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samedi, 06 décembre 2008

Lapin chevauchant un chien tenant au poing un escargot

medium_bestiaire03.jpg

Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris, ms. 143 , fol. 165 (© Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris)

samedi, 22 novembre 2008

Le magazine des Livres n° 13

mdl13.jpgLe magazine des Livres n° 13 (décembre 2008 - janvier 2009) vient de paraître.

Ma chronique "Revue de détail" consacrée aux revues littéraires, que je publiais dans le trimestriel La Presse Littéraire (qui cesse sa parution), est désormais insérée dans Le magazine des Livres, à la fin du Cahier des livres.

www.magazinedeslivres.com

 

jeudi, 20 novembre 2008

Revue de détail n° 14

(Ces chroniques sont parues dans La Presse Littéraire n° 16.)

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LES MOMENTS LITTERAIRES n° 20

momentslitteraires20.jpgPour son numéro 20 et son dixième anniversaire,  la belle revue de Gilbert Moreau consacrée à l’écriture de l’intime s’offre des habits de fête : la couverture en rouge, noir et blanc est signée du grand couturier Christian Lacroix. (Notons qu’il aurait pu réaliser, pour opérer un rapprochement complet entre le vêtement et le livre, une « jaquette » !).  Au sommaire, des écrivains de l’intime dont la plupart ont déjà eu les honneurs de la revue ( Annie Ernaux, Serge Doubrovsky, Charles Juliet, Gabriel Matzneff, Anne Coudreuse, Jocelyne François) et un auteur trop peu connu (mais d’une discrétion volontaire, car il se tient loin de Paris et des milieux littéraires) : André Blanchard qui nous livre ses « Notes d’un dilettante » de 1986, extraites d’un livre à paraître « Un début loin de la vie ». Quelques citations de ce dernier : « Avoir devant une récolte maigrichonne de phrases le mot du jardinier quand son panier ne pèse pas lourd : - C’est l’année qui veut ça. » ; « Quand nous écrivons, plus rien n’existe. En somme, nous nous supprimons du monde sans avoir besoin de nous détruire. C’est un privilège qui classe la littérature. » ; « Longtemps je me suis vu mourir bien avant trente ans, imprégné que j’étais du romantisme de la jeunesse, pour qui durer est comme une faute de goût. Depuis, j’essaie, difficilement, de croire à l’inverse, que je suis parti pour une longue vie, et cela en invoquant ce double postulat : j’ai beaucoup à faire, et je suis lent. » Ses derniers livres sont parus aux éditions Le dilettante.

De la lecture de ces différents auteurs, d’où émerge Blanchard pour son humilité et sa véracité, on se dit que l’écrit intime ne vaut que lorsqu’il dépasse l’écriture du moi (ce moi haïssable dont parle Pascal, cette banalité boursouflée) pour nous livrer l’auteur dans sa vérité et lorsque l’écriture est au plus près de l’acte de création, épousant son jaillissement.

Les Moments littéraires, B.P. 175, 92186 Antony Cedex. 128 pages, 12 € http://pagesperso-orange.fr/lml.info/

 

AMER, revue finissante n° 2

amer2.jpgPour son deuxième numéro, appelé « seconde décharge », Amer livre un dossier sur la domesticité. Se plaçant dans la continuité de la littérature fin de siècle (19e, évidemment) et de l’anarchisme, la revue place en quatrième de couverture une citation d’Octave Mirbeau qui résume bien le numéro : « 1° l’homme est une bête méchante et stupide. 2° la justice est une infamie. 3° l’amour est une cochonnerie. 4° Dieu est une chimère. » Le sommaire est très riche, convoquant Nietzsche, Rémy de Gourmont, Rachilde, Jean Lorrain, Sacher Masoch, mais faisant aussi appel à des plumes contemporaines, comme Marie-Laure Dagoit ou Stéphane Beau. Ce numéro copieux, à la couverture illustrée de chiens dangereux, se consacre notamment au fétichisme et aux amours ancillaires, rappelant avec ironie la Première Epître de Saint Pierre : « Vous les domestiques, soyez soumis à vos maîtres avec une profonde crainte, non seulement aux bons et aux bienveillants, mais aussi aux difficiles. Car c’est une grâce que de supporter, par égard pour Dieu, des peines que l’on souffre injustement. » Bourrée de références, de citations, illustrée de dessins et de photos érotiques d’époque, Amer revue finissante est une revue contestataire et mal embouchée (ne remplace-t-elle pas l’avertissement légal par « Le Code de propriété intellectuelle nous emmerde. Conséquemment nous emmerdons le Code de la propriété intellectuelle. »), mais elle nous rappelle ou nous révèle un pan un peu oublié de notre histoire littéraire et du mouvement des idées.

Amer, Les Ames d’Attala, 190 pages. http://zamdatala.net/

 

LA FAUTE A ROUSSEAU n° 48

fautearousseau48.jpgGrâce aux efforts de l’APA (Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique) et de son dynamique président Philippe Lejeune, spécialiste réputé de ce genre littéraire, le projet de cette association est désormais bien connu : conserver des textes autobiographiques inédits rédigés par des personnes de tous milieux sociaux. 640 adhérents et 180 mètres linéaires de textes à ce jour ! Le lieu de cette conservation est la médiathèque municipale de la Grenette, dont une partie est mise à la disposition de l’APA par la municipalité d’Ambérieu-en-Bugey, près de Lyon.

La revue La Faute à Rousseau, paraissant trois fois par an, se veut à la fois le bloc-notes de l’association (activités, brèves, calendrier, assemblée générale…) et un espace de réflexion sur le thème autobiographique. Elle est présente au Salon de la Revue de Paris et commence à être diffusée en librairies. Ce dernier numéro s’intitule «  Lire la vie des autres » et met l’accent sur l’expérience originale que mènent les membres de l’APA : lire en sympathie les écrits inédits d’inconnus, pour en rédiger et publier des échos de lecture (et selon la règle des « quatre sans » que rappelle Lejeune : accueillir sans trier, lire sans étudier, apprécier sans évaluer, diffuser sans publier). Le tout en se souvenant de Jean-Jacques Rousseau, le génial auteur des Confessions qui, en déposant sa vie dans le Garde-mémoire de l’humanité, voulait nous tirer « de cette règle unique et fautive de juger toujours du cœur d’autrui par le sien, tandis qu’au contraire il faudrait souvent pour connaître le sien même commencer par lire dans celui d’autrui. »

La Faute à Rousseau, APA, La Grenette, 10 rue Amédée-Bonnet, 01500 Ambérieu-en-Bugey. 84 pages, 9 €. http://sitapa.free.fr/

 

 

jeudi, 13 novembre 2008

Les éditions du Zaporogue

zaporogue.jpgInstaurant une nouvelle forme de publication et un nouveau rapport entre l'éditeur et l'auteur, les éditions du Zaporogue ont un mois d'existence. Cette micro-structure d'inspiration libertaire, à but non lucratif et exclusivement littéraire, a pour projet de publier des textes de qualité ne trouvant pas leur place chez les éditeurs commerciaux. Les textes retenus sont téléchargeables gratuitement sur le site Lulu.com et les lecteurs qui désireraient une version papier (livre broché) ne doivent s'acquitter que des frais d'impression et de port auprès de l'éditeur/imprimeur Lulu.com.

On l'a compris, le Zaporogue joue le rôle d'un intermédiaire, d'une interface entre l'auteur et la publication finale. Sébastien Doubinsky, le responsable du projet, parle d'un « bivouac où, entre amis, nous pouvons exister, en marge, peut-être, mais exister sûrement ». Tous les écrivains et artistes publiés chez le Zaporogue conservent l'intégralité des droits sur leurs œuvres et si, par chance, ces œuvres trouvent un autre éditeur, elles seront immédiatement retirées du site et du catalogue.

 

Quel est donc l'intérêt d'un auteur de passer par le Zaporogue plutôt que de s'autoéditer directement chez Lulu ? Je crois discerner trois avantages pour l'auteur, s'il est retenu :

- le travail de mise en ligne du texte sur Lulu.com, assez fastidieux et complexe pour qui n'est pas très féru d’informatique (mise en forme, conception d'une couverture, etc.), est assuré par le Zaporogue,

- l'auteur est choisi par un tiers qui joue le rôle d'éditeur, et donc légitimé, valorisé auprès du public potentiel,

- l'auteur ne se retrouve pas seul devant la diffusion de son œuvre, il bénéficie de l'appui du Zaporogue qui lui donne une visibilité, à travers sa vitrine web, et les actions qu'il pourra mener. Sur ce dernier point, Sébastien Doubinsky, dans un entretien accordé à La Revue des Ressources, est bien conscient que « pour réussir dans sa mission d'interface le Zaporogue doit absolument s'incarner dans des évènements réels et ne pas se cantonner au virtuel ».

 

Site internet :

www.myspace.com/zaporogue

samedi, 08 novembre 2008

Le Passe Rêve, de Markus Leicht

leicht.jpgPremier livre d’une toute nouvelle maison d’édition lyonnaise au nom très onirique (Le Songe des Murènes), le recueil de textes courts de Markus Leicht rassemble 20 petites proses écrites pour le net : la plupart de ces fictions ont déjà fait l’objet d’ebooks sur le site Feedbooks.

De l’humour, de la science-fiction, du fantastique, de la cuisine, des étoiles, un escabeau, des gnomes, une mémé, un chat, des robots, un champignon, du sable et des souvenirs. Bref un agréable bric-à-brac, le lecteur se retrouve transporté au royaume de la fantaisie, dans un monde que l’esprit de sérieux a depuis longtemps déserté. Une écriture buissonnière et décontractée, entre idéalisme et sourire, qui sait aussi nous offrir un très beau moment d’émotion avec le texte « Souvenirs, souvenirs », nous ramenant au temps du transistor et du yéyé…

Fin décembre, le même éditeur publiera une anthologie de textes fantastiques Les Soleils d’Infernalia.

 

Le Passe Rêve, de Markus Leicht, Le Songe des Murènes, c/o Temps Livres, 8 rue d’Algérie, 69001 Lyon. 7 €.

dimanche, 02 novembre 2008

Café Corneille

Corneille2.JPGCinquième texte à être mis en ligne sur Feedbooks, la nouvelle Café Corneille est parue dans une première version en 2002 dans la revue Harfang.

Une œuvre de fiction ayant pour cadre un lieu réel de Lyon : un café-bibliothèque près de la préfecture. Jean-Paul, qui vient de prendre une année sabbatique pour écrire, vient y contempler les livres et rêver de son œuvre à venir…

 

Les premières lignes :

"Il a attendu longtemps avant de se rendre au café Corneille.

Le café se situe comme son nom l’indique rue Pierre Corneille, au numéro 134, tout près de la préfecture. Jean-Paul connaît bien la préfecture pour y avoir travaillé très longtemps, près de vingt ans ; il connaît bien le bistrot pour y être venu en ce temps-là, prendre un café après le repas à la cantine ou boire une bière après l’heure de fermeture des bureaux. C’était alors un établissement ordinaire, un bistrot de quartier (qui faisait déjà restaurant à midi), sans rien de particulier. Il n’était pas question de livres. Ni à plus forte raison de littérature. Voici trois ou quatre mois, il a lu un article dans Le Progrès consacré à ce café-bibliothèque de Lyon – où le client peut à la fois boire et lire un livre, si ça lui chante, le temps de sa consommation. On peut également échanger un de ses propres livres avec un ouvrage détenu au café. Paul Pavillon, ancien journaliste et critique au Progrès, qui sait par cœur tous les lieux littéraires de la ville, lui en a une fois parlé au téléphone. Une femme qui adore les livres anime ce lieu peu commun. Jean-Paul a fréquenté des librairies qui faisaient salon de thé, mais jamais un bistrot qui se mêle de littérature."

 

Texte téléchargeable gratuitement : Café Corneille

 

Rappel des 4 premiers textes disponibles sur Feedbooks :

La nouvelle

La donne

Le petit appartement au sixième étage dans la prairie

L’année des corbeaux

 

mercredi, 29 octobre 2008

Maurice Scève (vers 1500 - vers 1560)

medium_scevedeliedet.2.jpgMaurice Scève, représentant le plus illustre de l’école poétique lyonnaise (regroupant aussi Louise Labé et Pernette du Guillet), est né à Lyon, entre 1500 et 1505, dans une famille bourgeoise fixée dans le quartier Saint-Paul depuis le début du 15e siècle. Le père du poète a exercé de hautes charges municipales, étant échevin et juge mage.

Son existence reste mal connue. Après une solide formation intellectuelle, il se retrouve vers 1530 en Avignon, attaché au vicaire de l’archevêque. En 1533, il participe aux recherches du tombeau de la mythique Laure de Noves, épouse d’Hugues de Sade, la dame que Pétrarque avait aimée et chantée dans son Canzoniere, morte en Avignon lors de la peste de 1348. Il croit trouver cette sépulture dans laquelle est gardée un sonnet qu’il attribue à Pétrarque. Cette découverte lui vaut une certaine célébrité, et les félicitations du roi François Ier, lui-même grand amateur de poésie pétrarquiste.

De retour à Lyon, Scève fréquente les cercles cultivés, écrit et participe en 1536 à un concours de blasons lancé par Marot. Il remporte, pour son Blason du Sourcil, la palme décernée par la duchesse de Ferrare, Renée de France.

Cette même année semble celle de sa rencontre avec Pernette du Guillet, poétesse lyonnaise, en qui on s’accorde à reconnaître l’inspiratrice du long poème Délie, objet de plus haute vertu, paru en 1544.

Figure de premier plan dans la vie culturelle locale, mais aussi membre d’une des riches familles qui se partagent les charges officielles de la ville, Maurice Scève est le principal organisateur des fêtes données en 1539 et 1540 lors du passage de François Ier à Lyon. Il est également chargé de régler les festivités somptueuses de l’entrée royale de Henri II et de Catherine de Médicis à Lyon en 1548.

La fin de sa vie reste mystérieuse. Il élabore un dernier texte, grand poème cosmologique, Microcosme, paru chez Jean de Tournes à Lyon en 1562.

Au silence ou au dénigrement qui marquèrent près de trois siècles et demi de relatif oubli, ont succédé un grand nombre d’études, de publications, et une curiosité fascinée pour cette obscurité même qui fut tant reprochée à Délie. On n’en finit plus de redécouvrir Maurice Scève, ce Mallarmé du 16e siècle.

 

*

Œuvres

Délie, objet de plus haute vertu, Lyon, Sulpice Sabon, 1544

Saulsaye, églogue de la vie solitaire, Lyon, Jean de Tournes, 1547

Microcosme, Lyon, Jean de Tournes, 1562

*

 

Plus tôt seront Rhône et Saône disjoints,

Que d'avec toi mon coeur se désassemble :

Plus tôt seront l'un et l'autre mont joints,

Qu'avecques nous aucun discord s'assemble ;

Plus tôt verrons et toi et moi ensemble

Le Rhône aller contremont lentement,

Saône monter très violentement,

Que ce mien feu, tant soit peu, diminue,

Ni que ma foi décroisse aucunement.

Car ferme amour sans eux est plus que nue.
 

*

Si tu t'enquiers pourquoi sur mon tombeau

L’on aurait mis deux éléments contraires,

Comme tu vois être le feu et l'eau

Entre éléments les deux plus adversaires :

Je t'avertis qu'ils sont très nécessaires

Pour te montrer par signes évidents

Que si en moi ont été résidents

Larmes et feu, bataille âprement rude :

Qu'après ma mort encore ci dedans

Je pleure et ars pour ton ingratitude.
 

*

Tout le repos, ô nuit, que tu me dois,

Avec le temps mon penser le dévore :

Et l'horloge est compter sur mes doigts

Depuis le soir jusqu'à la blanche Aurore.

Et sans du jour m'apercevoir encore,

Je me perds tout en si douce pensée,

Que du veiller l'âme non offensée

Ne souffre au corps sentir cette douleur

De vain espoir toujours récompensée

Tant que ce monde aura forme et couleur.

 

In Délie