samedi, 23 novembre 2013
Andoche Praudel, la photographie comme art des trophées
Les noms des champs de bataille sont inscrits dans nos mémoires. Mais que sont-ils devenus ? Andoche Praudel a entrepris de les photographier. Il choisit un champ de bataille et sa date, prend la photo sur le lieu même et si possible, à date anniversaire. Il en réalise des images panoramiques, qu’il tire sur un papier Japon aux fibres poreuses. Dans un beau livre au format à l’italienne, nous sont restitués ainsi, par ordre d’apparition chronologique sur la scène de l’Histoire, des lieux de lutte et de carnage aujourd’hui comme reposés bien que leurs entrailles aient été nourries de sang : Carthage, Gergovie, Poitiers, Roncevaux, Teranomari, Azincourt, Valmy, Austerlitz, Waterloo… parmi une série de 26 vues.
On devine que Praudel photographe attend le moment favorable, une levée partielle du brouillard, la survenue d’un rai de lumière, d’un banc de nuages, l’élément changeant qui va donner un sens, un mouvement au décor cadré, lui donner une réelle dimension. Le traitement de la lumière, comme échappée ou comme révélateur, est particulièrement admirable dans deux vues : Gergovie et Glencoe, en Ecosse.
Baldine Saint Girons accomplit un double travail sur cette série de photographies : elle les fait précéder d’une étude, puis elle accompagne chaque cliché d’un double commentaire, l’un en amont (historique), l’autre en aval de la photographie (artistique). Dans une brillante démonstration, elle nous montre que « la photographie se caractérise non seulement comme l’art de conserver des traces, mais comme l’art de fabriquer des trophées, c’est-à-dire d’exhiber des objets paradoxaux qui, tout en étant arborés par les vainqueurs, parlaient en faveur des vaincus »
Non seulement les images sont belles en elles-mêmes, se suffiraient à elles-mêmes, mais leur intensité se trouve comme renforcée par la référence historique qui introduit une dimension du passé et une dimension dramatique, naissant du contraste entre le calme actuel du lieu et ce que nous imaginons de violent et de mortel. « Praudel n’est ni un reporter de guerre, ni un historien, ni un muséologue. Son seul objectif est de conduire, voire de forcer les choses et les lieux à exprimer leur âme, à livrer un témoignage proprement esthétique, trop souvent négligé comme tel », nous expose Baldine Saint Girons. « La photographie réussit à rendre l’histoire vivante : elle nous force à réfléchir sur l’événement et sur les nouveaux partages qu’il instaure. »
Les champs de bataille d’Andoche Praudel, de Baldine Saint Girons, éditions Manucius
11:20 Publié dans Lectures, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andoche praudel, baldine saint girons, manucius, champ de bataille, photographie
dimanche, 10 novembre 2013
L'autre Salon 2013
L'Autre Salon se tiendra à Grigny (Rhône) les 16 et 17 novembre 2013. Je serai présent les deux jours sur le stand des éditions Le Pont du Change. Outre la tenue du stand, je signerai mes derniers recueils publiés cette année :
- Courts métrages (Le Pont du Change) ;
- Lettres de cachet (Asphodèle) ;
- Modèles réduits (Microbe).
Tous renseignements sur L'Autre Salon.
18:30 Publié dans Annexes et dépendances, Mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'autre salon, jean-jacques nuel, courts métrages, lettres de cachet
vendredi, 25 octobre 2013
Feuilles d'automne
Quelques-uns de mes textes courts viennent de paraître dans Le Spantole n° 372. Sous une belle couverture rouge, cette revue belge dirigée par Thierry Haumont en est à sa 58e année !
Souhaitons la même longévité à Claude Cailleau qui anime depuis six ans Les Cahiers de la rue Ventura et qui m'accueille dans le numéro 22.
D'autres textes figurent au sommaire de la revue en ligne trimestrielle Paysages écrits n° 19, animée par Sanda Voïca et Samuel Dudouit.
21:38 Publié dans Mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le spantole, paysages écrits, jean-jacques nuel
samedi, 12 octobre 2013
Mon nouveau site internet
Conçu avec la plateforme E-monsite, il remplace l'ancien site qui datait de 2002.
Il est accessible par le même nom de domaine :
21:07 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-jacques nuel, site internet
mardi, 08 octobre 2013
Trois courts métrages
TROIS COURTS MÉTRAGES
(extraits de Courts métrages, Le Pont du Change, 2013)
LE DROIT D’AÎNESSE
Ma sœur aînée, je le sais, est née un an après moi et se prétend mon aînée. Je ne l’ai jamais contredite pour ne pas la contrarier, car elle peut se montrer, dans ses accès de colère, d’une violence extrême. Et ma position de frère cadet, bien qu’elle repose sur un mensonge, m’arrange au fond : je n’ai jamais aimé les responsabilités, et laisse volontiers à ma sœur, depuis la mort brutale de nos parents, le rôle de chef de famille. Elle a de puissantes relations dans la haute administration, je sais qu’elle s’en est servi pour parvenir à une falsification du registre d’état civil. Mon acte de naissance a été trafiqué : on m’a rajeuni de deux ans pour me faire naître fictivement après elle. J’en veux secrètement à ma sœur. Elle aurait pu tout aussi bien ne pas toucher à mon année de naissance et reculer la sienne de deux ans, le résultat aurait été similaire. Mais sa coquetterie et sa peur de vieillir s’opposaient à cette solution, et elle a préféré attenter à mes jours.
*
L’AMANT DE THÉRÈSE
2012 fut l’année Rousseau en région Rhône-Alpes, à l’occasion du tricentenaire de la naissance du grand écrivain. J’avais été recruté, en contrat à durée déterminée de trois mois, par le comité organisateur des festivités. Ma mission exclusive était de rechercher – pour compléter une biographie détaillée – le premier amant de Thérèse Levasseur, un individu de sexe masculin qui, contrairement à Jean-Jacques, n’avait pas laissé de nom dans la littérature et la philosophie. On ne disposait d’aucun élément sur le passé amoureux de Thérèse, à l’exception de ce bref passage au Livre VII des Confessions : « Elle me fit, en pleurant, l’aveu d’une faute unique au sortir de l’enfance, fruit de son ignorance et de l’adresse d’un séducteur. » ; elle n’était donc pas vierge lors de sa rencontre avec Rousseau. Cette notation mise à part, aucune piste, aucun témoignage, aucune archive nous menant à ce prétendu séducteur. Je désespérais de trouver quelque chose. « Cherchez toujours ! » disait-on pour me rassurer. « Cela vous occupera jusqu’à la fin de votre contrat. »
*
JARDIN D’ENFANTS
Après avoir quitté l’Éducation nationale, pour incompatibilité d’humeur avec les enfants, je cherchais un boulot pépère. Je crus l’avoir trouvé lorsqu’on me proposa ce poste de gardien au musée des beaux-arts. Rester assis sur un tabouret, porter un uniforme, observer le public (en concentrant mon attention sur les plus jolies femmes), attendre l’heure de la fermeture – ces multiples activités semblaient entrer dans mes compétences. On m’affecta à la surveillance d’une grande salle occupée par une seule œuvre d’art monumentale, installée dans le cadre de la biennale d’art contemporain. Sur le sol étaient répandus des jouets en plastique de couleurs vives, des bacs de sable, des ballons, des toboggans, des balançoires, disposés selon le caprice de l’artiste ; le titre de la composition figurait sur une plaque de plexiglas fixée au mur : JARDIN D’ENFANTS / KINDERGARTEN. « Vous êtes responsable de cette œuvre majeure ! », m’avertit le directeur du musée. Je ne voyais rien de majeur dans cet assemblage hasardeux d’un artiste prétentieux, tenant d’un art conceptuel commode qui le dispensait de faire ses preuves avec un crayon et un pinceau, mais j’étais prêt à accomplir avec conscience le travail pour lequel on me payait. Très vite, il m’apparut que j’en avais sous-estimé les difficultés. Les enfants et les groupes scolaires, nombreux à visiter le musée, étaient irrésistiblement attirés par les jeux et les jouets sur lesquels ils se précipitaient, et je devais me battre toute la journée pour les empêcher de s’en emparer. J’avais horreur de cette œuvre, comme j’ai toujours eu horreur des enfants, et j’étais chargé de protéger l’une contre les assauts des autres. Moi qui avais quitté l’enseignement pour ne plus avoir à faire la discipline, j’étais réduit au rôle de garde-chiourme ! À l’origine, la composition artistique ne devait rester exposée que le temps de la biennale, soit quatre mois, mais le musée envisageait maintenant d’en faire l’acquisition, et je craignais d’avoir à la surveiller jusqu’au jour encore lointain de ma retraite.
Descriptif et bon de commande de "Courts métrages"
12:37 Publié dans Textes et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : courts métrages, jean-jacques nuel, le pont du change
jeudi, 03 octobre 2013
Deux lectures
Je participerai à deux lectures prochainement :
- vendredi 27 septembre, à 18 heures 30, à la librairie Point d'encrage (73 rue Marietton, 69009 Lyon), je présenterai la maison d'édition Le Pont du Change, puis je lirai mes textes en compagnie des auteurs Christian Cottet-Emard, Frédérick Houdaer et Roland Tixier.
- vendredi 4 octobre, à 19 heures, je suis invité à la lecture de la revue VERSO (10 rue Bourgelat, 69002 Lyon), avec les auteurs Carole Dailly, Josiane Gelot et Patrick Dubost.
15:58 Publié dans Lectures, Rencontres avec | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lectures, nuel, le pont du change
jeudi, 12 septembre 2013
MICROBE 79
Le 79e numéro de la revue Microbe vient de paraître !
J'en ai assuré la préparation et la coordination.
Au sommaire : StéphaneBeau
Christian Chavassieux
Christian Cottet-Emard
Roland Counard
Grégoire Damon
Bernard Deglet
Christian Degoutte
Fabrice Farre
Jean-Marc Flahaut
Alain Helissen
Frédérick Houdaer
Hervé Merlot
Paola Pigani
Stéphane Prat
Pascal Pratz
Marlène Tissot
Les illustrations sont de Nicole Vidal-Chich
Les abonnés « + » reçoivent également, en supplément à la revue, le mi(ni)crobe 41 :
Modèles réduits de Jean-Jacques Nuel. Il s'agit d'un petit recueil contenant 22 textes brefs.
Plus d'infos ? ICI.
Pour tous renseignements, contacter ericdejaeger@yahoo.fr
16:30 Publié dans Mes publications, Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : microbe, nuel, modèles réduits