samedi, 04 juin 2011
Revue de détail n° 25
(Ces chroniques sont parues dans Le magazine des livres n° 30)
Les moments littéraires
La revue Les moments littéraires, fondée et animée par Gilbert Moreau, consacre sa dernière livraison à Roland Jaccard. Cet « éternel adolescent » (selon Tahar Ben Jelloun), venu de Lausanne à Paris faire une thèse sur Mélanie Klein, se retrouve engagé au Monde et devient journaliste et écrivain. Admirateur de Cioran, sa propre œuvre est marquée par la tentation du suicide. Mais à force de remettre l’acte à plus tard (« J’assume totalement le fait de consommer le suicide à crédit plutôt que de le payer cash »), il est devenu trop tard : « Passé cinquante ou soixante ans, l’idée de se suicider devient absurde, il y a déjà une telle déperdition de vie et d’énergie, que cela n’a plus aucun sens. Tout est joué, on est déjà mort, d’une certaine manière. » Il nous livre au passage l’anecdote savoureuse selon laquelle Cioran, après avoir croisé Beckett, fut heureux et soulagé d’avoir rencontré « un type plus déprimé que lui » ! Un long entretien, des extraits du journal intime de Jaccard, nous donnent une vision assez large et approfondie du personnage et de son œuvre. On ressent aussi sa nostalgie d’une époque déjà en partie disparue ou métamorphosée, le quartier littéraire de Saint-Germain des Prés (« Le Lutétia, le jardin du Luxembourg, le café de Flore, la piscine Deligny formaient un carré magique qui vous donnait le courage de persévérer dans l’existence »), la liberté des mœurs (« Si vous vous approchez un peu trop d’une adolescente, cela suscite des réactions qui ne sont pas les mêmes que dans les années 60 »), ou le journal Le Monde qui a tant changé à la fin du vingtième siècle : « J’étais entré dans un couvent, je me retrouvais dans un bordel ».
Les moments littéraires n° 25, BP 30175, 92186 Antony Cedex. 12 €.
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Cahiers Henri Béraud
Dans une relative discrétion qui n’empêche pas la ferveur, l’ARAHB (association rétaise des amis d’Henri Béraud) maintient le souvenir du plus grand écrivain lyonnais du 20e siècle, dont l’œuvre est passée sous silence en France et jusque dans sa ville natale à cause de ses écrits dans des journaux collaborationnistes durant la seconde guerre mondiale. Ce numéro daté de l’automne 2010, réalisé par Francis Bergeron et Philippe Vilgier, rend compte d’une conférence tenue le 7 octobre 2010, au restaurant Les Ronchons, à deux pas de la Tour d’Argent. Le sujet de cette conférence : les polémistes ; son titre : « De Béraud à Brigneau, polémistes français du 20e siècle ». Béraud déclarait en effet : « Mes distractions ? La pipe, la vie nocturne et la polémique. » Hommage à tous les polémistes depuis la chute de l’Empire jusqu’à nos jours ( qu’ils soient de gauche, ou majoritairement de droite), ce dossier trop bref a le mérite de nous remettre en mémoire les noms de tous ceux qui ont crié haut et fort contre le conformisme ambiant. C’est avec Rochefort (« La France compte trente-six millions de sujets sans compter les sujets de mécontentement ») que naît la polémique moderne, elle se poursuit avec Zola, Bloy, Daudet, Henri Jeanson, et tant d’autres jusqu’à Jean-Edern Hallier. Ce numéro rappelle aussi le sort brutal qui fut souvent réservé à la liberté de parole (amendes, prison, bagne, exil, menaces de mort ou condamnation à mort) et dénonce la fausse contestation actuelle (comiques de Canal +) qui n’est qu’une rébellion institutionnalisée, selon les termes de Philippe Muray.
Cahier Henri Béraud n° 23, Association rétaise des amis d’Henri Béraud, BP 3, 17111 Loix-en-Ré.
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mardi, 31 mai 2011
La fermeture des Xanthines
Un message reçu aujourd'hui du café Les Xanthines, annonçant sa fermeture prochaine :
« Ce programme est le dernier que nous vous faisons parvenir : à notre grand regret, nous nous voyons dans l'obligation d'arrêter notre activité fin juin.
En effet, depuis notre déménagement (trois ans que nous avons quitté le Cours Albert Thomas, Lyon 8ème), nous n'avons jamais retrouvé la fréquentation que nous avions alors.
Malgré notre forte mobilisation tant dans l'ouverture quotidienne du café que dans la mise en place des soirées du vendredi, nous n'avons pu équilibrer durablement notre budget et la tâche se révèle bien lourde pour notre petite équipe de bénévoles.
C'est le coeur gros que nous prenons cette décision mais nous ne regrettons pas tout cet investissement car nous avons connu des moments de rencontre forts autour de la poésie, de la lecture, de la musique, de la peinture et dans toutes les animations que nous avons accueillies tout en partageant des boissons équitables…..
Pour nous remémorer tous ces bons moments et terminer dans la bonne humeur nous vous invitons à une fête de fermeture le 24 Juin prochain. »
On regrettera ce lieu chaleureux qui vit passer, entre autres, Roland Tixier et Roland Thévenet…
Café associatif du commerce équitable
Les Xanthines
33 rue de Condé
69002 Lyon
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samedi, 23 avril 2011
Revue de détail n° 24
(Cet article est paru dans Le Magazine des livres n° 29 .)
Un annuaire des revues
La parution de l’annuaire des revues littéraires ARLIT, dont Roger Gaillard livre la cinquième édition chez L’Oie plate, réjouira les amateurs de revues comme les auteurs en quête de publication. Plus de 500 revues (sous forme papier) sont répertoriées, dont la plupart de création littéraire ou artistique, ou de critique littéraire. Parmi celles-ci, 325 revues publient de la poésie, 200 des contes et nouvelles, 140 des récits et des extraits de roman ou de récit, 200 s’intéressent aux petites formes (pamphlet, insolite, écrits intimes, proses très littéraires, journal et récit de voyage, pastiche...), 56 publient de l’humour, 23 du théâtre, et 50 de la SF ou du polar. Une fiche d’information d’une demi-page sur chaque titre donne les caractéristiques essentielles : adresse et coordonnées, année de création, caractéristiques techniques, tirage, aspect, contenu, genres publiés, prix, montant de la rémunération éventuelle, ainsi que des commentaires critiques sur la politique de la revue sous forme d’un avis au lecteur. Un instrument bien utile pour qui veut connaître ce monde resté marginal et qui compte des trésors, aussi bien pour l’aspect artistique de certaines réalisations que pour la qualité des textes publiés. La revue a toujours constitué un laboratoire pour la création comme pour la réflexion.
Cette cinquième édition ne compte que 544 revues (contre plus de 1000 dans l’édition antérieure). La mortalité des revues a été très importante ces dernières années. Selon Roger Gaillard, de multiples raisons expliquent cette réduction : la diminution du lectorat, d’abord, les jeunes lisant moins et étant intéressés par d’autres formes de culture, la diminution des aides publiques, et surtout, la montée en puissance de l’internet et des revues en ligne, tuant la revue papier. Celles qui restent sont souvent produites par de grandes maisons d’édition, ou portées par des équipes passionnées.
ARLIT, Annuaire des revues littéraires, par Roger Gaillard, L’Oie plate, 2010, 320 pages format A4, 36 €.
12:18 Publié dans Lectures, Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arlit, annuaire des revues, roger gaillard
vendredi, 01 avril 2011
Les mots d'azur : Damien Riba

21:32 Publié dans Annexes et dépendances | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 20 mars 2011
Nouvelle formule du Magazine des livres
A l'occasion de son 29e numéro, Le magazine des livres change de formule : il devient mensuel et adopte un format tabloïd.
On y retrouve toutes les chroniques habituelles, dont celle de Christian Cottet-Emard, Tu écris toujours ?
Je collabore à ce numéro en signant un article sur l'annuaire des revues ARLIT, de Roger Gaillard, paru récemment aux éditions de L'Oie plate.
Nouveau format : 315 x 400
Nouvelle périodicité : mensuel, 12 n° par an
Nouveau prix de vente : 4,80 €
18:49 Publié dans Annexes et dépendances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le magazine des livres, revues, arlit
samedi, 16 octobre 2010
Les mots d'azur, café poétique

Communiqué :
« Lancement d'un café poésie dans le secteur de Cannes Grasse.
Nous nous réunirons autour d'un auteur reconnu, ayant déjà publié à compte d'éditeur, dans le cadre convivial du restaurant La Gabbia, à l'orée du vieux village de Mouans-Sartoux, autour d'un verre et en compagnie d'un musicien. Le stationnement est possible sur le parking de la gare à environ 300 m.
Cette rencontre permettra de découvrir l'auteur invité, qui lira des extraits choisis de ses textes, et se découvrira en répondant à nos questions. Parsemée d'intermèdes musicaux, la soirée se poursuivra avec d'autres textes et d'autres auteurs : ceux que vous nous ferez découvrir et pourquoi pas les vôtres.
Voici les cinq premiers vendredis de 18h30 à 20h :
5 novembre 2010 : Christophe Forgeot
3 décembre 2010 : Victor Varjac
4 février 2011 : Brigitte Broc
8 avril 2011 : Damien Riba
20 mai 2011 : Raphaël Monticelli »
21:55 Publié dans Annexes et dépendances | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 25 septembre 2010
Diérèse n° 50
Je reste admiratif depuis bien longtemps devant le travail patient, attentif, considérable de Daniel Martinez au service de la poésie et de la littérature. La revue Diérèse qu’il anime depuis Ozoir-la-Ferrière parvient aujourd’hui à son 50e numéro.
Pratiquement absent du champ d’internet, dans une relative discrétion (la revue ne mentionne ni son adresse postale, ni de site ou d’adresse internet), Daniel Martinez a bouclé cette livraison de plus de 250 pages, qui séduit par la qualité de ses collaborations et de ses dossiers. Divisée en cahiers, elle ouvre ses pages aux poètes (Jacques Ancet, Alain Duault entre autres), aux prosateurs (Alain Jean-André, Sylvie Huguet, Philippe Blondeau), aux chroniqueurs (Pierre Dhainaut, Jean Bensimon, Alain Helissen, Michel Lamart). Notons des poèmes en bilingue (Durs Grünbein traduit de l’allemand, Nikola Madjirov traduit du macédonien).
Mais l’intérêt essentiel de ce numéro réside en un dossier consacré à Claude Pélieu. Comme le rappelle Bruno Sourdin, Pélieu s’est éteint en décembre 2002, le jour de Noël, sur un sinistre lit d’hôpital à Norwich, une petite ville perdue au nord de l’Etat de New York. Son œuvre de traducteur et de « passeur » de la Beat Generation a été considérable : William Burroughs, Allen Ginsberg, Lawrence Ferlinghetti, Bob Kaufmann. Elle a malheureusement éclipsé son travail personnel de création poétique, qui se révèle particulièrement riche et novateur. Diérèse propose ainsi une mini-anthologie des Poèmes éparpillés, qui nous fait parfois penser aux haïkus japonais.
Six heures du soir,
le ciel caillé de neige
a repris ses couleurs.
Ici, ailleurs, tout est
humainement médiocre.
Naissance et mort
ne laissent pas de traces.
Diérèse n° 50, 10 €, Daniel Martinez, 8 avenue Hoche, 77330 Ozoir la ferrière.
11:52 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : siérèse, revue, daniel martinez


