Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 21 octobre 2006

La voix de nos maîtres

Questions :

Où peut-on écouter et télécharger gratuitement

Guillaume Apollinaire récitant Le pont Mirabeau,
Louis-Ferdinand Céline poussant la chansonnette,
James Joyce lisant Anna Livia Plurabelle, extrait de Finnegans Wake,
Gherasim Luca articulant ses poèmes,
André Breton déclamant L'union libre,
Antonin Artaud gueulant ou sussurant le texte radiophonique de Pour en finir avec le jugement de dieu ?
Où peut-on voir des films de Bunuel, Debord, Man Ray ?

Réponse : sur Ubuweb, site américain non commercial spécialisé dans la résurrection numérique de ressources avant-gardistes (mp3, vidéos et pages scannées), fondé en 1996 par le poète et critique musical Kenneth Goldsmith.
Ubuweb, consacré surtout à l'avant garde et à la poésie concrète et sonore, reproduit généralement des documents sans autorisation pour les mettre à la disposition de tous, et recèle dans ses vastes réserves de vraies perles qui viennent illustrer l'histoire de la littérature.

mercredi, 30 août 2006

Lyon Part-Dieu

Un nouvel album-photos dans la colonne de droite : quelques vues du quartier de la Part-Dieu, à Lyon.

medium_partdieu1.jpg

dimanche, 27 août 2006

Hommage à Jacques Simonomis, par Georges Cathalo

(Cet article est paru dans la revue Poésie première n° 35.)

 

Un grand singulier pas ordinaire du tout

 

En 1976, en ouverture à son deuxième recueil, Simonomis écrivait : "Avec l'amitié du papier, j'ai voulu rester propre et entier, dosant VISCERALEMENT la fraternité et la méfiance, la foi et le doute, la voix des foules et la solitude". On pouvait déjà noter l'insistance avec laquelle il avait tenu à isoler en lettres majuscules l'adverbe de cette phrase. Mieux qu'un symbole : une orientation pour toute une œuvre à venir. Un peu plus loin dans ce recueil de jeunesse, il écrivait encore : "Si tu n'apportes rien / pourquoi veux-tu que l'on te donne." Avec cette affirmation, Simonomis prolongeait ses choix, en parfait autodidacte généreux, indépendant, libertaire.

Authentique humaniste, il se voulait aussi "irrégulier du langage". Son œuvre qui comporte actuellement 33 titres compose une mosaïque originale dans le pâle concert des publications contemporaines. Pourtant, Simonomis n'a jamais cherché à construire une œuvre : les choses se sont faites peu à peu, dans une diversité d'intérêts et de passions, sans calcul, pour aboutir finalement à un ensemble inclassable, véritable casse-tête pour les étiqueteurs patentés.

*

"Les poètes marchent à l'amitié" écrivait Simonomis, et il était l'un des plus assidus à user de ce carburant écologique, générateur d'enthousiasme et de vitalité. Les gens de sa parentèle, on les connaît, on les devine : ce sont Rabelais, Corbière et Cros, mais aussi Rictus, Couté et Bizeau. Dès ses débuts, il avait été reconnu par quelques grands aînés tels que Jean Cassou, Marcel Béalu ou Jean Rousselot. Autour de lui, il avait su créer un réseau d'amitiés pour construire une réserve privée autour de dizaines de poètes actuels tels que Chatard, Huglo, Despert, Monnereau, Taurand et de tant d'autres encore que les distingués intellocrates sorbonnards s'ingénient à ignorer lors de leurs recensions et célébrations poétiques, occupés qu'ils sont à examiner leur nombril.

*

Quand il décida, en 1993, de se lancer dans l'aventure revuistique, Simonomis n'imaginait pas du tout dans quelle voie il s'engageait. "Le Cri d'Os", titre étonnant et un tantinet provocateur emprunté à Tristan Corbière, allait devenir sa "chose". La diriger seul pendant dix ans relevait de la folie et du sacerdoce. Seul, sans aide d'aucune sorte, envers et contre tous les importuns et les grincheux, il allait poursuivre sa route avec inconscience et courage, avec folie et témérité. Puis, alors que tout allait bien, il décida d'interrompre la publication, usé par l'égocentrisme et la mégalomanie de beaucoup de prétendus poètes.

"Je ne suis ni aigri, ni amer. Mais soulagé", écrivait-il. Qui connaît le fonctionnement d'une revue comprendra facilement cette décision. L'animation d'une publication périodique exige un travail de titan : des centaines et des centaines d'heures bloquées sur les écrits des autres, tenir à jour le courrier, relancer les abonnés oublieux…. Sa revue, Simonomis la voulait, dès l'éditorial du n° 1, "modeste mais fervente". Cependant, il ne perdait jamais sa belle lucidité puisqu'il écrivait : "Je ne veux pas mourir dans la peau d'un revuiste mais dans celle d'un poète indépendant". On voit bien en cela qu'il avait su rester fidèle à ses convictions de jeunesse, à ses passions, à ses amours et au grand amour de sa vie : Yvette.

"Ma balise de survie est un couple uni" : c'est à partir de cette solide fondation affective que Simonomis a réussi tout ce qu'il a entrepris. Sa seule inquiétude, disait-il, était la peur de laisser Yvette seule, démunie face à la dureté de la vie. Il savait à quel point il lui était redevable et que, sans sa présence fervente et rassurante, il n'aurait jamais pu aller jusqu'au bout de ses folles entreprises. Yvette, c'était pour lui bien plus que l'épouse patiente et attentionnée. Yvette, surnommée le Colibri, c'était toute sa vie, celle, disait-il, "sans laquelle je ne serais pas tout à fait".

*

Le dernier courrier qu'il m'avait adressé, en date du 22 janvier 2005, était rempli d'ombres et de non-dits. Toujours actif et généreux, il me remerciait pour un article sur "Claudication du monde", article paru dans le n° 99 de Rétro-Viseur. Un peu plus loin, il poursuivait :"J'ai frôlé la camarde après mon opération du 30/11. Je continue le combat. J'aimerais encore vivre quelques années." Ces paroles résonnent désormais dans un terrible silence.

Georges Cathalo - octobre 2005

 

 

(ultime courrier à Jacques Simonomis)

Cher Jacques,

nous sommes le lundi 21 février 2005. Il est 16 heures. Avec Marie-Claude, nous nous sommes arrêtés sur une aire d'autoroute après un périple de 600 kilomètres. Depuis notre Citadelle, nous sommes en transit vers la Normandie, le Pays d'Auge où nous attendent nos enfants et petits-enfants. Tu sais que nous avions prévu de nous retrouver du côté de Villers-sur-mer où tu as un pied-à-terre. Oui, nous avions prévu cela, mais ce ne sera plus possible…

En effet, à l'heure qu'il est , quelque part dans Paris, du côté du Pére-Lachaise, tu es conduit, comme l'on dit, vers ta dernière demeure, entouré, je le devine, par des proches et par des amis. En cet instant terrible, des dizaines d'images me passent par la tête : tes livres, tes revues et leurs coups de gueule, tes courriers et les qualités humaines qui transpiraient à chaque ligne.  A ce moment précis, je voudrais tant être chez moi, pouvoir retrouver tout cela, des mots et des images, des souvenirs et des illusions. Retrouver tout cela et une lettre en particulier, un courrier lumineux dans lequel tu écrivais qu'il fallait faire les choses quand il le fallait, profiter de la vie au moment où elle nous sourit.

Alors, assis bêtement sur un sinistre banc, je pense à ce rendez-vous manqué sur la côte normande…                                              

A bientôt, cher Jacques, ici, ailleurs, nulle part,…

Georges

 

*

 

Voir également sur ce blog :

Souvenir de Jacques Simonomis

 

Sur le blog de Casse :

Textes de Simonomis parus dans Casse

jeudi, 24 août 2006

Une condition d'écrivain, mais pas de statut

“Les intermittents ont un statut, pas les écrivains.”
Loin des confortables à-valoir d’une poignée d’auteurs stars, 98 % des écrivains exercent une autre activité professionnelle pour gagner leur vie. Le sociologue Bernard Lahire s’est penché sur leur quotidien dans son étude, La Condition littéraire. Les témoignages qu’il a recueillis mêlent bonheur d’écrire, frustrations, quête de reconnaissance et volonté d’indépendance.

Un article très intéressant à découvrir dans Télérama :

http://www.telerama.fr/livres/M0608211656070.html

lundi, 19 juin 2006

L'aventure du Calcre

Qui a peur du Calcre ?

ou Les aventures et les avatars d'une association d'auteurs 

 

(Cet article est paru dans La Faute à Rousseau n° 42.)

 

Créé en février 1979 sous l’appellation de « Comité des auteurs en lutte contre le racket de l’édition » - et trois ans après la parution du manifeste virulent Le Racket de l’édition coédité par Le Castor Astral et le Crayon Noir - le Calcre s’est donné comme mission première de défendre les écrivains contre certaines pratiques éditoriales malhonnêtes et le compte d’auteur abusif.

Quelques dizaines d’adhérents au départ, qui se regroupent après la faillite des éditions P.J. Oswald, sous ce sigle choisi « faute de mieux », certes explicite et combatif, mais qui ne sera pas toujours un atout pour l’association. Le Calcre diffuse un Dossier noir de l’édition à compte d’auteur ainsi qu’un organe d’information, L’Echo du Calcre, bulletin de liaison photocopié entre ses membres, et tente d’imposer un contrat-type pour ce genre d’édition. Il dénonce des éditeurs à compte d’auteur abusif : La Pensée Universelle, Saint-Germain des Prés, Millas-Martin, l’Athanor, et dans une moindre mesure Chambelland, Grassin…. En septembre 1979, le Calcre crée le Grand Prix du Requin d’or ! Cette récompense de dix mètres de long revient aux éditions Saint-Germain-des-Prés, qu’une joyeuse bande de fêtards, sortie avinée du Café littéraire Le Procope, leur livre à domicile dans leur librairie du boulevard Saint-Germain ! C’est aussi le début d’une intense activité judiciaire pour la défense des auteurs lésés contre P.J. Oswald, L’Athanor et la P.U., mais les plaintes au pénal sont jugées irrecevables.

Roger Gaillard, qui succède bientôt comme président de l’association à Mathias Lair, élabore un dossier pratique « Suivi d’un contrat à compte d’auteur », document qui permet d’optimiser les assignations contre la Pensée Universelle et de remporter de premiers succès judiciaires.

Mais en 1984, le Calcre touche le fond, les énergies se délitent, les adhésions se font plus rares quand Roger Gaillard, avec l’aide de votre serviteur qu’il a rencontré, recruté et convaincu, lance le chantier homérique de l’annuaire Audace (Annuaire à l’Usage Des Auteurs Cherchant un Editeur). Mesurant l’incroyable carence en information dont souffrent les auteurs dans le domaine de l’édition, il pressent l’intérêt que pourrait revêtir un annuaire pratique et critique, donc commenté, portant sur les principaux éditeurs francophones dont ceux qui pratiquent le compte d’auteur, ces derniers analysés et jugés, étiquetés avec des étoiles et des tomates ! Après deux ans d’enquête, comprenant notamment l’envoi d’un manuscrit sous-marin pour tester en situation réelle les réponses des éditeurs, l’annuaire voit le jour : 360 fiches, 280 pages, une couverture gris perle et jaune, une boite aux lettres sur la couverture : salué par la critique pour l’originalité de son projet, c’est aujourd’hui une pièce historique, un objet de collection ! La 2e édition, due désormais aux soins du seul Roger Gaillard, parait en 1988, et il sera ensuite régulièrement réédité.

medium_audace.3.jpgEn 1988, le Calcre élargit ses objectifs en adoptant l’appellation officielle « Association d’information et de défense des auteurs – Calcre ». Il considère en effet que la défense des droits des auteurs est indissociable d’une information solide, critique et globale, laquelle va dès lors se décliner en outils pratiques (annuaires, guides) et en articles dans la revue qui s’étoffe. ARLIT, Annuaire des revues littéraires et Compagnie, confectionné par Roger Gaillard complète bientôt AUDACE par une approche concrète et commentée de l’édition en revues.

1991 est l’année du coup de tonnerre : La Bruyère obtient la condamnation du Calcre à 37 000 F d’amende. Devant la menace de faillite et le péril de disparition de cette association « d’utilité publique », les sympathisants du Calcre créent Cose-Calcre, une association de soutien qui alerte les médias et lance l’opération « 37 000 chèques de 1 F ». Le pari ne pourra être tenu mais les adhésions affluent ! Tout finit bien : le Calcre va en appel et fait casser le jugement.

Le modeste Echo du Calcre laisse la place en 1996 à un beau magazine bimestriel, d’aspect professionnel, Ecrire & Editer. Sous titre : Un auteur averti en vaut deux ! Le tirage initial de 1000 exemplaires sera multiplié par 10 en 8 ans (tandis que les abonnés progressent de 450 à 1200). Marc Autret, recruté comme rédacteur en chef, assure de main de maître la direction du magazine qui se décline bientôt en dossiers spéciaux et se lance en 98 dans l’aventure de la diffusion en kiosques, via les NMPP.

Pour faire face à ce surcroît d’activité et à son succès, le Calcre doit recruter un rédacteur en chef adjoint pour épauler Marc Autret. Au bout de quelque temps, un conflit du travail se déclare avec ce nouvel employé qui se voit licencié. Celui-ci saisit les Prud’hommes qui le déboutent. Mais en février 2004, nouveau coup de théâtre, la Cour d’appel – en un jugement pour le moins surprenant - inverse l’analyse prud’homale et condamne le Calcre à verser 42 440 € à son ex-salarié ! Cette même justice qui a souvent donné raison au Calcre dans ses combats lui donne cette fois le coup de grâce… Malgré le soutien apporté par Cose-Calcre, il faut payer, ce qui excède les facultés budgétaires du Calcre. L’association est mise en liquidation judiciaire avant sa dissolution. Fin de l’aventure.

*

Par son indépendance farouche, sa ténacité et son dynamisme à toute épreuve (et le Dieu des écrivains sait qu’il y en eut, des épreuves…), l’association osant appeler « un chat un chat et Rollet un fripon » s’est acquis le respect des professionnels de l’édition, dont certains prestataires à compte d’auteur honnêtes, et l’inimitié farouche d’une poignée d’éditeurs à compte d’auteur abusif qui prospèrent au détriment des auteurs naïfs et inexpérimentés.

Sa détermination a payé : depuis 1994, l’action du Calcre a été décisive dans les cessations d’activité ou les condamnations d’éditeurs qu’il critiquait le plus : la Pensée Universelle, L’Académie Européenne du Livre, La Bruyère, Hubert Laporte… Mais au delà de son rôle de « justicier », l’association a apporté aux auteurs une information complète, détaillée et lucide sur tous les aspects pratiques et juridiques de la publication, qu’elle soit en livres, revues ou sur les nouveaux supports de l’Internet comme les webzines.

 *

Que reste-t-il aujourd’hui du Calcre ? Il survit et renaît à la fois, en deux structures très différentes. L’une, sous forme associative, Cose-Calcre, poursuit les buts de l’association initiale et continue d’animer un site internet et un webzine Ecrire & Editer ( http://www.wmaker.net/cosecalcre ) L’autre, L’Oie plate, constituée par trois anciens membres historiques de l’association dont Roger Gaillard, est une société qui reprend l’activité d’édition des annuaires : AUDACE, et bientôt de nouvelles éditions d’ARLIT et SAFELIVRE (annuaire des fêtes et salons du livre) et des guides pratiques (150 Questions sur l’édition ; La Revue mode d’emploi). Bref, l’aventure n’en finit pas de recommencer, malgré les écueils et les récifs, et tant qu’il y aura quelques requins dans les eaux troubles de l’édition, pour l’information et la défense des auteurs.

 

 

L’Oie plate, B.P. 17, 94404 Vitry Cedex, www.loieplate.com

Cose-Calcre, 8 rue Latran, 75005 Paris www.cosecalcre.com

 *

 La Faute à Rousseau est éditée par l'APA (Association pour l'autobiographie).

Son site :  http://sitapa.free.fr/

dimanche, 04 juin 2006

L'affaire Handke, suite et pas fin

Sur le site du Stalker, un article signé Jean-Gérard Lapacherie, revient sur l’affaire Peter Handke, l’affaire de trop, celle qui nous révèle que sous ses dehors « cools, libérés et libertaires », notre époque est dominée, encadrée par une police de la pensée, exercée par quelques bonnes âmes bien-pensantes postées dans les médias ou les institutions culturelles, jouant un rôle de véritables commissaires politiques. Situant cette affaire dans le droit fil de la Bêtise éternelle et triomphante, il précise : « Au milieu du XIXe siècle, elle se nommait Homais, Pécuchet, Prud’homme, Bouvard, Perrichon ou Bécassine. Aujourd’hui, elle a pour noms Bozonnet Marcel, Daniel Jean, les journaleux du Nouvel Obs. Baudelaire et Flaubert aujourd’hui se nomment Peter Handke. »


Et Lapacherie de donner des éléments pour poursuivre le travail d’épuration :

« Puisque le Marcel et son bréviaire ont décidé de purifier l’art et la culture, indiquons-leur des pistes. Molière était un intime de Louis XIV. Louis XIV a fait mettre à feu et à sang le Palatinat. Que Molière ne soit plus joué à la Comédie-Française. Musset était un affreux réactionnaire. Que ses pièces soient interdites ! Mme Duras a écrit un ouvrage à la gloire de l’empire colonial, avant de travailler pour les services d’Abetz, puis de faire le procureur dans les procès de la Libération (elle a obtenu la tête d’un pauvre type), puis d’entrer au service de la propagande de Staline. Que jamais ses pièces ne soient jouées à la Comédie-Française. »


Le Stalker donne également l’adresse d’une pétition pour « la dépénalisation de la pensée » et pour exiger que la pièce de Handke soit jouée.

Signalons sur le même sujet un article de Matthieu Baumier, paru le mois dernier dans Le Figaro :

http://www.lefigaro.fr/debats/20060518.FIG000000173_affai...

 

vendredi, 02 juin 2006

La Revue mode d'emploi, premières critiques

Sur le blog de Christian Cottet-Emard :

http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2006/05/30/la-revue-mode-d’emploi.html

Sur le blog de Roland Fuentès :

http://rolandfuentes.hautetfort.com/archive/2006/04/14/la-revue-mode-d-emploi.html

 

Des articles sont également parus dans Livre & lire n° 215 (revue de l’ARALD) et dans Inédit Nouveau n° 203.