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mercredi, 01 septembre 2010

Tu écris toujours ? (article)

Un article de Jean-Loup Martin sur le recueil de chroniques humoristiques de Christian Cottet-Emard.

 (précédemment paru le mois dernier sur le site de Lekti-ecriture)

 

couvCCE2.jpgQuelle jubilation à lire ce «manuel de survie»! Les écrivains inconnus, méprisés ou simplement oubliés par notre «déplaisante société» (cet «environnement socio-économique irrémédiablement hostile aux littéraires») s’y reconnaîtront, peut-être avec une pointe d’amertume, sûrement avec un immense amusement, avec reconnaissance aussi. Les «amis non-écrivains» de l’écrivain inconnu apprendront à connaître leur ami, celui qui «écrit toujours», contre vents et marées, contre vents mauvais et marées basses; peut-être même éviteront-ils de lui poser encore, au bout de dix ans, de vingt ans, de trente ans, la question qui blesse, qui tue : «Tu écris toujours ?». Mieux vaut peut-être le silence et l’oubli que l’incompréhension obstinée et compatissante (ou méprisante ?).

Oui, Christian Cottet-Emard «écrit toujours», pour notre plus grande joie. On lui doit des poèmes, des essais, des romans et nouvelles, et puis ce petit bijou, aux Éditions «Le Pont du Change», que Jean-Jacques Nuel vient de fonder (en 2009) à Lyon. On y trouve des «conseils aux écrivains» : … «qui se font interviewer», «qui ont encore des amis non-écrivains et non-littéraires», «qui ne savent rien faire d’autre», «qui veulent donner des conseils aux écrivains», et beaucoup d’autres encore, tous plus drôles et judicieux les uns que les autres. Tout ceci est allègre, caustique, va de l’humour parfois noir au rire presque toujours jaune, mais toujours avec empathie et malice et la sagesse d’un vieux matou, comme l’adorable et insupportable Sir Alfred, le chat du voisin écrivain lui aussi, à qui il ne faut offrir que des sardines «Ohé matelot», sinon il est «très malade» (et la compagne du voisin-écrivain l’est aussi quand elle a fini de nettoyer la maison).

D’ailleurs ces «conseils» prennent souvent la forme d’anecdotes pittoresques, irrésistiblement drôles, même quand elles sont navrantes : ainsi Christian Cottet-Emard a publié son premier livre à compte d’auteur et a vu arriver des cartons pleins de livres invendables, a participé à des «salons» du-livre-et-des-produits-bio entre une «viticultrice bio» (malheureusement allergique aux cigares de notre infortuné auteur) et un «sourcier-magnétiseur», a été interviewé par un journaliste incompétent (un journaliste… sportif en fait!), qui se souciait de littérature comme l’auteur de «sports de ballon»… (L’auteur n’aime pas les «sports de ballon», ce qui le rend infiniment sympathique !)

Tout ceci est très amusant et revigorant. Le lecteur jubilera aussi en découvrant les coups de griffe (oui, décidément, le matou…) à Philippe Sollers, à Philippe Delerm (et ses «proses aux petits oignons»), à Christian Bobin et à quelques autres écrivains installés et reconnus – comme à sa «sorcière bien-aimée» (lisez donc ce délicieux petit livre pour découvrir avec joie de qui il s’agit !) – comme au désastreux enseignement de la littérature dans notre système scolaire. Ce livre lui fera découvrir un écrivain proche, caustique mais fraternel, ironique mais chaleureux, désabusé mais tonique et dynamique, qui conclut ainsi: «(…) aujourd’hui, ayant atteint le demi-siècle, oui, évidemment, j’écris toujours !».

Jean-Loup MARTIN

 

TU ÉCRIS TOUJOURS ? «Manuel de survie à l’usage de l’auteur et de son entourage», Christian Cottet-Emard, Éditions «Le Pont du Change», 161 Rue Paul Bert, 69003 Lyon, avril 2010, 96 pages, 13 euros.

Le site de l'éditeur :

http://lepontduchange.hautetfort.com

 

lundi, 07 juin 2010

Béraud de Lyon

berauddelyon.jpgDans ce numéro 21 des Cahiers Henri Béraud, Roland Thévenet évoque sa découverte fortuite de l'auteur : « Il fallut donc le hasard de recherches en bibliothèque à propos d'un livre que j'écrivais en 1981 pour que me fut révélée l'existence d'un auteur lyonnais ayant reçu un Goncourt, ayant publié une soixantaine d'ouvrages, ayant parcouru l'Europe en étant le journaliste le mieux payé de France, et dont j'ignorais jusqu'au nom. Alors que j'avais fait mes études à Lyon. Des études de lettres ! »

Il ajoute : « Efficace, l'omerta des élites lyonnaises ! »

Comme Roland Thévenet, j'ai fait des études de lettres à Lyon, dans l'ignorance complète de Béraud, que j'ai lu encore plus tardivement.

Léon Bloy fut victime d'une conspiration du silence. L'auteur lyonnais Henri Béraud, en grande partie pour le mauvais rôle qu'il tint lors de la deuxième guerre mondiale (collaborateur de la revue Gringoire, il fut condamné à mort à la Libération avant d'être finalement gracié par de Gaulle) et en partie pour les solides inimitiés qu'il collectionna, fut victime, lui, d'une véritable tentative d'effacement de la mémoire collective. Auteur célèbre et populaire en son temps, journaliste aussi connu et apprécié qu'Albert Londres, il devint un sujet d'opprobre, un auteur maudit dont plus personne n'osait lire les livres et que sa ville renia. Aucune rue ne porte aujourd'hui son nom dans sa ville natale.

J'ai pris conscience de l'intérêt de son œuvre lors d'une conférence de Roland Thévenet aux Xanthines. La lecture du livre autobiographique Qu'as-tu fait de ta jeunesse ? a été plus qu'une découverte : une révélation et un enchantement. Béraud est de loin le plus grand écrivain que Lyon a vu passer au vingtième siècle (ville qui peut s'enorgueillir pourtant d'avoir connu de très bons auteurs, comme Calaferte ou Reverzy).

 « Il y a dans la phrase d'Henri Béraud quelque chose d'asséné et de brutal, de juste et d'élégant, et même souvent de raffiné, qui fait sa fête à tout amoureux de la langue française. » nous dit Roland Thévenet. Ce cahier évoque essentiellement les années de jeunesse et de formation lyonnaises de Béraud, et on aimerait en savoir plus. On a hâte de voir enfin édité un livre qui nous donne à redécouvrir la totalité et la cohérence de cette œuvre.

 

Béraud de Lyon, par Roland Thévenet

(cahier Henri Béraud XXI - Hiver 2009-2010)

Edition ARAHB (Association rétaise des amis d'Henri Béraud) BP3 17111 Loix-en-Ré

 

vendredi, 09 avril 2010

Tu écris toujours ?

Vient de paraître aux éditions Le Pont du Change :

Tu écris toujours ?

Manuel de survie à l’usage de l’auteur

et de son entourage

 de Christian Cottet-Emard

 

« En société, votre écrivain jette un froid en plein repas de communion en déclarant que le retour des religions va provoquer une guerre nucléaire et que, pour cette raison, il aurait mieux valu ne pas faire d'enfants : ne vous inquiétez pas. La situation internationale n'est pas plus tendue que d'habitude et votre écrivain a simplement dû se faire refuser un manuscrit.

Votre écrivain est infernal et vous ne savez plus comment vous y prendre avec lui : avez-vous pensé à vous équiper d'un cochon d'Inde ? En observant attentivement ce petit rongeur, vous verrez que votre écrivain et lui ont beaucoup de points communs... »

Dans ce manuel riche de nombreux autres conseils du même tonneau, tout auteur (professionnel, débutant ou amateur) et toute personne de son entourage pourront puiser pour mener une vie meilleure, en totale harmonie (enfin, en principe...)

Avec une lucidité caustique, Christian Cottet-Emard livre une chronique drôle et décapante de la condition d'auteur.

Un extrait gratuit (3 chroniques) sous forme numérique a été mis en ligne sur la plateforme Feedbooks : Tu écris toujours ? (extraits)

 &&&&&

Né le 24 novembre 1959 à Montréal dans l'Ain, Christian Cottet-Emard doit patienter quinze ans avant de fumer son premier cigare.

Il aime s'absenter, en pensée et en forêt.

Auteur de poèmes, d'essais, de romans (dont Le Club des pantouflards, éditions Nykta, collection Petite Nuit, 2006) et de nouvelles, il est membre du comité de lecture de la revue Le Croquant depuis sa création en 1987 et collabore au Magazine des Livres, bimestriel dans lequel de nombreux épisodes de Tu écris toujours ? ont paru en feuilleton. Il a obtenu une bourse d'écriture du Centre national du livre en 2006.

 

Un recueil de 96 pages, format 11 x 18 cm. 13 € port compris. ISBN 978-2-9534259-1-8

En vente aux éditions Le Pont du Change, 161 rue Paul Bert, 69003 Lyon

Renseignements et bon de commande sur le blog des éditions LE PONT DU CHANGE

 

 

lundi, 15 mars 2010

Les quatre saisons de Roland Tixier

Après « Simples choses », paru l'an dernier aux éditions Le Pont du Change, Roland Tixier nous donne à lire de nouveaux haïkus urbains, chez pré # carré éditeur, officine animée par l'ami Hervé Bougel devenu pour la circonstance marchand des 4 saisons.

4saisons.jpg

Ce bel objet est un coffret cartonné, contenant quatre livrets de 32 "haïkus urbains", et un cinquième livret, « Arbres », ensemble de textes écrits par les enfants d'une classe d'adaptation du collège Jacques Duclos, à Vaulx-en-Velin, sous la conduite de Roland et des enseignantes. Ce projet est d'ailleurs soutenu par la municipalité de Vaulx-en-Velin.

En lisant à la suite les 4 livrets, on voit se dérouler une année complète, on revit ces fugitives sensations, communes et éternelles, ancrées dans une saison et un moment particulier, dans la couleur des feuilles, dans la clarté de la lumière, dans la fraîcheur ou la touffeur de l'air, selon le jour. Ces brefs poèmes forment un collier d'instants volés au temps qui passe.

 

Quelques instantanés :

(hiver)

reviendra-t-il enfin

l'envol heureux des pétales ?

le temps est à la neige

 

(printemps)

moineau ébouriffé

dans une flaque d'eau claire

frissons de printemps

 

(été)

chaleur de juillet

seul le papillon

semble ignorer la fatigue

 

(automne)

septembre à sa fin

feuilles vertes feuilles mortes

mêlées dans les rues

 

On retrouve comme dans les précédents recueils cette même simplicité miraculeuse, cette petite touche qui vaut tout un tableau tant elle est juste, précise et sensible, cette attention aux oubliés de la vie (premiers signes du froid / la mendiante de l'avenue / resserre les épaules) comme à nos plus proches voisins (ma voisine a peur / d'avoir à payer en mai / le temps clément de novembre). Roland Tixier sait dire l'humanité dans le quotidien, et l'émerveillement devant l'instant présent, parfois chargé de souvenir :

 

il neige alors on pense

aux années de lumière

de l'enfance envolée

 

 

Les 4 saisons de Roland Tixier, pré # carré éditeur, 52, quai Perrière, 38000 Grenoble

http://precarreditions.hautetfort.com/

 

samedi, 07 novembre 2009

Roland Tixier aux Xanthines

Dans le cadre des Vendredi apéro des Xanthines,

Vendredi 13 novembre à 18 heures,

Roland Tixier lira des extraits de son dernier recueil : Simples choses, un ensemble de 180 haïkus urbains, publié aux éditions Le Pont du Change.

Tixier_ax.jpg

Les Xanthines, café associatif du commerce équitable

33 rue de Condé, 69002 Lyon

métro Perrache ou Ampère

Entrée gratuite sur consommation équitable.

 

samedi, 03 octobre 2009

Le coeur des filles, de Pierre-Jean Blazy

Quand j'étais vieux

j'attendais la nuit

jusqu'aux escarmouches

du crépuscule

 

La vie

cette lune froide

était un désert de silence

je guettais

le sommeil des choses

jusqu'aux lisières de l'hiver

 

Aujourd'hui

ta chaude lande

est la source du ciel

le temps

me fait l'amour

 

Un feu blanc

dégèle les vagues

et révèle

les visages du vent

 

Voici

l'intérieur du cri

une lumière noire

détisse le temps

 

L'espace tombe.

 

blazy.jpgMon ami Pierre-Jean Blazy (il publia mes premiers poèmes en 1983 dans sa revue Janus) vient de publier un nouveau recueil de poésie, Le cœur des filles, aux éditions Manoirante. 47 nuitées qui nous entraînent dans un univers d'images fortes et puissantes, dans une quête inapaisée d'amour et d'accord avec le monde.

Le site des éditions Manoirante.

 

lundi, 03 août 2009

Jean-Pierre Brisset (1837-1919)

LA SALOPERIE


Voici les salauds pris ; ils sont dans la sale eau pris, dans la salle aux pris, dans la salle aux prix. Les pris étaient les prisonniers que l'on devait égorger. En attendant le jour des pris qui était aussi celui des prix, on les enfermait dans une salle, une eau sale, où on leur jetait des saloperies. Là, on les insultait, on les appelait salauds. Le pris avait du prix. On le dévorait et, pour tendre un piège, on offrait du pris et du prix : c'est du prix. - C'est duperie, répondait le sage. N'accepte pas de prix, ô homme, c'est duperie.

in La science de Dieu

D'autres textes de ce "fou littéraire" sont à lire sur le blog de la revue Casse.