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lundi, 17 août 2020

Chassez le mégalo, il revient à vélo.

Vient de paraître :

Chassez le mégalo, il revient à vélo

aux éditions Cactus Inébranlable.

 

Chassezlemégalo.jpgAprès la parution en 2018 du Journal d'un mégalo, chez le même éditeur, le mégalo revient pour un nouveau tour de piste.

Un ensemble de plus de 400 aphorismes humoristiques, dont quelques-uns étaient parus dans le magazine d'humour Fluide Glacial.

Extraits :

"Ma mère et moi, nous nous disputons souvent pour savoir qui était le principal interprète dans la scène de ma naissance."

"Depuis le jour béni de ma naissance, on peut enfin affirmer que Dieu a créé l'homme à son image."

"A l'école, au collège, au lycée, les professeurs m'attribuaient des notes comprises entre 20 sur 20 et l'infini sur 20."

"Je me réveille plusieurs fois au cours de la nuit pour vérifier que je suis bien là."

"Après chaque bain de foule, je suis obligé de prendre une douche."

L'ouvrage est disponible sur le site de l'éditeur

Vous pouvez aussi me contacter directement si vous désirez un exemplaire dédicacé.

 

jeudi, 16 janvier 2020

Les moments littéraires n° 43

Amiel & Co.

amiel,les moments littéraires,diaristes suissesLa revue Les moments littéraires, animée par Gilbert Moreau, présente un copieux numéro 43 consacré aux diaristes suisses, intitulé Amiel & Co.

La Suisse semble être une terre d’élection pour l’introspection.

Jean-Jacques Rousseau avait ouvert la voie avec ses Confessions. Amiel lui a emboîté le pas avec son monumental Journal, et, à sa suite, sont venus Jaccottet et ses semaisons, Georges Haldas et ses carnets ainsi que Maurice Chappaz, Alexandre Voisard, Gustave Roud, Alice Rivaz, Ramuz...

Après une introduction de Jean-François Duval, ce numéro rassemble des extraits de journaux intimes d'écrivains suisses de langue française. Au sommaire du n°43 : Henri-Frédéric Amiel, Anne Brécart, Corinne Desarzens, Jean-François Duval, Alexandre Friederich, René Groebli, Roland Jaccard, Jean-Louis Kuffer, Douna Loup, Jérôme Meizoz, Jacques Mercanton, C. F. Ramuz, Noëlle Revaz, Jean-Pierre Rochat, Gustave Roud, Daniel de Roulet, Catherine Safonoff, Monique Saint-Hélier, Marina Salzmann, François Vassali, Alexandre Voisard, Jean-Bernard Vuillème, Luc Weibel.

Tous les textes sont inédits, hormis ceux de Amiel, Ramuz et Saint-Hélier.

Simultanément, la revue sort un numéro hors-série de 350 pages consacré à la correspondance entre Henri-Frédéric Amiel et Élisa Guédin. Une édition établie et annotée par Gilbert Moreau et Luc Weibel.

Dans la dernière partie de sa vie, Amiel a engagé un échange de lettres avec une jeune femme rencontrée chez l'un de ses collègues universitaires, Élisa Guédin. L'éternel candidat au mariage qu'il était a-t-il songé à l'épouser ? D'entrée de jeu, elle le prévient qu'il n'en est pas question, en recourant à cette formule : « Homme ne puis, femme ne daigne, âme suis. »

Une double et très riche livraison, qui fait des Moments littéraires la revue incontournable de l'écriture intime.

 

Les Moments littéraires n°43 avec un cahier de 8 photographies de René Groebli

16 € pour la France, 26 € pour l'étranger (frais de port inclus)

Le hors-série 21 €.

www.lesmomentslitteraires.fr

 

lundi, 08 juillet 2019

Une saison avec Dieu (dossier critique)

une saison avec dieu,jean jacques nuel,le pont du change,critiquesPublié en avril 2019 par les éditions Le Pont du Change, "Une saison avec Dieu" est un court récit fantasque, qui ose mêler humour et spiritualité.

Il a reçu un bon accueil critique, chaque chroniqueur apportant un éclairage nouveau sur un récit plus complexe qu'il n'y parait.

 

Un article de Loïc Di Stefano sur le site Boojum ;

Un article de Christian Cottet-Emard ;

Un article de Jean-Pierre Longre ;

Un article de Denis Billamboz ;

Un article de Didier Pobel ;

Un article de Pierre Perrin ;

Un article de Patrice Maltaverne

(cette note a été reproduite en outre dans le numéro 84 de la revue Traction-Brabant) ;

Une recension (rapide) d' Eric Dussert ;

Un article de Jean-Paul Gavard-Perret .

 

Un article de Michel Ménaché est paru dans la revue Europe n° 1082 (été 2049) :

 

Jean-Jacques NUEL : Une saison avec Dieu

Editions Le Pont du Change, 14 €

Après ses savoureux courts métrages, je retrouve l’humour et la finesse de Jean-Jacques Nuel dans Une saison avec Dieu, fable philosophique tressant habilement les souvenirs autobiographiques de l’étudiant en Lettres et la fantaisie de l’agnostique qui aurait tant aimé rencontrer Dieu. Avec le talent du conteur, la magie opère et il suffit d’une annonce de colocation pour que Dieu vienne en personne toquer à la porte du sept rue de l’Epée, au début de l’hiver 1973

Le récit est mené rondement, en sept épisodes, sous l’égide des Confessions du mystique Jacob Boehme et du sceptique Antonio Porchia, ayant toujours aimé Dieu sans croire en lui. L’auteur, tel Diderot dans Jacques le Fataliste, livre peu à peu les indices, prend le lecteur à témoin, imagine ses réactions, pressent son incrédulité, devance ses démentis. Donc, quand Dieu se présente, c’est sous les traits de l’être le plus banal qui soit, sans le moindre signe extérieur de richesse : « Dieu n’avait rien de remarquable. » Il prend place, en toute discrétion, sans laisser voir -ou croire- que tout l’espace lui appartient : « Dieu était chez lui chez moi. » C’est un éternel solitaire, aux « goûts simples et rustiques », peu soucieux de ce que devient sa création entre les mains d’une humanité aussi irresponsable qu’imprévisible. Pourtant « Dieu savait tout sur tout » et rendait volontiers service grâce à ses aptitudes encyclopédiques : « Un Pic de la Mirandole puissance 10 ». L’auteur se souvient de sa ville d’avant avec une certaine nostalgie car le monde comme il va ne le satisfait guère. Avec les années, les rêves et les flâneries d’antan n’ont plus cours, le charme est rompu !

De ce passé lyonnais recomposé, le narrateur dit n’être que le « scribe ébloui » : « ce sont les mystères de la mémoire, ou la mémoire d’un mystère […] comme si Dieu était derrière le rideau. » Bien sûr, si Dieu est impénétrable, l’auteur ne manque pas lui-même de se livrer peu à peu, bougon et pessimiste, mais avec l’esprit qu’on lui connaît et qui vaut bien qu’on supporte ses griefs contre toutes les postures religieuses, philosophiques ou idéologiques, récusant tout autant le mirage socialiste que le chaos capitaliste : « L’homme ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir de Dieu. ». Reste l’humour, la politesse du désespoir. Avec un zeste d’émotion poétique, une sensibilité authentiquement humaine…

Michel MÉNACHÉ

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Description et commande de l'ouvrage.

 

dimanche, 30 juin 2019

Les moments littéraires n° 42

La revue de littérature Les moments littéraires animée par Gilbert Moreau vient de sortir son 42e numéro consacré à Claudie Hunzinger.

claudie Hunzinger.jpegArtiste plasticienne et romancière, Claudie Hunzinger habite en montagne depuis 1965 avec son compagnon. « Nous n'avons jamais eu de projet ni de plan de vie. Nous avons été menés par un rêve qui faisait la loi. Francis cherchait une ferme ; je l'ai accompagné. Sans penser plus loin. J'étais entièrement là, et seulement là. » Elle ne bouge guère de son coin des Vosges, faisant de l’immobilité un concept d’aventure. Elle dit qu’on peut explorer le monde sur place, déchiffrer un minuscule territoire et que celui-ci devient alors un champ de découvertes, d’expérimentations et de rêve aussi passionnant qu'un continent inconnu. « Je pourrais y passer encore 300 ans sans bouger. En 50 ans le monde s'est ramassé ici, condensé ici tout en se déployant sur place. Comme un monde dans le monde dont l'énergie avalerait tout. »

Claudie Hunzinger va ainsi d’expositions sur le thème du végétal où elle présente des Pages d’herbe géantes, à des romans liés à la nature.

Elle a publié Bambois, la vie verte (Stock) ; Elles vivaient d'espoir ; La Survivance ; La langue des oiseaux ; L'incandescente ; Les grands cerfs (Grasset).

 

Le dossier Claudie Hunzinger

  • Pierre Schoentjes, L’architecture des branches : Claudie Hunzinger, de la vie verte aux grands cerfs

  • Entretien avec Claudie Hunzinger

  • Claudie Hunzinger, Office des morts et des vivants

  • Béatrice Commengé, Utopie

  • Yoshiko Watanabe, Ecrivez !

  • Emma Pitoizet, Cahier des enfants

On retrouve également dans ce numéro Isabelle Mège (avec entretien et photos), Stéphane Lambert, Jean-Pierre Georges et Anne Coudreuse.

 

Les Moments littéraires, BP 90986, 75829 Paris Cedex 17, 12 €.

www.lesmomentslitteraires.fr

 

mercredi, 12 juin 2019

Chroniques du Chat Noir, de Léon Bloy

Vient de paraître :

Chroniques du Chat Noir

de Léon Bloy

aux éditions Le Pont du Change.

(édition établie et présentée par Jean-Jacques Nuel)

 

Bloy-chroniques-couv2.jpg« S'il y eut jamais quelque chose de déshonoré, de méprisé, de croupissant, de pollué et de défoncé, c'est assurément le journalisme contemporain. Les bourgeois eux-mêmes, ces pourceaux augustes, commencent à ne plus vouloir de cette ordure pour leur dessert. Le talent qui n'a pourtant pas d'autre exutoire immédiat que ce cloaque du chantage et de la réclame est forcé de la traverser à la nage et s'y enlise neuf fois sur dix. »

Les treize chroniques rassemblées dans ce recueil sont extraites du livre Propos d'un entrepreneur de démolitions que Léon Bloy publia chez Stock en 1884. Ces articles avaient été d'abord publiés dans la revue Le Chat Noir, à laquelle Bloy collabora près de deux ans.

Un ouvrage 11 x 18 cm, 112 pages, 13 €.

 

En vente sur le site des éditions Le Pont du Change

Il peut être aussi commandé chez votre libraire habituel

ou sur Amazon.

Version ebook disponible.

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Introduction, par Jean-Jacques Nuel

 

Les chroniques rassemblées dans ce recueil sont extraites du livre Propos d’un entrepreneur de démolitions que Léon Bloy publia chez Stock en 1884. La plupart de ces articles avaient été d’abord publiés dans la revue le Chat Noir, d’où le titre retenu pour la présente sélection.

Les éditions Le Pont du Change n'ont pas souhaité rééditer l'ouvrage original dans son intégralité, car il est très hétérogène, parfois d’inégal intérêt, ou trop lié à l’actualité de son temps. Au reste, Léon Bloy lui-même nous aurait peut-être donné l’absolution pour cette décision de ne publier qu’un choix de ses textes, lui qui désavoua devant son ami Charles Bisson ses Propos d’un entrepreneur de démolitions en déclarant  : « C’est mal fichu ; je me démolis moi-même. » (rapporté par François Bisson, in Cahiers de l’Herne Léon Bloy, 1988).

Le Chat Noir, auquel Bloy collabora près de deux ans, était la revue du célèbre cabaret créé par Rodolphe Salis, établissement immortalisé par les affiches de Steinlen, fréquenté par Toulouse Lautrec et de nombreux artistes de l'époque. Bloy doit à Salis les débuts de sa notoriété et lui en voue une immense reconnaissance : « J'étais dans l'obscurité, dans une crotte infinie, dans le néant. Tu m'as ramassé, essuyé, réconforté et me voilà quasi célèbre. Quelle que soit ma destinée d'écrivain, je n'oublierai pas que tu as été le généreux et le vaillant qui m'a ouvert la porte que tout le monde jetait à la figure du vagabond famélique, avec le fracas de l'épouvante ou le grincement du dédain. »

L’intérêt majeur de ces chroniques, outre le style polémique et flamboyant de Bloy, auteur injustement victime d'une « conspiration du silence » qui dura un siècle, est de nous donner sa vision, développée ailleurs dans Le Pal, du journalisme de la fin du XIXe siècle. « S'il y eut jamais quelque chose de déshonoré, de méprisé, de croupissant, de pollué et de défoncé, c'est assurément le journalisme contemporain. Les bourgeois eux-mêmes, ces pourceaux augustes, commencent à ne plus vouloir de cette ordure pour leur dessert. Le talent qui n'a pourtant pas d'autre exutoire immédiat que ce cloaque du chantage et de la réclame est forcé de la traverser à la nage et s'y enlise neuf fois sur dix. »

Le journalisme, tel qu'on le conçoit ordinairement, ne lui est pas possible. « Pour devenir l'ouvrier d'une besogne quelconque, il faut d'abord ne pas la mépriser et je méprise le journalisme de M. Sarcey, par exemple, ou du citoyen Jules Vallès à un point tel que je compte sur ce mépris pour me sanctifier. » Ce que Bloy apprécie au Chat Noir, c'est un espace de liberté absolue, où il peut écrire et publier ce qu'il veut. «  Le Chat Noir est actuellement le seul journal où la vérité crue et complète puisse être dite sur les puissants Burgraves de lettres qui font tout fléchir et devant qui se prosterne avec tremblement cette lécheuse de pieds putrides qui s'appelle la Presse française. »

 

Ces chroniques nous renseignent aussi sur la conception bloyenne de la critique littéraire, exercice d'adoration (Barbey d'Aurevilly, Eugène Grasset) ou, le plus souvent, de détestation – occasion de dénoncer « une ordure littéraire de plus ; un de ces pleutres et faciles ouvrages, fientés à cœur de journée dans la gueule ouverte du badaud contemporain ». Le critique est un juge, et Bloy reproche à Sainte Beuve, considéré comme le plus grand critique de son temps, de n'avoir jamais jugé rien ni personne, se contentant de la surface des choses. « Je ne sais pas une plus sotte manière de montrer un livre que de le feuilleter dans le vent de paroles d'un compte rendu. » La véritable critique est « cette magnifique ambition d'entrer dans les âmes, - comme Empédocle se précipita dans son volcan, - pour les explorer dans leurs plus incandescentes profondeurs, au hasard d'en être consumé. »

Au Chat Noir, Bloy peut un temps se livrer à des « massacres littéraires » : « Le réel, c'est de trouver des épithètes homicides, des métaphores assommantes, des incidentes à couper et triangulaires. Il faut inventer des catachrèses qui empalent, des métonymies qui grillent les pieds, des synecdoques qui arrachent les ongles, des ironies qui déchirent les sinuosités du râble, des litotes qui écorchent vif, des périphrases qui émasculent et des hyperboles de plomb fondu. Surtout, il ne faut pas que la mort soit douce. » Mais Émile Goudeau, le rédacteur en chef, se désolidarise bientôt de ce collaborateur trop excessif.

On imagine Bloy, catholique virulent, dans ce milieu d'artistes souvent athées, tous rassemblés par la seule haine du bourgeois ; la cohabitation devait être difficile. « Pour moi, catholique, qui ai le cynisme et l'intolérance de ma foi, je consens volontiers à écrire dans les milieux les moins favorables. Il m'est égal de panacher dans la plus éclectique des rédactions, et je ne m'offense nullement des promiscuités les plus hétéroclites. On peut être athée et même socialiste à côté de moi sans que je me fâche, à condition, toutefois, qu'on ne me tripote pas. » La collaboration fut de courte durée et il se fâcha avec les responsables du Chat Noir, comme avec ceux d'autres périodiques.

Au fil de ses chroniques, Bloy dénonce un monde où le médiocre est devenu la norme, une norme répandue et imposée par le journalisme et la réclame. Le beau, le vrai, le génie sont rabaissés, nivelés. « Persécuteur de soi-même, persécuteur du genre humain, persécuteur de Dieu », Bloy l'irrécupérable, par son goût sans partage de la vérité, par son intransigeance, est le meilleur antidote au tiède climat de notre époque actuelle où la parole, à force d'être mesurée, calibrée, policée, en est venue à ne plus rien signifier.

 

mardi, 30 avril 2019

Terminus Perrache

Vient de paraître :

Terminus Perrache

de Jean-Jacques Nuel

éditions Germes de barbarie

 

NuelPerrachecouv.pngMenant une enquête de routine sur le secrétaire général du centre régional du livre de Lyon, le détective privé Brice Noval se retrouve bientôt confronté à des véganes extrémistes qui multiplient meurtres et attentats dans la ville et sa proche banlieue. Noval contribuera à démanteler ce réseau terroriste dans cette nouvelle affaire qui tourne autour du sinistre centre d'échanges de Perrache.

 

Après La malédiction de l'Hôtel-Dieu, paru l'an dernier, on retrouve les mêmes personnages, le détective privé Brice Noval et son ami Laurent Thimonnier dans une affaire de terrorisme végane et de magouille politique. Au passage, les deux compères ne se privent pas d'égratigner le milieu littéraire lyonnais...

140 pages, 11, 50 €.

Le site de l'éditeur

 

lundi, 08 avril 2019

Une saison avec Dieu

Nuel-unesaison-1ecouv2.jpg

Vient de paraître :

Une saison avec Dieu

récit

de Jean-Jacques Nuel

aux éditions Le Pont du Change

 

"Dieu existe, j'ai été son colocataire.

L'espace de trois mois, durant l'hiver 1973, Dieu et moi avons logé dans le même appartement, au numéro 7 de la rue de l'Épée, au dernier étage sans ascenseur d'un immeuble vétuste et insalubre qui a été démoli quelques années plus tard."

 

Un récit qui mêle humour et spiritualité.

 

Ouvrage disponible sur le site des éditions

Le Pont du Change.

 

Il peut être commandé chez votre libraire habituel,

ou sur Amazon.

Également disponible en ebook.

 

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Premières pages :

 

DIEU EST MORT, affirment en chœur de nombreux hommes depuis Nietzsche – mais tant qu'on n'a pas retrouvé son cadavre, je doute encore. C'est plus fort que moi. Comme Saint Thomas, je ne crois qu'à ce que je vois.

À l'heure qu'il est, Dieu est peut-être mort et enterré. N'ayant aucun signe de lui, je ne peux affirmer qu'il existe, mais une chose est certaine : il a existé. J'en suis d'autant plus persuadé que je l'ai bien connu. Nous nous sommes fréquentés du temps de ma jeunesse étudiante.

Dieu et moi, c'est une vieille histoire. Une drôle d'histoire. Et je vais vous la raconter si vous avez une heure ou deux à m'accorder. Rassurez-vous, je ne serai pas long. Je sais que votre temps est précieux. Time is money, comme vous dîtes. Le temps, l'argent, ce sont vos dieux.

 

 

Un

 

L'espace de trois mois, durant l'hiver 1973, Dieu et moi avons logé dans le même appartement, au numéro 7 de la rue de l'Épée, au dernier étage sans ascenseur d'un immeuble vétuste et insalubre qui a été démoli quelques années plus tard.

Mais commençons par le commencement.

Je vivais seul auparavant. Depuis la rentrée universitaire je cherchais un étudiant pour partager les frais du loyer, et j'avais punaisé une petite annonce dans les couloirs de la fac de lettres et dans le hall du Resto U. Un soir, j'entendis frapper trois coups à ma porte. Nous étions le 21 décembre 1972, je me souviens de la date avec précision car c'était le premier jour de l'hiver, et la neige tombait dru depuis la veille. Vêtu d'un manteau de lainage gris et d'un cache-col d'un gris plus sombre, coiffé d'un bonnet de laine noire, un inconnu se tenait immobile devant ma porte, et je ne distinguais pas bien ses traits sur le palier mal éclairé.

Je lui fis visiter l'appartement, la cuisine et les deux chambres desservies par un long couloir latéral, mais il ne posa aucune question, indifférent au misérable décor et à l'absence de salle de bain. La location lui convenait, ainsi que le faible montant du loyer. Il n'hésita pas une seconde à me donner son accord. Quand je lui demandai son nom, il me répondit laconiquement :

- Dieu.

Le nom me surprit et je marquai un silence. Mais ma tendance à plaisanter, à tourner tout en dérision – qui était le propre de ma jeunesse – reprit vite le dessus.

- Et ton prénom, c'est Jésus ? me crus-je obligé de rétorquer.

Il ne releva pas cette blague peu subtile.

- Appelle-moi Dieu, tout simplement.

Notez bien que nous avions employé le tutoiement dès notre première rencontre. C'était la règle, en milieu étudiant. Et, à ma connaissance, elle est encore en vigueur.

Donc, il me dit s'appeler Dieu, et je le crus sur parole. Je ne suis pas du genre à réclamer au premier quidam venu ses papiers d'identité et, n'étant pas un policier assermenté, je n'ai aucun pouvoir réglementaire pour procéder à des vérifications. Du moment qu'il s'engageait à payer la moitié du loyer – et il me régla d'avance le mois de janvier (et le prorata de décembre) en posant sur la table de la cuisine quatre billets de vingt francs flambant neufs – que pouvais-je exiger de plus ? Je lui remis aussitôt un double des clés.

Et c'est ainsi qu'il déposa son maigre bagage à mon domicile. Et c'est ainsi que cette histoire a commencé.