mercredi, 13 février 2019
Expo "Portraits croisés" (suite)
Exposition Portraits croisés Laronde / Nuel
L'exposition « Portraits croisés », proposée par les éditions Le Pont du Change, s'est tenue en 2017 à la médiathèque de Nantua (Ain), puis en 2018 au moulin de la Clochette de Salornay-sur-Guye ainsi que dans les bibliothèques de Joncy et Salornay-sur-Guye (71). Elle va être à nouveau présentée au public en Saône-et-Loire.
Du mardi 5 mars au vendredi 22 mars 2019, la bibliothèque de Saint-Gengoux-le-National (71) accueillera l'exposition "Portraits croisés". Une rencontre avec le public est prévue le vendredi 8 mars à 16 heures : Jean-Jacques Nuel lira à cette occasion une sélection de ses "courts métrages".
L'ensemble comprend 15 dessins en noir et blanc, dont 5 rehaussés de couleurs, de Dominique Laronde, illustrant 15 textes de Jean-Jacques Nuel.
Le thème général est celui de la littérature et des écrivains.
Les dessins sont de format A4 et présentés dans des encadrements sous-verres avec bord aluminium 30 x 40 cm. Les textes sont imprimés sur papier fort A4 et collés sur des cartons-mousses de taille légèrement supérieure.
Un livre artisanal a été réalisé par les éditions Le Pont du Change, regroupant textes et dessins.
(dessins de Dominique Laronde)
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mardi, 20 novembre 2018
Belgique, terre d'aphorismes
Les éditions Cactus Inébranlable, spécialisées dans l'humour – le plus souvent corrosif – publient une anthologie qui fera date : Belgique, terre d'aphorismes.
L'aphorisme, comme l'indique le responsable de l'anthologie Michel Delhalle, remonte à l'antiquité avec Hippocrate. Il a connu ses lettres de noblesse. Pour moi, l'un des plus forts jamais écrits (et qui est à l'égal des plus beaux vers) est celui de La Rochefoucauld : « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement ». Ce genre littéraire porte des noms divers, on parlera des inscriptions de Scutenaire, des réflexions de Max Laire, des décoctions d'Achille Chavée, des contre-verbes de Marcel Mariën. Mais leurs auteurs sont tous des magiciens du langage, des orfèvres de la forme courte : comme le précise André Stas, « écrire court ne veut pas dire écrire vite ».
Les auteurs retenus sont classés par ordre alphabétique, avec une brève présentation et une bibliographie permettant de poursuivre notre découverte de leurs oeuvres. Dans un parti-pris égalitaire, ils occupent tous la même surface : une page avec 8 aphorismes au maximum. Delhalle a fixé ses règles dans cette anthologie qu'il affirme « subjective ».
On retrouve des pointures : Sternberg, Chavée, Scutenaire, Devos, Verheggen, Stas... et plus de 300 auteurs « inconnus au bataillon de la littérature reconnue par les Académies ». Une mine de brèves à explorer, à déguster.
Une préface de Christine Béchet, une postface de l'éditeur Jean-Philippe Querton, quelques définitions, un bref historique complètent ce panorama de la forme courte.
Au terme de cette passionnante anthologie, une question reste sans réponse : pourquoi la Belgique est-elle la terre d'élection de l'aphorisme ?
Belgique, terre d'aphorismes, de Michel Delhalle, Cactus Inébranlable éditions, 17 €.
http://cactusinebranlableeditions.e-monsite.com/pages/ach...
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jeudi, 01 février 2018
Armaguédon Strip, de Frédérick Houdaer
Quand Isa demande à son frère Christophe :
« Mais qu'est-ce qui cloche chez toi ? On est bien sortis du même... merdier ? On en est bien sortis, non ? »
Christophe ne semble pas convaincu par ses arguments.
« C'était indiscutable, tous les efforts de notre mère pour convertir le reste du monde n'avaient pas porté leurs fruits de notre côté. De là à dire que nous nous en étions sortis. Je n'ai pas voulu polémiquer avec Isa. Nous n'avions pas tiré le même numéro dans la fratrie. »
Armaguédon Strip pose ce terrible constat : on n'échappe pas à son éducation, à ses parents. Une mère témoin de Yahweh, un père absent... Isa déploie le même zèle de prosélyte que sa mère en militant chez les extrémistes de la cause animale, Christophe essaie de se sauver par l'humour mais reste immature. Houdaer, en signant ce roman fort et cruel, nous rappelle que la littérature n'est pas un jardin d'agrément, mais une descente sans concession au cœur de nos ravages intérieurs.
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mercredi, 17 janvier 2018
Quelque part, n'importe où... de Lydie Jaillon
12 nouvelles sur le thème de la rencontre qui « laisse toujours en l'esprit une empreinte colorée, aussi minime soit-elle».
Une écriture simple, précise, très maîtrisée, pour dire les rêves puissants de vies minuscules. Un agent de bureau qui s'offre une étoile, une femme dans l'abribus qui regarde passer tous les jours à la même heure l'homme qu'elle aime, un vendeur d'aspirateurs qui se prend pour un conquérant, un homme qui fuit son passé dans une autre ville, un pianiste qui dépasse enfin la technique pour rejoindre l'émotion... L'humour est aussi très présent, comme dans cette nouvelle où un soutien-gorge est emporté par le vent, suscitant désirs et disputes.
Rencontre souvent rêvée, car bien des personnages de ce livre vivent dans une grande solitude et n'ont pu réaliser leurs rêves, comme cette Raymonde Joliet qui ferme ce beau recueil, une pensionnaire de la maison de retraite que l'on croit démente et qui a gagné « le droit de jouir désormais de cette seule liberté de rêver »
06:52 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lydie jaillon, quelque part n'importe où, nouvelles
jeudi, 19 janvier 2017
Passage d'encres, dernières parutions
Les éditions Passage d'encres, animées par Christiane Tricoit, ont eu une intense production en 2016. Pas moins de 7 ouvrages sont parus, 6 d'entre eux dans la collection Trait Court.
Deux plaquettes ont particulièrement retenu mon attention.
9 h 50 à l'Hôtel-Dieu, de Guillaume Decourt
Pianiste classique, l'auteur partage son temps entre Paris et Athènes, après avoir passé son enfance en Israël, en Allemagne et en Belgique, son adolescence dans les monts du Forez, puis séjourné longuement à Mayotte et en Nouvelle Calédonie. Cette errance, ces éléments biographiques se retrouvent dans sa poésie, qui en reprend le récit désordonné. Mais Decourt n'est pas l'un de ces poètes actuels qui racontent leur vie prosaïquement en allant à la ligne, sans rythme et sans musicalité, en mauvais disciples de Bukowski. Il emprunte la forme classique du dizain (la forme privilégiée d'antiques poètes comme Maurice Scève), rimé avec souplesse. Les nombreux enjambements donnent du rythme au poème.
L'ensemble de 35 dizains forme une suite subtile évoquant surtout la vie sentimentale de l'auteur, le cœur partagé entre la Grecque aimée et la Brésilienne amante, hésitant à « troquer l'Attique pour l'Amazonie ».
Mais qui se soucie du pauvre Decourt
Qui a rompu malgré lui ses amours
En deux donne ses baisers par à-coups
Rhizome, de Christophe Stolowicki
Rhizome : « tige souterraine des plantes vivaces qui porte des racines adventives et des tiges feuillées aériennes », précise le dictionnaire. Ce terme définit les brèves de Stolowicki, ni aphorismes, ni maximes. Ces phrases, ces paragraphes d'une écriture dense, « brèves sans humour à l'encontre du genre » partent dans tous les sens, s'enrichissant de plusieurs sens. Des saillies, un bouquet d'éclairs d'intelligence et de lucidité. Stolowicki possède une vaste culture qui n'est pas celle d'un cuistre, mais d'un vrai amoureux du jazz, de la peinture et de la littérature. Il admire les grands aînés (Baudelaire, Celan, Flaubert, Gombrowicz...), critique certains égarements : « René Char n’a aucune idée de la saleté de Heidegger », dénonce les fausses gloires et les faiseurs. « N'est pas Pascal qui veut. » « Il se survit comme Rimbaud qui aurait réussi dans la vie. »
Brillants, parfois énigmatiques, ces fragments sont décapants et nous incitent à remettre en question bien des vérités établies.
Citons les autres ouvrages reçus :
Fiction : la portée non mesurée de la parole, 7 essais par Pierre Drogi ;
Grand Stade, de Hélios Sabaté Beriain ;
Ka ninda, l'écho, de Marc Tamet ;
Somniloquie, de Piero Salzarulo ;
Écrire malgré nous, de Geneviève Huttin.
Passage d'encres, Moulin de Quilio, 56310 Guern
http://www.inks-passagedencres.fr/
08:18 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : passage d'encres, stolowicki, decourt
mercredi, 13 juillet 2016
Écrit parlé, de Philippe Jaffeux
J’ai évoqué plusieurs fois sur ce blog l’œuvre originale et extrême de Philippe Jaffeux. Cette dernière petite plaquette, publiée par l’éditrice du massif Alphabet, est un entretien avec Béatrice Machet. Est-ce une suite, un prolongement de l’œuvre, ou un simple dialogue où un auteur explicite sa recherche ? Jaffeux veut le classer à part, en témoignent les dernières lignes : « je te remercie pour la qualité de tes questions mais, d’une certaine façon, je réprouve cet entretien dans la crainte que mon discours sur mes livres risquerait de prévaloir sur leur contenu ».
Les critiques ont beaucoup parlé des instruments de Jaffeux (l’ordinateur, le dictaphone, le logiciel de reconnaissance vocale) qui ont bouleversé son rapport à l’écriture. De sa volonté de réunir l’écrit et l’oral, comme de dépasser ou de réconcilier les contraires. De son formalisme créateur. Ils ont moins parlé des liens entre son œuvre et la spiritualité, sur lesquels Béatrice Machet lui pose une série de questions.
Bien qu’il s’en défende en partie (« ma méthode se rapproche peut-être furtivement d’une expérience mystique »), la démarche de Jaffeux m’a toujours paru relever d’une démarche spirituelle et mystique. Ses références, d’abord : « Les écrits taoïstes m’ont permis de retrouver mon électricité intérieure », la kabbale, l’hindouisme, etc. L’effacement de son ego dans l’immensité des possibles : « Les mots trouvent leur place suite à une dissolution de ma personne, qui est alors en connexion avec le chaos autant qu’avec le cosmos, entendus l’un et l’autre comme les deux seules mesures de toute chose. Dans le meilleur des cas, la disparition du sujet révèle enfin un vide divin, indéterminé et impersonnel à l’image de la forme utilisée pour l’approcher ».
« Dans l’idéal, il serait préférable que je n’entende pas ni ne comprenne ce que j’écris afin de rejoindre la dimension universelle d’une vacuité extatique, d’un style abstrait, d’un épanouissement dans une absurdité tragique et presque naturelle. Il ne s’agirait alors plus seulement de questionner l’écriture au moyen de l’écriture mais d’essayer de dépasser le mental, la compréhension ou la pensée pour créer dans une joie ineffable ».
L’artiste idéal selon Jaffeux ne ressemblerait-il pas à Jean-Sébastien Bach ?
Écrit parlé, de Philippe Jaffeux, aux éditions Passage d’encres (collection Trait court).
http://www.inks-passagedencres.fr/
11:29 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jaffeux, écrit parlé, passage d'encres
lundi, 11 juillet 2016
Pardon my French, de Frédérick Houdaer
Dans son œuvre poétique, Frédérick Houdaer semble procéder par trilogies. Après Angiomes, Engelures, Engeances, sont parus Fire Notice, No Parking No Business, et le petit dernier Pardon my French.
Est-ce parce qu’il vient du roman noir ? Il file une poésie narrative, directe, qui raconte et cristallise son quotidien. Mille situations du réel, des films vus ou des rêves l’inspirent, lui servant de point de départ. Bukowski a montré la voie, une voie d’autant plus difficile qu’elle semble simple et accessible. Mais chaque poème doit être un miracle d’équilibre, avoir la bonne longueur, le bon rythme, naître dans une fulgurance, exprimer une rupture. Cette rupture emprunte souvent le biais de l’humour. Mais l’humour n’est pas le seul mode pour tordre le cou de la réalité. Il y a aussi l’érotisme ou la logique absurde des rêves. Et aussi la magie, l’ésotérisme, domaines auxquels Houdaer est sensible, lui qui affirmait récemment dans une interview que certains sont coincés du spirituel comme d’autres sont coincés du cul.
Très critique (sans méchanceté mais avec lucidité) avec les autres poètes, quand ceux-ci sont institutionnalisés ou campés sur leurs maigres certitudes,
« ils ne convoiteront jamais la femme de leur prochain
ils ne tueront jamais leur prochain
pas plus qu’ils ne se sacrifieront pour lui
ils sont capables d’un certain goût
mais ne croient pas en l’existence du diable
je leur souhaite une belle carrière
à animer des ateliers d’écriture
avec un peu de chance
ils ne finiront pas complètement pauvres
et feront de vieux os »,
Houdaer poursuit sa route sans concession et parvient à un art original et parfaitement maîtrisé.
Pardon my French, de Frédérick Houdaer, Les Carnets du dessert de Lune.
http://dessert-de-lune.123website.be/354029099
10:59 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : houdaer, pardon my french, carnets du dessert de lune