mardi, 08 juin 2021
Charmes, de Christian Cottet-Emard
Dans une note liminaire à son nouveau roman, Christian Cottet-Emard, que l'on connaît aussi comme poète et chroniqueur, nous livre la genèse de Charmes : « Le don est un mystère qui m'a toujours tourmenté, sans doute parce que j'en suis dépourvu, en particulier de celui qui m'a le plus cruellement manqué, écrire et jouer de la musique. Ce manque étant une de mes hantises les plus lourdes, je m'en suis un peu allégé en inventant cette fable où rôdent les ombres et les esprits de ce qui ne peut trouver ni repos ni fin. »
Passionné de musique mais incapable de la pratiquer, le personnage principal Charles Dautray vit seul, dans sa maison jurassienne où il rédige son journal intime. À la suite de sa rencontre avec la mystérieuse Marina, il se trouve subitement en possession de ce don musical dont il a toujours rêvé. Une carrière de pianiste concertiste s'offre soudain à lui, qu'il mène aidé par son producteur et agent artistique Aaron Jenkins, tandis que le pigiste Antoine Magnard rédige des articles sur ses concerts et les livrets de ses disques.
Le roman se constitue des récits croisés des différents protagonistes, qui forment comme les pièces d'un puzzle. On se déplace à Lyon, Paris, Barcelone, Venise et Lisbonne, on prend quelques détours par Oyonnax et Nantua. L'action progresse vers une fin surprenante.
C'est à la fois un roman très personnel, où l'auteur livre beaucoup de lui-même (sa vie, ses goûts, ses décors...) et un récit fantastique, traversé par le personnage étrange et inquiétant de Marina, avec qui Charles Dautray lie une sorte de pacte faustien. « Il est vrai que je me damnerais bien en échange d'une parcelle d'excellence musicale et du génie qui l'accompagne. »
Cottet-Emard montre une grande connaissance de la musique classique et contemporaine, et une maîtrise dans l'art du dialogue intégré : délaissant le retour à la ligne et le tiret, il introduit les répliques des personnages dans le corps même du texte, qui gagne en fluidité. Le titre Charmes (venant de la villa des Charmes, évoquée dans la deuxième partie du livre) convient bien à ce récit : c'est l'histoire d'une possession, l'histoire d'un vertige.
Charmes, de Christian Cottet-Emard, Orage-Lagune-Express éditeur.
210 pages.
Le lien pour découvrir l'ouvrage :
http://cottetemard.hautetfort.com/archive/2021/06/05/charmes-6320188.html
08:08 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charmes, christian cottet-emard, orage-lagune-express, roman, musique
mercredi, 03 mars 2021
HERMES BABY
HERMES BABY
ma machine à écrire
La Boucherie littéraire
collection "carné poétique"
Commercialisée dès 1935 par le constructeur suisse Paillard, l'Hermes baby a été la star des machines à écrire portatives du 20e siècle. Avec son poids léger, son faible encombrement, sa ligne élégante, sa coque pratique et solide, elle a supplanté l'Underwood auprès des écrivains nomades et voyageurs. Elle a été l'inséparable compagne des écrivains Hemingway, Kerouac, Ionesco, Max Frisch ou Françoise Sagan. Hermes baby fut une révolution dans l'écriture, "le premier laptop de l'histoire", selon Jacques Perrier, propriétaire du musée de la machine à écrire de Lausanne.
Par ce recueil, j'ai voulu rendre hommage à la machine qui m'a suivi et aidé pendant près de trois décennies, avant l'apparition de l'ordinateur et du traitement de texte. Entre nostalgie et humour, HERMES BABY évoque la vie d'un auteur, ses difficultés avec les éditeurs, ou ses métiers alimentaires.
L'originalité de la collection "carné poétique" des éditions la Boucherie littéraire est d'offrir un livre-objet hybride à mi-chemin entre le carnet blanc et le livre imprimé. L'éditeur Antoine Gallardo précise : "Ainsi, dans le steak de tous les jours, une poésie originale de vingt pages est prise en sandwich entre quarante pages vierges laissées à la création du lecteur."
j'avais autrefois une petite machine
à écrire
portative
qui portait un nom
magnifique
HERMES BABY
je lui avais donné le diminutif
affectueux de
BABY
comme à une petite amie
elle m'a suivi
2 ou 3 décennies
dans tous mes déménagements
parfois même en voyage
elle a connu mes amis
mes amours mes ruptures
et les aléas de ma vie
je lui confiais des textes
dont j'exagérais l'importance
et sur lesquels elle ne portait
aucun jugement de valeur
Le livre est disponible en librairie le 5 mars 2021.
HERMES BABY sur le site de l'éditeur
06:30 Publié dans Mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hermes baby, jean-jacques nuel, la boucherie litteraire, machine à écrire
mercredi, 24 février 2021
Les Moments littéraires n° 45
Après un copieux numéro 43 consacré aux écrivains suisses romans, La revue Les moments littéraires, animée par Gilbert Moreau, poursuit la série des numéros "géographiques" en présentant une riche anthologie des diaristes belges francophones.
Avec une introduction de Marc Quaghebeur (où l'on apprend que les écrits du JE sont désormais appelés des égodocuments), la richesse de l'écrit intime belge apparait au travers des 18 textes sélectionnés. Hormis le journal de Maurice Maeterlinck, tous les extraits sont inédits. On y trouve aussi bien les carnets d'un cinéaste (Luc Dardenne), un journal graphique (Paul Mahoux), un journal daté (Henry Bauchau) ou sans date (Caroline Lamarche), et d'autres écrits comme ceux de Luc Delisse, Marc Dugardin, Lydia Flem, Jean-Luc Outers... Ces fragments couvrent près d'un siècle et demi et relèvent de types variés. "On y trouve même des écrits que l'on pourrait qualifier d'a posteriori, qui empruntent la forme du journal et sont clairement composés pour des tiers. Laurent Demoulin évoque ainsi la différence de sa contribution avec le "journal vrai", qui relève de l'infigurable et de l'intransmissible." (Marc Quaghebeur)
La revue Les Moments littéraires comme l'APA (Actualités du Patrimoine Autobiographique) oeuvrent pour la valorisation et la conservation de l'écrit intime, dont la forme la plus courante est le journal.
Les Moments littéraires n°45. 250 pages.
16 € pour la France, 26 € pour l'étranger (frais de port inclus)
https://lesmomentslitteraires.fr
20:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 04 février 2021
Mémoire cash (dossier critique)
Le recueil de poèmes Mémoire cash est paru à l'automne 2020 chez l'éditeur Gros Textes.
Plusieurs articles lui ont été consacrés.
Une chronique de Christian Cottet-Emard.
Une chronique de Jean-Pierre Longre.
Une chronique de Christophe Stolowicki.
Une chronique de Denis Billamboz.
Une chronique de Patrice Maltaverne.
Un article de Jacques Morin, dans la revue Décharge
Pour se procurer Mémoire cash.
10:52 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 26 novembre 2020
Chassez le mégalo... (dossier critique)
Depuis sa parution en août 2020, le recueil d'aphorismes "Chassez le mégalo, il revient à vélo", publié par Cactus Inébranlable, a été l'objet de plusieurs articles critiques (certains mentionnant aussi le précédent "Journal d'un mégalo" paru en 2018 aux mêmes éditions).
Un article de Christian Cottet-Emard
Un article de Jean-Pierre Longre
Un article de François-Xavier Farine
11:21 Publié dans Mes publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal d'un mégalo, chassez le mégalo il revient à vélo, cactus inébranlable, jean-jacques nuel
lundi, 16 novembre 2020
Mémoire cash
Vient de paraître :
Mémoire cash
(poésies)
éditions Gros Textes
la qualité du café s’est nettement
améliorée
dans les stations d’autoroute
depuis ces années lointaines
où il n’était qu’un breuvage acide
et infect
sur l’écran tactile du distributeur
tu choisis un expresso
pur arabica sans sucre
insères une pièce de 2 euros
et récupères la monnaie
tu bois ton café brûlant
debout devant une table haute
les yeux perdus sur le parking désert
en songeant à tout ce chemin
parcouru
et au peu qu’il te reste
à faire
Disponible sur le site de l'éditeur
ou me contacter pour un exemplaire dédicacé.
Un recueil de 84 pages, format 14 x 20 cm
10 € + 3, 50 € de port.
21:29 Publié dans Mes publications | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, gros textes, mémoire cash, jean-jacques nuel
mercredi, 23 septembre 2020
Aux grands jours, de Christian Cottet-Emard
Quand on publie de la poésie depuis plus de trente ans, la tentation est grande de faire un retour sur ses débuts et de chercher à comprendre le chemin de son évolution personnelle jusqu'aux plus récentes œuvres. Des questions se posent inévitablement : ces textes anciens sont-ils encore valables, encore lisibles ? Pour ceux qui résistent à un examen critique, ne méritent-ils pas d'être corrigés, voire réécrits ? Est-il bon de les rééditer ?
Toutes ces interrogations, Christian Cottet-Emard les a faites siennes, et s'est finalement décidé à republier ses recueils passés. Comme s'il voulait mettre de l'ordre dans ses papiers. Pour solde de tout compte. En choisissant une voie médiane : ne pas republier en l'état d'origine, ne pas tout réécrire, mais corriger. En veillant à ce que les modifications apportées ne nuisent pas à l'élan vital originel.
Pari réussi. Cinq recueils parus entre 1992 et 2004 sont ici regroupés, par ordre chronologique. : Le passant du grand large, L'alerte joyeuse, La jeune fille, Le monde lisible, Le pétrin de la foudre. Suivent quelques textes ajoutés en fin de volume.
Malgré l'ancienneté de leur conception, tous ces textes témoignent déjà d'une grande maîtrise dans l'écriture, et surtout, ils permettent de mesurer l'évolution, tant dans l'inspiration que dans la forme du vers employé, depuis les premiers textes où se devine parfois l'influence de René Char jusqu'aux derniers plus personnels, plus originaux et aboutis, plus amples, comme dans cet extrait du Monde lisible :
« La flaque d'eau toujours à la même place sur la route forestière où attend la vieille voiture n'est ni le miroir ni le contraire du monde, juste une facette de ce diamant qu'on appelle la Terre. ».
Deux textes rajoutés sont d'une grande originalité : La jeune fille aux sandales de sable et L'île des libellules transparentes sont des œuvres de quatre pages dont l'écriture se situe entre prose et vers, racontant une histoire en versets, toute de mystère et de délicatesse. On a l'impression de découvrir un nouveau genre littéraire.
Le recueil lu, une question se pose : pourquoi cet auteur de romans (Le club des pantouflards, Le grand Variable), de nouvelles (Mariage d'automne), de chroniques (Tu écris toujours ?, Prairie Journal), pourquoi un aussi bon poète que Cottet-Emard ne publie-t-il pas chez un éditeur, préférant délibérément l'autoédition ?
La réponse est dans la préface de son dernier recueil :
« Je suis de moins en moins tenté de soumettre un cycle de poèmes aux éditeurs de poésie même si publier à certaines enseignes me serait évidemment agréable. Quant à la satisfaction très compréhensible de voir enfin exister le ou les poèmes en un livre imprimé, je n'ai pas besoin de déranger un éditeur pour y accéder, car les récents et fulgurants progrès dans l'art d'imprimer à tirage limité la rendent immédiatement possible et pour le plus modique des coûts. En raison des tirages restreints et de la faible diffusion de la poésie, un poète peut aujourd'hui raisonnablement se poser la question de savoir si un éditeur de poésie est capable de lui assurer un lectorat plus nombreux que celui qu'il pourrait toucher en s'éditant lui-même, toute considération de prestige et d'image de marque liée à une enseigne évidemment mise à part. »
Voilà des propos susceptibles de lancer un vaste débat sur l'autoédition...
20:32 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : aux grands jours, christian cottet-emard, poésie