lundi, 01 mai 2006
La protection du titre d'une revue
Un internaute m’ayant récemment demandé par quel moyen protéger le titre d’une revue littéraire qu’il comptait créer et publier prochainement, je livre ici un extrait de mon guide « La Revue mode d’emploi », qui vient de paraître aux éditions de L’Oie plate.
Tout créateur d’un titre peut se prévaloir de la protection accordée aux œuvres de l’esprit, dans la mesure où celui-ci présente un caractère original. Mais en premier lieu, comment être sûr de son originalité, comment savoir s’il est inédit ?
Commencez tout d’abord par saisir le mot ou l’expression dans un moteur de recherche, type Google, vous aurez peut-être des surprises. Puis la méthode la plus efficace est d’aller sur le site de la BNF, et d’interroger le catalogue « Bn-Opale plus » par les titres. La BNF publie par ailleurs en ligne la Bibliographie nationale française : c’est une bibliographie courante prévue par la loi sur le dépôt légal, et qui donne une vue d’ensemble de la production éditoriale française. Le sous-ensemble « Publications en série », rassemblant les notices bibliographiques des périodiques, est publié tous les mois, avec un récapitulatif annuel.
Un titre peut être suffisamment original pour faire des envieux. Le dépôt légal est une première garantie, une preuve d’antériorité susceptible d’être produite devant le juge. Mais cette protection ne suffit pas.
Il n’existe qu’un seul moyen sûr, et règlementaire, de protéger le titre : c’est le dépôt à l’INPI, qui établit votre propriété sur la marque. Enregistrée, elle devient une valeur, un bien incorporel dont vous pouvez désormais disposer à votre guise comme de n’importe quel autre bien.
Le dépôt d’un titre permet de prendre rang et dissuade, en principe, un autre éditeur de le reprendre. Si cependant un éditeur ne tenait pas compte de votre inscription antérieure, il conviendrait d’engager d’abord une négociation à l’amiable pour défendre votre droit d’antériorité avant d’engager une procédure contentieuse.
L’INPI
Etablissement public autonome sous tutelle du ministère chargé de l’Industrie, l’Institut national de la propriété industrielle (INPI, 26 bis, rue de Saint-Petersbourg, 75008 Paris. T 0 825 83 85 87 ; www.inpi.fr ) a pour mission de développer et d’organiser la propriété industrielle afin de protéger l’innovation. Il permet l’accès aux procédures nationales et internationales pour le dépôt de brevets et les enregistrements de marques, de dessins et de modèles, et ceci aussi bien pour les entreprises, les particuliers et les associations. Pour donner une idée de l’importance de son activité, précisons que plus d’un million de marques nationales sont en vigueur (auxquelles s’ajoutent les marques communautaires et internationales) ; environ 60 à 65 000 nouvelles marques nationales sont déposées chaque année, dont 95 % par des Français.
L’INPI dispose de 12 délégations à Paris et en région : Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Rennes, Nice-Sophia-Antipolis, Strasbourg, Toulouse. Vous pouvez vous adresser avec profit à la plus proche de votre domicile.
La recherche d’antériorité
On appelle «marque » le nom d’un produit ou d’un service (ou son logo, ou l’alliance du nom et du logo) : le titre d’une revue est donc une marque que l’on peut enregistrer. Après avoir choisi le titre de votre publication, vous devez déterminer le domaine d’activité auquel elle se rapporte. Dans la classification de l’INPI, les produits et services sont répartis en 45 classes. Un même produit relève parfois de plusieurs classes. Ainsi, une revue culturelle appartient au minimum aux classes 16 (produits de l’imprimerie) et 41 (Education, formation, divertissement).
La ou les classes étant déterminées, vous rechercherez ensuite si votre marque n’a pas été déjà déposée dans ces classes concernées. En effet, ne peut être adoptée comme marque une dénomination portant atteinte à des droits antérieurs et en particulier :
- à une marque antérieure enregistrée ;
- à une dénomination sociale, un nom commercial ou une enseigne s’il existe un risque de confusion ;
- à une appellation d’origine ;
- au droit d’auteur ou de la personnalité...
Des recherches d’antériorités portant sur les marques et les dénominations sociales sont donc nécessaires avant tout dépôt. Votre titre doit absolument être disponible.
Cette recherche d’antériorité peut être effectuée :
- par vous-même en première approche en interrogeant le site ICIMARQUES (www.icimarques.com) ; la recherche est gratuite mais ne porte que sur le nom à l’identique. Si une marque identique apparaît, vous pouvez consulter sa fiche d’identité moyennant un paiement de 3, 59 € ;
- le site Plutarque (www.plutarque.com) donne aussi des informations sur les brevets, marques, dessins et modèles ou les jurisprudences ;
- pour les noms de sociétés, vous pouvez consulter la base EURIDILE (www.euridile.inpi.fr) ; la recherche est effectuée au Registre National du Commerce et des Sociétés ;
- dans les bibliothèques de l’INPI, à Paris et dans les délégations régionales, vous avez la faculté de consulter gratuitement les registres.
Si vous souhaitez, après cette première recherche, obtenir plus de garanties, vous pouvez demander à l’INPI, moyennant le paiement d’une redevance, une recherche informatique plus poussée parmi les marques en vigueur en France et dans le Registre du Commerce et des Sociétés. Cette prestation n’est pas obligatoire, mais vivement conseillée par l’Institut, qui ne vérifiera pas la disponibilité de la marque lors du dépôt. Vous pouvez commander cette recherche à partir du site de l’INPI et payer par carte bancaire.
Le coût est fonction de l’étendue de la recherche :
- dans une classe de marques ou dans un groupe d’activités similaires : 38 € ;
- dans une classe de marques et dans un groupe d’activités similaires : 60 € ;
- par classe ou groupe supplémentaire : 19 € ;
- dans toutes les classes : 760 €.
A l’issue de ces vérifications, si vous êtes conforté dans le choix de votre titre, il reste à effectuer la procédure de dépôt.
La procédure de dépôt
La demande est déposée en cinq exemplaires dans un centre INPI ou au Greffe du Tribunal de Commerce dont vous dépendez, ou expédiée par courrier recommandé à l’INPI. Vous pouvez retirer le dossier de demande d’enregistrement de marque et un guide dans le centre le plus proche de votre domicile ou le télécharger sur le site.
Après le dépôt de votre demande, une date et un numéro lui sont attribués, et l’INPI vous adresse un certificat de dépôt.
L’INPI examine préalablement la marque que vous avez déposée, pour s’assurer qu’elle ne constitue pas un signe interdit, qu’elle a bien un caractère distinctif et qu’elle n’est pas trompeuse. L’INPI procède également à un examen de la régularité matérielle du dépôt.
Tout dépôt reconnu recevable est publié au bout de six semaines dans le Bulletin officiel de la propriété industrielle (BOPI). La publication au BOPI a précisément pour objet de permettre aux titulaires de marques antérieures de formuler une opposition, s’ils estiment que la marque dont l’enregistrement est demandé porte atteinte à leurs droits. Dans les deux mois qui suivent la publication, l’opposition à la demande d’enregistrement devra être faite directement auprès du directeur général de l’INPI. Est alors instaurée une procédure contradictoire au terme de laquelle intervient la décision : si l’opposition est reconnue justifiée, la demande d’enregistrement de marque se voit rejetée totalement ou partiellement (d’où l’importance de la recherche préalable d’antériorités) ; en revanche, si rien ne s’oppose au dépôt, vous recevez le certificat d’enregistrement de la marque et il est procédé à son inscription au Registre national des marques.
Les coûts des redevances à verser à l’institut sont actuellement les suivants.
Pour le dépôt d’une marque :
- jusqu’à trois classes, 225 € ;
- par classe de produits ou de services (au-delà de 3), 40 €.
La marque est protégée pour une période de dix ans sur l’ensemble du territoire national, renouvelable indéfiniment. Le renouvellement à l’identique d’une marque jusqu’à trois classes coûte 240 € et doit être présenté dans les six mois qui précèdent l’échéance.
Il convient enfin de préciser que le dépôt national ouvre des droits sur le seul territoire français. Pour l’étranger, il faut en principe faire un dépôt par pays. Cependant une procédure commune existe pour plusieurs pays, dénommée « procédure internationale » (en 2004, 75 nations étaient membres de l’Arrangement du protocole de Madrid). Pour constituer un dossier d’extension de votre marque dans plusieurs pays, contactez l’INPI qui effectuera pour vous le dépôt auprès de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) située à Genève. La durée de la protection obtenue grâce à ce dépôt est de vingt ans.
Vous pouvez par ailleurs obtenir une protection dans les 25 pays de l’Union Européenne en faisant un seul dépôt auprès de l’OHMI (Office d’harmonisation dans le marché intérieur, à Alicante, France). Les formulaires de dépôt sont disponibles auprès de l’INPI.
Pour en savoir plus :
La Revue mode d'emploi, www.loieplate.com
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jeudi, 13 avril 2006
Revue de détail n° 2
Cette chronique est parue dans La presse Littéraire n° 3 (février 2006).
TSIMTSOUM n° 1
Sa parution aura été annoncée puis retardée pendant plusieurs mois, mais on a enfin pu découvrir avant la fin de l’année 2005 le numéro inaugural de la revue TsimTsoûm. Ce nouveau magazine semestriel succède à feu « Cancer ! », et est dirigé comme le précédent par Laurent James et Bruno Deniel-Laurent (le troisième comparse, Johann Cariou, ayant fait défection au passage). Avec son grand format, sa couverture décalée aux couleurs criardes qui jurent, Tsimtsoûm ne pèche pas par la discrétion. Il a belle et fière allure, et on ne regrettera qu’une mise en pages sommaire et le papier glacé un peu pénible à la lecture.
En guise d’édito, un extrait de Léon Bloy publié dans le pamphlet « Le Pal » en 1885. Au sommaire, un entretien passionnant de Laurent James avec Soheib Bencheikh sur l’Islam, dialogue entre deux croyants ouverts et savants se concluant par ces mots du recteur de la Mosquée de Marseille : « Le conflit entre chrétiens et musulmans peut être dépassé par une cohabitation qui respecte les différences, en attendant le retour de Jésus où nous verrons que nous avons le même Créateur. ». Même si tous les lecteurs ne pourront suivre les conclusions extrêmes de James, son analyse de la situation actuelle est marquée de lucidité.
Jourde nous régale d’une charge féroce et drôle contre Ubu Sollers, ses flagorneurs de la revue Ligne de risque, et ses réseaux désormais bien connus (Le Monde, Savigneau…). Un texte d’Arthur Cravan, écrit en 1914 à l’occasion du Salon des Indépendants, se révèle près d’un siècle après, d’une actualité, d’une vivacité et d’un punch (normal pour un boxeur !) incomparables, jeu de massacre par un homme « qui ne veut pas se civiliser » contre les « sales gueules d’artistes » : « Je m’étonne qu’un escroc d’esprit n’ait pas eu l’idée d’ouvrir une académie de littérature. » ; « Quand on a la chance d’être une brute, il faut savoir le rester. » ; « Dans la rue on ne verra bientôt plus que des artistes et l’on aura toutes les peines du monde à y découvrir un homme. » Costes délire sur Genet, déboulonnant cette idole des années 70, qu’il fallait en ce temps-là, suivant les conseils de Sartre, aimer et lire pour être à la page, car il était « anti-français » par excellence, sans famille, sans patrie, sans morale... bref précurseur des valeurs dominantes aujourd’hui.
On trouvera aussi dans cette livraison une belle réflexion de Sarah Vajda sur l’avortement, un manifeste hilarant pour un monument à la mémoire de François Mitterrand, fausse hagiographie brossant les travers du défunt monarque, des récits et nouvelles, dont un texte de Dominique Zardi « le Juif et le Corse » et un « Guevara dans la brume » devenant « la honte de la jungle » par Laurent Schang…
« Certains ont eu vingt ans dans les Aurès. Moi, j’ai eu vingt ans sous Jack Lang : je me demande sincèrement si ça n’est pas pire. » Laurent James, grand organisateur de ce numéro, ne cache pas son dégoût du gauchisme ambiant, qu’il contrebalance par un mépris de la droite, dans une indépendance d’esprit exemplaire. Diffusé par Internet et dans une centaine de librairies, TsimTsoûm apporte une voix neuve et revigorante dans le paysage éditorial, et s’affirme comme une revue de résistance.
TsimTsoûm n° 1, 49 rue Saint-Aubin, 49100 Angers. 9, 70 €. www.tsimtsoum.com
LE JOURNAL DES LOINTAINS n° 2
Deuxième numéro paru de ce semestriel dirigé par Marc Trillard, et qui a élu domicile aux éditions Buchet Chastel. Comme son nom l’indique, cette belle revue n’est ouverte que sur l’ailleurs et nous dépayse à chaque page. Bolivie, Maroc, Luxembourg, Abidjan, Tirana, Calcutta, Shanghaï, l’Inde, le Sri Lanka, le Bengale ou le Baïkal, Kaliningrad ou Charleroi… pages éparses du livre-monde tracées par Patrick Bard, Eric Faye, Christian Garcin, Jacques Jouet, Alain Leygonie, Jean-Pierre Campagne… Chaque texte de cette sorte d’anthologie est suivi d’une brève présentation de son auteur. Tantôt carnet de route, tantôt reportage littéraire, souvenirs entre l’imaginaire et la mémoire, ces textes renouent avec la littérature de voyage : à rebours du journalisme, on y découvre une vraie curiosité, une empathie, un investissement d’écriture. Une revue qui nous déplace et nous transporte.
Le Journal des Lointains, Buchet Chastel, 190 pages, diffusion Seuil, 17 €.
POESIE PREMIERE n° 33
C’est aux éditions Editinter, riches de plus d’une centaine de titres, que Robert Dadillon avait fondé la revue Poésie/première ; il a depuis deux ans passé le relais à Emmanuel Hiriart et cette solide et fidèle revue a depuis pris son indépendance par rapport à la maison d’édition originelle. L’aspect et l’esprit ont cependant peu changé : affichant dans ce dernier numéro Gabrielle Althen, Richard Rognet (18 recueils publiés, prix Charles Vildrac, Max Jacob, Apollinaire, SDDL…), Claude Vigée, dans un voisinage de valeurs reconnues et d’auteurs nouveaux à découvrir, la revue fondamentalement axée sur la poésie présente des extraits, des études, des interviews. Sur Gabrielle Althen, Monique Labidoire conclut : « Le poète est tout à tour – ou en même temps – pèlerin et sentinelle d’un « château » ou d’un « royaume » qui serait le lieu d’un absolu, d’une « maison suspendue » où se construirait la demeure de lumière, une demeure faite de la connaissance du monde associée à la connaissance de soi-même et qui abriteraient une présence qu’on peut ne pas nommer. » Seul un coin résiduel de la revue, dont on regrette qu’il soit aussi réduit, s’ouvre au genre différent de la nouvelle, illustré ici par Jean-Paul Schneck. Des « Libres propos » de Laurent Bayart, des notes de lecture attentives, complètent cette belle revue un peu austère mais exigeante.
Poésie/première, Maison Allegera, Lot. Ibai Ondoa, 64220 Ispoure. 112 pages, 10 €. http://poesiepremiere.free.fr
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mardi, 04 avril 2006
Sur la route de Madison
Effectuant des recherches sur le magnifique film de Clint Eastwood, Sur la route de Madison, tiré du roman de Robert James Waller, The Bridges of Madison County (que je n’ai pas lu, mais tous les critiques s’accordent à reconnaître que le film lui est infiniment supérieur), je me suis retrouvé au gré de l’Internet sur le site du Comté de Madison.
Le pont couvert que l’on voit dans le film est le pont de Roseman, construit en 1883 par Benton Jones, c’est celui que Robert Kincaid cherche pour le photographier lorsqu’il s’arrête devant la ferme de Francesca Johnson pour demander son chemin, c’est aussi celui sur lequel Francesca affiche son mot pour inviter Robert à déjeuner.
Mais dans le roman de Robert James Waller, c’est le pont de Cedar qui figure sur la couverture.
Or, ce pont de Cedar a été détruit par un incendie criminel le 3 septembre 2002, alors que la maison de Francesca – une ferme abandonnée depuis 35 ans et qui avait été entièrement restaurée pour les besoins du film – a elle aussi été incendiée en octobre 2003.
Une récompense de 41 000 $ est offerte à toute personne qui pourrait donner des informations permettant d’arrêter l’incendiaire du pont de Cedar, lequel a été reconstruit à l’identique et inauguré en 2004.
"If you have information regarding this incident, please contact the Madison County Sheriff’s Department at (515) 462-3575. Or you may call the Iowa Arson Hotline toll-free at (800) 532-1459."

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jeudi, 30 mars 2006
La Revue mode d'emploi, 2e édition
Vient de paraître:
La revue, mode d’emploi, de Jean-Jacques Nuel
Guide à l’usage des auteurs, des créateurs de revues et des attachés de presse
(Comment publier en revue ; comment publier une revue)
Editions de L'Oie plate
Après une première édition de ce guide pratique parue au Calcre en 1999, une nouvelle version revue et augmentée de La Revue mode d’emploi vient de paraître aux éditions de L’Oie plate.
La revue, mode d’emploi est un guide pratique répondant aux préoccupations des auteurs, des créateurs de publications et des attachés de presse. Il rappelle aux auteurs l’intérêt de la publication en revues - traditionnelles ou sur le web - comme préalable à l’édition, et leur donne une méthode pour recenser les périodiques et leur proposer des œuvres ou des articles.
L’intérêt principal du guide est d’aborder de manière exhaustive tous les aspects de la création d’une revue, pour ceux qui veulent se lancer dans cette aventure. Depuis la décision de création, la définition du projet, les formalités légales à respecter, la réalisation page à page, de la maquette jusqu’à l’impression, la diffusion par les canaux classiques ou alternatifs, jusqu’aux aides financières possibles, toutes les étapes sont minutieusement décrites, comme les procédures assorties des adresses utiles.
Cette nouvelle édition tient compte de l’émergence des nouveaux médias que sont les webzines et les revues en ligne.
La revue, mode d’emploi est un guide concret et complet sur le phénomène de la revue, ce refuge de la liberté d’expression, de la création et du débat d’idées.
La Revue mode d’emploi, de Jean-Jacques Nuel, éditions de L’Oie plate (B.P. 17, 94404 Vitry Cedex ; www.loieplate.com), mars 2006, 220 pages, 21 €.
Pour commander, se rendre sur le site de L’Oie plate.
*
Pour donner une idée de l’ouvrage, sont reproduits ci-dessous l’avertissement et un extrait du sommaire.
Avertissement
Cette deuxième édition de La Revue, mode d’emploi reprend pour l’essentiel le plan et le contenu de la première version parue en 1999. Les enquêtes et recherches ont été effectuées pour mettre à jour toutes les informations d’ordre réglementaire ; les adresses des organismes cités ont été actualisées et complétées par une donnée encore peu répandue en 1999 : les sites web ou parfois, des adresses de courriel.
L’évènement principal survenu depuis lors est bien le développement d’Internet, du nombre de sites et de blogs créés et répertoriés comme du nombre de personnes, de toutes générations, ayant un accès à la toile (en 2005, près d’une personne sur deux). Si la révolution annoncée de l’édition électronique n’a pas véritablement eu lieu, le livre étant resté indétrônable, en revanche, de nombreuses revues « en ligne » se sont créées, offrant de nouveaux espaces aux créateurs, et des revues papier ont compris tout l’intérêt qui s’attache à compléter leur support traditionnel par un site ou un blog, augmentant ainsi leur visibilité.
Cette nouvelle édition, même si elle continue de s’adresser en priorité aux lecteurs et « faiseurs » de revues papier, tient compte de cette nouvelle donne, aussi bien pour l’auteur qui voit se multiplier les lieux d’accueil de ses œuvres de critique ou de création, que pour le créateur de revues, qui a désormais à sa disposition de nouveaux moyens de toucher le public. La Revue mode d’emploi est ainsi augmentée de quelques nouveautés : la création d’un site, d’un webzine, d’un blog ou d’une newsletter, le dépôt numérique par empreinte d’une œuvre, l’impression et l’édition numériques, le référencement auprès du réseau Dilicom, de nombreux sites d’annuaires de la presse, la recherche d’antériorité d’un titre par Internet, comment intégrer un numéro ISSN dans un code-barres…
Longtemps les revues ont été, outre des creusets de création, des supports d’information. Cette dernière fonction est largement assurée désormais par le net, qui par sa réactivité, son immédiateté, son interactivité, sa gratuité, a supplanté la source papier. Un bulletin d’information imprimé coûte en effet du temps, de l’argent pour le tirage et les frais d’expédition, et les infos arrivent souvent après la bataille. Certaines fonctions traditionnelles de la revue sont ainsi largement remises en cause par Internet, et obligent les périodiques à se redéfinir. Il n’est pas sûr qu’un certain type de revue culturelle – que l’on a connue dans les années 70 à 90 - photocopiée, agrafée, à la réalisation médiocre, espace brouillon d’expression et d’information, puisse subsister très longtemps. La revue papier doit désormais résulter d’un choix entre deux supports - l’un virtuel, l’autre très ancien – et d’une réflexion sur son identité, son fond et sa forme ; elle doit, pour se démarquer de l’offre du net, offrir un contenu dense, cohérent, et retrouver sa dimension d’objet.
Enfin les temps deviennent durs pour les revues et magazines, et particulièrement pour les plus modestes. Incontestablement, la tendance est au renforcement du professionnalisme, les revues amateur voyant se réduire leurs opportunités : la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) n’octroie plus que des numéros provisoires (qui permettent de bénéficier de tarifs postaux réduits) et ses conditions d’attribution sont plus sévères ; le contrôle exercé par la Poste sur les revues inscrites à la CPPAP est accru ; les salons comme le Marché de la Poésie sont moins ouverts aux amateurs, car ils sont à la fois plus chers et plus sélectifs. La diffusion en kiosques, très coûteuse, a été fatale à bien des revues associatives. En même temps que s’ouvre l’espace supplémentaire d’Internet, la vie des revues papier devient plus complexe et plus difficile, augmentant une forme de sélection naturelle, et restreignant le champ ouvert à l’expression et à la création.
*
Extrait du sommaire
1. L’auteur
Comment publier en revues ?
1.1. Connaître et recenser les revues
1.2. Que proposer aux revues ?
1.3. Normes de présentation
1.4. Protection des œuvres
1.4.1. Le dépôt auprès des sociétés d’auteurs
1.4.2. Le dépôt numérique : l’empreinte
1.4.3. Autres moyens
1.5. L’envoi aux revues
1.5.1. Les documents d’accompagnement
1.5.2. Le suivi
1.6. Le compte d’auteur
1.7. La pige
1.8. La publication en ligne, un nouveau support
1.8.1. Minitel
1.8.2. Internet et les revues en ligne
1.8.3. Site personnel, blog ou newsletter
1.9. Une stratégie de publication
2. L’attaché de presse
Comment contacter les revues pour faire la promotion des livres ?
2.1. Le travail de l’attaché de presse
2.2. La sélection des périodiques, revues et magazines
2.3. Contacter les revues
2.4. Suivre et mesurer les retombées
3. Le créateur de revue
Comment réaliser son projet ?
3.1. La décision de création
3.1.1. Une politique éditoriale
3.1.2. Un cadre légal
3.1.3. Constituer une équipe
3.1.4. L’aspect de la revue
3.1.5. Les choix économiques
3.2. Les formalités légales
3.2.1. La déclaration du titre
3.2.2. La protection du titre
3.2.3. Le directeur de publication
3.2.4. ISSN (International standard serial number)
3.2.5. Dépôts légaux
3.2.6. Le copyright
3.2.7. Le code-barres
3.2.8. La Cppap (Commission paritaire des publications et agences de presse)
3.3. La réalisation
3.3.1. Le planning
3.3.2. Le chemin de fer
3.3.3. La mise en pages
3.3.4. La PAO (publication assistée par ordinateur)
3.3.5. La maquette
3.3.6. L’impression
3.4. La diffusion
3.4.1. Le signalement
3.4.2. Le lancement
3.4.3. Le service de presse
3.4.4. Les abonnements
3.4.5. L’expédition
3.4.6. La présence en librairies
3.4.7. Le kiosque
3.4.8. Autres moyens de diffusion
3.5. Les aides aux revues
3.5.1. Le CNL (Centre national du Livre)
3.5.2. Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique)
3.5.3. Les collectivités locales
3.5.4. Le mécénat
3.6. Au service des revues
3.7. La fin de la revue
4. Le droit de la presse
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samedi, 25 mars 2006
Revue de détail n° 1
Cette chronique est parue dans La presse Littéraire n° 2.
FICTION n° 2
La revue Fiction fut pendant 37 ans l’édition française de la revue littéraire nord-américaine Fantasy & Science-Fiction avant de disparaître du paysage éditorial en 1990. Elle a connu sa renaissance en 2005, grâce à un passionné, André-François Ruaud, fondateur de la maison d’édition Les moutons électriques, qui a décidé de se lancer dans cette aventure.
C’est moins une revue qu’une anthologie périodique (semestrielle) de fantasy et science-fiction. Un format original quasi carré, une mise en pages sobre mais élégante, bref un solide et bel objet de lecture, non thématique, et mêlant les genres. Pour cette deuxième livraison, sous une couverture à rabats couleur kraft illustrée par F’Murr (le dessinateur des BD du « Génie des Alpages » chez Dargaud), la revue propose des nouvelles de Léa Silhol, Paolo Bacigalupi, Carol Emshwiller, Jean-Jacques Régnier, James Sallis, Julien Bouvet, Zoran Zivkovic, Joël Champetier et Elisabeth Vonarburg, Jeffrey Ford, Ian R. MacLeod, David Langford, Lewis Shiner, Brian Stableford. On le voit, quelques écrivains français ou francophones se mêlent aux pointures anglo-saxonnes, au meilleur du choix de la revue nord-américaine, la sélection est donc difficile pour les jeunes auteurs de langue française qui veulent tenter leur chance. Quelques autres surprises venues d’horizons variés (Inde, Japon, Serbie, Danemark…) confirment son ouverture, sa curiosité, sa vocation internationale.
Un portfolio central d’illustrations du cartooniste américain d’humour noir Gahan Wilson, et des dessins ponctuant tout le volume, par des dessinateurs du New Yorker et de Fantsy & SF, des articles, des témoignages, la chronique littéraire de Francis Valéry complètent cette copieuse livraison de 330 pages.
Fiction réussit son pari - donner à lire une littérature populaire de qualité - et vient combler un vide dans le paysage de la SF et du fantastique en France.
Fiction, Les moutons électriques éditeur, 245 rue Paul Bert, 69003 Lyon.19 €. Diffusion Les Belles Lettres.
SALMIGONDIS n° 21
Si la revue ne respecte plus sa périodicité trimestrielle originelle, devenant à peu près annuelle, au gré de l’envie, des forces et des finances de l’équipe éditoriale, gagnant en volume et en densité, Salmigondis reste un magazine de référence, d’autant plus que nombre de ses concurrents ou plutôt confrères ont disparu (Nouvelle Donne, Encres Vagabondes) et qu’il reste un des rares espaces ouverts aux jeunes auteurs.
Animée par Gilles Bailly, Emmanuelle et Roland Fuentès, Salmigondis publie tous les genres (sauf le mauvais) : nouvelles, surtout des nouvelles, poésies, bandes dessinées, dessins, chroniques et s’enrichit de dossiers sur un auteur ou une maison d’édition. Avec le souci constant de mêler des voix reconnues (Chateaureynaud, Baroche, Bazot, Butor, Saumont…) et de nouveaux et jeunes auteurs, jouant ainsi un rôle essentiel de découvreur, elle ne fait aucun cas des genres ni des chapelles pour s’attacher uniquement à ce qui lui parait neuf, original, surprenant. Cette revue désormais connue et très sollicitée (les concours de nouvelles et de BD qu’elle organise connaissent un incontestable succès) s’impose dans le paysage littéraire.
Dans ce dernier numéro, Salmigondis confirme son statut de découvreur, en nous donnant à lire - à côté du reconnu Abdelkader Djemaï - des auteurs prometteurs : Isabelle Sojfer, ses histoires brèves et cruelles, et Nicolas Puzenat, qui signe une nouvelle magnifique, d’un absurde consommé, « Grandeur des corpuscules ». Didier Millotte, qui livre de nombreuses illustrations de ce numéro, répond aux questions de Fuentès : « Par un rejet des produits Disney, entre autres, certains produisent de la boue, sans se rendre compte que ce n’est pas mieux d’un poil. Pour vraiment faire de bons livres pour enfants, il faut avant d’avoir le désir de faire des albums, aimer les enfants. » Ce même jeune dessinateur, qui ne lit « pratiquement plus que la Bible », « le texte le plus fascinant et le plus enthousiasmant de l’humanité », nous sert quelques déclarations réjouissantes et roboratives, à contre-courant.
Salmigondis, qui a le souci de sa diffusion, participe à de nombreux salons du livre et étend chaque mois le réseau de libraires qui la distribuent sur toute la France, dont une vingtaine à Paris.
Salmigondis, 452 route d’Attignat, 01310 Polliat. 110 pages. 10 €.
SUPERIEUR INCONNU n° 2
Sous-titrée « Arts – Littérature – Critique », cette revue semestrielle est la nouvelle formule (après 3 ans d’interruption) d’un titre déjà ancien, fondé et toujours dirigé par Sarane Alexandrian. Marc Kober est le rédacteur en chef de cette nouvelle série, plus luxueuse et plus élaborée, car, dit-il : « sa beauté correspond à une exigence éthique de première importance ». De fait, cette belle revue annonce la couleur (verte), l’esprit et le contenu dès la couverture, illustrée de quatre cartes, figures du jeu complet que dessinèrent en 1940 les surréalistes à Marseille et qui fut édité par André Dimanche. Ces cartes illustrant les notions de rêve, amour, connaissance, révolution (et les personnages de Freud, Hegel, Sade, la Religieuse portugaise), dessinées par Oscar Dominguez, André Masson, Victor Bruner, Jacques Herold tiennent lieu de manifeste et annoncent les différentes parties de la revue. Participent à cette livraison Marie-Laure Missir qui évoque Jean Benoit, Hervé Delabarre, Tristan Ranx, Monique Ayoun et bien d’autres signatures.
Supérieur Inconnu prétend n’être pas une revue surréaliste de plus, mais une revue qui retient le meilleur de l’aventure surréaliste pour le rejouer au présent. Car nous aurions « besoin plus que jamais des grands secours du rêve et de la passion pour que le progrès de la connaissance soit utile au bonheur du genre humain. » La revue, abondamment illustrée, est une réussite éditoriale, le projet séduisant, mais le surréalisme est-il encore d’actualité ? Vaste débat qui remplirait un numéro entier de La presse Littéraire et que nous n’aurons pas la prétention de traiter ici.
Supérieur Inconnu, 9 rue Jean Moréas 75017 Paris. 104 pages. 14 €.
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jeudi, 16 mars 2006
Tous au Salon !
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vendredi, 10 mars 2006
Charles Fontaine (1514 - après 1588)
Je remets en ligne ce billet paru le 14 mai 2005, m’étant aperçu, grâce à ce site érudit, que la version retenue du beau poème de Charles Fontaine était fautive. Il convient de préciser qu’à l’époque à laquelle j’avais conçu mon anthologie de poètes lyonnais, voici bien plus de vingt ans, Internet n’existait pas ni Gallica qui donne l’accès à de très anciens textes numérisés, jadis quasi introuvables. Je crois me rappeler avoir déniché ce poème dans une anthologie de poésie composée par André Gide.
Je rétablis donc le poème dans sa version originelle, comme dans son intégrité de 7 strophes.
*
Né à Paris le 13 juillet 1514, Charles Fontaine s’attacha à Renée de France (fille cadette de Louis XII et d'Anne de Bretagne) et séjourna quelques années auprès d’elle à Ferrare. Il regagna ensuite la France pour se fixer à Lyon où il passa la plus grande partie de sa vie.
Chant sur la naissance de Jean, second fils de l'auteur
Mon petit fils qui n’as encor rien vu,
A ce matin ton père te salue :
Viens t’en, viens voir ce monde bien pourvu
D’honneurs et biens, qui sont de grand value :
Viens voir la paix en France descendue :
Viens voir François, notre Roi, et le tien,
Qui a la France ornée, et défendue :
Viens voir le monde où y a tant de bien.
Viens voir le monde, où y a tant de maux,
Viens voir ton père en procès, et en peine :
Viens voir ta mère en douleurs, et travaux,
Plus grands que quand elle était de toi pleine :
Viens voir ta mère, à qui n’as laissé veine
En bon repos : viens voir ton père aussi,
Qui a passé sa jeunesse soudaine,
Et à trente ans est en peine et souci.
Jean, petit Jean, viens voir ce tant beau monde,
Ce ciel d’azur, ces étoiles luisantes,
Ce Soleil d’or, cette grand terre ronde,
Cette ample mer, ces rivières bruyantes,
Ce bel air vague, et ces nues courantes,
Ces beaux oiseaux qui chantent à plaisir,
Ces poissons frais, et ces bêtes paissantes :
Viens voir le tout à souhait, et désir.
Viens voir le tout sans désir, et souhait,
Viens voir le monde en divers troublements,
Viens voir le ciel, qui jà la terre hait,
Viens voir combat entre les éléments,
Viens voir l’air plein de rudes soufflements,
De dure grêle et d’horribles tonnerres :
Viens voir la terre en peine et tremblements :
Viens voir la mer noyant villes, et terres.
Enfant petit, petit et bel enfant,
Mâle bien fait, chef-d’œuvre de ton père,
Enfant petit en beauté triomphant,
La grand liesse, et joye de ta mère,
Le ris, l’ébat de ma jeune commère,
Et de ton père aussi certainement
Le grand espoir, et l’attente prospère,
Tu sois venu au monde heureusement.
Petit enfant peux-tu le bienvenu
Etre sur terre, où tu n’apportes rien ?
Mais où tu viens comme un petit ver nu ?
Tu n’as ni drap, ni linge qu soit tien,
Or, ni argent, n’aucun bien terrien :
A père et mère apportes seulement
Peine et souci : et voilà tout ton bien.
Petit enfant tu viens bien pauvrement.
De ton honneur ne veuil plus être chiche,
Petit enfant de grand bien jouissant,
Tu viens au monde aussi grand, aussi riche
Comme le Roi, et aussi florissant.
Ton Trésorier c’est le Dieu tout puissant,
Grâce divine est ta mère nourrice :
Ton héritage est le ciel splendissant :
Tes serviteurs sont les Anges sans vice.
in S'ensuivent les ruisseaux de Fontaine, Lyon, chez Thibauld Payan, 1555
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