mardi, 20 novembre 2018
Belgique, terre d'aphorismes
Les éditions Cactus Inébranlable, spécialisées dans l'humour – le plus souvent corrosif – publient une anthologie qui fera date : Belgique, terre d'aphorismes.
L'aphorisme, comme l'indique le responsable de l'anthologie Michel Delhalle, remonte à l'antiquité avec Hippocrate. Il a connu ses lettres de noblesse. Pour moi, l'un des plus forts jamais écrits (et qui est à l'égal des plus beaux vers) est celui de La Rochefoucauld : « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement ». Ce genre littéraire porte des noms divers, on parlera des inscriptions de Scutenaire, des réflexions de Max Laire, des décoctions d'Achille Chavée, des contre-verbes de Marcel Mariën. Mais leurs auteurs sont tous des magiciens du langage, des orfèvres de la forme courte : comme le précise André Stas, « écrire court ne veut pas dire écrire vite ».
Les auteurs retenus sont classés par ordre alphabétique, avec une brève présentation et une bibliographie permettant de poursuivre notre découverte de leurs oeuvres. Dans un parti-pris égalitaire, ils occupent tous la même surface : une page avec 8 aphorismes au maximum. Delhalle a fixé ses règles dans cette anthologie qu'il affirme « subjective ».
On retrouve des pointures : Sternberg, Chavée, Scutenaire, Devos, Verheggen, Stas... et plus de 300 auteurs « inconnus au bataillon de la littérature reconnue par les Académies ». Une mine de brèves à explorer, à déguster.
Une préface de Christine Béchet, une postface de l'éditeur Jean-Philippe Querton, quelques définitions, un bref historique complètent ce panorama de la forme courte.
Au terme de cette passionnante anthologie, une question reste sans réponse : pourquoi la Belgique est-elle la terre d'élection de l'aphorisme ?
Belgique, terre d'aphorismes, de Michel Delhalle, Cactus Inébranlable éditions, 17 €.
http://cactusinebranlableeditions.e-monsite.com/pages/ach...
10:37 Publié dans Lectures, Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : delhalle, belgique terre d'aphorismes, cactus inébranlable
jeudi, 18 octobre 2018
Journal d'un mégalo (dossier critique)
Publié en juin 2018 par l'éditeur belge Cactus Inébranlable, le "Journal d'un mégalo" a reçu un bon accueil critique. Espérons que ces articles favorables ne monteront pas à la tête de l'auteur pour renforcer sa mégalomanie !
Un article de Didier Pobel :
http://dpobel.over-blog.com/2018/07/le-moi-sans-vacances-...
Un article de Jean-Pierre Longre :
http://jplongre.hautetfort.com/archive/2018/10/15/les-dro...
Un article de Gaëtan Faucer :
https://www.areaw.be/jean-jacques-nuel-journal-dun-megalo/
Un article de Denis Billamboz :
http://mesimpressionsdelecture.unblog.fr/2018/07/03/journ...
Un article de Patrice Maltaverne :
http://poesiechroniquetamalle.blogspot.com/2018/09/journa...
Un article d'Eric Dussert sur l'Alamblog :
http://www.alamblog.com/index.php?post/2018/10/05/Uber-al...
Un article de Jean-Paul Gavard-Perret :
http://www.lelitteraire.com/?p=43196
Un 2e article de Jean-Paul Gavard-Perret :
http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/jean-jacques-n...
Dans un article mis en ligne le 19/09/2018 sur le site du Point, intitulé "Majorité présidentielle : le terminus des prétentieux", le journaliste Saïd Mahrane évoque le Journal d'un mégalo :
"Quand, à l'Assemblée nationale, on observe certains députés En marche !, on relit avec plaisir le Journal d'un mégalo de Jean-Jacques Nuel, truffé d'aphorismes, jadis parus dans Fluide glacial : « Je veux être enterré avec les miens pour relever un peu le niveau du caveau. »
http://www.lepoint.fr/politique/majorite-presidentielle-l...
Avis de lecteurs
Jean-Loup Martin a lu le « Journal d'un mégalo ».
« Votre livre manifeste un humour cinglant, une ironie féroce. Apparemment vous parlez de vous-même certes, mais vous parlez du monde, de l’humanité, et certaines maximes égalent celles des maîtres du genre : La Rochefoucauld, Chamfort, Vauvenargues, sans oublier Pascal, La Bruyère ou La Fontaine (mais aussi Lautréamont) : « On naît sans expérience de la vie ; on meurt sans expérience de la mort » (page 13) ; « Je serais Dieu, Dieu sait ce que je ferais » (page 17) qui offre une belle ambiguïté, « Dieu sait ce que je ferais » pouvant selon moi être interprété en bien ou en mal : ce que je ferais pourrait être bien mieux ou bien pire que ce que Dieu a fait ...
Et, en « jonglant » avec les mots et les jeux de mots jusqu’à l’« absurde », vous offrez à vos heureux lecteurs une vision du monde qui atteint des profondeurs insondables, parfois vertigineuses : « Le comble de la célébrité serait que l’on mette mon existence en doute, comme celles de Shakespeare ou de Dieu » (page 32) ; « La terre ne tourne que dans un seul sens, alors que moi, je peux tourner dans les deux » (page 52).
Et puis j’ai apprécié ce qui m’est apparu comme des parodies d’écrivains ou du moins des allusions à des textes célèbres : « Que serais-je sans moi ? » (page 27) d’après Aragon, que j’ai « entendu » en moi avec la voix de Jean Ferrat ! « Tu ne seras qu’un homme mon fils (et pas un génie comme ton père …) » (page 28) d’après Kipling.
« Ceux qui veulent me faire passer pour fou semblent ignorer que je le suis déjà » (page 34) : ce pourrait être la conclusion de votre livre – et le signe sous lequel on pourrait placer tout être humain, toute existence humaine … Et ceci que tout écrivain prend évidemment à son compte : « Si je devais n’emporter qu’un seul livre sur l’île déserte, ce serait le mien » (page 39) ; et évidemment : « Je suis épuisé, mais on va prochainement me rééditer » (page 61).
Mais j’aurais pu choisir d’autres phrases ou, mieux encore, citer votre livre tout entier … Journal d’un mégalo, certes, mais aussi manuel de vie, manuel de survie, bouée pour ne pas se noyer dans l’immensité de la médiocrité humaine. Un « petit » livre, un texte bref peuvent être bien plus « lourds » de sens et d’humanité que des textes plus ambitieux. »
Pour se procurer le Journal d'un mégalo :
http://www.librairiewb.com/9782930659817-journal-d-un-meg...
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mercredi, 26 septembre 2018
Le vin, c'est divin, de Gaëtan Faucer
Une histoire étrange et cruelle, conçue - bien que dépourvue de dialogues - comme une brève pièce de théâtre à trois personnages. (Derrière le nouvelliste, on reconnaît le dramaturge, Gaëtan Faucer étant l'auteur de plusieurs pièces.) Un jeune homme prisonnier, mis deux jours à la diète, puis forcé à manger et à boire par un couple de geôliers composé d'un père et de sa fille, ne comprend qu'à la fin le sens de ce plantureux repas et de cette inquiétante cérémonie. On n'en dira pas davantage pour garder le suspense, mais tout cela finit mal, dans le sang couleur de vin rouge – un vin célébré ici comme un dieu, et qui prend la forme d'un jéroboam trônant au sommet du cellier.
Ce recueil de format 10 x 14 cm est le 57e de la collection de nouvelles Opuscule, que l'éditeur belge Lamiroy publie au rythme régulier et effréné d'un recueil par semaine depuis le premier septembre 2017.
Le vin, c'est divin, de Gaëtan Faucer, Opuscule n° 57, Lamiroy éditeur, 4 €.
https://lamiroy.net/collections/opuscules/products/57-le-...
18:29 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaëtan faucer, opuscule, lamiroy
samedi, 07 juillet 2018
Extraits de Journal d'un mégalo
Je ne remercie pas mes parents pour l'amour qu'ils m'ont donné. Une enfance malheureuse aurait été un plus dans ma biographie.
*
Si par extraordinaire on trouvait quelqu'un qui me parvienne à la cheville, je l'écraserais sous mes talons.
*
Je ne suis pas raciste, car je n'aime personne.
*
Je ne suis pas misogyne, car je suis misanthrope.
*
Dans votre intérêt je ne reste pas plus longtemps chez vous : vous pourriez être condamné pour recel de génie.
*
Si les autres écrivains n'existaient pas, il faudrait tirer mes livres à des milliards d'exemplaires pour remplir tous les rayonnages des bibliothèques.
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Je me ferai enterrer avec mes bijoux et mes biens les plus précieux, pour être sûr d'avoir encore de la visite.
*
J'ai trouvé le secret de l'immortalité, que j'emporterai dans la tombe.
*
Pourquoi devrais-je remercier mon public ? Est-ce qu'un porcher remercie son troupeau de cochons ?
*
Les intellectuels me prennent pour un comique, tandis que je prends les intellectuels pour des rigolos.
*
Publié en Belgique, chez Cactus Inébranlable, le recueil est disponible en France auprès de la librairie en ligne Wallonie-Bruxelles.
Il peut être aussi commandé directement auprès de l'éditeur :
cactus.inebranlable@gmail.com
ou de moi-même au prix de 11 € (9 € + 2 € de port). M'écrire à jj.nuel @laposte.net
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jeudi, 28 juin 2018
Journal d'un mégalo (parution)
Vient de paraître :
Journal d'un mégalo, chez Cactus Inébranlable éditions.
Un ensemble de 300 brèves humoristiques, dont certaines ont paru dans le magazine FLUIDE GLACIAL. La couverture est illustrée d'une linogravure de Jean-Claude Salemi, "Le selfie de l'homme".
"On a dit de moi que j'étais la huitième merveille du monde, mais je pense plutôt être la première."
Quitte à être mégalo, autant ne pas l'être à moitié. L'auteur de ce Journal se révèle le champion du monde toutes catégories de la mégalomanie, de la naissance à la mort : "Je veux être enterré avec les miens, pour relever un peu le niveau du caveau."
Il est bien évidemment le meilleur au lit et le meilleur en littérature.
Le mégalo peut perdre ses chaussettes, ses lunettes, ses appareils auditifs, mais il ne risque pas de perdre son ego.
Extraits choisis :
"Dieu est l'auteur de mes jours, mais pouvait-Il prévoir que ce serait un best-seller ?"
"Je tutoie les dieux mais la réciproque n'est pas vraie."
"Mon lit ne peut accueillir toute la misère sexuelle du monde."
"Longtemps j'ai vécu d'amour et d'eau fraîche, avant de découvrir le sexe et la bière."
"Si j'avais eu un frère jumeau, je l'aurais gardé précieusement pour les pièces de rechange."
Publié en Belgique, l'ouvrage est disponible en France
auprès de la librairie en ligne Wallonie-Bruxelles
Il peut également être commandé directement auprès de l'éditeur :
cactus.inebranlable@gmail.com
ou de moi-même au prix de 11 euros (9 € + 2 € de port). M'écrire à jj.nuel@laposte.net
Articles critiques parus sur le Journal d'un mégalo.
18:41 Publié dans Mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jurnal d'un mégalo, jean-jacques nuel, cactus inébranlable
dimanche, 20 mai 2018
Les Moments littéraires n° 40
La revue de littérature portée par Gilbert Moreau fête ses 20 ans et son quarantième numéro. Depuis l'origine, elle publie récits autobiographiques, carnets de notes, journaux intimes, correspondances. Plus de 180 auteurs ont été publiés et 33 dossiers consacrés à des écrivains dont l'œuvre fait une part importante à l'écrit intime.
Pour l'occasion, Les Moments littéraires ont choisi de mettre le journal intime à l'honneur. En mars 2017, la revue a proposé à des écrivains de publier les pages de leur journal qu'ils tiendraient entre le 23 et le 29 octobre 2017. La même semaine pour tous. Vingt-cinq auteurs ont accepté de jouer le jeu des « feuilles d'automne ».
Cette contrainte de date risque toutefois de modifier le journal, non dans sa sincérité, mais dans sa spontanéité. « Je me demande ce que peut être un journal dont on sait à l'avance qu'il sera publié. », se demande Marcelin Pleynet.
Dominique Noguez va plus loin : « Tout en acceptant son offre, j'avais fait à Gilbert Moreau, directeur de cette revue, l'objection que le fait, pour un journalier, de savoir à l'avance que telle partie de son journal non encore écrite sera publiée risque d'en perturber la spontanéité, de même qu'on ne fait pas la même tête si l'on parle dans la pénombre ou sous la clarté d'un projecteur. »
Mais à lire tous ces extraits de journaux, la plupart tenus par des diaristes ou romanciers connus (Juliet, Bergougnioux, Ernaux... ), ou par des auteurs plus secrets (Hervé Ferrage, qui est une vraie découverte), on s'aperçoit que la contrainte n'a pas trop altéré l'exercice. Chaque auteur a ses préoccupations, ses manies, son style d'écriture, se livre avec ses qualités et ses défauts dans ce numéro témoin de la richesse et de la grande variété du journal intime.
Michel Braud livre une étude introductive, « Lire les journaux intimes », dans laquelle il montre la spécificité et l'intérêt de ce genre littéraire.
Au sommaire du numéro 40 :
Pierre Bergounioux, René de Ceccatty, Anne Coudreuse, Colette Fellous, Claire Dumay, Roland Jaccard, Lambert Schlechter, Charles Juliet, Belinda Cannone, Annie Ernaux, Lydia Flem, Marcelin Pleynet, Béatrice Commengé, Michel Braud, Emmanuelle Pagano, Hervé Ferrage, Jocelyne François, Dominique Noguez, Patrick Combes, Denis Grozdanovitch, Christian Garcin, Camille Laurens, Anne Serre, Régine Detambel, Fabienne Jacob, Jeanne Hyvrard.
Les Moments littéraires, BP 90986, 75829 Paris Cedex 17
07:35 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les moments littéraires, journal
samedi, 19 mai 2018
Mots Slow n° 5
Le 5e numéro de la revue MOTS SLOW est d'abord un bel objet au format original, dont la conception graphique a été confiée à l'artiste Anne-Sophie Tritschler. Une affiche 70 cm x 100 cm pliée (34 x 24 cm), en sérigraphie 5 couleurs et offset.
La revue est bilingue, les articles étant rédigés en français ou en anglais (non traduits).
Mots Slow vise à réunir les contributions d'artistes et de chercheurs et universitaires en sciences humaines. Chaque numéro, dont l'identité graphique est unique, est consacré à une thématique spécifique, que chaque participant traite à partir de son imaginaire disciplinaire propre. Le thème de cette dernière livraison, Fast(e), entre en contradiction avec le nom même de la revue, Mots Slow.
C'est donc sur le temps que joue ce numéro, tout en tissant un lien avec le Livre des fastes d'Ovide, un calendrier poétique composé pour commémorer les fêtes romaines, et indiquer les jours fastes (marqués par une pierre blanche) et néfastes (marqués par une pierre noire).
On apprend ainsi qu'à l'origine, le calendrier de Romulus (- 400 avant JC) comprenait 9 mois, calqué sur la gestation humaine pour accoucher du temps. Ou que le pape Grégoire XIII, ayant remarqué que l'erreur de onze minutes qui se trouvait dans l'année julienne avait produit dix jours de plus, fit retrancher ces dix jours de l'année 1582 : au lieu du 5 octobre de cette année, on compta de suite le 15. Le temps est relatif dans sa valeur, son découpage et sa durée.
Une vingtaine de collaborateurs participent à ce numéro alliant culture et créativité, parmi lesquels Leïla ANVAR, qui livre un texte sur Nowrouz, le nouvel an du peuple iranien.
Mots Slow, Hand Art Publisher, Jérome Karsenti, 68 rue de Bâle, 68220 Hegenheim, 40 €.
10:09 Publié dans Revues littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mots slow, temps