mercredi, 29 octobre 2008
Maurice Scève (vers 1500 - vers 1560)
Maurice Scève, représentant le plus illustre de l’école poétique lyonnaise (regroupant aussi Louise Labé et Pernette du Guillet), est né à Lyon, entre 1500 et 1505, dans une famille bourgeoise fixée dans le quartier Saint-Paul depuis le début du 15e siècle. Le père du poète a exercé de hautes charges municipales, étant échevin et juge mage.
Son existence reste mal connue. Après une solide formation intellectuelle, il se retrouve vers 1530 en Avignon, attaché au vicaire de l’archevêque. En 1533, il participe aux recherches du tombeau de la mythique Laure de Noves, épouse d’Hugues de Sade, la dame que Pétrarque avait aimée et chantée dans son Canzoniere, morte en Avignon lors de la peste de 1348. Il croit trouver cette sépulture dans laquelle est gardée un sonnet qu’il attribue à Pétrarque. Cette découverte lui vaut une certaine célébrité, et les félicitations du roi François Ier, lui-même grand amateur de poésie pétrarquiste.
De retour à Lyon, Scève fréquente les cercles cultivés, écrit et participe en 1536 à un concours de blasons lancé par Marot. Il remporte, pour son Blason du Sourcil, la palme décernée par la duchesse de Ferrare, Renée de France.
Cette même année semble celle de sa rencontre avec Pernette du Guillet, poétesse lyonnaise, en qui on s’accorde à reconnaître l’inspiratrice du long poème Délie, objet de plus haute vertu, paru en 1544.
Figure de premier plan dans la vie culturelle locale, mais aussi membre d’une des riches familles qui se partagent les charges officielles de la ville, Maurice Scève est le principal organisateur des fêtes données en 1539 et 1540 lors du passage de François Ier à Lyon. Il est également chargé de régler les festivités somptueuses de l’entrée royale de Henri II et de Catherine de Médicis à Lyon en 1548.
La fin de sa vie reste mystérieuse. Il élabore un dernier texte, grand poème cosmologique, Microcosme, paru chez Jean de Tournes à Lyon en 1562.
Au silence ou au dénigrement qui marquèrent près de trois siècles et demi de relatif oubli, ont succédé un grand nombre d’études, de publications, et une curiosité fascinée pour cette obscurité même qui fut tant reprochée à Délie. On n’en finit plus de redécouvrir Maurice Scève, ce Mallarmé du 16e siècle.
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Œuvres
Délie, objet de plus haute vertu, Lyon, Sulpice Sabon, 1544
Saulsaye, églogue de la vie solitaire, Lyon, Jean de Tournes, 1547
Microcosme, Lyon, Jean de Tournes, 1562
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Plus tôt seront Rhône et Saône disjoints,
Que d'avec toi mon coeur se désassemble :
Plus tôt seront l'un et l'autre mont joints,
Qu'avecques nous aucun discord s'assemble ;
Plus tôt verrons et toi et moi ensemble
Le Rhône aller contremont lentement,
Saône monter très violentement,
Que ce mien feu, tant soit peu, diminue,
Ni que ma foi décroisse aucunement.
Car ferme amour sans eux est plus que nue.
*
Si tu t'enquiers pourquoi sur mon tombeau
L’on aurait mis deux éléments contraires,
Comme tu vois être le feu et l'eau
Entre éléments les deux plus adversaires :
Je t'avertis qu'ils sont très nécessaires
Pour te montrer par signes évidents
Que si en moi ont été résidents
Larmes et feu, bataille âprement rude :
Qu'après ma mort encore ci dedans
Je pleure et ars pour ton ingratitude.
*
Tout le repos, ô nuit, que tu me dois,
Avec le temps mon penser le dévore :
Et l'horloge est compter sur mes doigts
Depuis le soir jusqu'à la blanche Aurore.
Et sans du jour m'apercevoir encore,
Je me perds tout en si douce pensée,
Que du veiller l'âme non offensée
Ne souffre au corps sentir cette douleur
De vain espoir toujours récompensée
Tant que ce monde aura forme et couleur.
In Délie
13:48 Publié dans Anthologie de poètes lyonnais | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, poésie, scève, lyon
jeudi, 16 octobre 2008
Talcy
Le château de Talcy, haut lieu d'histoire littéraire : y vécurent Cassandre Salviati, aimée de Ronsard (Amours de Cassandre), et sa nièce Diane, aimée d'Agrippa d'Aubigné. C'est dans ce château que d'Aubigné, blessé lors des guerres de religion, eut la vision des Tableaux célestes.
08:08 Publié dans Annexes et dépendances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : talcy, ronsard, cassandre, agrippa d'aubigné
dimanche, 12 octobre 2008
Tu finiras sur eBay
En écho à une note récente de l’ami Christian Cottet-Emard qui retrouve parfois au hasard de l’internet certains de ses livres depuis longtemps épuisés, j’ai découvert à mon tour sur le site d’eBay un ensemble de livres de la défunte maison A contrario :
« Beau lot de 5 livres de l’édition A contrario
Etat neuf
Comprenant :
Souvenirs d’un homme tranquille, de Marc Kober
L’édifiante histoire de Green.com, de Béatrice Hammer
Le nom, de Jean-Jacques Nuel
La double mémoire de David Hoog, de Roland Fuentès
Le sang des écrivains, d’Alain Pozzuoli.
Prix de départ 2 euros."
De quoi rendre modeste !
« Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière… » (la Bible)
« …et que tes livres finiront sur eBay. » (fragment apocryphe).
08:10 Publié dans Annexes et dépendances | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, livres, ebay, a contrario
mardi, 07 octobre 2008
L'année des corbeaux, sur Feedbooks
Quatrième texte à être mis en ligne sur la plateforme Feedbooks, sous forme d’un e-book gratuit, L’année des corbeaux est paru il y a quelques années en revue (L’instant du monde, revue disparue fondée par Raymond Alcovère) et sur Pleutil. Cette brève nouvelle constitue également le premier chapitre d’un roman jamais vraiment terminé, La plaine des Chères, 1968, chronique de mes années d’adolescence dans une plaine saccagée par le progrès (autoroute, remembrement, stations d’essence, extraction de gravier dans la rivière, etc.)
Je poursuis donc l’expérience avec Feedbooks, dont j’ai tiré un premier bilan assez positif dans mon billet du 24 septembre, au rythme sage d’un texte publié par mois. Hadrien Gardeur, cofondateur de Feedbooks, m’écrit assez régulièrement pour me tenir au courant de l’évolution de cet outil de publication et de diffusion, l’un de ses objectifs étant de permettre dans quelques mois aux auteurs de vendre aussi des textes numériques : « Un espace de vente en ligne ne viendra en aucun cas remplacer un espace gratuit, je vois les deux comme complémentaires. On peut ainsi implémenter un système de recommandation qui indiquera qu’un auteur dont on a lu les nouvelles gratuites vient de publier un roman cette fois-ci payant.
Pour tout ce qui est payant je pense qu’il faut systématiquement offrir un extrait gratuit aussi, pour que le lecteur puisse se faire une idée. (..) L’acte de vente ne vient qu’après qu’on ait pu se constituer une communauté de lecteurs. »
Il est donc possible que je mette en ligne l’an prochain des textes plus vastes, inédits ou édités devenus introuvables (romans, recueils de nouvelles…) en téléchargement payant. Feedbooks devrait connaître dans un proche avenir un double développement aux conséquences assez contradictoires pour l’auteur : une forte augmentation des téléchargements et l’apparition d’un nouveau lectorat adepte des nouveaux supports numériques (readers, iPod…) mais, dans le même temps, un afflux d’auteurs de niveau très inégal, ce qui risque de noyer tous les textes dans une masse énorme et indistincte. A suivre, donc.
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Mes 4 textes publiés sur Feedbooks :
(sur la page de présentation de l’e-book, dans « Select your download », choisir PDF pour la lecture sur ordinateur.)
Le petit appartement au sixième étage dans la prairie
18:10 Publié dans Textes et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (7)
dimanche, 05 octobre 2008
18e Salon de la Revue
les 10, 11 et 12 octobre 2008
à l'Espace d'animation des Blancs-Manteaux
48, rue Vieille-du-Temple, Paris IVe
Le Salon en bref :
plus de 700 revues de toutes disciplines (littérature, poésie, art, sciences humaines et sociales, psychanalyse, débats et idées)
200 revues étrangères (Belgique, Québec, Suisse, Espagne, Italie, Israël…)
15 nouveaux exposants, de l'École Française d’Extrême-orient aux Presses universitaires du Septentrion ; Le Visage vert, La Nouvelle revue théologique, les Périphériques vous parlent, Frictions, Sakamo, Utile, Geste, Papiers nickelés, Liselotte, Quatre, Fora, La Corne de Brume, Revue Giono…
10 nouvelles revues : Ananda, Criticat, Contraste, Journal de Quinzinzinzili, Résonance générale, Ricochets-poésie, La Roulette russe, TINA, Utile, Et donc à la fin…
30 animations, tables rondes et débats, dialogues et lectures.
10:44 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, culture, revue
mercredi, 01 octobre 2008
Roger-Arnould Rivière (1930 – 1959)
Né à Tarare (Rhône) le 21 mars 1930, Roger-Arnould Rivière suivit des études supérieures de lettres modernes, puis d’anglais à la faculté de Lyon. En 1955, il obtint le CAPES d’anglais, ce qui lui permit d’enseigner cette langue au collège de Tarare puis au lycée Ampère, à Lyon. Le 16 septembre 1959, il mit fin à ses jours en son domicile, 91 montée de l’Observance, dans le 9e arrondissement.
Rivière ne publia de son vivant qu’un seul recueil, Masques pour une ordalie (Millas-Martin, 1953). Ses Poésies complètes ont été rassemblées en 1963 par l’éditeur Guy Chambelland.
Le poète lyonnais Raymond Busquet lui a consacré une étude dans l’anthologie Poètes maudits d’aujourd’hui (Seghers).
Crâne de plomb lascif
lit-cage de mes années
sous tes linges croupis
ta mariole de vie
s’insurge ventre dru
J’ai soif de coucheries
sur les remblais de sel
où des scorpions odieux
se pourlèchent les moelles
Passions à l’étuvée
laits de gonfles fortuites
tes orgues et tes guis
crèvent sur l’ongle blanc
de cimes à peine taillées
replètes à mi-poursuite
entre l’épure et le large.
In Masques pour une ordalie
*
Orties cuisant pèlerinage
persistance verte d’ennui
vagues amères d’un orage
aux sourcils froncés d’un talus.
Ingrate lèvre d’un présage
fugitif ou lent circuit
veiné d’électrique mirage
l’amertume se sent nue.
Acre la lèvre où s’humecte
dans les mailles de l’ortie
le baiser de la suspecte.
Ame vol de sœur infirme
dentelée d’or ou d’abîme
sous une traîne de suie.
In Entre cri et silence
*
Tout épris qu’il fût des mailles
sac de soies et de sévices
mon amour a saveur d’âme
sous sa coque de silice
mais au geste oblong du crabe
ta méfiance se mesure
dans l’avide carapace
tombent les graviers d’usure
Ton boudoir à l’avenant
n’offre que paroi convexe
quand je n’ai plus deniers sonnants
pour la sébile de ton sexe.
In Poème de la cassure
21:41 Publié dans Anthologie de poètes lyonnais | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, culture, poésie, rivière, lyon