mercredi, 30 août 2006
Lyon Part-Dieu
Un nouvel album-photos dans la colonne de droite : quelques vues du quartier de la Part-Dieu, à Lyon.
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dimanche, 27 août 2006
Hommage à Jacques Simonomis, par Georges Cathalo
Un grand singulier pas ordinaire du tout
En 1976, en ouverture à son deuxième recueil, Simonomis écrivait : "Avec l'amitié du papier, j'ai voulu rester propre et entier, dosant VISCERALEMENT la fraternité et la méfiance, la foi et le doute, la voix des foules et la solitude". On pouvait déjà noter l'insistance avec laquelle il avait tenu à isoler en lettres majuscules l'adverbe de cette phrase. Mieux qu'un symbole : une orientation pour toute une œuvre à venir. Un peu plus loin dans ce recueil de jeunesse, il écrivait encore : "Si tu n'apportes rien / pourquoi veux-tu que l'on te donne." Avec cette affirmation, Simonomis prolongeait ses choix, en parfait autodidacte généreux, indépendant, libertaire.
Authentique humaniste, il se voulait aussi "irrégulier du langage". Son œuvre qui comporte actuellement 33 titres compose une mosaïque originale dans le pâle concert des publications contemporaines. Pourtant, Simonomis n'a jamais cherché à construire une œuvre : les choses se sont faites peu à peu, dans une diversité d'intérêts et de passions, sans calcul, pour aboutir finalement à un ensemble inclassable, véritable casse-tête pour les étiqueteurs patentés.
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"Les poètes marchent à l'amitié" écrivait Simonomis, et il était l'un des plus assidus à user de ce carburant écologique, générateur d'enthousiasme et de vitalité. Les gens de sa parentèle, on les connaît, on les devine : ce sont Rabelais, Corbière et Cros, mais aussi Rictus, Couté et Bizeau. Dès ses débuts, il avait été reconnu par quelques grands aînés tels que Jean Cassou, Marcel Béalu ou Jean Rousselot. Autour de lui, il avait su créer un réseau d'amitiés pour construire une réserve privée autour de dizaines de poètes actuels tels que Chatard, Huglo, Despert, Monnereau, Taurand et de tant d'autres encore que les distingués intellocrates sorbonnards s'ingénient à ignorer lors de leurs recensions et célébrations poétiques, occupés qu'ils sont à examiner leur nombril.
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Quand il décida, en 1993, de se lancer dans l'aventure revuistique, Simonomis n'imaginait pas du tout dans quelle voie il s'engageait. "Le Cri d'Os", titre étonnant et un tantinet provocateur emprunté à Tristan Corbière, allait devenir sa "chose". La diriger seul pendant dix ans relevait de la folie et du sacerdoce. Seul, sans aide d'aucune sorte, envers et contre tous les importuns et les grincheux, il allait poursuivre sa route avec inconscience et courage, avec folie et témérité. Puis, alors que tout allait bien, il décida d'interrompre la publication, usé par l'égocentrisme et la mégalomanie de beaucoup de prétendus poètes.
"Je ne suis ni aigri, ni amer. Mais soulagé", écrivait-il. Qui connaît le fonctionnement d'une revue comprendra facilement cette décision. L'animation d'une publication périodique exige un travail de titan : des centaines et des centaines d'heures bloquées sur les écrits des autres, tenir à jour le courrier, relancer les abonnés oublieux…. Sa revue, Simonomis la voulait, dès l'éditorial du n° 1, "modeste mais fervente". Cependant, il ne perdait jamais sa belle lucidité puisqu'il écrivait : "Je ne veux pas mourir dans la peau d'un revuiste mais dans celle d'un poète indépendant". On voit bien en cela qu'il avait su rester fidèle à ses convictions de jeunesse, à ses passions, à ses amours et au grand amour de sa vie : Yvette.
"Ma balise de survie est un couple uni" : c'est à partir de cette solide fondation affective que Simonomis a réussi tout ce qu'il a entrepris. Sa seule inquiétude, disait-il, était la peur de laisser Yvette seule, démunie face à la dureté de la vie. Il savait à quel point il lui était redevable et que, sans sa présence fervente et rassurante, il n'aurait jamais pu aller jusqu'au bout de ses folles entreprises. Yvette, c'était pour lui bien plus que l'épouse patiente et attentionnée. Yvette, surnommée le Colibri, c'était toute sa vie, celle, disait-il, "sans laquelle je ne serais pas tout à fait".
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Le dernier courrier qu'il m'avait adressé, en date du 22 janvier 2005, était rempli d'ombres et de non-dits. Toujours actif et généreux, il me remerciait pour un article sur "Claudication du monde", article paru dans le n° 99 de Rétro-Viseur. Un peu plus loin, il poursuivait :"J'ai frôlé la camarde après mon opération du 30/11. Je continue le combat. J'aimerais encore vivre quelques années." Ces paroles résonnent désormais dans un terrible silence.
Georges Cathalo - octobre 2005
(ultime courrier à Jacques Simonomis)
Cher Jacques,
nous sommes le lundi 21 février 2005. Il est 16 heures. Avec Marie-Claude, nous nous sommes arrêtés sur une aire d'autoroute après un périple de 600 kilomètres. Depuis notre Citadelle, nous sommes en transit vers la Normandie, le Pays d'Auge où nous attendent nos enfants et petits-enfants. Tu sais que nous avions prévu de nous retrouver du côté de Villers-sur-mer où tu as un pied-à-terre. Oui, nous avions prévu cela, mais ce ne sera plus possible…
En effet, à l'heure qu'il est , quelque part dans Paris, du côté du Pére-Lachaise, tu es conduit, comme l'on dit, vers ta dernière demeure, entouré, je le devine, par des proches et par des amis. En cet instant terrible, des dizaines d'images me passent par la tête : tes livres, tes revues et leurs coups de gueule, tes courriers et les qualités humaines qui transpiraient à chaque ligne. A ce moment précis, je voudrais tant être chez moi, pouvoir retrouver tout cela, des mots et des images, des souvenirs et des illusions. Retrouver tout cela et une lettre en particulier, un courrier lumineux dans lequel tu écrivais qu'il fallait faire les choses quand il le fallait, profiter de la vie au moment où elle nous sourit.
Alors, assis bêtement sur un sinistre banc, je pense à ce rendez-vous manqué sur la côte normande…
A bientôt, cher Jacques, ici, ailleurs, nulle part,…
Georges
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Voir également sur ce blog :
Sur le blog de Casse :
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vendredi, 25 août 2006
Le nouveau blog de Michel Houellebecq
Houellebecq est égal au meilleur de lui-même dans son nouveau blog, Mourir II. Il aborde, entre autres choses, le lynchage médiatique dont il a été victime lors de la sortie de La possibilité d’une île, l’adaptation de ses livres au cinéma, sa rencontre avec Maurice Pialat, et ses difficultés pour la réalisation du film qu’il voulait tourner : « Il semble aujourd’hui acquis que malgré les promesses formelles, tant écrites qu’orales, d’Arnaud Lagardère, le groupe Hachette ne participera pas au financement du film tiré de “La possibilité d’une île”. »
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jeudi, 24 août 2006
Une condition d'écrivain, mais pas de statut
“Les intermittents ont un statut, pas les écrivains.”
Loin des confortables à-valoir d’une poignée d’auteurs stars, 98 % des écrivains exercent une autre activité professionnelle pour gagner leur vie. Le sociologue Bernard Lahire s’est penché sur leur quotidien dans son étude, La Condition littéraire. Les témoignages qu’il a recueillis mêlent bonheur d’écrire, frustrations, quête de reconnaissance et volonté d’indépendance.
Un article très intéressant à découvrir dans Télérama :
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lundi, 19 juin 2006
L'aventure du Calcre
Qui a peur du Calcre ?
ou Les aventures et les avatars d'une association d'auteurs
(Cet article est paru dans La Faute à Rousseau n° 42.)
Créé en février 1979 sous l’appellation de « Comité des auteurs en lutte contre le racket de l’édition » - et trois ans après la parution du manifeste virulent Le Racket de l’édition coédité par Le Castor Astral et le Crayon Noir - le Calcre s’est donné comme mission première de défendre les écrivains contre certaines pratiques éditoriales malhonnêtes et le compte d’auteur abusif.
Quelques dizaines d’adhérents au départ, qui se regroupent après la faillite des éditions P.J. Oswald, sous ce sigle choisi « faute de mieux », certes explicite et combatif, mais qui ne sera pas toujours un atout pour l’association. Le Calcre diffuse un Dossier noir de l’édition à compte d’auteur ainsi qu’un organe d’information, L’Echo du Calcre, bulletin de liaison photocopié entre ses membres, et tente d’imposer un contrat-type pour ce genre d’édition. Il dénonce des éditeurs à compte d’auteur abusif : La Pensée Universelle, Saint-Germain des Prés, Millas-Martin, l’Athanor, et dans une moindre mesure Chambelland, Grassin…. En septembre 1979, le Calcre crée le Grand Prix du Requin d’or ! Cette récompense de dix mètres de long revient aux éditions Saint-Germain-des-Prés, qu’une joyeuse bande de fêtards, sortie avinée du Café littéraire Le Procope, leur livre à domicile dans leur librairie du boulevard Saint-Germain ! C’est aussi le début d’une intense activité judiciaire pour la défense des auteurs lésés contre P.J. Oswald, L’Athanor et la P.U., mais les plaintes au pénal sont jugées irrecevables.
Roger Gaillard, qui succède bientôt comme président de l’association à Mathias Lair, élabore un dossier pratique « Suivi d’un contrat à compte d’auteur », document qui permet d’optimiser les assignations contre la Pensée Universelle et de remporter de premiers succès judiciaires.
Mais en 1984, le Calcre touche le fond, les énergies se délitent, les adhésions se font plus rares quand Roger Gaillard, avec l’aide de votre serviteur qu’il a rencontré, recruté et convaincu, lance le chantier homérique de l’annuaire Audace (Annuaire à l’Usage Des Auteurs Cherchant un Editeur). Mesurant l’incroyable carence en information dont souffrent les auteurs dans le domaine de l’édition, il pressent l’intérêt que pourrait revêtir un annuaire pratique et critique, donc commenté, portant sur les principaux éditeurs francophones dont ceux qui pratiquent le compte d’auteur, ces derniers analysés et jugés, étiquetés avec des étoiles et des tomates ! Après deux ans d’enquête, comprenant notamment l’envoi d’un manuscrit sous-marin pour tester en situation réelle les réponses des éditeurs, l’annuaire voit le jour : 360 fiches, 280 pages, une couverture gris perle et jaune, une boite aux lettres sur la couverture : salué par la critique pour l’originalité de son projet, c’est aujourd’hui une pièce historique, un objet de collection ! La 2e édition, due désormais aux soins du seul Roger Gaillard, parait en 1988, et il sera ensuite régulièrement réédité.
En 1988, le Calcre élargit ses objectifs en adoptant l’appellation officielle « Association d’information et de défense des auteurs – Calcre ». Il considère en effet que la défense des droits des auteurs est indissociable d’une information solide, critique et globale, laquelle va dès lors se décliner en outils pratiques (annuaires, guides) et en articles dans la revue qui s’étoffe. ARLIT, Annuaire des revues littéraires et Compagnie, confectionné par Roger Gaillard complète bientôt AUDACE par une approche concrète et commentée de l’édition en revues.
1991 est l’année du coup de tonnerre : La Bruyère obtient la condamnation du Calcre à 37 000 F d’amende. Devant la menace de faillite et le péril de disparition de cette association « d’utilité publique », les sympathisants du Calcre créent Cose-Calcre, une association de soutien qui alerte les médias et lance l’opération « 37 000 chèques de 1 F ». Le pari ne pourra être tenu mais les adhésions affluent ! Tout finit bien : le Calcre va en appel et fait casser le jugement.
Le modeste Echo du Calcre laisse la place en 1996 à un beau magazine bimestriel, d’aspect professionnel, Ecrire & Editer. Sous titre : Un auteur averti en vaut deux ! Le tirage initial de 1000 exemplaires sera multiplié par 10 en 8 ans (tandis que les abonnés progressent de 450 à 1200). Marc Autret, recruté comme rédacteur en chef, assure de main de maître la direction du magazine qui se décline bientôt en dossiers spéciaux et se lance en 98 dans l’aventure de la diffusion en kiosques, via les NMPP.
Pour faire face à ce surcroît d’activité et à son succès, le Calcre doit recruter un rédacteur en chef adjoint pour épauler Marc Autret. Au bout de quelque temps, un conflit du travail se déclare avec ce nouvel employé qui se voit licencié. Celui-ci saisit les Prud’hommes qui le déboutent. Mais en février 2004, nouveau coup de théâtre, la Cour d’appel – en un jugement pour le moins surprenant - inverse l’analyse prud’homale et condamne le Calcre à verser 42 440 € à son ex-salarié ! Cette même justice qui a souvent donné raison au Calcre dans ses combats lui donne cette fois le coup de grâce… Malgré le soutien apporté par Cose-Calcre, il faut payer, ce qui excède les facultés budgétaires du Calcre. L’association est mise en liquidation judiciaire avant sa dissolution. Fin de l’aventure.
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Par son indépendance farouche, sa ténacité et son dynamisme à toute épreuve (et le Dieu des écrivains sait qu’il y en eut, des épreuves…), l’association osant appeler « un chat un chat et Rollet un fripon » s’est acquis le respect des professionnels de l’édition, dont certains prestataires à compte d’auteur honnêtes, et l’inimitié farouche d’une poignée d’éditeurs à compte d’auteur abusif qui prospèrent au détriment des auteurs naïfs et inexpérimentés.
Sa détermination a payé : depuis 1994, l’action du Calcre a été décisive dans les cessations d’activité ou les condamnations d’éditeurs qu’il critiquait le plus : la Pensée Universelle, L’Académie Européenne du Livre, La Bruyère, Hubert Laporte… Mais au delà de son rôle de « justicier », l’association a apporté aux auteurs une information complète, détaillée et lucide sur tous les aspects pratiques et juridiques de la publication, qu’elle soit en livres, revues ou sur les nouveaux supports de l’Internet comme les webzines.
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Que reste-t-il aujourd’hui du Calcre ? Il survit et renaît à la fois, en deux structures très différentes. L’une, sous forme associative, Cose-Calcre, poursuit les buts de l’association initiale et continue d’animer un site internet et un webzine Ecrire & Editer ( http://www.wmaker.net/cosecalcre ) L’autre, L’Oie plate, constituée par trois anciens membres historiques de l’association dont Roger Gaillard, est une société qui reprend l’activité d’édition des annuaires : AUDACE, et bientôt de nouvelles éditions d’ARLIT et SAFELIVRE (annuaire des fêtes et salons du livre) et des guides pratiques (150 Questions sur l’édition ; La Revue mode d’emploi). Bref, l’aventure n’en finit pas de recommencer, malgré les écueils et les récifs, et tant qu’il y aura quelques requins dans les eaux troubles de l’édition, pour l’information et la défense des auteurs.
L’Oie plate, B.P. 17, 94404 Vitry Cedex, www.loieplate.com
Cose-Calcre, 8 rue Latran, 75005 Paris www.cosecalcre.com
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La Faute à Rousseau est éditée par l'APA (Association pour l'autobiographie).
Son site : http://sitapa.free.fr/
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vendredi, 16 juin 2006
Casse, dix ans déjà...
Bientôt dix ans que la revue Casse a cessé sa parution, puisque son dernier numéro (21) date de décembre 1996. Elle n’aura duré que quatre ans. Pour ce presque anniversaire, j’ouvre un nouveau blog, le premier billet étant un article de Marc Autret, paru dans Ecrire & Editer n° 7 (janvier 1997), qui analysait de manière lucide et précise les raisons de l’arrêt de la publication :
http://casse.hautetfort.com/
Casse a publié principalement des nouvelles et des textes courts et s'est montrée particulièrement ouverte aux jeunes auteurs, organisant de plus chaque année un concours de poésie, bientôt remplacé par un concours de nouvelles. Elle a contribué à révéler certains auteurs qui ont fait leur chemin depuis. Riche de chroniques, de critiques et d'informations, elle s'est illustrée par son franc-parler et sa liberté de ton (notamment par les éditoriaux parfois saignants d'Edith O !).
Au cours de ses quatre ans d'existence, la revue Casse a publié les auteurs suivants : Raymond Alcovère, Jacques Allemand, Bernard Amblard, Catherine André, Dominique Angel, Jean Atlan, Gilles Bailly, Pierre Barachant, Frédéric Baron, Virginie Barré, Jean-Christophe Belleveaux, Jean Bensimon, Emmanuel Berland, Marc Bernelas, Maryline Bizeul, Pierre-Jean Blazy, Joëlle Brethes, Jean-Pierre Brisset, Eric Brogniet, Carino Bucciarelli, Georges Cathalo, Jean-Jacques Celly, Fabrice Chaplin, Guy Chaty, Jean Chaudier, Georges Chich, Patrick Chouissa, Marie-Josée Christien, Hélène Codjo, Dominique Combaud, Jean-Gabriel Cosculluela, Mireille Coulomb, Roland Counard, Jean-René Dallevard, Olivier Decker, Christian Degoutte, Eric Dejaeger, Cédric Demangeot, Rafael Jose Diaz, Paule Domenech, Monique Duclos Lacheux, David Dumortier, Michel Dunand, Anaïs Escot, Christiane Escot, Jean-Louis Faivre, Patricia Ferlin, Bluma Finkelstein, Patrice Follenfant, Michel Fraisse, Marc Fresneda, Dominique Froloff, Pascale Genevey, Danielle Grondein, Gaspard Hons, Sylvie Huguet, Antoinette Jaume, Josyane de Jésus-Bergey, Zohra Karim, Bernard Kieken, Max Laire, Philippe Landry, Isabelle Lebastard, Michel Leydier, Béatrice Libert, Gabriel Le Gal, Hervé Lesage, Anne Letoré, Driss Louiz, Jean-Luc Lourmière, Jean-Louis Massot, Maximine, Jean-Albert Mazaud, Hervé Merlot, Hervé Mestron, Marie-Jo Molinier, Marie Motay, Odile Namy-Méline, Jean-Jacques Nuel, Armand Olivennes, Stéphane Padovani, Evelyne Parisse, Madeleine Rambaud, Goretti Ramirez, Geneviève Raphanel, Philippe-André Raynaud, Gilbert Renouf, André Rochedy, André Romus, Tristan Sautier, Jacques Simonomis, Joséphin Soulary, Peggy Inès Sultan, Alain Tchungui, Roland Tixier, Françoise Valencien, Marie-Claire Verdure, Nicole Vidal-Chich, Denis Winter.
Illustrations de Michèle Cirès-Brigand, Jean-Luc Coudray, Hubert Francillard, Jacques Lelièvre, Nicolas Nuel.
Des nouvelles, des poèmes, des chroniques et articles parus dans la revue papier seront progressivement mis en ligne dans la partie Archives de ce weblog ; des inédits seront également publiés, permettant à la revue Casse de renaître sous une nouvelle forme.
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Le blog littéraire L’Annexe offre désormais une newsletter. Je vous invite à vous inscrire (en haut, à gauche), pour être tenus régulièrement informés de son actualité.
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mardi, 06 juin 2006
Revue de détail n° 4
Cette chronique a été publiée dans La presse Littéraire n° 5.
SARRAZINE n° 8 bis
Pour ce numéro SENS, la belle revue littéraire Sarrazine a décidé de revenir au plomb, retour aux sources du livre pour le toucher, la vue, l’odorat… La réalisation en a été confiée à M. Huin, ancien imprimeur de Max Jacob. Pourquoi le numéro 8 bis ? Comme l’indiquent les membres du comité de rédaction, C.F. Tourné, Paul de Brancion et Gilles Aufray : « la graphie du chiffre 9 ne nous plaisait pas et nous avons tant ergoté sur le sujet qu’à notre grande stupeur et par erreur nous avons laissé imprimer un 8 sur la couverture. Nous l’avons flanqué d’un bis rouge. »
Comme à l’habitude, Sarrazine a demandé à des écrivains, des artistes, des philosophes, de s’exprimer autour du mot choisi. Et SENS pose d’emblée des interrogations essentielles. Considérant que ce millénaire commence dans une très importante « perte d’individuation » qui conduit irrémédiablement au vide, les responsables de la revue gardent néanmoins un bel optimisme : « Nous faisons l’hypothèse que l’art et, singulièrement ici, la littérature, la poésie et l’écriture sont de nature à conduire à une aurore boréale. »
Les auteurs de cette livraison nous emmènent dans le passé aussi bien que dans le présent, et – le sens étant signification et direction - en des lieux différents de la planète. Un chef indien écrit au président des Etats-Unis d’Amérique. Des textes de l’Antiquité dialoguent : le Cantique des cantiques, le cycle du papyrus Harris 500, chant d’amour de l’Egypte antique (« Ma raison n’a guère de complaisance à l’égard de l’amour que j’ai pour toi/ Mon petit chacal qui suscite le plaisir/ Ton ivresse je ne peux y renoncer/ Dussé-je être traînée et frappée pour vivre en proscrite »). L’anthropologue Léa Hiram nous décrit la genèse des sens chez les Inuits de l’Arctique canadien. Lucien Suel, décidément très en forme, nous régale de sa suite de proses « Le combat insensé de Oui-Oui contre Docteur No », tandis qu’Alain Laraby montre un sens de l’humour très britannique. Blaise Pascal fait en 1648 l’expérience sur « l’équilibre des liqueurs », et conclut que la nature n’a pas horreur du vide. De beaux poèmes d’Emmanuelle Favier et d’Armelle Leclercq voisinent avec les photos de Patrice Bouvier.
La grande découverte de ce numéro se trouve dans les extraits publiés de l’admirable Journal de Mireille Havet, « Aller droit à l’enfer par le chemin même qui le fait oublier », édité par Claire Paulhan. Mireille Havet, morte en 1932 à 33 ans, fut l’amie de Paul Fort, Guillaume Apollinaire, Colette, Natalie Barney et Jean Cocteau qui favorisèrent la publication de ses poèmes, mais nul d’entre eux ne connaissait l’existence de son journal âpre et lucide, où elle décrivait sa vie de damnation et son goût singulier pour les femmes et les stupéfiants. « Je suis seule et j’appelle au secours. Personne ne peut rien pour personne. Cette main qui prend la mienne est mensonge. Les morts seuls tiennent leur parole en ne revenant jamais. »
Sarrazine illustre à merveille ce que doit être la revue littéraire, un bel objet, rare (dans le temps comme dans le nombre), original et chargé de sens. L’écrin d’une parole réelle et pleine qui aurait une chance de perdurer comme ce chant d’amour écrit et psalmodié il y a plus de trois millénaires sur les bords du Nil.
Sarrazine, AICLA, 3 rue de la République, 78100 Saint-Germain-en-Laye. 134 pages, 12 €. sarrazine@club-internet.fr
Diffusion en librairies : Les Belles Lettres
LA BARBACANE n° 85/86
Il serait temps de saluer cette « revue des pierres et des hommes » qui entame au rythme imperturbable des saisons sa 42e année, sous la conduite de son fondateur Max Pons. Deux fois par an, paraît dans l’indifférence de la critique cette revue à l’ancienne, sur beau papier, alliant qualité typographique et exigence littéraire, dans un amour de la tradition et de la belle œuvre. Elle constitue une anthologie permanente de la poésie contemporaine, sans s’interdire de publier des nouvelles à l’occasion. Ce numéro double et exceptionnel « Pour saluer Charles Minetti » est un devoir de mémoire et de fidélité, rendu par Max Pons à celui qui lui était, outre un compagnon de route et de poésie, un « frère siamois en amitié ». Des témoignages de Victor Varjac, Jacques Simonelli complètent ce portrait de Charles Minetti, écrivain et peintre, présent dans ce numéro par des photos et des poèmes, dont ses derniers vers : « Car nous sommes encore à naître/ Un peu plus loin que le langage/ Qui nous enferme dans ses mots. » La revue, publiée avec le concours de la région Aquitaine, n’affiche pas de prix unitaire sur sa couverture, mais l’abonnement à 4 numéros est de 30 € sur Rivoli, et de 45 € sur Arches.
La Barbacane, Bonaguil, B.P. 47, 47500 Fumel. 64 pages.
EUROPE n° 923, mars 2006.
La revue littéraire mensuelle Europe a fait l’objet d’une longue chronique dans notre dernière recension à propos de son numéro spécial sur Marguerite Duras. Il convient de signaler ce nouveau numéro exceptionnel consacré à Franz Kafka, coordonné par Françoise Rétif. De nombreuses études, et en introduction, des fragments, aphorismes et notules de l’auteur du Château : « Il y a un but, mais pas de chemin : ce que nous appelons chemin est atermoiement. » Une exigence absolue, c’est ce qui ressort de cette œuvre qui ne laisse jamais en repos le lecteur : « Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous. »
Europe, 4 rue Marie-Rose, 75014 Paris. 380 pages, 18, 50 €. www.europe-revue.info
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