la pédagogie. Peine perdue, l’enquêteur particulièrement obtus repartait sans cesse sur de nouvelles et fausses pistes. « N’oubliez pas que je reste le principal suspect dans cette affaire », répétait l’assassin, mais Colombin répondait invariablement : « Non, vous êtes un coupable trop évident. Ce serait trop facile. »

 

UNE POLITIQUE EN FAVEUR DE LA LECTURE

J’ai glissé un billet de vingt euros, en guise de marque-page, dans un ouvrage rendu à la bibliothèque municipale. Le prochain lecteur qui empruntera Le monde comme volonté et comme représentation d’Arthur Shopenhauer se verra ainsi récompensé de sa curiosité intellectuelle. Il suffit de peu de chose pour encourager la lecture. Si mon humble procédé était adopté et reproduit à plus grande échelle par la collectivité, on améliorerait la fréquentation des bibliothèques publiques. Une poignée de billets de banque insérés çà et là dans des livres, que le lecteur découvrirait comme le trèfle à quatre feuilles au milieu du trèfle ordinaire, et les jeunes retrouveraient le goût de lire. Cela serait bien plus efficace que ces dizaines de millions d’euros de subventions versés comme dans un puits sans fond à des associations bidon censées promouvoir la lecture et la littérature. Donnez-moi le poste de ministre de la Culture, et franchement, je ne serai pas pire qu’un autre.

 

LE DROIT D’AÎNESSE

Ma sœur aînée, je le sais, est née un an après moi et se prétend mon aînée. Je ne l’ai jamais contredite pour ne pas la contrarier, car elle peut se montrer, dans ses accès de colère, d’une violence extrême. Et ma position de frère cadet, bien qu’elle repose sur un mensonge, m’arrange au fond : je n’ai jamais aimé les responsabilités, et laisse volontiers à ma sœur, depuis la mort brutale de nos parents, le rôle de chef de famille. Elle a de puissantes relations dans la haute administration, je sais qu’elle s’en est servi pour parvenir à une falsification du registre d’état civil. Mon acte de naissance a été trafiqué : on m’a rajeuni de deux ans pour me faire naître fictivement après elle. J’en veux secrètement à ma sœur. Elle aurait pu tout aussi bien ne pas toucher à mon année de naissance et reculer la sienne de deux ans, le résultat aurait été similaire. Mais sa coquetterie et sa peur de vieillir s’opposaient à cette solution, et elle a préféré attenter à mes jours.

 

FUMER TUE

J’avais arrêté de fumer juste avant le début de la guerre et dois peut-être à cette sage décision d’être encore en vie. L’armée nous avait mobilisés et envoyés sur la ligne de front. Dans la nuit noire, le soldat qui allumait une cigarette prenait un risque mortel ; le jeu pour les ennemis consistait à cribler de balles un cercle imaginaire autour du point d’incandescence. Ceux qui se tenaient trop près de l’imprudent pouvaient tomber aussi comme des fumeurs passifs.

 

jeudi, 03 novembre 2022

Poèmes (choix)

Un choix de poèmes inédits ou parus dans les recueils "Mémoire cash" (Gros Textes, 2020) et "Hermes baby" (La boucherie littéraire, 2021).

 

ÉQUINOXE

 

l'équinoxe

de ta vie

est cet instant

unique

précis et fugace

où tu as une égale

quantité de temps

devant toi

et derrière toi

 

où le passé

pèse le même poids

que le futur

à la seconde près

 

si autour de l'axe

de cet équinoxe

on retournait ton futur

sur ton passé

ils coïncideraient

comme les 2 pans

d'un drap

rigoureusement plié

par le milieu

 

mais au milieu du chemin de la vie

évoqué par Dante

au premier vers de La Divine Comédie

tu ne sais pas que tu es parvenu

à ce point exact

et que tu viens de franchir

la ligne médiane

 

tes jours sont comptés

mais le compteur reste

invisible

tu ne peux effectuer le compte

à rebours

 

cette incertitude sur la durée

de l'existence

est un cadeau

de la providence

 

car imagine

le reste de ta vie

dans le couloir de la mort

du condamné à mort

attendant le jour fixé

pour son exécution

 

ce serait pire que la perspective

de la rentrée

qui te gâche

la seconde moitié

des vacances

 

*

 

TONKIN

 

j'ai vécu quelques mois

à Villeurbanne en 1970

dans le quartier du Tonkin

 

près de la place Rivière

où se tenait alors

le marché aux puces

 

un ami de mon père

m'avait loué une petite baraque

coincée entre 2 autres similaires

avec un jardin

à l'arrière

 

une sorte de bungalow

rudimentaire et délabré une bicoque

de plain-pied et sans étage

promise à une proche

démolition

 

juste 2 pièces en enfilade

une cuisine une chambre

et une cave très humide

à laquelle on accédait

par une trappe dans le plancher

 

je pouvais pisser dans l'évier

de la cuisine

pour le reste il fallait

traverser le jardin

pour gagner une cabane en planches

qui faisait office de cabinet

 

je ne me souviens plus

de l'adresse exacte

et je ne saurais la retrouver

 

la baraque a été rasée

par les bulldozers

et la rue elle-même

qui s'appelait je crois

rue Charles-Lyonnet

a disparu

 

le quartier ayant été entièrement

redessiné

dans une vaste opération

de rénovation urbaine

 

je suis donc incapable de localiser

l'endroit précis où je demeurais

ni d'effectuer le moindre

pèlerinage

 

mis à part des souvenirs

et de vagues images mentales

il ne me reste rien de ce séjour

dans l'ancien Tonkin

aucun courrier

aucune quittance

aucune facture

attestant de ma présence

en ces lieux

et de la présence même

de ces lieux

 

c'est à se demander si tout cela

a bien existé

 

j'en suis moi-même réduit

à me croire

sur parole

 

*

 

TCL

 

le bus 26 au départ de Perrache

avait pour terminus

le campus

de La Doua une ligne régulière

traversant la ville en diagonale

un trajet durant environ 3

quarts d'heure

si ma mémoire est bonne

c'était avant le tramway

et même avant le métro

qui était alors en travaux

c'est dire que je vous propose

un voyage dans le temps

plus que dans l'espace

et si l'on consulte aujourd'hui le site

des Transports en Commun Lyonnais

3 w point tcl point fr

on voit que la nouvelle ligne C26

allant de Saint-Priest à Lyon-8e

ne suit plus l'ancien itinéraire

assuré désormais par la ligne T1

du tramway qui dessert

les stations de Perrache et La Doua

cette expérience est donc impossible

à revivre

comme la plupart des choses

du passé d'ailleurs le temps

est un enterrement

*

 

 

AMIE

 

ma première bagnole

achetée d'occasion sur le marché

aux puces de Villeurbanne

s'appelait AMI 6

une berline 3 CV CITROËN

à la carrosserie bleu clair

piquée de points de rouille

(et je ne parlerai pas de ses vices cachés)

sa lunette arrière

avait une pente inversée

ce qui donnait de profil

un Z

du plus mauvais effet

mais je ne veux pas commettre

un délit de faciès

envers celle qui fut l'amie

passagère de ma jeunesse

*

 

 

debout sur le quai venté

de la gare de Mâcon-Loché

attendant le TGV 6960 de 7 h 36 pour Paris

près du repère W

où s'arrêtera la voiture 17

je vérifie encore une fois dans ma poche

la présence du billet de train

des tickets de métro

rendez-vous à 10 heures au Café des 2 Magots

te revoir si tout se passe bien

je confie mon sort

aux entreprises de transport

à la SNCF à la RATP

*

 

 

il me dit je n'ai jamais pu

me résoudre à tutoyer Dieu

car enfant on m'avait appris

à vouvoyer le Seigneur

Notre Père qui êtes aux cieux

Que votre nom soit sanctifié

la réforme liturgique date de 1966

ça fait un bail mais rien à faire

c'est un peu comme ma mère

qui comptait encore en anciens francs

après le passage au nouveau franc

quand le pli est pris

dès l'origine impossible

de le défaire la prière

est gravée dans la pierre

*

 

 

les boutiques ferment les unes

après les autres

dans la petite cité

de caractère

qui se paupérise au fil des ans

sur la vitrine

de la mercerie de la rue des Remparts

un panneau pas-de-porte à céder

et juste au-dessous

l'avis qu'un verre de l'amitié sera servi

le dernier samedi du mois

jour de la fermeture

définitive à ses clients fidèles

une façon de leur dire

merci

une façon de leur dire

adieu

*

 

 

mercredi, 08 juin 2022

Le puits des Pénitents : premières pages

PUITS-PENITENTS 1ere.jpg

Après "Avril à Cluny" paru l'an dernier, la nouvelle enquête du détective privé Brice Noval, "Le puits des Pénitents", se déroule aussi à Cluny et environs.

Alice Plassard, âgée de 17 ans, a disparu depuis une semaine.
La mère de la jeune fille demande au détective privé Brice Noval de mener des recherches, parallèlement à l’enquête officielle de la gendarmerie.
Alice a-t-elle fait une simple fugue ? A-t-elle été victime d’une mauvaise rencontre ? Son beau-père, son amant Cyril ou sa meilleure amie Amélie sont-ils impliqués dans sa disparition ? Aurait-elle rejoint une secte ?
L’enquête de Brice Noval, menée tambour battant dans les divers quartiers de Cluny, s’oriente bientôt vers le puits des Pénitents, sur lequel s’échangent de mystérieux messages…

Vous pourrez lire ci-dessous les premières pages du premier chapitre.

*

 

Deux mois. Deux mois que je n'avais revu Alexandre Schweitzer. Ses hautes fonctions de commissaire divisionnaire, directeur de cabinet du préfet délégué à la sécurité, l'accaparaient à Lyon, et il n'était pas revenu dans sa maison de campagne du Gros-Chigy. Nos discussions animées autour d'une bière ou d'un café me manquaient. Mais au début de la semaine, il m'avait avisé par SMS qu'il viendrait en Saône-et-Loire pour quelques jours, comptant arriver le premier mai.

Le samedi 2 mai me semblait donc une date toute indiquée pour lui rendre visite. En milieu de matinée, sous un ciel bleu sans le moindre nuage, j'avais pris la route pour gagner le village de Saint-André-le-Désert, puis le hameau du Gros-Chigy, heureux à la perspective de retrouver ce cher commissaire. Un plaisir par anticipation, bientôt contrarié en découvrant sa maison fermée. Contrairement à ce qu'il m'avait annoncé, Alexandre n'était pas là. Alors que la maison mitoyenne avait ses fenêtres largement ouvertes sur la douce tiédeur du printemps, celle de Schweitzer avait tous ses volets clos.

Je garai ma Clio devant l'imposante bâtisse, traversai la petite cour et montai les cinq marches de pierre menant à la porte d'entrée. Qui sait ? Pas question de repartir sans vérifier, mon ami était peut-être endormi, profitant de son premier jour de congé pour faire la grasse matinée. J'appuyai sur la sonnette, puis frappai sur le bois de la porte.

Pas de réponse. Je renouvelai l'opération, sans plus de succès. Machinalement, je me penchai pour regarder par le trou de la serrure.

- Vous faites quoi ?

Je ne l'avais pas vu venir, celle-là. D'ailleurs je lui tournais le dos. Le ton de la voix rauque n'avait rien d'accueillant. Me retournant, je découvris une femme d'une cinquantaine d'années, un tablier de cuisine noué autour de son gros ventre. Elle n'était pas très grande, mais imposante, aussi large que haute. Ses bras gras et puissants, débordant d'un T-shirt grisé, pendaient de chaque côté du corps, les poings à demi-fermés comme prêts à dégainer. Sa tête carrée aux cheveux courts, ses traits grossiers, et ces poils de moustache bruns clairsemés qui retombaient sur sa lèvre supérieure lui donnaient un air hommasse.

Elle se campait au bas de l'escalier, au milieu de la première marche, m'interdisant toute fuite. J'étais fait comme un rat, coincé en haut des marches, entre les deux rampes de fer forgé, la porte close et la massive matrone. Je n'avais d'autre choix que de répondre à sa question.

- Bonjour, madame, je venais rendre visite à monsieur Schweitzer.

- Vous êtes qui ?

L'interrogatoire était lancé, et promettait d'être impitoyable : elle ne m'avait pas rendu la politesse.

- Je suis Brice Noval. Un ami d'Alexandre.

- Il ne m'a jamais parlé de vous, dit-elle d'un ton suspicieux, voire agressif. Ses yeux ne quittaient pas les miens, et redoublaient d'intensité comme si elle me mettait en joue. Un vrai dragon femelle ! La confiance ne régnait pas au Gros-Chigy !

- C'est normal, me défendis-je. Je l'ai surtout connu à Lyon, et je ne suis pas venu souvent ici.

Puis je me repris, prenant conscience de l'absurdité de la situation. Je n'allais pas me sentir coupable parce que je rendais visite à un ami ! Je n'avais rien d'un criminel. J'étais Brice Noval, l'enquêteur chevronné. Quasiment un représentant des forces de l'ordre, si l'on peut assimiler un détective privé à la police ! Je descendis trois marches jusqu'à me retrouver nez à nez avec le garde-chiourme. Enfin LA garde-chiourme, pour féminiser les noms de professions.

- Tant pis. Je reviendrai. Au revoir, madame.

Je n'eus pas à la bousculer pour passer. Elle me tourna le dos sans répondre et regagna ses pénates, à savoir la maison mitoyenne.

 

La matinée commençait mal. Près de vingt kilomètres pour rien, le double en comptant le retour. Et cette chienne de garde, qui avait bien failli me mordre. Mécontent de moi-même et du reste, je m'installai au volant de ma Clio, mis le contact. Et au moment d'actionner mon clignotant, je vis apparaître dans le rétroviseur un gros SUV noir qui se gara derrière moi. Je reconnus le véhicule de Schweitzer.

Nous sortîmes simultanément de nos voitures, moi de ma vieille guimbarde, lui de son GLB Mercedes. Je retrouvai ce bon Schweitzer à la forte carrure, sa poignée de main généreuse, ses yeux vifs et noirs pétillant de malice, et son large sourire dans sa face de lune (enfin, de pleine lune, est-il besoin de le préciser ?)

- Bonjour, Brice. Excusez-moi de vous avoir fait faux bond. Je pensais venir hier, mais j'ai été retenu à Lyon. Le nouveau préfet délégué ne peut pas se passer de moi ! Vous êtes là depuis longtemps ?

- Je viens d'arriver.

En peu de mots, je lui fis part de mes émotions du matin. Du contrôle policier sauvage que je venais de subir.

- Vous êtes bien gardé, avec cette voisine ! Un vrai cerbère !

- Ah ! Simone ! Elle a un aspect un peu bourru, concéda Schweitzer, mais c'est une personne de confiance. Comme elle habite la maison à côté depuis une dizaine d'années, je lui ai laissé un double des clés, pour qu'elle puisse intervenir en cas de besoin. C'est l'idéal de pouvoir compter sur ses voisins. De plus, tous les gens du village sont à cran, en ce moment. Il y a eu plusieurs cambriolages dans le bourg de Saint-André, et même ici, au Gros-Chigy.

- Je vois que Lyon n'a pas le monopole de l'insécurité !

- C'est hélas vrai. Les voleurs sont partout, aucun coin n'est épargné. La commune soutient le dispositif VOISINS VIGILANTS. Et Simone - Simone Genin – en fait partie et prend son rôle très au sérieux. Qui plus est, compléta-t-il, elle est lyonnaise d'origine. Ça crée des liens !

- Eh oui, le gang des Lyonnais, commentai-je, faisant allusion à une bande criminelle célèbre.

Je pensai soudain que ma présence pouvait être gênante pour Alexandre, qui arrivait à peine et n'avait pas encore ouvert sa maison. Je ne voulais pas paraître importun.

- Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, le moment est mal choisi. Je vous laisse vous installer, et je repasserai cet après-midi si vous êtes libre.

Schweitzer me posa la main sur l'épaule.

- Vous ne me dérangez pas du tout. Vous n'allez pas repartir comme ça. Laissez-moi seulement le temps d'ouvrir la baraque, de décharger mes affaires... Vous n'avez qu'à vous installer dans le salon. Je ferai le café tout à l'heure.

Et il m'entraîna dans la maison, dont il commença à aérer les pièces qui sentaient le renfermé après sa longue absence. Je m'assis dans un grand fauteuil du salon, face à la vieille cheminée. Le portrait d'une femme jeune trônait sur le manteau, au dessus du foyer. Un beau visage aux lignes pures, des yeux clairs, des cheveux longs d'un blond vénitien. Certainement celui de son épouse morte, un drame qu'il n'évoquait jamais et dont j'avais eu connaissance par une de ses secrétaires à la préfecture.

- Tenez, pour patienter, voici le journal que j'ai pris à Cluny.

Et il me tendit le Journal de Saône-et-Loire, que l'on appelle en raccourci le JSL.

C'était l'édition de Mâcon, datée du jour. Je passai vite les infos nationales et internationales, que je connaissais déjà pour les avoir lues sur internet, et consultai les pages locales du Clunisois.

Un grand article illustré d'une photo attira mon attention.

CLUNY : disparition inquiétante d'une jeune fille de 17 ans.

L'adolescente a quitté le domicile familial depuis une semaine et n'a plus donné de nouvelles depuis. Les gendarmes ont décidé de lancer un appel à témoin.

Sous ce chapeau en caractères gras, figurait la suite de l'article.

(...)

Présentation de l'ouvrage sur le site de l'éditeur