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vendredi, 19 septembre 2008

A propos du Codex Atlanticus 17

codex_17_vignette.gifPhilippe Gindre me signale de bonnes critiques à propos du dernier numéro du Codex Atlanticus, auquel j'ai collaboré.

sur ActuSF:

http://www.actusf.com/spip/article-6323.html

sur Phénixweb :

http://www.phenixweb.net/Codex-Atlanticus-no17

 

lundi, 08 septembre 2008

Revue de détail n° 13

(Ces chroniques sont parues dans La Presse Littéraire n° 15.)

 

848425918.jpgIMPUR n° 1

Nouvelle et belle venue parmi les périodiques, « chic objet coloré », impur (sans majuscule) se revendique « revue à problèmes » et se promet de convoquer chaque trimestre « des visions décentrées, panoramiques, exotiques, des littératures métèques, désinstallées, des paroles d’immigrés, d’exilés, d’expatriés ». Dédié à la mémoire de Fred Chichin, le guitariste des Rita Mitsouko, ce premier numéro est consacré essentiellement à un dossier Japon, encadré par les magnifiques photos de jeunes « poupées » japonaises en première et quatrième de couverture, avec les contributions de Pierre Jourde, Agnès Giard, Sarah Vajda, Syoka, Laurent Schang et un article (en japonais, s’il vous plait !) de Hirano Keiichiro. Un casting qui n’est pas sans évoquer celui de la revue Tsimtsoum, qui ne connut qu’un seul numéro en 2006.

Pierre Jourde dénonce les préjugés français sur le Japon dans un beau texte sur Nagasaki : « Sans doute au Japon la société pèse-t-elle plus lourd qu’en France sur l’individu, corseté de devoirs, obsédé à l’idée de ce qu’il se doit et de ce qu’il doit aux autres. Rien ne peut s’y accomplir sans un peu de cérémonie. C’est peut-être précisément ce qui nous manque, un peu de cérémonie. Nous avons cru que la cérémonie était ennemie des plaisirs, ce qui n’était pas faux, et nous l’avons supprimée, sans voir qu’il en faut peut-être une dose pour goûter plus fort certains moments, certaines saveurs, et la société des hommes. » Dans un entretien « Sommes-nous une nation d’eunuques ? », Agnès Giard explique l’évolution de la sexualité au Japon : « Dans ce pays dénué de tout tabou judéo-chrétien, la confrontation avec l’occupant a été très douloureusement vécue comme une forme de castration. Les Japonais vénéraient depuis des millénaires les organes génitaux à l’égal de dieux. Les processions phalliques assimilaient la sexualité à un acte sacré. Et voilà que, sous l’influence de la « modernité », il a fallu censurer la nudité et abandonner les vêtements traditionnels, désormais considérés comme obscènes. », et plus loin : « En 10 ans, le Japon est devenu un pays de femmes. Les filles servent de modèles, d’héroïnes et d’idoles pour une génération entière et je pense que d’ici 5 ans, il n’y aura plus de fossé entre les sexes. »

On relève en outre dans ce numéro un très intéressant entretien avec Menahem Macina sur le thème de la « violence juive », conduit par Bruno Deniel-Laurent.

impur, éditions Antipodos, 16 boulevard Saint-Germain, 75005 Paris. 128 pages, 9 €. www.impur.fr

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1268407739.jpgLE GROGNARD n° 5

D’abord revue exclusivement sur internet, Le Grognard est désormais disponible en version papier, et a belle allure : papier bouffant 80 g, couverture sur Centaure Ivoire 250 g, dos carré collé et lettrines à l’imitation de certaines revues prestigieuses du 19e siècle. Il n’a cependant pas perdu ses premiers repères puisqu’il ne donne pas d’adresse postale, mais uniquement une adresse de courriel. L’objet de cette publication excède la seule littérature, comme en témoigne son objet : « Littérature, Idées, Philosophie, Critique et Débats », ainsi que le sommaire de ce numéro 5, titré « Solitaire ou Solidaire », qui se révèle une charge contre l’idéologie en cours de valorisation du travail, et fait l’éloge de l’individualisme. Stéphane Beau annonce la couleur : « Comment peut-on, de nos jours, oser s’avouer nietzschéen, oser clamer son individualisme, oser se dire oisif, fainéant, hédoniste sans avoir à justifier à longueur de journée que toutes ces attitudes, loin d’être perverses, négatives, destructrices, insensées, inadaptées, ne constituent au fond qu’un simple rétablissement de l’ordre logique des choses, que l’on peut être solitaire et solidaire, fainéant et actif, oisif et riche, nietzschéen et humain, trop humain… » A un entretien très philosophique avec Philippe Corcuff, succèdent des contributions plus lisibles, comme Le Parti de la Fainéantise de Stéphane Prat, La civilisation, sa cause et ses remèdes d’Edward Carpenter (1895), un Manifeste du Parti Individualiste par Stéphane Beau et une Fiesta pour l’Oisiveté, signée Guy Darol, qui nous régale de deux bonnes citations : « L’oisiveté est mère de tous les talents » (André Hardellet) et « Travailler ! Travailler ! Comme si j’avais le temps. » (Georges Perros). Après tout ça, si vous avez encore envie d’aller travailler…

Le Grognard, 40 pages, 7 €. Courriel : revue.le.grognard@gmail.com

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ARCHIPEL n° 25

Cahier international de littérature, et solide revue belge pilotée depuis 1992 par Alain Germoz, Archipel se consacre à la publication de textes de création, sans distinction de genre : poèmes, contes, nouvelles, théâtre, pages de journal, aphorismes, brûlots…, voulant seulement privilégier l’écriture, l’imagination et la singularité. Se référant à Albert Camus, George Steiner et Georges Braque, la revue n’a d’autre ennemi que le sectarisme. Ce numéro 25 est un spécial Jazz car, selon Germoz, « il représente un phénomène unique dans l’histoire de la musique. Qu’on l’aime ou non, le jazz est plus qu’une musique, pour d’aucuns un art de vivre. D’où son caractère indispensable et l’interaction avec d’autres formes d’art. » Aaron Prevots, Willem M. Roggeman, Pierre Lexert, Yves Humann, Alain Brezault, Guy Vaes, Jean-Christophe Bellevaux collaborent à ce numéro thématique, illustré de photos de célèbres jazzmen. Sous une présentation élégante et raffinée, Archipel constitue au fil des ans une anthologie de textes originaux de qualité et se révèle l’une des grandes réussites de la revue francophone.

Archipel, Jan van Rijswijcklaan, 7 b.2, B-2018 Anwerpen, Belgique. 128 pages, 18, 50 €.

 

mercredi, 27 août 2008

Le Grognard n° 7

grognard7.jpgLe N°7 (septembre 2008) de la revue LE GROGNARD est disponible.

 AU SOMMAIRE :

- Denis Grozdanovitch : L'Ambiguïté et la puissance du rêve chez Anton Pavlovitch
- Mitchell Abidor : American rebels - Jerry Farber : « Les étudiants sont des nègres »
- Guyseika : La vérité est là (poème)
- Champfleury (1821-1889) : De la fausse science et de la prétendue ignorance
- Sébastien Clivillé : Le Philosophe n'a pas dit (poème)
- Aglaé Vadet : Transgression
- Stéphane Beau : Contingences 9
- Denis Vernier : De la philosophie
- Ygor Yanka : La Pornographie ou l'oeil crevé
- C6fran : Le Zazou de Zanzibar
- Thomas Vinau : La Honte
- Stéphane Prat : Le Cabaret de la dernière chance : Tabou à Falésa
- Jean-François Besançon, Stéphane Beau : Du côté des livres

 Quelques pages de ce n°7 sont lisibles en PDF sur le site du Grognard : http://pagesperso-orange.fr/legrognard/ouverture.htm

L'exemplaire est à 7 € (frais de port inclus) La commande est à passer auprès des éditions du Petit Pavé : par mail : editions@petitpave.fr  ou par courrier : Éditions du Petit Pavé - Boîte Postale 17 - 49320 Brissac-Quincé - FRANCE

 Pour connaître les conditions d'abonnement ou d'adhésion à l'Association LE GROGNARD, ou pour proposer un texte il suffit d'envoyer un mail à l'adresse suivante : revue.le.grognard@gmail.com .

mercredi, 25 juin 2008

Mercure n° 2/3

mercure2.jpgLe n°2/3 de la revue Mercure, dirigée par Anthony Dufraisse vient de paraître.

 

SOMMAIRE

Anthony Dufraisse : Ce que Mercure n’est pas

Positions
Jean Dutourd : L’information, maladie moderne
Manuel de Diéguez : De la royauté audiovisuelle
Christian Ruby : Qu’est-ce qui nous regarde ? (II)
Annick Rivoire : Médias en ligne, chacun cherche son modèle
Vangelis Athanassopoulos : Richard Prince fume-t-il des Marlboro ?

Entretiens avec
Umberto Eco : Auteurs et autorité
Jean-Claude Lebrun : Le critique littéraire n’est pas un singe savant
Michel Serres : Internet attend son Robin des Bois
Annette Messager : Petit éloge du kiosque à journaux
Jean Hatzfeld : Les journalistes, ces petits historiens

Radiographies
Denis Grozdanovitch : Bonnes (et mauvaises) ondes
Gil Jouanard : Dis-moi comment tu écoutes...

Figures libres
Franck Derex : Eliagabal ressuscité
Stéphane Beau : Petites coupures
Jean-Jacques Nuel : Cold Case, une série divine

Lecture
Jean Mauriac Le Général et le Journaliste, par Georges Labaloue

 

Mercure n° 2/3, printemps-été 2008, 134 pages, 15 €.

Pour toute correspondance : revuemercure@free.fr

 

samedi, 07 juin 2008

Revue de détail n° 12

(Ces chroniques sont parues dans La Presse Littéraire n° 14.)

 

 

645778456.jpgMERCURE n° 1

« En ces temps proliférants de l’information, tantôt anarchique tantôt concentrique, et des réseaux de communication, il y a besoin d’une revue qui soit en retrait, retranchée. Une revue qui joue sur tous les registres de la pensée – pour observer. Car Mercure est ainsi conçue : comme un observatoire. » Ainsi s’exprime l’édito « Lignes directrices », de cette nouvelle publication, sous-titrée « Les médias autrement », conçue et dirigée par le journaliste et critique littéraire Anthony Dufraisse. D’emblée, le projet, mûrement pensé, apparaît original et cohérent. « Il ne s’agit pas d’être pour ou contre les médias : ce manichéisme réflexe et pavlovien ne mène à rien. Les médias sont à la fois le meilleur et le pire. » Mercure invite donc à penser aussi bien la positivité que la nocivité des médias, objet de réflexion et sujet d’inquiétude.

Quatre parties (Positions, Situations, Radiographies, Figures libres) regroupent des textes pour la plupart inédits ou parfois reproduits quand ils valent la peine d’être relus, signés Daniel Sibony, Christian Ruby, Manuel de Dieguez, Gil Jouanard, Claude Regy, Vangelis Athanassopoulos, Didier Nordon : « Jamais, vous dira-t-on, on n’a été aussi bien informé qu’aujourd’hui. La désinformation commence avec cette affirmation. Que nous recevions plus d’informations que par le passé, sans doute. Mais plus ne signifie pas mieux. », ou Jacques Attali : « Quiconque entre dans Internet sait qu’il ne faut pas parler d’autoroutes de l’information mais plutôt de labyrinthes : gigantesque enchevêtrement de ruelles, de bibliothèques et de cafés, le réseau se compose de mille chemins qui souvent se terminent en impasses. » En contrepoint de ces contributions théoriques, on découvre avec plaisir les souvenirs de Jacques Rigaud, ancien PDG de RTL, ou un texte savoureux de Christian Cottet-Emard, Souvenirs d’un localier, qui clôt ce numéro et nous entraîne dans les tribulations et mésaventures d’un pauvre chroniqueur de la presse régionale.

Mercure, 14 avenue Foch, 95100 Argenteuil. 110 pages, 10 €.

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IL PARTICOLARE n° 15 & 16.

Françoise Santon est la co-directrice et la secrétaire de rédaction de cette imposante et superbe revue (beau papier ivoire, couverture à rabats), publiée avec le concours du Centre national du livre, du Conseil régional PACA et de la Ville de Marseille, et consacrée aux thèmes « Art. Littérature. Théorie critique ». Les numéros paraissent en juin et décembre.

Il particolare accorde une très large place à la philosophie et à la critique : outre les questions de Serge Cottet à Philippe Mengue sur l’œuvre de Deleuze, on note les contributions de Jean-Luc Nancy, Jean-Pierre Cometti, Bernard Heidsieck, David Christoffel, Jean Arrouye. Cette continuité théorique est rompue par la note d’humour de Christian Tarting, qui dans une suite d’aphorismes « Plus haut que son luth » nous réjouit : « Dès qu’on commence à crever, les gens sont si polis que ça vous achève. » ou « A court de frites, Parmentier inventa la pomme de terre. » La poésie est également et heureusement présente avec un hommage à Jean Todrani, un extrait d’une suite de Pierre Le Pillouer « Ajouts contre jour » : « comme tout ce qui bouge ou tremble/ le mot/ cassera/ un jour fatalement/ cessera » et par des extraits de poèmes de Julia Darling, traduits de l’anglais par Christine Godbille. La dernière partie de la livraison est un cahier d’une centaine de pages consacré à Mathias Perez, peintre, fondateur de la maison d’édition Carte blanche et de la revue Fusées, qui a collaboré avec de nombreux écrivains. Le dossier contient des textes d’hommage (Jean-Pierre Verheggen, Michel Butor, Prigent…), d’abondantes reproductions de ses œuvres obsessionnelles, et un entretien avec Fabrice Thumerel : « L’éphémère est notre lot, notre visée. La fulgurance aussi. »

Les dernières pages reprennent les sommaires de tous les numéros précédents parus, pour rappeler que la revue est une continuité et un ensemble.

Il particolare, 1 rue de Lorraine, 13008 Marseille. 256 pages, 26 €.

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LE CANARD EN PLASTIC n° 3

Nous avons déjà eu l’occasion de signaler cette publication semestrielle originale et très aboutie, cette « petite revue de littératures et d’images » dirigée par Yves Leclere. Signe particulier : des notices bio-biblio décalées et humoristiques, inaugurant comme un nouveau genre littéraire. Tout au long du troisième numéro, sous couverture rose et verte, courent les magnifiques illustrations de Grégoire Dalle, qui nous livre aussi un carnet de croquis. Les textes en prose qui se succèdent ont une tonalité commune, marqués d’humour et d’absurde, dont ceux de Nicolas Barbatruc, « Une pluie de neige et tes seins verts » ou de Matthias Gredain, livrant des fragments de « Les aboiements d’un chien de faïence » : « Je suis né sous une étoile définitivement humide. Aussi loin que je m’en souvienne, je n’ai jamais mis le pied dehors sans que la pluie ne commence à tomber. », sans oublier Stéphane Mariesté, Pierre Cendors, Gemme Terroni, Laurent Dupont et Antoine Sacques.

Un jeu pour finir : une citation de Molloy de Samuel Beckett s’est glissée dans ce numéro 3. Si vous êtes le premier à trouver la bonne réponse, vous gagnerez un abonnement à 2 numéros du Canard en Plastic !

Le Canard en Plastic, 91 rue de la Fraternité, 93100 Montreuil-sous-Bois. 128 pages. 12 €. www.lecanardenplastic.net

 

samedi, 17 mai 2008

Quelques revues littéraires...

(Voici trois chroniques que j'avais composées il y a plus d'un an pour le numéro 22 du magazine Salmigondis, mais celui-ci n'est jamais paru. Je les mets donc en ligne avant qu'elles ne soient trop périmées...)

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L’ANACOLUTHE n° 12 (Le Roc du cavalier, 12430 Ayssènes). 6 €. Abonnement 2 n°s 11 €.  http://lanacoluthe.user.fr

Cette « revue littéraire de création » prend son temps, va à son rythme. Créée en 1992, elle sort seulement son 12e numéro en 2006 : « Comme d’habitude L’Anacoluthe se fait attendre. C’est ainsi. Mais l’important n’est-il pas de durer ? Et puis la lenteur, n’est-ce pas le propre de la littérature de création ? Lente à écrire, lente à lire, lente à diffuser, elle passe dans le public comme à travers un filtre très fin. »

Nouvelles, réflexions, extraits de romans, poèmes, poésie en prose, textes courts… L’Anacoluthe aime la recherche, mais pas le recherché, préférant la simplicité de ton et l’originalité du style. Michel Gremeaux anime ce beau lieu (impression en Garamond sur papier vélin ou vergé, ici sur Centaure offset 120 g ivoire) qui reçoit pour cette livraison Régine Detambel, Cécile Graindorge, Pascale Petit, Luc Louwette, Estelle Folscheid, Lionel Pfister. Tableaux et dessins accompagnent ces textes d’une bonne tenue, subtils, délicats et charmeurs, magnifiquement mis en valeur par la typographie et le support. Cette réussite illustre l'originalité irréductible de la revue papier et la nécessité de sa survivance, la littérature gagnant à être lue ainsi matérialisée plutôt que sur l’écran de la revue virtuelle.

 

LE JETE DU MATIN n° 9, (Jan Bardeau, 67 rue Berbisey, 21000 Dijon). Gratuit.

Publication de l’association Cachouz Product, Le Jeté du Matin renaît de ses cendres et entame sa troisième formule (lancé une première fois en 1995, jeté aux orties en 96, relancé en 2001 puis rejeté), sous la forme d’un fanzine trimestriel aux pages grisées. Pourquoi revenir ? Par nécessité : « Face à la médiocrité des publications actuelles, il fallait que brillent à nouveau l’étoile du talent et la fureur de la création. » ! On retrouve l’humour de Jan Bardeau, qui pose en 2e de couv’ dans le rôle de Jean-Gaston Sacquavaing, maire de Cachow-City et gouverneur de la vallée de la Cachouzienne ! Bandes dessinées, jeux, nouvelles du terroir délirantes, petits textes fantaisistes (dont une histoire de « Tête de cochon » illustrée d’une véritable tête de cochon photographiée à la cuisine, à la salle de bains, dans le salon) voisinent sans esprit de sérieux. « La rédaction est totalement solidaire des propos tenus par les auteurs, quoiqu’elle reconnaisse que certains ne devraient plus circuler en liberté depuis longtemps, et que les autres, s’ils ne sont pas irrémédiablement crétins, sont alcooliques. » Vous voilà prévenus !

 

ICIELA, iciélà n° 3 (La Maison de la Poésie, 10 place Pierre Bérégovoy, 78280 Guyancourt). 10 €.

Sous l’enseigne de la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, où Roland Nadaus occupe des fonctions électives, paraît cette revue belle et luxueuse, et néanmoins pleine et passionnante. Dans l’édito, Marc Gial-Miniet précise : « On demande à l’art un moyen d’évasion… Et bien non ! ! Surtout pas ! ! L’art doit rendre visible ce qui ne l’est pas, et il ne doit pas masquer justement ce qui fait mal. Il doit rendre à tous une meilleure lisibilité du monde dans ses beautés comme dans ses horreurs. »

Un dossier sur la poésie québécoise d’expression française, un entretien avec Eugène Savitzkaya, à l’occasion de la remise du prix des Découvreurs en 2004 pour « Exquise Louise », et des textes et poèmes d’Albane Gellé, Gabriel Lalonde (Le plus beau poème/ c’est celui que je n’ai pas encore écrit/ Le plus beau poème/ c’est celui que peut-être je n’écrirai jamais). La revue rend un hommage à Jacques Simonomis, poète et revuiste (Le Cri d’Os) mort à 64 ans, le petit dossier comprend des poèmes de cet auteur, un texte fraternel de Roland Nadaus, « J.S. ne nous a pas quittés », et une photo belle et émouvante de Jacques, portrait empreint de sa bonhomie et de son humanité. L’allée qui longe la Maison de la Poésie à Guyancourt porte désormais son nom.

 

samedi, 08 mars 2008

Revue de détail n° 11

(Ces chroniques sont parues dans La Presse Littéraire n° 12.)

 

 

HARFANG n° 31

Constance, rigueur et fidélité : telles sont les qualités qui animent cette revue de nouvelles depuis l’origine. Près de 300 nouvelles de 220 auteurs publiées en 15 ans, voilà qui atteste du beau travail de déchiffreur et de passeur que peut revendiquer Harfang, animée par Joël Glaziou et éditée par l’association Nouvelles R. Le numéro 31 publie des nouvelles de Patricia Chauvin-Glonneau, Annick Demouzon, Dany Grard, Ghyslaine Le Dizès, (chaque auteur étant présenté avec force détails bibliographiques) et présente un dossier « Georges-Olivier Châteaureynaud ». Au moment où cet auteur publie son nouveau roman « L’autre rive », somme aboutie de son œuvre, nourrie de toutes les nouvelles précédemment publiées, Harfang lui donne la parole sur son travail de nouvelliste et de romancier et sur sa conception du fantastique. Châteaureynaud définit d’abord les genres : « La nouvelle s’écrit dans l’évitement, dans le refus – non, on n’écrira pas ça, ni ça, ni ça, parce qu’on s’éloignerait du sujet. En revanche le roman accueille a priori tout ce qui se présente à l’esprit de l’auteur – quitte à faire le tri ensuite. Au roman tout fait ventre, à la nouvelle tout fait bosse. », puis précise ce qui l’unit aux membres du groupe informel « Nouvelle Fiction » : « un certain sentiment de la littérature, et au-delà d’une conception de la fiction, la conviction que l’imagination en est le vrai moteur, qu’il n’y a de sage et de sagace en nous que la folle du logis ». Suit une nouvelle inédite de cet auteur, et deux articles critiques sur son dernier roman.

En partenariat avec la ville d’Angers, la revue organise tous les deux ans un concours de nouvelles qui a pour but de récompenser et diffuser un recueil inédit d’un auteur contemporain. L’intérêt de ce concours est que le lauréat voit son recueil publié par les éditions Siloë. Une autre façon pour les responsables de cette revue à l’enseigne de la chouette blanche (« harfang ») de contribuer au mouvement de réhabilitation et de promotion de la nouvelle, un mouvement patient, têtu, entamé depuis au moins deux décennies et qui commence à porter ses fruits, puisqu’il existe désormais des best-sellers de ce genre (Gavalda, Quin, Pavloff…), la bourse Goncourt de la nouvelle, et des espaces qui s’ouvrent pour les nouvellistes dans la grande presse et les magazines.

 

Harfang, 13 bis, avenue Vauban, 49000 Angers. 110 pages, 12 €.

 

POESIE PREMIERE n° 39

Les revues de poésie souffrent en général d’une diffusion restreinte et d’une présentation sommaire. Il faut reconnaître à Poésie/première, revue fondée par Robert Dadillon et pilotée depuis quelques années par Emmanuel Hiriart, le mérite d’avoir su réunir un fond riche et une forme impeccable. Dotée d’un solide comité de rédaction, elle propose trois fois par an des dossiers de fond (Lionel Ray dans ce numéro, qui donne de nombreux poèmes inédits), elle présente nombre de poètes étrangers (un choix de poèmes d’Alan Sillitoe, plus connu comme romancier, avec « Samedi soir, dimanche matin » ou « La solitude du coureur de fond », traduit par Michèle Duclos), des entretiens et des études. Outre les deux auteurs précités, Ernest Pépin, Sali Bashota, Geneviève Roch, Ariane Dreyfus figurent au sommaire. Ce numéro se veut et se titre un « Eloge de l’autre », comme l’indique Emmanuel Hiriart dans son édito : « Poésie/première a décidé d’accompagner plusieurs poètes dans leurs traversées, quêtes ou déracinements, à la rencontre de l’altérité…  C’est en rencontrant l’autre en lui-même, en traversant l’espace intérieur jusqu’à ses plus lointains continents que le poète se découvre étrangement universel. » Cette revue de poésie publie à chaque numéro une nouvelle (Florence Ride), montrant ainsi son ouverture à un autre genre, et offre d’abondantes notes de lecture.

Poésie première, Maison Allegera, Lot. Ibai Ondoa, 64220 Ispoure. 112 pages, 12 €. http://poesiepremiere.free.fr

 

LA PETITE REVUE DE L’INDISCIPLINE n° 165

Une « revuette », comme la nomme avec modestie le secrétaire de rédaction Christian Moncel, mais qui s’impose par sa constance infatigable et par la qualité de sa pensée. Après s’être intéressée à des sujets extra-littéraires (l’anti-publicité, l’art moderne), elle se consacre à ses auteurs de prédilection, Baudelaire, Pessoa et Rimbaud. Les derniers numéros 161 et 165 s’intitulent « Rimbaud : des secrets pour changer la vie ? » et rassemblent des textes de Maurice Hénaud. Sa thèse est originale, surprenante (Rimbaud est pour lui le successeur de Voltaire) mais intéressante et argumentée. « Le renoncement à la crédulité et à la religion, le progrès des sciences et de la philosophie, la marche des peuples, les tyrans mis en fuite, le travail humain, le développement et la mise en œuvre de toutes les facultés humaines, le renoncement au mensonge et à l’erreur, la recherche de l’amour vrai, la poursuite de la vérité, voilà de vrais moyens et de vrais secrets pour, dans une certaine mesure, changer la vie. » De beaux poèmes d’Anne-Lise Blanchard et de Gabriel Le Gal complètent ce numéro.

 

La petite revue de l’indiscipline, B.P. 124, 42190 Charlieu. 40 pages, 3, 40 €. http://indiscipline.hautetfort.com